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"UN PEU D'HISTOIRE" LES CHRONIQUES DE "NICE MATIN" D'EDMOND ROSSI

DESJOBERT ET VALAZÉ INHUMÉS A SAINT LAURENT

DESJOBERT ET VALAZÉ INHUMÉS A SAINT LAURENT

Entre 1814 et 1860, au temps où le Var séparait la France des Etats sardes, des Français, morts à Nice, furent enterrés au cimetière de Saint-Laurent-du-Var pour reposer dans le sol national.
En juillet 1832, DESJOBERT, ancien Consul Général de France à Naples, officier de la légion d'honneur, atteint d'une maladie particulièrement cruelle, est allé sans succès consulter un médecin à Montpellier, voyage inutile, perdant la raison, à force de souffrances, il se tue d'un coup de pistolet.
L'usage était, à Nice, de mettre à la potence le cadavre d'un suicidé et d'y attacher la sentence. Le Consul de France le baron Masclet, s'arrangea pour que l'enquête de la police sarde soit discrète et imprécise et qu'une fois le cadavre conduit au premier village français, les funérailles se fassent avec l'assistance du clergé.
La tombe existe toujours à l'entrée du cimetière, une grille l'entoure, derrière, se dresse une croix, plantée, dit l'inscription, par la veuve Eugénie de la Chaix, au Nord, une plaque en marbre porte un distique latin:
« Voués aux longs travaux, aux pleurs, à la misère,
Le repos nous attend au sein de notre mère ».
La dalle indique que la sépulture fut refaite en février 1891 par la Commune en souvenir de son « bienfaiteur ». Une rue du village porte le nom de celui qui, s'il n'avait pas été un Consul Général de France et si Masclet ne s'était pas débrouillé pour masquer le suicide en crise de folie, se serait balancé à la potence avec sur le corps une sentence infamante en proie aux oiseaux du bord du Paillon.

En mars 1838, le Lieutenant Général du FRICHE de VALAZE mourut à Nice. Il était le fils d'un Conventionnel de l'Orne.
Né en 1780, il se destina à la carrière militaire, entra en 1798 à Polytechnique, brillant officier, fut blessé à Austerlitz, participa aux combats de Friedland et aux sièges d'Astorga et Saragosse. Nommé général d'Empire après une carrière au Portugal ( 1811), en Prusse ( 1813), il se distingua sous Charles X au siège d'Alger (bombardement de Fort l'Empereur). Lieutenant Général du Génie, député de I'Yonne, son état de santé (tuberculose pulmonaire) nécessita le « soleil du midi », mais il était déjà trop tard. Il devait terminer sa vie à l'hôtel d'York à Nice.
Le Consul de France, le comte de Canclaux, intervint auprès du Gouverneur, le comte Rodolphe de Maistre (père de l'écrivain Joseph de Maistre), les autorités sardes organisèrent des obsèques grandioses. La compagnie des pénitents de Saint-Laurent l'accompagna à sa dernière demeure. La veuve de Valazé voulut acheter une concession à perpétuité et offrit 100 francs. Le Conseil Municipal exigea huit fois plus (!). La tombe existe encore et une rue du village porte le nom du glorieux général VALAZE.