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27/06/2011

SAINT LAURENT DU VAR SOUS LES BOMBES, PAUL BAILET TÉMOIGNE

 

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Paul Bailet n'est plus de ce monde, mais sa fille Laurette a recueilli le petit journal de guerre dans lequel ce Laurentin a soigneusement noté jour après jour les alertes et les 23 bombardements qui ont frappé Saint-Laurent, où de nombreux civils laurentins ont été tués.

 « Six août 1944 : le village est aux trois-quarts démoli. Il y a au moins cinq morts et plusieurs blessés. La toiture et les plafonds de notre maison sont démolis. » Ce jour-là, « alors que la fin de l'alerte a été sonnée, de nombreux avions surgissent à nouveau. De nombreuses maisons sont démolies, un train est touché, on compte une cinquantaine de morts et plus de cent blessés. Le pont, lui, n'a reçu que quatre bombes ! », écrit Paul Bailet.

Ce bombardement, le plus meurtrier de la guerre à Saint-Laurent, a fait quarante-cinq morts, dont dix Laurentins, autant de noms égrenés sur une stèle près de l'église du vieux-village.

Mais à côté, une autre stèle rappelle trois autres bombardements meurtriers : trois Laurentins tués le 18 décembre 1943, cinq le 2 août 1944 et sept le 6 août 1944.

Le journal de Paul Bailet commence le 23 novembre 1943.

« À 5 h du matin, réveil au bruit de la DCA (Défense anti-aérienne) qui tire à obus traçants. Joli feu d'artifice. Les avions, pris dans le faisceau des projecteurs, lâchent leurs bombes sur l'hippodrome (rive gauche du Var, à l’emplacement de l’actuel aéroport ). Nous sommes allés nous réfugier dans la grotte du vallon de Janos. »

Cinq jours après, « la moitié des vitres de Saint-Laurent sont cassées et des plafonds lézardés : une bombe non explosée à l'hippodrome a finalement éclaté, faisant sauter un dépôt de munitions dans les petites tribunes. »

En janvier 1944, Paul Bailet note quasiment tous les jours au moins une alerte, mais un seul bombardement à Saint-Laurent le 2 janvier, sur les ponts.

« Bien souvent, les avions sont passés bien avant l'alerte », regrette-t-il.

Le12 avril, « des bombardements touchent à nouveau le pont, faisant sept blessés. »

Le 5 juin, « à 9 h 45, alerte. Vingt-six bombardiers lâchent leurs bombes. Le pont est à nouveau touché, ainsi que quelques maisons, mais sans victime ». Le 8 juin à 10 h 10, scénario similaire.

Peu avant le bombardement du 6 août, celui du 2 août a laissé un sinistre souvenir : « A 9 h 30, alerte. Huit bombardiers passent. Dix minutes après, une nouvelle vague lâche ses bombes. Le village est touché. Tout le bas de la rue Desjobert est démoli, ainsi que derrière le dispensaire, jusqu'à la mairie qui a elle aussi souffert. On compte 5 morts et une douzaine de blessés dans Saint-Laurent. »

Le 25 août en revanche, «ça commence à sentir bon: les Allemands foutent le camp ».

Le lendemain « vers 18h, la flotte ouvre le feu et quelques obus tombent sur St-Laurent ».

Le 27 août, « vers 14 h, on entend les cloches sonner. Le drapeau français flotte sur le clocher ! Mais ce n'est qu'une fausse joie : les Alliés ne sont qu'à Cagnes. En fin d'après-midi, une batterie allemande ouvre le feu sur Saint-Laurent. Pauvre village, qu'est-ce qu'il prend ! »

Le 28 août, « au petit jour, on sort des abris. Le pont de bois des Iscles est en feu. Les Boches, en reculant, font tout sauter. Vers midi, on voit passer les premières voitures alliées ».

Le 29 août, « la joie se lit sur tous les visages. Quoique, à Saint-Laurent, la joie soit moins vive : le village a beaucoup reçu ». Une citation du village pour la Croix de Guerre avec Étoile de Bronze délivrée le 11 novembre 1948 rappelle que Saint-Laurent, détruit à 40 %, a subi 23 bombardements qui ont fait soixante-dix morts et vingt-trois blessés et détruit 103 maisons tandis que 782 étaient endommagées.

D’après l’article de Laurent Quilici (Nice Matin du 26 mai 2011)

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