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« AU PAYS OU FLEURIT L’ORANGER… » Alphonse Karr
Les planches ou terrasses bordant Saint Laurent travaillées de main d'homme depuis des millénaires, ont donné au paysage ses aspects d'immenses escaliers à flanc de collines, campagnes jadis plantées en oliviers et orangers. Les Romains auraient introduit la culture en terrasse du bigaradier, l’oranger commun au fruit aigre ou amer, dont la fleur distillée en eau est à la base de l'essence de néroli des parfumeurs de Grasse, elle-même base de l'eau de Cologne. D'usage universel depuis le haut Moyen Age, l'eau de fleur d'oranger était jugée efficace contre le scorbut, la jaunisse et les fièvres pestilentielles, les dames de Provence l’appréciaient dans leurs vapeurs. La mariée et ses demoiselles d 'honneur se devaient de porter des guirlandes de fleurs d'oranger mêlées de roses blanches et de myrte, symboles de virginité.
Le bigaradier a toujours séduit nos ancêtres qui affirmaient « il n’y avait rien à jeter du bigaradier ! »
Le terroir laurentin a longtemps profité des qualités de cet agrume.
En effet, de la fleur à la feuille cet arbre offre ses trésors. En mai commence la récolte des fleurs, en prenant soin d’en laisser quelques-unes qui donneront les fruits. Les fleurs sont distillées pendant 6 à 8 heures dans un alambic avec de l’eau, elles donnent naissance à l’eau de fleur d’oranger où surnagent des particules d’huile essentielle : le néroli. Il sert de fixateur pour la parfumerie haut de gamme. Le reste est utilisé dans la cosmétique mais aussi dans l’alimentaire : on fait appel à ses vertus apaisantes pour les tisanes et les boulangers s’en servent pour aromatiser des petits pains ( fougasses ).
En juin les feuilles sont ramassées sur l’arbre pour faire de l’essence de petit grain utilisée en parfumerie. En novembre, les oranges vertes sont cueillies. Le fruit est piqué par une machine et, de l’écorce est extraite l’huile essentielle de zeste d’orange amère verte. On l’utilise en boulangerie ou pour confectionner des sodas. En janvier et mars, les oranges mûres sont cueillies pour confectionner de délicieuses confitures et du vin d’orange.
En 1895 les producteurs de fleurs d’oranger se regroupent. Le Nérolium naît en 1904, à Vallauris avec plusieurs sections, une par commune. Saint Laurent regroupe ceux de la vallée du Var. La coopérative Nérolium créée pour faire face à la chute des cours regroupait les 4/5 des producteurs des Alpes-Maritimes en 1939. La cueillette des fleurs était surtout féminine chapeaux et manches longues pour la protection contre le soleil et échelles trépieds caractéristiques. Saint Laurent au mois de mai était un éblouissement: parfum omniprésent de la fleur et chant des ouvrières italiennes qui se répondaient d'un jardin à un autre. D’autres épluchaient les « coulannnes », les pelures d'orange amère d'un seul tenant, vendues pour la fabrication d'un apéritif comme le Picon.
Vers 1968 les derniers propriétaires récoltants s'activent encore en dépit de la concurrence internationale pour d’ultimes cueillettes sur des bigaradiers qui seront bientôt greffés en clémentiniers et citronniers.
EDMOND ROSSI (http://pays-d-azur.com )