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07/11/2012

ISABELLE BLANCHARD A SAINT LAURENT DU VAR: UN BILLET D'HUMEUR DES ANTIPODES

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Isabelle Blanchard est une pure Laurentine, exilée toute jeune en Australie avec sa famille. Chaque année elle revient vers sa terre natale, le temps des vacances, avec le ferme espoir de se réinstaller un jour dans ce qui fut le « paradis » de son enfance.

Aujourd’hui, elle s’inquiète de l’évolution trop rapide de sa ville et nous interpelle avec une perception toute personnelle d’une réalité qui nous est devenue familière.

  

BILLET D’HUMEUR DES ANTIPODES

 

Un matin alors que le soleil n’était pas encore réveillé, je décidais d aller me promener et revoir mon petit bout de village où mes grands parents avaient vécu.

Je retrouvais la petite maison de mon enfance, jusqu’à l âge de 16 ans, avec son mélange d’odeur de vieux et de neuf.

Pour moi, de nos jours Saint Laurent du Var suffoque avec tous ses immeubles accumulés souvent fades et sans goût, remplaçant les jolies villas disparues.

Jadis, on y sentait encore le citronnier l’oranger, la lavande dans un cadre agréable où tout était tranquille.

Marchant vers le vieux village, je reconnus beaucoup de monde, là rien n’avait changé.

Si l’on parle de la crise de l’euro et du manque de logement, on sent encore dans les rues le parfum du pain chaud avec de jolis gâteaux dans les vitrines !

Pus loin, j’aperçus un nouvel immeuble en construction avec son odeur de ciment frais et déjà le panneau « A Vendre ».

En fait Saint Laurent n’est pas très grand et le charme de cette jolie ville disparait « Si tu savais Mémé !»

Je parcours et tourne dans les petites ruelles du vieux village où mes grand parents habitaient au n°66 de la rue Honore Geoffroy.

Je retrouve les même fenêtres et la même façade ! Ah je suis contente, je perçois cette douce humidité de mon enfance, quand je me mettais àla fenêtre.

« Cette enfant est pénible » disait ma mère, « vous voyez vous lui passez tous ses caprices » ajoutait ma grand mère.

Revenant au présent, je marche vers la place de la Fontaine et le quartier du « Babazouk », l’eau ne coule plus à la fontaine où je buvais et trempais les pieds l’été.

Je m’avance pour lire un panneau de permis de construire ! Là aussi ! Avec tout l’espace disponible ailleurs ! On a enlevé ma fontaine, notre fontaine ! On s’attaque à la maison où habitait mon amie ! Pourquoi faire ça ? C’est comme enlever la fontaine de Saint Paul de Vence, mais là ils ne le feront pas.

Je suis en larmes et j ai mal au cœur . Soudainement la colère m’envahit. Quelqu’un me rassure « On la remplacera. » Cette fontaine datait de 1954,. Ce sera n’importe quoi, avec du ciment neuf.

Je reste plantée là pendant dix bonnes minutes à me dire pourquoi tous ces immeubles, un centre commercial vide, une plage ou pas, des bateaux et un port payant, vers quel futur ? Pour élargir à tout prix nos vies ?

Nous sommes devenus riches en biens superficiels mais pauvres en biens spirituels.

Heureusement je sens encore dans les petites maisons la bonne odeur de ratatouille et le vieux village s’anime encore lors de joyeuses fêtes.

Très chers anciens vous avez su conserver votre mode de vie, votre culture, votre cuisine et en mémoire tous les bons moments. Mais aussi le souvenir de la faim et de la guerre que vous avez connues sans avoir peur du lendemain. Même si Saint Laurent change et évolue vous ne changez pas, si votre cœur bat en regardant encore le ciel bleu, c’est bon signe !

  

Isabelle BLANCHARD

 

 

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