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04/09/2014

LES PÉNITENTS BLANCS À SAINT LAURENT DU VAR

LA CHAPELLE SAINT ANTOINE.jpg

Le 20 mars 1306, à l'initiative des Frères Prêcheurs de Gênes (probablement des Dominicains) était fondée à Saint-Laurent la Confrérie des Pénitents Blancs (Les confréries de pénitents ont joué et jouent encore un grand rôle en Provence et dans le Pays Niçois. Ces associations mi-religieuses, mi-civiles prirent la suite des Compagnies pieuses que suscitèrent au XIIIème siècle Saint-François d'Assise, Saint-Dominique et leurs ordres mendiants ).

 

La lecture des statuts de cette association révèle des règles très précises de recrutement, de fonctionnement et de protocole lors des cérémonies religieuses.

 

Il s'agit d'un cadre de vie morale qui régit la vie quotidienne des Frères au sein de la société. Quand on sait que la majorité de la population masculine faisait partie de cette confrérie, on comprendra mieux l'importance de ces préceptes dans l'existence personnelle de chacun de ses membres. Ce texte rédigé en provençal date du 29 mars 1587 (Statuts de la Confrérie des Pénitents Blancs, Archives départementales des Alpes Maritimes, Série E, Confréries, Liasse III).

 

Le lieu de réunion de cette pieuse association est situé à la Chapelle Saint-Antoine, détruite voici quelques années pour permettra l'élargissement du carrefour des routes allant vers Montaleigne et la Baronne; ce carrefour en a conservé le nom: Place Saint-Antoine.

 

Ils se distinguent par la couleur de leur cagoule ou « capa ». La tradition médiévale des pénitences publiques a imprégné fortement ces confréries.

Il était d'usage à cette époque d'effectuer un pèlerinage pieds nus, tête rasée, entravé de fers aux chevilles, pour obtenir l'absolution d'un crime « à scandale », Le rachat était refusé pour l'idolâtrie, l'homicide et l'adultère. Les pénitents reprendront ces rigoureuses mortifications en y ajoutant la flagellation, le jeune et d'autres macérations.

Les Frères se réunissent à l'appel de la cloche chaque dimanche, ils doivent obéissance totale à ceux qu'ils ont élus comme le « priou » et le « souto priou » (père prieur et vice-prieur).

Ils sont tenus d'assister à la messe au moins deux fois par semaine, de jeûner chaque vendredi, les quatre jours précédant les fêtes de la Vierge Marie, ainsi que tous les autres jours prévus par l'Eglise. Ceux qui ne pourraient jeûner sont dispensés moyennant une aumône dont la valeur est estimée par le confesseur. Ils communient au moins quatre fois l'an et leur présence est indispensable lors des fêtes de Noël, Pâques, Pentecôte et mi-août.

 

Les mariés doivent vivre chastement les liens du mariage; les célibataires doivent rester « purs et nets ». Tous doivent éviter les tavernes et les lieux « disonests » ainsi que la pratique du jeu et les conversations et familiarités avec les personnes de mauvaise renommée ( !).

Le premier dimanche du mois, après-midi, le prieur et son second donnent audience et jugent les litiges relatifs à la Compagnie. Aucun membre ne peut s'arroger le droit de juger lui-même ses propres erreurs.

Ne sont acceptés comme novices que les candidats de plus de 18 ans, parrainés par la majorité des Frères après enquête sur l'honnêteté de leur vie privée.

Après avoir juré fidélité aux règlements, le novice revêtira la cagoule et portera le brandon enflammé lors des messes célébrées dans la chapelle.

La hiérarchie s'établit ainsi: prieur, vice-prieur, conseiller officiers, frères, novices.

Toute absence injustifiée entraîne l'élection d'un remplaçant et la rétrogradation du sanctionné.

Lors de la maladie grave d'un Frère, les Pénitents doivent encourager le malade à purifier sa conscience. Si celui-ci trépasse, une enquête de moralité déterminera s'il peut être enterré vêtu de la « capa » les mains en croix avec son fouet dans la main droite, accompagné par la Confrérie, torches en mains. Suivront des messes de requiem.

