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Depuis les origines des temps, le fleuve Var a constitué pour l’homme un dangereux obstacle dans sa progression côtière. Aussi, une étape s’imposait avant cette traversée délicate. Saint Laurent du Var naîtra de cette nécessité géographique.
De ce fait, les hommes occupant le site seront mis à contribution dans l’aide et l’assistance apportées au franchissement du fleuve, et ceci, jusqu’à la construction définitive d’un pont en 1792.
Au Moyen-âge, les autorités religieuses soucieuses de faciliter le flux des pèlerins circulant vers Rome et Saint Jaques de Compostelle vont garantir le passage du fleuve.
L’installation d’un hospice sur la rive droite va satisfaire à cette exigence. Au XVème siècle, après la renaissance du village repeuplé suite aux épidémies et aux pillages, il appartiendra aux nouveaux habitants, venus de la proche Ligurie, d’assurer la traversée du Var.
« Les gueyeurs ou barquiers doivent être des gens choisis et craignant Dieu
1. Qui fréquentent les sacrements et fassent leurs Pâques chaque année,
2. Qui portent un « tableau » autour de leur ceinture,
3. Qui ai de la pudeur et de l’honnêteté envers les personnes du sexe,
4. Qu’ils soient charitables envers les pauvres et traitables envers les autres,
5. Qu’ils ne soient points abrutis par le vin pour ne pas se noyer et noyer les autres ! »
Les Gueyeurs vont s’acquitter de leurs devoirs dans le cadre d’une une véritable confrérie soumise à des règles strictes.
Néanmoins, au XVIIIème siècle, les services des gueyeurs se dégradent : indélicatesses en tous genres, voyageurs volés et rançonnés, prestations d’un prix exorbitant, litiges et incidents divers conduiront même certains gueyeurs jusqu’à la prison. Cette situation persiste, entraînant les autorités à confier la gestion du passage du Var à un entrepreneur privé.
En 1760, le traité de paix de Turin impose de nouvelles règles avec un retour de la traversée du fleuve à la charge de la communauté :
1. Elle nommera 12 gueyeurs « les plus propres, les plus experts dans cette fonction ».
2. Ils se tiendront deux de chaque bord, depuis le lever au coucher du soleil.
3. Ils sonderont et marqueront les passages difficiles avec des piquets. Les gueyeurs seront toujours vêtus décemment avec des caleçons ou ceintures et ne pourront passer les voyageurs lorsqu’il y aura du danger.
4. Ils passeront les pèlerins gratuitement.
5. Le salaire est de 6 sols d’argent de France. »
Aujourd’hui, une « Fête des gueyeurs », célébrée en août (ce samedi 9), conserve la mémoire de ces robustes laurentins qui oeuvrèrent pour leur prochain durant quatre siècles afin d’assurer le passage du Var.
Leur patron, Saint Christophe est également celui des porte-faix.
Les gueyeurs sont une particularité exceptionnelle unique en France dont peut s’enorgueillir Saint Laurent du Var.