sperada

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/04/2012

L'ÉLECTION DU NOUVEAU MAIRE DE SAINT LAURENT DU VAR EN 1945

 SAINT LAURENT VILLAGE.jpg

L'élection du maire

Le 18 Mai 1945, le conseil municipal se réunit pour élire le maire et ses adjoints. Provençal alité et Roubaudy sont notés absents. La séance est présidée par Jules Pinaud, le doyen.

Eugène Provençal est élu maire avec seize voix contre cinq pour Charles Aubert. Léon Bérenger est élu premier adjoint avec vingt voix sur vingt bulletins exprimés (un bulletin était nul ou blanc). Il est surprenant de voir qu'à ce moment-là les conseillers sont au nombre de 21 (23 moins les deux absents). Mais pour le vote suivant, Marcel Cortese est élu avec 22 suffrages (sur 22 exprimés) comme deuxième adjoint. On peut supposer que François Roubaudy est arrivé entre temps. François Giusti est élu également avec 22 voix (sur 22 exprimées) adjoint spécial, chargé de l'administration en l'absence du premier et du second adjoint. Le conseil a peut-être ainsi anticipé le fait que la santé de Provençal risquait de l'empêcher de tenir son rôle de maire. Les conseillers savaient que Provençal était malade. C'est effectivement pour cette raison que Léon Bérenger demande la création de deux postes d'adjoints supplémentaires.

C'est clairement mentionné dans le registre des délibérations du 18 Mai 1945:

« M Léon Bérenger, premier adjoint faisant fonction de Maire, expose qu'en raison de l'état de santé actuel de M le Maire, et que d'autre part, vu le programme de rénovation de la commune de St Laurent du Var qu'il vient d'exposer et des nombreux travaux administratifs et lois que la commune se doit d'appliquer, il est devenu extrêmement difficile à la Municipalité, malgré l'application et l'activité de ses membres d'en surveiller exactement la marche et de remplir ses multiples obligations avec toute la précision et la promptitude désirables.

Il propose en conséquence au Conseil d'user de la faculté donnée par la Loi du 27 Juillet 1923 et de créer, pour la durée de son mandat, deux postes supplémentaires d'adjoints. »

Si Bérenger devait assurer l'intérim, la présence de deux adjoints supplémentaires ne serait pas de trop. Un autre adjoint spécial, détaché lui au quartier de la gare, est donc élu. C'est le doyen, Jules Pinaud, qui obtient 22 voix sur 22 bulletins exprimés.

Les contestations

Plusieurs conseillers protestèrent à propos de différents événements liés aux élections municipales. L'arrêté du 30 Mai 1945 concernant les protestations des élections municipales du 13 Mai 1945 relate en détails les plaintes et les décisions prises par la préfecture.

Joseph Capra et Félix Battua déposèrent une protestation à la Préfecture des Alpes Maritimes le 18 mai 1945. Ils faisaient remarquer que « le nommé RENAUD Georges a voté bien que né le 17/11/1924 et par conséquent âgé de moins de 21 ans ». Il n'était pas inscrit sur les listes électorales mais avait pu voter à cause d'une erreur (le nom de Jean Renaud qui était décédé avait été émargé sur la liste d'émargement). Georges Renaud avait voté en lieu et place de Jean Renaud. Par conséquent, une voix fut retirée à tous les candidats élus au second tour. Les chiffres du tableau précédant ne tiennent pas compte de cela.

Les deux protestaient aussi contre le fait que le Président du bureau de vote Maurin ait effectué lui-même le dépouillement des bulletins. Mais aucun texte législatif n'interdisant cela, ce grief fut rejeté.

