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"UN PEU D'HISTOIRE" LES CHRONIQUES DE "NICE MATIN" D'EDMOND ROSSI

1758, 1760 : DE NOUVELLES REGLES POUR LA TRAVERSÉE

1758, 1760 : DE NOUVELLES REGLES POUR LA TRAVERSÉE

A partir du milieu du XVIIIe siècle, la paix revenue pour de nombreuses années, il n’est plus question que du passage des voyageurs et de l’obligation traditionnelle qu’ont les gens de Saint Laurent de faire traverser le Var. La barque n’existe plus depuis longtemps. En 1758, la communauté des habitants conclut un accord avec un entrepreneur, le sieur Jean François Ferron, bourgeois originaire d’Antibes, domicilié à Cagnes. Le passage du var se fait à gué, et si l’entrepreneur ne peut trouver un nombre suffisant de « gueyeurs », la communauté s’engage à les lui fournir, étant entendu que chaque homme sera payé par lui au salaire journalier de 30 sols d’argent de France. Ces gueyeurs devront, à toute heure du jour, être à la disposition des voyageurs ; la nuit, ils n’assurent le passage que si le service du roi l’exige.
En retour, personne ne peut traverser sans leur secours, ils détiennent un monopole. Les pauvres sont guidés gratis, les autres personnes paient à l’entrepreneur 30 sols d’argent de France pour chaque gueyeur utilisé du premier octobre au 31 mai et 20 sols du premier juin au 30 septembre. Toutefois les habitants de Saint Laurent et ceux de la viguerie de Saint Paul, qui portent chaque jour des denrées à Nice, paient un sol seulement quand ils passent le Var à pied et deux sols quand ils ont des montures. Il était interdit de passer le Var vis à vis de Saint Laurent et d’autres points que le gué fixé par l’entrepreneur et indiqué par les gueyeurs.
Enfin la convention n’oubliait pas les exigences de la morale et l’un des articles précisait : »les hommes que l’entrepreneur emploiera seront jeunes, vigoureux et sages ; ils seront tenus de s’habiller de façon à éviter tout scandale et toute indécence » .

Vers le même temps le Parlement de Provence rendait un arrêt sur la question. Nous y lisons, « que les consuls de Saint Laurent nommeront annuellement 12 gueyeurs pour le passage du Var, tout habitant dudit lieu et les plus experts en cette fonction, lesquels prêteront serment devant le juge gueyeur de saint Laurent. Les gueyeurs se tiendront depuis le lever du soleil jusqu’au coucher au nombre de 6, auprès du passage de la rivière, savoir 3 au-delà d’icelle et 3 en deçà, pour indiquer les gués à ceux qui voudraient passer. Les dits gueyeurs seront tenus de sonder les gués de toutes les branches de la rivière, tous les matins et même dans la journée ; s’ils s’aperçoivent de quelque changement survenu dans le cours d’icelle par la crue des eaux ou par autre cause, et, après avoir sondé et reconnu les gués, ils y planteront des piquets, auxquels ils attacheront es fagots et des fascines pour indiquer le passage le plus sûr, et le plus commode ».

Les obligations de la communauté de Saint Laurent sont rappelées dans les accords conclus entre les rois de France et de Sardaigne pour l’exécution du traité du 24 mars 1760, portant rectification et règlement des frontières. La barque sur le plus grand bras du Var est rétablie. Par ailleurs, les voyageurs sont laissés libres, s’ils le veulent, de se passer des services de gueyeurs.
Les barquiers ou gueyeurs devaient remplir les conditions suivantes : "Il faut que les barquiers soient des gens choisis et craignant Dieu, qui fréquentent les sacrements et qui fassent leurs Pâques chaque année, qui portent un tableau autour de leur ceinture, qui aient la pudeur et de l’honnêteté envers les personnes du sexe, qu’ils soient charitables envers les pauvres et traitables avec les autres, qu’ils ne soient pas abrutis dans le vin pour ne pas risquer de se noyer et de noyer les autres ».