sperada

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/12/2011

L'ECOLE D'AUTREFOIS A SAINT LAURENT DU VAR

38 L'ECOLE D'ANTAN.jpg

 

Sous l’Ancien Régime, mis à part l’éducation religieuse dispensée par les prêtres, les bases du savoir restaient un luxe limité à quelques enfants privilégiés issus de familles aisées, capables de s’offrir les services d’un précepteur rétribué. L’analphabétisme était de règle, aussi l’acquisition des connaissances par les enfants du peuple sera l’une des premières préoccupations de la nouvelle République.

Les progrès de l’instruction publique prendront près d’un siècle, à travers cinq régimes politiques majoritairement conservateurs, pour parvenir à l’accueil des filles comme des garçons et à la gratuité totale de l’enseignement.

A Saint Laurent, Thomas Bellon, nouveau maire et premier instituteur « régent des écoles » est signalé en 1790, son successeur sera chargé d' « enseigner à tous les garçons du lieu à lire, écrire et l' arithmétique, comme aussi de les instruire sur les principes de la doctrine chrétienne, moyennant le salaire de 150 Livres ». Une famille de notables laurentins les Castillon va fournir cinq instituteurs durant le XIX ème siècle.

Les institutrices apparaissent dans la commune en 1827, alors que la municipalité prend en charge l’instruction d’un unique élève, laissant les autres payer leur instituteur 1,50 F par mois ! Pas d’institutrice à l’école des filles.

L’école est située dans la « Maison commune », au 67 de l’actuelle rue de l’Eglise, avec 36 élèves garçons scolarisés, sont exclus 60 garçons et 70 filles non scolarisés.

La première école des filles ouvre ses portes en 1862 avec Mlle Focachon, elle est malheureusement dépourvue de mobilier ! En 1881 Le Maire souhaite trouver une autre salle pour l'école de filles, celle communale « n'ayant que dix huit mètres de superficie et n'étant percée que d'une fenêtre, manquant à la fois d'air et d'espace pour ses 42 élèves ».

 

La république est proclamée pour la troisième fois en 1870, Jules Ferry, son ministre de l'Instruction Publique, fait adopté les lois relatives à l'enseignement. La première (1881) établit sa gratuité dans les écoles primaires publiques, la seconde (1882) le rend obligatoire pour tous les enfants de six à treize ans. La troisième (1886) le confie exclusivement à des laïcs, les fameux « hussards de la République ».

En 1883, apparaissent à Saint Laurent comme instituteurs publics Auguste et Elise Ganiayre, le Conseil réclame une "école enfantine au rez-de-chaussée de la maison commune " justifiant sa demande par une population de 944 habitants. Le budget de l'Education Nationale a été multiplié par cent en peu d'années.

Mais, si l'école de filles fonctionne "au premier étage, où les enfants ont dû, faute d'espace, être répartis en deux salles distinctes, elle est dépourvue de cour et de latrines ".

Enfin en 1894 le Conseil Municipal approuve la construction d'une nouvelle école primaire au quartier des Plans achevée en 1907, dirigée par M. et Mme Alfred et Elise Michelis, les enfants d'âge scolaire sont au nombre de 235 : 102 garçons, 100 filles, 33 non admis faute de place.

06/12/2011

"SON ET LUMIÈRE" DE SAINT LAURENT DU VAR

CARTES POSTALES ANCIENNES DE SLV (37).jpg

Voici le clip-vidéo élaboré Jean Marc Simond à propos du "Son et Lumière de Saint Laurent du Var" du 13 août 2011 diffusée sur Youtube cliquez sur: 
 

01/12/2011

L'ENTRÉE EN GUERRE EN 1939, A SAINT LAURENT DU VAR

CARTES POSTALES ANCIENNES DE SLV (20).jpg

 

L'entrée en guerre.

 

En  préambule des délibérations du conseil municipal, le 16 décembre 1939, le maire adressa «un Salut à tous les mobilisés ainsi qu'aux conseillers qui étaient sous les drapeaux, et profita de la 1ere séance du Conseil du temps de guerre pour adresser à la population ses félicitations pour le calme et la discipline à l'occasion de la mobilisation»

Le Maire donna aussi connaissance de « la lettre de remerciements de la famille Vérutti, à l’occasion du décès de leur fils, mort en service ». Alfred Vérutti fut effectivement un des deux laurentins morts au champ d'honneur. Il figure sur le monument aux morts. Il fut tué le 23 octobre 1939.

