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Au moment de mélanger ses eaux à celle de la mer, le Var, que le sévère Vauban qualifiés de « gueux » et de « fou », s'étalent dans un lit d'une largeur imposante. Aujourd'hui les travaux d'endiguement l'on réduit, songeons qu'à l'endroit même où passe le pont routier et ferroviaire qui enjambe le fleuve sur 320 mètres environ, la distance primitive d'une rive à l’autre était de 800 mètres et que le vieux pont de bois construits à auteurs du village de Saint-Laurent du Var se développait sur 700 mètres.
Fleuve capricieux, le Var laisse habituellement subsister de larges bancs de sable et de cailloux entre lesquels coulent des filets d'eau. Mais viennent les pluies et la fonte des neiges, et, soudainement le lit se remplit et roule une eau limoneuse. Pendant des siècles, chaque année, les terres environnantes ont souffert de ses débordements et la mise en culture de la vallée a été contrariée par ses crues périodiques.
Pour le voyageur qui empruntait la route de terre, le Var constituer une barrière et son franchissement n'allait pas sans peine. L'histoire de Saint-Laurent, habitat groupé sur ses bords, c'est avant tout celle du passage du Var, pacifique ou guerrier, et notre localité a eu pour rôle essentiel d'assurer la liaison entre les deux rives. À notre époque, où la technique triomphe de tous les obstacles, nous avons peine à imaginer toute l'ingéniosité qu’ont pu déployer nos pères pour circuler dans des contrées dépourvues de routes et de ponts, avec des moyens rudimentaires et totalement inconfortable. Et pourtant ces temps ne sont guère éloignés, et de l'origine des âges jusqu'au siècle dernier les progrès réalisés dans ce domaine ont été lents est modestes.
Des religieux augustins avaient fondé un hospice destiné à accueillir les passants et à les aider à traverser le Var au lieu d'Agrimont ou de Grimont, dont un quartier du terroir actuel de Saint-Laurent nous a conservé le vocable, à cet effet, ils entretenaient une barque sur le grand bras de la rivière.
Le pape Innocent IV, en l'année 1248, leur avait délivré un privilège leur confirmant la possession de leurs biens et les exemptant du paiement des taxes et collectes qui n'auraient pas été formellement autorisées par le Saint-Siège. Sous la direction d'un commandeur ou capiscol, neuf frères y exerçaient la charité.
Mais l'esprit du mal s'attaque même aux institutions les plus vénérables. Nos chanoines Augustin ne furent pas insensibles à la tentation, et un vent de dissipation souffla sur le couvent. Des plaintes furent portées en Avignon où le souverain pontife tenait alors sa cour, et en 1327, les religieux reçurent l'ordre d'aller exercer leur ministère ailleurs, cependant que leurs biens étaient attribués à l'évêché de Vence. Une tradition veut qu'ils aient transporté leurs pénates de l'autre côté du Var, à l'ombre d'une chapelle qu'ils y possédaient, d'où le nom de saint Augustin donnait à ce quartier de la campagne niçoise. L'évêque de Vence devenait seigneurs de Saint-Laurent et se trouvait tenu d'assurer le passage du Var dans les mêmes conditions que précédemment.