Le 17 mai 1945, Louis Ravet avait également déposé une protestation à la Préfecture. Il informait que 27 bulletins de vote avaient été annulés à tort au 2ème bureau. Le conseil de préfecture estima que certains étaient bien nuls ou blancs mais neuf bulletins étaient toutefois valables. Ils avaient été annulés pour différentes raisons. Un bulletin comportait vingt-trois fois le nom de Ravet, mais celui-ci avait été élu au premier tour. Un bulletin portant le nom de Caussimon avait été rayé et portait la mention « dit le patron de ma femme ». Malgré annotation mention étrangère à l'élection, le bulletin fut jugé valable. Il en fut de même pour huit bulletins qui avaient été annulés car ils portaient des marques accidentelles au crayon. Donc, Mme Fossat, MM. Nègre, Loir et Hébert eurent neuf voix de plus chacun.

Louis Ravet protestait contre l'élection de Marius Boniard. Selon lui, il n'aurait même pas dû être électeur, puisque son domicile et son exploitation agricole étaient depuis plusieurs années sur le territoire de Cagnes-sur-mer. Mais, Boniard étant inscrit sous le numéro 355 sur la liste électorale, le conseil de préfecture estima qu'il n'y avait pas de raison de refuser son élection. En effet, d'après l'article 31 de la loi du 5 Avril 1884, les électeurs de la commune étaient éligibles au conseil municipal.

Ravet indiquait que François Giusti avait été élu alors que ses père et mère étaient italiens, non naturalisés. La protestation fut rejetée car Giusti avait opté pour la nationalité française à sa majorité. En outre, il s'était engagé volontairement pendant la première guerre et avait servi l'armée française pendant la guerre de 1939 à 1940.

Ravet et Giusti avaient également protesté contre l'élection de Vincent Nègre car son beau-frère, Charles Maurel, avait été aussi élu. Le conseil de préfecture jugea que :

Considérant qu'aux termes de l'article 35 alinéa 4 de la loi du 5 Avril 1884 dans les communes de 501 habitants et au-dessus, les ascendants et les descendants, les frères et alliés au même degré ne peuvent être simultanément membres du même Conseil Municipal.

Considérant qu'il n'est pas contesté que le Sieur Nègre élu Conseiller Municipal de Saint-Laurent-du-Var au 2ème tour de scrutin est le beau-frère du Sieur Maurel élu à la même assemblée au 1er tour ; qu'ils sont dès lors alliés au degré prohibé et ne peuvent simultanément faire partie du Conseil Municipal de la Commune de Saint-Laurent-du-Var, dont la population dépasse 501 habitants ;

Qu'il y a lieu dans ces conditions d'annuler l'élection du Sieur Nègre, qui n'a été élu qu'au 2ème tour de scrutin.

L'élection de Vincent Nègre en qualité de conseiller municipal fut donc annulée. Les conseillers élus sur la liste Ravet n'étaient plus que quatre.

Caractéristiques de ce conseil

Le benjamin est plus vieux que celui du CLL (27 contre 20 ans). Mais le CLL était une exception, il est donc logique que l'âge du benjamin soit plus élevé. D'ailleurs, l'âge du plus jeune conseiller de la municipalité élue en 1945 est le même que celui de la municipalité nommée par Vichy.

Le doyen est le plus vieux de toutes les municipalités lors de son installation (72 ans).

La moyenne d'âge est 48,82 ans. C'est encore un retour à la normale, cette municipalité se situant entre celle de Vichy (45,16) et celle élue en 1935 (53,43).

Deux femmes figuraient parmi les candidats. Elles furent toutes les deux élues.

Les classes plus jeunes (20-30 et 30-40 ans) sont en nette diminution par rapport au CLL. Les 30-40 ans sont très peu représentés (8,69%). C'est leur taux le plus bas.

La classe des 50-60 retrouve un niveau plus habituel avec 26,08% des conseillers appartenant à cette catégorie. Comme en 1935, c'est la seconde classe en ordre d'importance. Avec 13,04%, les plus de 60 ans continuent leur croissance. Les plus nombreux en 1935, ils avaient été écartés en 1941 (0%) et un peu oubliés en 1944 (5,88%). La majorité des membres du conseil municipal sont des propriétaires (12 sur 23, soit 52,17%). C'est une constante.

Extrait du Mémoire d’Histoire de Jérémie Thomas 

Les commentaires sont fermés.