La guerre modifie les priorités du conseil. Lors de cette séance, est évoqué le « colis du Poilu », qui permettait d'envoyer à tous les mobilisés de la commune, un colis renfermant des vêtements chauds, du chocolat et des biscuits.

21 Septembre 1940, lors des délibérations du conseil, le maire déclara faire « confiance au nom du conseil municipal à M le Maréchal Pétain, Chef de l’Etat français pour conduire la France à ses destinées impérissables ».

Ce soutien s'explique par l'action de Pétain qui, arrivé au pouvoir quelques mois auparavant, signa la paix avec l'Allemagne. Malheureusement pour Louis Bènes, le régime de Vichy décida de se passer de ses services et de ceux des autres conseillers municipaux.

 

Pourquoi Bènes a-t-il été écarté ?

 

Différents rapports ont insisté sur le manque de motivation de Louis Bènes pour la Révolution Nationale. D'autres se sont interrogés sur son honnêteté. Le maire de Cagnes sur Mer fut chargé par le Préfet de lui rédiger une note concernant son confrère de St Laurent:

« Monsieur BENES est maire de Saint-Laurent-du-Var depuis une vingtaine d'années.

Ses sentiments nationaux sont indiscutables, mais on raconte que sa situation matérielle s'est sans cesse améliorée au cours de ses divers mandats.

De là découle sans doute l'opinion émise sur la qualité peu solide de sa probité, sans qu'il ne soit possible de citer un fait précis justifiant cette opinion.

Le Conseil Municipal est assez terne pour une Commune de cette importance, et comporte quelques éléments Front Populaire. »

Le 9 janvier 1941, le Commissaire Divisionnaire de Police Spéciale de Cannes apportait des précisions sur cette affaire à Monsieur le Conseiller d'Etat, Préfet des Alpes-Maritimes:

« M BENES. Maire de St Laurent du Var et Conseiller d'Arrondissement de Cagnes, est un ancien pâtissier et restaurateur de cette localité. Il est propriétaire de la villa qu'il habite et se trouve à la tête d'une certaine aisance.

Aux élections législatives de mai 1932, il mena campagne en faveur du député de la circonscription de Grasse, M OSSOLA. L'adversaire de ce dernier, M FAYSSAT, porta plainte contre M BENES pour « fraudes électorales ». Le Parquet de Grasse ouvrit une information et l'affaire se termina par un non-lieu.

M OSSOLA trouva la mort dans un accident d'automobile, en période électorale, et M FAYSSAT fut élu.

Quelque temps après, M BENES devint l'ami de M FAYSSAT et celui-ci s'employa, dit-on, à le faire décorer de la Croix de la Légion d'Honneur.

M BENES, quoique n'étant inscrit à aucun parti politique, est à tendance modérée. Mais on lui reproche de n'être à aucun parti et de les ménager tous, principalement ceux de gauche.

Il fut combattu par M JONAS, ex-député de Grasse et « Front Populaire », lequel poussa un sieur ROUX, Conseiller Municipal socialiste de St Laurent du Var, à se plaindre, le 28 août 1937, contre M BENES à M le Ministre de l'Intérieur.

Le nommé ROUX reprochait au Maire de faire signer les mandats de paiement en blanc aux chômeurs, d'avoir augmenté le prix des eaux ménagères sans délibération du Conseil Municipal et concluait en demandant la vérification de la comptabilité de la Caisse des Ecoles.

Une enquête fut faite par mon service et, par rapport du 22 septembre 1937, je proposais à M le Sous-Préfet de Grasse de vouloir bien faire effectuer des vérifications quant au montant des mandats établis. La procédure fut jointe à ce rapport et je dois dire que l'enquête demeura sans résultat. Il s'agissait d'une manœuvre du sieur JONAS, actuellement déchu de la nationalité française, qui avait pour but de nuire au Maire de St Laurent du Var.»

L'aisance financière de Louis Bènes est soulignée mais on ne sait pas si elle a été acquise de façon honnête. Le commissaire et le maire de Cagnes sur mer laissent planer le doute, volontairement ou non. Les liens liant le maire à Fayssat sont surprenants car adversaires au début, ils deviennent ensuite amis. Le fait qu'il ménage les partis politiques de gauche n'est pas un facteur positif pour son maintien. Comme s'en souvient Monsieur Louis Brun, on peut toutefois noter qu'il a fourni en 1939 la liste des communistes de sa commune. Néanmoins, il n'était pas à l'origine de cette idée car cette liste était réclamée par le Gouvernement de la République.

