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TEMOIGNAGES DE VOYAGEURS FRANCHISSANT LE VAR AU XVIIIème SIECLE
Rien ne vaut le récit des contemporains pour décrire la traversée du Var au XVIIIe siècle. Le romancier et médecin écossais Tobie Smollett se rendait à Nice en 1763, espérant trouver dans la douceur du climat une amélioration à une santé éprouvée : « Au village de Saint Laurent, fameux par ses vins muscats, écrit-il à un ami, il y a une équipe de passeurs toujours prêts à guider les voyageurs dans le passage de la rivière. Six de ces hommes, les pantalons retroussés jusqu’à la ceinture avec de longues perches, en main, prirent soin de notre voiture et par mille détours nous conduisirent sains et saufs à l’autre bord.
A dire vrai, cela n’eût pas été nécessaire, mais c’est pour les gens du pays une sorte de revenant bon, et je n’aurais pas voulu courir un risque quelconque, si faible, qu’il pût être, pour le plaisir d’épargner la demi-couronne dont je rémunérais la peine de ces baves gens. Si vous ne gratifiez pas dune pareille somme les visiteurs de la douane de Saint Laurent, ils fouilleront vos malles de fond en comble et mettront tous vos effets sens dessus-dessous. Et ici, une fois pour toutes, je voudrais avertir les voyageurs qui n’ont l’habitude de ne consulter que leur convenance ou leur intérêt, d’être très prodigues de leur argent envers toutes ces sortes de gens, je leur conseillerais même de se laisser un peu écorcher par les aubergistes rencontrés sur leur route, à moins que l’abus ne soit vraiment trop évident. Car si vous vous mettez à discuter avec eux, vous aurez des ennuis à n’en plus finir et vous vous ferez du mauvais sang pour rien ». Depuis les prix imposés ont du bon !
Une douzaine d’années plus tard, le mathématicien suisse Sulzer suit le même itinéraire : « En sortant de Saint Laurent, on rentre dans le lit du Var qui est très large à cet endroit et prouve suffisamment l’impétuosité des crues de ce fleuve. En ce moment, à peine le sixième du lit était couvert d’eau et ce peu d’eau, divisé en plusieurs bras, avec rapidité. A saint Laurent, des hommes robustes sont chargés de transporter les voyageurs à travers le fleuve. Ces hommes doivent savoir à quelle époque il est possible de traverser le fleuve. On me donna quatre de ces hommes pour ma traversée qui n’était pas dangereuse, l’eau étant très basse, en d’autres temps, on en donnait beaucoup plus. L’un précédait en éclaireur en montrant au postillon les endroits les plus guéables et trois restaient avec la chaise de pose pour la tenir, afin que le torrent ne la renverse pas. Dans quelques endroits, l’eau montait jusqu’à l’essieu des roues. Cet accompagnement me coûta quatre livres quand l’eau est plus forte c’est beaucoup plus coûteux ».