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"UN PEU D'HISTOIRE" LES CHRONIQUES DE "NICE MATIN" D'EDMOND ROSSI

LA BATAILLE DE ST. LAURENT SUR L'ARC DE TRIOMPHE

LA BATAILLE DE ST. LAURENT SUR L'ARC DE TRIOMPHE

Le 8 mai 1800, le Général Suchet résiste sur la ligne St. Laurent-Malausséne, de façon à laisser au premier consul Bonaparte, le temps d'accourir avec l'armée placée sous ses ordres.
Le général de Campebon fortifia St. Laurent en installant des remblais avec fossés sur la rive gauche, ainsi qu'autour du village. Un pont de radeaux fut dressé en cas de rupture du pont de bois. Des redoutes protégeaient la côte en cas d'attaque de la marine anglaise. Un système de liaison optique reliait ces dernières avec le Mont Alban. Le 13 mai 1800, Monsieur Alban signale que le drapeau piémontais flotte à nouveau sur le château de Nice.
St. Laurent devient le poste avancé de la résistance française avant l'attaque vers l'Italie. Le 22 mai, Suchet écrit de St. Laurent à Bonaparte pour le féliciter.
Ce même jour les troupes du général Garnier sont attaquées sur la ligne du Var par les troupes piémontaises se dirigeant sur St. Laurent dès 4 h du matin.
Les ouvrages de défense française sont bombardés, un témoin rapporte les épisodes de ce combat sans merci: « Les assaillants furent reçus partout avec tant d'intrépidité, qu'ils furent obligés de rétrograder sur leurs postes respectifs. Tous leurs efforts se bornèrent à faire un feu terrible de leurs batteries, de concert avec les bâtiments anglais qui étaient à l'embouchure du Var, dirigé sur le pont et sur les ouvrages qui le défendaient tant sur la rive droite que sur la rive gauche. Heureusement pour nous que l'intérieur de la tête de pont se trouvait sur un terrain spongieux et marécageux, les obus s'y enterraient en sorte que leurs éclats firent très peu de mal. Nous eûmes cependant quelques blessés parmi lesquels le Général Brunet et le Capitaine de Génie Baudian qui malgré ses blessures ne quitta pas son poste. Le feu de l'artillerie fut si vif de part et d'autre qu'il fut terrible ce jour là et ne se termina qu'à la fin du jour.
Quel spectacle majestueux s'offrit ce jour là aux yeux de l'observateur: une grêle de boulets et d'obus avec le tonnerre de l'artillerie des deux armées et des bâtiments anglais. Des obus qui après s'être enterrés dans une terre bourbeuse reprenaient leur essor et couvraient d'éclats et de boue ceux qui défendaient les ouvrages.
Les batteries françaises qui, de la rive gauche du Var, traversaient le lit du fleuve avec la rapidité de l'éclair, dans la tête du pont, une baraque en bois pour les ouvriers et les outils qui était en flammes, un caisson embrasé par un obus, des blessés qui tombaient, les bâtiments anglais qui vomissaient un nombre immense de boulets, nos mortiers lançant des bombes sur les vaisseaux, les hauteurs de la rive droite occupées par les Autrichiens qui lançaient sur la tête du pont et sur le pont même, boulets et obus, la rive gauche bordée par nos troupes, quel sujet de tableau pour un peintre! ».
La résistance héroïque des défenseurs de St. Laurent devait permettre à Bonaparte « d'éblouir l'Europe » par sa brusque descente du Grand St. Bernard et « sa » victoire de Marengo. Dès le 29 mai le Général Carnot félicite la garnison de St. Laurent en ces termes: « J'ai reçu, citoyen général SUCHET, par le chef de brigade V ALLONGUE, le relevé de votre correspondance avec le premier consul et le général MASSENA depuis le 18 Floréal jusqu'au 12 Prairial. Le Général OUDINOT m'a adressé depuis le précis de vos opérations jusqu'au 14. La défense du pont du Var, dans les circonstances difficiles où vous vous êtes trouvés avec la poignée de braves que vous commandiez sera mise au nombre des actions qui honorent le courage et la constance des armées françaises.
La République avait les yeux fixés sur ce nouveau passage des Thermopyles. Vous avez été non moins braves mais plus heureux que les Spartiates ».
Sur l'Arc de Triomphe de l'Etoile à Paris dans la liste « des journées glorieuses de la patrie », on peut lire sur la face nord du pilier sud-est trois listes de noms qui proclament les victoires, séparées par l'aigle impérial.
La troisième débute par « Le Var »...