Cela va à l'encontre de cette image de personne modérée. Mais il est vrai qu'en raison du pacte germano-soviétique, ces derniers pouvaient représenter une menace pour le pays.

Quelque temps après, M BENES devint l'ami de M FAYSSAT et celui-ci s'employa, dit-on, à le faire décorer de la Croix de la Légion d'Honneur.

M BENES, quoique n'étant inscrit à aucun parti politique, est à tendance modérée. Mais on lui reproche de n'être à aucun parti et de les ménager tous, principalement ceux de gauche.

Il fut combattu par M JONAS, ex-député de Grasse et « Front Populaire », lequel poussa un sieur ROUX, Conseiller Municipal socialiste de St Laurent du Var, à se plaindre, le 28 août 1937, contre M BENES à M le Ministre de l'Intérieur.

Le nommé ROUX reprochait au Maire de faire signer les mandats de paiement en blanc aux chômeurs, d'avoir augmenté le prix des eaux ménagères sans délibération du Conseil Municipal et concluait en demandant la vérification de la comptabilité de la Caisse des Ecoles.

Une enquête fut faite par mon service et, par rapport du 22 septembre 1937, je proposais à M le Sous-Préfet de Grasse de vouloir bien faire effectuer des vérifications quant au montant des mandats établis. La procédure fut jointe à ce rapport et je dois dire que l'enquête demeura sans résultat. Il s'agissait d'une manœuvre du sieur JONAS, actuellement déchu de la nationalité française, qui avait pour but de nuire au Maire de St Laurent du Var.»

L'aisance financière de Louis Bènes est soulignée mais on ne sait pas si elle a été acquise de façon honnête. Le commissaire et le maire de Cagnes sur mer laissent planer le doute, volontairement ou non. Les liens liant le maire à Fayssat sont surprenants car adversaires au début, ils deviennent ensuite amis. Le fait qu'il ménage les partis politiques de gauche n'est pas un facteur positif pour son maintien. Comme s'en souvient Monsieur Louis Brun, on peut toutefois noter qu'il a fourni en 1939 la liste des communistes de sa commune. Néanmoins, il n'était pas à l'origine de cette idée car cette liste était réclamée par le Gouvernement de la République.

Cela va à l'encontre de cette image de personne modérée. Mais il est vrai qu'en raison du pacte germano-soviétique, ces derniers pouvaient représenter une menace pour le pays.

Dans une lettre datée du 2 janvier 1941, le Sous-Préfet de Grasse résumait les principaux torts du maire:

« A Saint Laurent du Var, le Maire, M Benes, quoique n'étant pas d'opinions avancées, ne me parait pas pouvoir être maintenu en raison de son caractère indolent et de ses relations avec des hommes politiques douteux. »

Le renvoi de Louis Bènes peut s'expliquer pour plusieurs raisons. Sa droiture est mise en doute à plusieurs reprises. Il se serait enrichi et aurait fraudé lors d'élections. Le 2 janvier 1941, le Commissaire Divisionnaire de Police Spéciale de Cannes écrivait au Sous-Préfet :

«M BENES, tout en ne faisant pas de politique et se disant favorable à notre Gouvernement, est critiqué par la population qui lui reproche d'avoir une attitude politique manquant de netteté( ...)

II a manqué à son devoir, lors de la dissolution des sociétés secrètes, en ne faisant pas disparaître le triangle maçonnique qui figure sur le buste de la statue de la République se trouvant dans la salle des séances du Conseil Municipal. C'est le sieur MICHELIS, Conseiller Municipal et franc-maçon notoire, qui a fait don de ce buste. »

Sa position ambiguë du point de vue politique est aussi une des causes de son remplacement. L'Etat Français ne pouvait pas faire confiance à quelqu'un d'indolent et dont les opinions n'étaient pas clairement définies en faveur du régime.

Sa position vis à vis des francs-maçons a de quoi laisser sceptique les responsables de Vichy. Elle est révélatrice d'un certain manque de netteté d'opinion. Il n'est pas mentionné que Louis Bènes appartint à cette organisation. Mais il ne semble pas avoir fait ce qu'il aurait dû faire s'il avait soutenu la politique de Vichy. Dans le courrier mentionné précédemment, il semble que Louis Bènes n'ait rien fait pour faire disparaître le triangle maçonnique. 

(Mémoire d'Histoire de Jérémy Thomas)