Une caisse de solidarité permet d'aider les Frères sans moyens ni nourriture.

Le choix du prieur et du vice-prieur se fait par un vote de l'ensemble des Frères qui élisent trois représentants, lesquels désignent ensuite avec les anciens élus: huit conseillers, lesquels élisent douze officiers, deux « massiers », deux secrétaires (tabularis) deux visiteurs, deux « massiers », deux secrétaires des morts, et ceci chaque année, le jour de Pâques.

Les pouvoirs du prieur et du vice-prieur sont seulement limités par la volonté du confesseur; ils ne doivent pas obliger les Frères à commettre un péché (!) mais fouetteront les indisciplinés. Ceux qui n'assistent pas aux obsèques paieront trois sous. Ceux qui blasphèmeront paieront chaque fois un brandon du meilleur bois et seront fouettés par le prieur et les conseillers. Celui qui quittera la chapelle sans y être autorisé paiera un brandon de « deux quarts ». Sera exclu celui qui refusera une charge.

Les statuts sont lus à des dates définies quatre fois l'an; les absents paieront un brandon pour servir aux messes.

Au-delà de 60 ans, la flagellation n'est plus obligatoire. Interdiction de sortir la cagoule hors de la chapelle sans autorisation du prieur. Toute exclusion est irrévocable. L'accès de la chapelle est interdit aux étrangers à la Confrérie. Si un Frère joue aux cartes, aux dés ou autres jeux interdits, il paiera la première fois 4 livres d'amende, 8 la seconde fois et sera exclu à la troisième récidive.

Les statuts obligent les confrères à la flagellation une fois par mois, en principe le premier dimanche.

Les torches de cire jaune de ces cagoulards de la vertu s'éteignirent au XIXème siècle. Reflets d'une autre époque, quelques rares confréries de pénitents subsistent encore dans le pays niçois.

 

Rappelons que la paroisse s'appelait ND de Majour fête patronale le 8 septembre. Elle possédait les reliques de Saint-Benoît (un os de la jambe). Sous le pavé de

l'église étaient enterrées les familles de La Vie et Vians. Il fallait régler 3 livres pour ce privilège.

Les Laurentins peu respectueux se servaient « des maisons démolies, proches de l'église, pour y faire du fumier et jeter des immondices ». (Godeau 1654).

En plus de la chapelle Saint-Antoine, en 1699, il est cité la chapelle d'une confrérie des pénitents noirs « hors les murs et au-dessus des moulins ». Elle était connue sous le titre de N.D. des Neiges ou vulgairement N.D. de la Rive. Elle avait urie relique de Saint-Laurent conservée dans un médaillon, datée de mars 1771, par l'évêque de Nice. Cette chapelle a été détruite dans les années 80 pour édifier un immeuble, rue des « Anciens combattants d’AFN ».

Autres chapelles signalées: celle de Saint-Roch, sur le chemin de Cagnes, détruite déjà au XIXème siècle, celle de Saint-Jacques chemin des Pugets, celle de ND de la Pitié, vers le Cros, détruite celle de ND du Lac, côté mer, vers le Var au-delà de la chapelle Saint-Sébastien. (Monographie des Paroisses. G. Doublet 1903).

On comptait 300 communiants en 1654, 330 en 1683.

En 1654, l'église fut restaurée ainsi qu'en 1850.

Les ordres des Pénitents furent institués pour les Blancs par Godeau, et, pour les Noirs par Bourchenu (deux évêques de Vence).

En 1759, selon le prieur, la dévotion n'est pas ranimée pour autant: « Le voisinage de Nice cause beaucoup de désordre: de là tous ces pêcheurs scandaleux, ces usuriers, ces femmes débauchées, ces libertins qui travaillent le dimanche, ces cabarets ouverts pendant les offices ».

 

                                                     EDMOND ROSSI

( Extrait de « Saint Laurent du Var, Porte de France » Éditions SERRE, Nice 1980)

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