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GUERRES ET DESTRUCTIONS MASSIVES
La guerre de succession d'Espagne fût douloureusement ressentie à Saint-Laurent du Var. Les notables du village ont fait le récit de leurs malheurs dans un mémoire remis au commissaire des états de Provence chargés de déterminer l'assiette de l'impôt royal.
Tout d'abord pendant la nuit du 18 janvier 1704 un coup de main des troupes de Savoie met Saint-Laurent au pillage, des habitants sont tués, les meubles de valeur, l'argent monnayé, le bétail sont emportés et, bien entendu, la population ne toucha jamais la moindre indemnité pour les dommages évalués à 6000 livres.
Deux ans plus tard, en mars 1706, l'armée française, commandée par le duc de la Feuillade, passe dans le Comté de Nice, Saint-Laurent doit loger les officiers, fournir des magasins où entreposer le foin et l’avoine, des maisons sont démolies en vue de construire le four à cuire le pain des troupes.
Le même embarras recommence au mois de décembre où les régiments du duc de Berwick passent le Var pour aller faire le siège du château de Nice.
Non villageois ne sont pas au bout de leur peine. En juillet 1707, le marquis de Sailly, lieutenant général des armées de Sa Majesté Très Chrétienne, campe sur les bords du Var avec environ 5000 hommes, les militaires dévastent le terroir sous prétexte d’y récolter le fourrage nécessaire à leurs bêtes, ils coupent sans discernement les arbres dans les propriétés privées pour faire des fascines et piquets employées dans les retranchements aménagés le long du Var.
Mais le 11 juillet, l'armée ennemie des Impériaux pénètre en Provence par Saint-Laurent et pousse son avance jusqu'à Toulon, arrêté dans son élan elle rétrograde vers la fin du mois d’août « en sorte, disent nos témoins, que ladite armée, soit en entrant, qu'en sortant de la Provence pillèrent ledit lieu, prirent aux habitants tous leurs plus précieux meuble, brûlèrent les autres avec leur grain versèrent leur vin et huile, coupèrent leurs vignes, quantité d'oliviers et contraignirent les habitants à faire des grosses dépenses pour garantir leur vie en les obligeant de quitter le lieu ».
Les bonnes gens se consolèrent en organisant des farandoles au cours desquelles on chantait des couplets satiriques sur l’envahisseur et ses chefs, le duc de Savoie et le prince Eugène.
Enfin la superbe armée
Campe devant Saint Laurent,
Le muscat aux Allemands,
Fait bénir cette contée.
A Cagnes, dans un plafond,
Le duc voit, dès son entrée,
A Cagnes, dans un plafond,
La chute de Phaéton.
Puis-je, dit-il, sans colère,
Voir un augure pareil ;
Brûlons le fils du Soleil,
Brûlons le char de son père.
A Cagnes, dans un plafond,
Epargnez-le, téméraire ;
A Cagnes, dans un plafond,
Prince, ne brûlons pas.
La guerre continue. En juin et juillet 1709, un millier d’hommes construisent des fortifications sur les rives du Var. Il faut loger les ingénieurs et leurs commis, installer les fours, logements et magasins pour la subsistance des ouvriers et de la troupe. Conséquence : les habitants ne peuvent cultiver leurs terres ni rien semer, de sorte que l’année suivante force leur était de serrer la ceinture. Quant aux indemnités, on pouvait courir pour les toucher ! En conclusion, tout séjour de troupe, même amie, se soldait par des dommages certains pour les habitants.