09/05/2013
SAINT LAURENT DU VAR 1939-1945, LES TRAVAUX DE RECONSTRUCTIO
La reconstruction était au programme du CLL dès le 6 Septembre 1944. La ville se dota d'un nouveau plan d'urbanisme. Près de 75 ouvriers (spécialistes et manœuvres) étaient disponibles à St Laurent, parmi lesquels deux entrepreneurs en maçonnerie, cinq artisans, deux électriciens, trois entrepreneurs en menuiserie, deux entrepreneurs de plomberie, trois entrepreneurs de peinture et un entrepreneur de Travaux Publics.
A cause du manque de certains matériaux et de la lenteur du paiement des subventions par l'Etat, les sinistrés réparèrent eux-mêmes la plupart des immeubles.
La ville bénéficia aussi de main d’œuvre en la personne de prisonniers allemands qui furent notamment employés au curage du Béal parallèle au Var au quartier du lac. Leur rôle était également d'aider au déblaiement et à la construction d'immeubles totalement sinistrés. Lors des délibérations du conseil municipal du 15 Décembre 1945, « le Maire signale au Conseil qu'il a reçu la visite de M.Guidetti, délégué adjoint à la reconstruction, de M.Jacques, chef section aux travaux et de M. Casazza, chef adjoint section travaux qui sont venus demander un terrain communal pour l'emplacement des baraquements destinés au cantonnement de 800 prisonniers de guerre Allemands.
Ces prisonniers seront occupés aux travaux de déblaiement et de construction des immeubles totalement sinistrés. (..) le CM désireux de bénéficier de l'apport gratuit d'une main œuvres aussi importante, pouvant rendre de très grands services à la population, décide de mettre un terrain à la disposition du Ministère de la Reconstruction à titre gratuit (..) Le Conseil insiste tout particulièrement pour qu'un écran soit établi (...) de manière à éviter que la population soit en contact avec le camp de prisonniers et sollicite une garde vigilante pour assurer la police du camp. »
Les prisonniers aidaient aux réparations des dommages dus aux bombardements, aux comblements des trous et des fossés antichars, à la réfection de chemins, à l'enlèvement des barbelés délimitant les terrains minés et à la remise en état des terrains.
« Les premiers labours des ex-terrains minés devaient être effectués par les prisonniers de guerre afin de ne pas exposer la vie des agriculteurs français. Les prisonniers étaient surveillés par des gardiens français. Quatre gardiens furent embauchés. Seul le dimanche était jour de repos cependant quelques fois les prisonniers aidèrent les agriculteurs dans les travaux des champs.»
Durant sa séance du 15 Décembre 1945, le conseil municipal donne son avis favorable pour les demandes d'ouvertures de commerces : bar restaurant, entreprise d'étanchéité et d'asphaltage, nettoyage, tapissier-matelassier, dépôt de pain, atelier radio-électricité, commerce électricité sur automobile, brocanteur et blanchisserie teinturerie repassage.
La SNCF est chargée de réparer le pont du chemin de fer. L'édition des Dimanche 1' et Lundi 2 Octobre 1944 du journal « Combat », signale l'avancée des travaux :
« Les trains arriveraient bientôt à St Laurent du Var.
Depuis la libération de la Côte, les travaux de réfection de la voie ferrée Nice-Marseille se sont poursuivis activement. Il est probable que, d'ici peu de temps, les trains venant de Marseille pourront atteindre St Laurent du Var. Il semble, en effet, que les travaux de réfection du pont de St Laurent dureront encore quelques temps.
De toutes façons, le transbordement des marchandises de Saint Laurent à Nice est relativement facile et, sans aucun doute, la reprise du trafic améliorera sensiblement notre ravitaillement. »
L'attente provoquée par la durée des travaux provoqua quelques tensions. Les cheminots et la SNCF rejettent la responsabilité sur les Ponts et Chaussées dans le journal « Combat » du Mercredi 8 Novembre 1944 :
« Les Cheminots disent pourquoi les trains n'arrivent pas encore à Nice
La Section des Cheminots de la MP nous communique un intéressant document concernant la remise en état des voies d'accès à Nice. Nous en extrayons les passages suivants:
« Qui est responsable de la non-remise en état du pont de chemin de fer ? Pas les cheminots ni la SNCF. La faute en incombe aux Ponts et Chaussées et surtout à M Leyssieux, avec qui nous avons eu plusieurs entrevues en présence des représentants de la Délégation Spéciale, du Comité de Salut Public.
Nous avons mis la Préfecture et le CDL au courant d'un projet qui était très facile à réaliser et qui se résumait à la réparation du pont de bord de mer qui, nous l'avons démontré, était réparable en trois semaines de travail au maximum.
Qu'ont fait (..) les Ponts et Chaussées ? Ils ont préconisé la reconstruction d'une passerelle en amont du pont de chemin de fer, à la hauteur de la Digue des Français, qui coûtera douze millions.
Or, avec deux millions on aurait pu aménager le pont du bord de mer. Il est inadmissible que depuis la libération de Nice on n'ait pas été capable de remettre en état le pont du bord de mer.
Nous engageons notre parole d'honneur que si on nous avait écouté, à l'heure actuelle, le pont du chemin de fer serait réparé ou presque (...) »
Moins de deux mois après, le pont SNCF était remis en état. Le journal « Combat », dans son édition du Jeudi 28 Décembre 1944, félicite et remercie les cheminots :
« MERCI LES CHEMINOTS !
Dimanche les wagons du ravitaillement pourront arriver en gare de Nice. Hier, en sept heures, le pont du Var a retrouvé sa continuité
(...) 1200 TONNES RELEVEES
Vous savez que la dernière arche du pont, la plus rapprochée de Saint-Laurent-du-Var, avait été coupée et basculée dans le fleuve par les Allemands en retraite. Vous vous rappelez qu'aussitôt après leur arrivée, les Américains avaient équipé la cassure de poutrelles de roulement qui permettaient à leurs véhicules d'emprunter le pont, transformé en montagnes russes, mais qui offraient bien des difficultés à nos gazogènes.
Après l'expertise des Ponts et Chaussées et des ingénieurs de la SNCF, des équipes de cheminots et de diverses entreprises de travaux publics se mirent au travail. La tâche n'était pas simple. La travée n'était pas brisée, il fallait la remonter de cinq mètres cinquante, de façon à l'amener au niveau des autres travées, tout en la remettant dans l'axe du pont, dont elle était déviée d'un mètre cinquante. Tout cela sans interrompre le trafic (..). Pour donner un ordre de grandeur, notons que la masse métallique à soulever pesait 1200 tonnes et qu'elle était d'une longueur de 64 mètres (..).
Dimanche, sauf complications imprévues, les wagons de ravitaillement, poussés un par un, pourront franchir le Var, et venir directement jusqu'à Nice. Deux ou trois jours après, quand la solidité du pont aura été éprouvée, on y laissera s'aventurer l'autorail du service Nice- Marseille. Les travaux de consolidation se poursuivant, on peut espérer au bout de quinze jours, faire parvenir les trains de voyageurs jusqu'à la gare de Nice-Ville. P-A CONSTANTIN»
Le mémoire de Jérémy Thomas « Saint Laurent du Var Alpes Maritimes »(Réf : M.M.622.1.THO.1999) esr consultable au « Musée de la Résistance » à Nice La Plaine 1 Bât A2 Boulevard Maurice Slama 06200 Nice Tél : 04 93 81 15 96
11:08 Publié dans DECOUVERTE DU PASSE, HISTOIRE, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.