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22/04/2006

AU TEMPS DES GRECS ET DES ROMAINS

               L’ANTIQUITE


 Sur les sites repérés par les marins rhodiens au VIIe siècle avant J.C., vers -600, des navigateurs phocéens, en quête d’escales et de points d’eau, fondent les premiers comptoirs grecs sur la Côte. Ces prospecteurs s’installent, importent des marchandises, en fabriquent d’autres sur place (poteries). Les habitants indigènes, les Ligures, vivent déjà là depuis des siècles.
 
Ils possèdent un port actif à Aegitna (l’actuel Vaugrenier). Les Celtes (Gaulois) arrivent vers -500, -400, se mêlant aux Ligures. Les Ligures de la région d’Antibes, Cagnes, Saint-Laurent composent une vaste tribu : les Oxybiens.
 
Bruns, de petite taille, agiles, vêtus sommairement de peaux de bêtes, ils possèdent une langue et une écriture et vénèrent des dieux protecteurs de la nature. Leurs ancêtres effectuaient des pèlerinages au Mont Bégo où ils traçaient des ex-voto sur les rochers. Ce sont des chasseurs, des agriculteurs éleveurs de bétail (bovidés), des pêcheurs. Ils colportent à travers l’Europe l’étain nécessaire aux outils et armes de bronze, ainsi que le sel. Commerçants actifs, ils circulent sur la Côte et dans la montagne, troquant les produits agricoles tirés de la vigne et de l’olivier, ainsi que leurs conserves de poisson salé et les peaux de bête qu’ils tannent.
 
Bâtisseurs de constructions en murs de pierres sèches couronnant les collines : « les Castellaras », ils s’y réfugient en cas d’attaque. Intrépides et robustes, les Ligures s’engageront souvent dans les armées carthaginoises, puis romaines en qualité de mercenaires.
 
Les Oxybiens voient s’établir vers -350 des Phocéens, originaires de Grèce, venus de Marseille pour fonder Antipolis (Antibes) et Nikaïa (Nice).
Ces mêmes Ligures aideront Hannibal en -217 à franchir les Alpes avec son armada d’éléphants, pour aller combattre les armées romaines. Lorsque Hasdrubal poursuivra la lutte en -207, 8.000 Ligures lui prêteront main forte.
 
Après les guerres puniques, vainqueurs, les Romains occupent une partie de l’Espagne, c’est alors qu’ils souhaitent s’assurer un passage terrestre vers leurs nouvelles possessions par la Gaule méridionale.
 
Une voie existait longeant la Côte : « Voie héracléenne », tracée selon la légende par Hercule que ne rebutaient pas les rudes travaux («La voie héracléenne», d'Héraclès, Hercule étant la forme latine du grec Héraclès). Chemin abrupt bordé de constructions à murs cyclopéens, cette voie n’était qu’un sentier peu sûr jusqu’à Jules César, à cause du brigandage des Ligures. Il faudra attendre Octave Auguste pour voir s’édifier la première voie romaine : la voie julienne.
La voie héracléenne traversait le Var à gué et suivait la base des collines.
Marquant l’empreinte grecque des premiers visiteurs phocéens, la légende précise que pour aller s'emparer des bœufs de Géryon, le dixième de ses douze travaux, Hercule se devait de tracer un chemin à sa taille, d'Italie à cette Ibérie où était le repère du géant tricéphale.
Hercule, traversant ces «Alpes Maritimes» où il peina, se les appropria en les qualifiant «d'Alpes grecques» (selon Ammien Marcellin). Prévoyant sa victoire et un triomphal retour en poussant devant lui le troupeau des bêtes conquises, Hercule ne ménagea en ces lieux ni son temps ni sa peine. Ainsi édifia-t-il tout au long de la voie de crête longeant le littoral, des enceintes de murs cyclopéens propres à l'abriter lui et ses compagnons. Ces remparts lointains rappellent en effet ceux d'Argos, Mycènes et Tirynthe, but suprême de son voyage après son retour en Grèce. Seule sa force surhumaine pouvait être capable d'édifier de telles murailles. L'une de ces enceintes, bâtie sur un rocher abritant une anse, retint pour un temps Hercule, qui trouvant le lieu à son goût, s'y arrêta, s'y isola, oubliant la suite de ses aventures. Lieux de paix et de retraite, comme le laisse entendre l'étymologie du nom de ce lieu: Monoikos.
 L'anse s'appellera en souvenir du demi-dieu: Herculis Monocci Portus, plus tard Monaco et encore sous la Révolution française: Port Hercule. Comme l'écrivait déjà au IV ème siècle l 'historien romain Ammien Marcellin dans une de ses digressions géographi­ques inspirée des auteurs grecs: «La citadelle et le port de Monaco sont encore d'éternels monuments du passage d'Hercule dans ces contrées».
 
