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MEMOIRE VIVANTE

MEMOIRE DE FEMME

MEMOIRE DE FEMME

La journée de la femme, c'est aussi l'occasion de mesurer le chemin parcouru depuis quelques décennies par nos compagnes, nos mères, nos sœurs.
A écouter Josette Faraud, une Laurentine de 76 ans qui s'est usé les mains dans les champs d’œillets des Plateaux fleuris, dès l'âge de 12 ans, la différence entre hier et aujourd'hui est même astronomique !
« Le rouge à lèvres, se souvient-elle, je le mettais dans la rue.;. Il n'aurait pas fallu que je le mette à la maison! Un jour â Saint-Laurent, mon père m'a vue avec dans la rue. Il m'a dit: « On se verra à la maison ! » Une fois rentrée, il a laissé tombé, comme ça: « Alors, tu mets du rouge ? » J'ai eu un peu peur, quand même: j'avais 16 ou17ans...»
C'était au lendemain de la Libération, dans les années 1946-47. En ce temps-là, les femmes venaient tout juste d'acquérir le droit de vote, à partir de 21 ans, comme les hommes, mais les jeunes filles étaient très encadrées.

Une seule robe pour aller au bal !

« On n'avait qu'une seule belle robe, pour le dimanche, poursuit Josette Faraud. On en achetait une autre quand on avait un peu de rentrées . . . De toute façon, je ne pouvais pas sortir comme je voulais : les sorties, c'était le dimanche après-midi. Et encore, si on n'avait
pas de travail avec les fleurs, dans les champs... »
Et puis, il fallait respecter l'heure de retour imposée par les parents: « Un soir, je suis rentrée à la maison à minuit! C'était trop tard: j'étais allée au cinéma avec une cousine... »
De toute sa jeunesse, jusqu'à son mariage en 1955, à l'âge de 25 ans, elle n'est jamais allée en boîte. Seulement au cinéma, ou alors au bal.
« J'ai été demoiselle d'honneur au " festin ". Le festin, c'était la fête patronale de la SaintLaurent, au mois d'août. Ça durait huit jours et, à l'époque, c'était la plus belle du département! »
Avec le recul du temps, Josette jette sur les jeunes filles de ce début du 21 e siècle un oeil débonnaire: « Aujourd'hui, elles ont de la chance d'être plus libres que nous. Je ne regrette pas, nous étions heureuses quand même. Mais maintenant, si elles sont pleureuses. . . Nous, le peu de sorties qu'on avait, on les appréciait vraiment. Les filles d'aujourd'hui, je ne sais pas. »
Elles ont, en tout cas, la liberté de prendre leur vie en mains: ça n'a pas de prix.

FRANCIS LUMINEAU