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UNE MENACE PERMANENTE
« La Méditerranée est un lac musulman où les Chrétiens ne peuvent même pas faire flotter une planche... » L'homme qui parle s'appelle Ibn Khaldoun, c'est un Arabe. Sa méprisante affirmation, à peine teintée d'exagération, témoigne du changement accompli sur la mer du Couchant.
Voici le temps des Sarrasins, de leur domination maritime, source de menace permanente, naîtront en Provence les villages perchés, concentrés et fortifiés, les murs extérieurs formant remparts, le clocher de l'église servant de donjon et tour de guet, avec à l'intérieur des rues étroites et des maisons serrées comme l'actuel vieux village de Saint-Laurent.
Saint-Laurent cité en 1033 comme le CASTRUM AGRIMONTIS est établi sur la colline qui porte encore son nom, dominant la mer et les bords du Var.
De cette époque d’insécurité date la construction le long de la côte, de tours de guette, à l'initiative des seigneurs et abbés, pour surveiller l'arrivée toujours possible des pirates sarrasins.
Saint-Laurent en possédait deux, une au quartier de « la Tour », l’autre au sud du village, «la tour Castillon ».
A la vue des voiles des felouques maures, les « signadours », du sommet de ces tours propres à chaque village, alertaient les populations de l’imminence d’une attaque des Maures en allumant des feux, pour aussi communiquer entre eux.
Pour resituer le péril sarrasin dans les Alpes Maritimes, rappelons qu’après avoir été battus par Charles Martel, les Maures se replient en Provence où ils brûlent Cimiez et Lérins en 734.
Les raids se poursuivent ensuite, avec une attaque sur Nice en 813.
A la suite de sa prise de pouvoir en 822, le comte Hugues d’Arles détruit l’armée sarrasine, avant de céder ses droits au duc de Bourgogne Rodolphe II.
Les Sarrasins se regroupent alors dans la Basse Provence.
Commence une période sombre pour la Provence orientale qui durera presque un siècle de, 883 à 972.
Installés au Fraxinet (La Garde-Freinet) au- dessus du Golfe de Saint Tropez, au Cap Ferrat et à Eze, les Sarrasins opèrent dans toute la région, ravageant successivement Grasse, le monastère Saint Véran à Cagnes, Nice, Cimiez, La Turbie et Vence.
Le comte d’Arles Guillaumes et son frère le marquis de Turin Arduin fédèrent les seigneurs locaux dans une sorte de croisade qui aboutit en 972-974, à l’expulsion définitive des Maures de leur repaire du Fraxinet.
Après cette glorieuse épopée, Guillaume dit «le libérateur » assoit son autorité sur une Provence indépendante en prenant le titre de marquis.
Mais la menace insidieuse des corsaires musulmans catalans ou andalous, va se poursuivre par des raids surprises sur les côtes des Alpes Maritimes. En 1047, l’île de Lérins est de nouveau dévastée et les jeunes moines sont emmenés en Espagne musulmane.
L’incendie criminel de la cathédrale épiscopale d’Antibes en 1125, par les princes opposés à l’évêque, sera mis ensuite au compte des Sarrasins qui, donc, sévissaient encore dans la région.
Qui étaient ces pirates enturbannés venus de la mer ? Selon les historiens, des muwallads espagnols convertis à l’Islam ou des mozarabes chrétiens sous domination musulmane du calife de Cordoue.
S’y ajoutaient parfois des apports du Maghreb, comme en 934, quand une flotte arabe, venue d’Afrique et de Sicile, saccage la ville de Gênes.
En Espagne, le roi d’Aragon Jacques le conquérant (1213-1276 ) atténuera le péril par la conquête de Valence et des Baléares. Il en sera de même lors de la reconquête de Murcie en 1243.
Mais il faudra attendre 1492, pour voir les musulmans, chassés de leur royaume de Grenade, quitter définitivement l’Espagne.
Durant tout le Moyen-Age, les inquiétantes felouques des flottilles sarrasines viendront depuis leurs bases espagnoles razzier sans vergogne le littoral des Alpes Maritimes.
L’apport odieux d’esclaves, femmes et enfants, enlevés sur la côte de Nice à Cannes, va constituer tout au long de ces siècles, un commerce florissant, encourageant la répétition d’attaques audacieuses. Les razzias destructrices sur les côtes se poursuivront pendant tout le Moyen Age, ils écumeront ensuite la Méditerranée jusqu'au début du XIXe siècle.