En -154, les Ligures, concurrencés dans leurs activités commerciales, assiègent les comptoirs massaliotes de Nikaïa et Antipolis. Les Phocéens, alarmés, réclament l’aide des Romains. Un parlementaire romain, Flaminius, est dépêché sur les lieux ; il est refoulé et malmené par les Ligures, lors de son débarquement. De retour à Rome, Flaminius entraîne le Sénat, trop heureux d’une pareille aubaine. Le consul Opimius à la tête de 10.000 Romains va venger l’affront et permettre la main mise sur la Côte. Dans la plaine de la Brague, le contingent romain défait les 4.000 Ligures Oxybiens et Décéates.
 
Après ce revers, le port d’Aegitna est détruit. Les vaincus devront livrer des otages et abandonner à Rome une bande côtière de douze stades (2.220 m). La mer et les riches terres en bordure leur seront interdites. Les Ligures ne gêneront plus les Phocéens.
 
Nouveau soulèvement ligure en Provence en -125. Les turbulents Oxybiens vont être déportés dans le sauvage Estérel par le Consul Fluvus Flaccus. L’année suivante, pour protéger Marseille, le Consul Calvinus attaque les Salyens (Celto-Ligures) et détruit leur ville fortifiée d’Entremont près d’Aix.
Il faudra attendre -49 pour que Lépide soumette enfin les Ligures Oxybiens (les plus célèbres Ligures selon Pline). Pour marquer cette victoire décisive, Lépide fait édifier le Trophée d’Antibes.
Cette même année, Jules César, de retour d’Espagne, licencie au bord du Var les légions pompéiennes qui constitueront le premier peuplement romain. Saint-Laurent du Var va entrer dans l’ère de la colonisation romaine pendant quatre siècles.

 

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03/04/2006

CHRONIQUE PUBLIEE DANS NICE MATIN

« UN PEU D’HISTOIRE »
 
 Nous inaugurons aujourd'hui cette nouvelle rubrique, signée d'un écrivain laurentin passionné d'histoire, Edmond Rossi. Il nous propose le dimanche  de revisiter le passé de Saint-Laurent-du-­Var ou des communes environnantes au travers, d'événements, de faits et d'anecdotes qui font toute richesse de notre patrimoine.
 
SAINT LAURENT : UN CARREFOUR GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE
 
Avant 1860, Saint-Laurent­-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice, le long de la rive droite du Var, sur 7 km.
 
Saint-laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de sa devise et de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé est sans aucun doute le vieux village avec ses rues pitto­resques et son église romane datant du XIe siècle.
 
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particuliè­rement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son histoire.
 
Les épidémies. Les guerres, les invasions et les inondations ont rythmé les différentes étapes de la for­mation de Saint-laurent-du­-Var à travers les siècles. Son histoire se développe au cours du temps sous des, influences venues d'horizons différents : du sud et de la mer dans l'Antiquité, de l'Est avec Rome, du Nord au Moyen Age, de l'Ouest, de la Révolution française à nos jours.
 
Avant que ne s'écrive l'His­toire, lorsque voici 400 000 ans les premiers hommes
apparaissaient dans la région, le Var drainait alors cent fois plus d'eau. S'il est question de pilotis découverts à la fin du XIXe siècle, enfouis dans le sous-sol vaseux du delta, pouvant servir d'assise à des cabanes lacustres, nous n'avons aucune preuve d'une occupation du site à la Préhis­toire.
 
Les seuls vestiges mis au jour à proximité sont ceux de Carros Je Neuf: il s'agit de fragments de pierres taillées voici quelque 100000 ans (début du Würm).
 
Beaucoup plus tard, le géo­graphe grec Strabon indique­ra que le Var avait en hiver la largeur de sept stades à son embouchure, soit 185 m x 7 = 1 295 m. Notons que le pre­mier pont construit en amont sur le Var à la Révolution fran­çaise n'aura qu'une largeur de 654 m. Aujourd'hui, après son endiguement, la 202 bis franchira le fleuve au quartier de la Baronne par un ouvrage de seulement 450 m !
 
Saint-laurent-du-Var est un carrefour géographique et historique en rapport constant avec le fleuve le plus important des Alpes-Mari­times. Le Var, cité déjà par César, sera qualifié de « grand fou » par Vauban qui ne lui pardonnait pas ses crues sou­daines et brutales multipliant son débit par dix en quelques heures.

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