En 1814, la frontière réapparut sur le Var, aussi, le pont reliant les deux rives fut-il officiellement mesuré et partagé entre la France et la Sardaigne. Il subsiste de nos jours quelques vestiges de ce passage du XIXème siècle: - Une pile du pont sur le bord de la route du bord du Var à la hauteur du Gymnase actuel, avec l'inscription « Pont des Français ». - L'ancien poste de garde (maison Giraud au bas de la rue de l'Ancien Pont). - La douane (Auberge Laurentine). - L'ancien « Hôtel RONDEL », 45, rue de l'Ancien Pont et, en face, les anciennes écuries des chevaux de diligences. Voici l’acte de délimitation du 24 novembre 1814 à midi précise: « la longueur étant de 654 m et la moitié 327 m correspondant à la 49ème palée qui restera inclusivement à la France, avons fait placer provisoirement un poteau qui sera peint gris perle et à l'huile, portant à droite l'inscription France et à gauche celle de Sardaigne ». Un an plus tard, le village est occupé par les troupes françaises. Les troupes piémontaises de Nice paraissant vouloir s'emparer du pont, les Français s'apprêtèrent à le brûler. Le 23 juillet, le maréchal BRUNE envoyait un parlementaire. Ainsi fut conclu l'Armistice du pont du Var. Aux termes de cet accord, les Piémontais occupèrent la rive droite. Cet Armistice fut rompu et les Piémontais avancèrent jusqu'à Draguignan. La paix revenue, la police du Pont fut confiée à un Commissaire résidant à Saint-Laurent. Un passeport était exigé, les habitants de l'arrondissement de Grasse bénéficièrent d'un passeport spécial à prix réduit (2,00 F). Un ancien usage permettait le passage libre durant trois jours, deux fois l'an à la Trinité et à l'Assomption, ce qui favorisait les pèlerins se rendant à Laghet. Une barrière fermait le pont chaque soir à 8 h. A la suite d'une épidémie de choléra en 1885, Nice fut isolée et privée de fruits et légumes venant de Provence. Sous la protection d'un cordon sanitaire fourni par la troupe, un marché provisoire fut créé à Saint-Laurent, construit avec des baraques en planches débitées par les scieries locales. Ce marché connut une certaine importance. Malheureusement, de nombreux maraîchers et revendeurs furent victimes sur les bords du Var de la terrible fièvre des marais (paludisme). Une famille du lieu, les CASTILLON, a marqué de son empreinte la vie scolaire de cette époque par la succession de ses représentants au poste d'instituteur dans la commune (cinq en cent ans). Mr. Roger TRESSE, dans une étude intéressante, souligne l'expansion démographique de Saint-Laurent au XIXème siècle: - 731. habitant en 1831 (23 employés des Douanes, 6 gendarmes), - 837 habitants en 1841, - plus de 1.000 habitants en 1881. La population se compose selon la hiérarchie: de travailleurs, de mesnagers (petits propriétaires) et de bourgeois. La bourgeoisie compte un notaire, un maître-chirurgien, un receveur, les employés des douanes, un brigadier, un contrôleur et quelques fonctionnaires actifs et retraités. La famille CASTILLON possède une maison rue du Puits et rue du Four, elle se compose de cinq personnes et d'une servante. Elle occupera des fonctions communales de greffier, d'agent national (chef de la Garde Nationale), de receveur des impôts, d'instituteur de 1790 à 1860. En 1831, l'école est ouverte aux garçons, elle est payante et reçoit 24 élèves l'hiver et 161l'été. Le maître est payé par les chefs de famille chaque mois, municipalité lui alloue une somme pour enseigner à quatre élèves gratuits, elle lui fournit un local au-dessus de la Mairie, mais ne le loge pas. En 1884, le Comité local à l'Instruction Publique (loi Guizot) estime que 60 garçons et 70 filles sont privés d'instruction. Le Conseil Municipal, obligé à des dépenses telles que le curage du puits communal et l'agrandissement de l'église, ne peut faire face à ces nouvelles nécessités démographiques. Comme il est opportun d'ouvrir une salle de classe plus spacieuse, de la meubler et d'aider les élèves démunis, le département finance la moitié et la Commune emprunte le reste des frais, auprès du Bureau de Bienfaisance de la Paroisse. Le flottage du bois provoquait souvent des dommages aux culées du pont, lorsqu'une partie de celui-ci était emportée suite à une crue, un pont de cordes (!) servait de secours. Aussi fut-il question en 1849 d'installer un pont suspendu. Après la construction du pont de Chemins de Fer en 1864, le bourg fut éloigné du passage de la route nationale. Cette situation d'isolement résulta du refus prudent des Laurentins de voir s'édifier la voie ferrée et la gare, proches du village. En effet, ceux-ci redoutaient que les ouvriers du chantier ne maraudent « leurs figues ». Ce trait de caractère souligne la prudente réserve d'une communauté longtemps exposée aux vicissitudes du passage du Var. Ajoutons que cette méfiance atavique résultant d'une hospitalité souvent forcée n'a pas été tempérée par l'ouverture vers la mer Dans l'histoire, il y a peu de marins ou de pêcheurs à Saint-Laurent, les traditions terriennes ont prévalu tout au long de son passé comme dans tout pays maritime au sol riche.
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