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"UN PEU D'HISTOIRE" LES CHRONIQUES DE "NICE MATIN" D'EDMOND ROSSI

LA TAXE D'ENTRETIEN DES ROUTES DE 1797

LA TAXE D'ENTRETIEN DES ROUTES DE 1797

Le Directoire, en état permanent de crise financière, ne pouvant payer l'entretien des routes, institua en 1797 une taxe d'entretien des routes, véritable péage visant les voitures et les bêtes de somme et de monture.
L'Administration des Alpes Maritimes plaça une barrière destinée à la perception de cette taxe sur la rive gauche du Var, celle du département du Var installa la sienne sur la rive droite à Saint-Laurent, si bien qu'il fallait payer deux fois.
L'affaire fut tranchée un mois plus tard en octobre 1798 par le Ministre de l'Intérieur lui-même qui fit supprimer celle de la rive gauche.
La taxe était proportionnelle à la distance parcourue mais nul contrôle n'avait lieu si bien que toutes les fraudes étaient permises.
A côté de la barrière était installé un poste de perception. Entre les préposés et les passants, les discussions et les querelles se produisaient à tout moment, soit à propos du calcul de la taxe, soit au sujet des exemptions (bêtes et voitures allant au travail ou de retour de pâturage).
Le Général Garnier, commandant la place de Nice, était lui-même exempt, mais lorsqu'il se présentait, sa voiture suivie de deux ou trois autres occupées par ses amis, celles-ci étaient soumises à la taxe. Le Général refusait tout paiement et il fallut un ordre du Ministre de l'Intérieur pour qu'il s’y soumit.
Les tentatives de fraude étaient permanentes. Certains qui conduisaient des voitures à quatre chevaux taxées à 0,75F par cinq kilomètres, dételaient deux chevaux avant d'arriver à la barrière et n'avaient ainsi à payer que pour une voiture à deux chevaux, suivie de deux chevaux tenus en laisse, soit 0,35 F.
Les muletiers, bien que ce fut interdit et puni d'amende, passaient par des sentiers contournant les barrières, d'autres, trouvaient plus efficace de les enlever, comme il arriva pour la barrière de Cimiez par deux fois le 22 octobre et le 1er novembre 1798, il fallut y placer une sentinelle en arme.
Les réclamations étaient nombreuses, ainsi en février 1803 le Général Eberlé, commandant d'Armes à Nice, qui sortait de la ville en voiture pour aller visiter la porte du pont de Saint-Laurent où se trouvait un poste militaire, est mis en demeure de payer, il protesta: « Mon état et la situation physique où m'ont réduit les blessures que j'ai reçues aux armées ne me permettent pas toujours de vaquer à pied aux devoirs que m'impose la place que j'occupe ». Le Préfet Dubouchage intervint en sa faveur.
L'impopularité était telle que le gouvernement impérial décida sa suppression. Elle fut remplacée par une taxe sur le sel !
Le 22 septembre 1806, à minuit, la barrière de Saint Laurent fut enlevée par un agent du Service des Travaux Publics en présence du Maire de la commune.