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04/09/2008

SOUVENIRS DE JEUNESSE

La journée de la femme, c'est aussi l'occasion de mesurer le chemin parcouru depuis quelques décennies par nos compagnes, nos mères, nos sœurs.

A écouter Josette Faraud, une Laurentine de 76 ans qui s'est usé les mains dans les champs d’œillets des Pla­teaux fleuris, dès l'âge de 12 ans, la différence entre hier et aujourd'hui est même astro­nomique !

« Le rouge à lèvres, se souvient-­elle, je le mettais dans la rue.;. Il n'aurait pas fallu que je le mette à la maison! Un jour â Saint-Laurent, mon père m'a vue avec dans la rue. Il m'a dit: « On se verra à la maison ! » Une fois rentrée, il a laissé tombé, comme ça: « Alors, tu mets du rouge ? » J'ai eu un peu peur, quand même: j'avais 16 ou17ans...»

C'était au lendemain de la Libération, dans les années 1946-47. En ce temps-là, les femmes venaient tout juste d'acquérir le droit de vote, à partir de 21 ans, comme les hommes, mais les jeunes filles étaient très encadrées.

« On n'avait qu'une seule belle robe, pour le dimanche, pour­suit Josette Faraud. On en achetait une autre quand on avait un peu de rentrées . . .  De toute façon, je ne pouvais pas sortir comme je voulais : les sor­ties, c'était le dimanche après-­midi. Et encore, si on n'avait

pas de travail avec les fleurs, dans les champs... »

Et puis, il fallait respecter l'heure de retour imposée par les parents: « Un soir, je suis rentrée à la maison à mi­nuit! C'était trop tard: j'étais allée au cinéma avec une cou­sine... »

De toute sa jeunesse, jusqu'à son mariage en 1955, à l'âge de 25 ans, elle n'est jamais allée en boîte. Seulement au cinéma, ou alors au bal.

« J'ai été demoiselle d'honneur au " festin ". Le festin, c'était la fête patronale de la Saint­Laurent, au mois d'août. Ça durait huit jours et, à l'époque, c'était la plus belle du départe­ment! »

Avec le recul du temps, Jo­sette jette sur les jeunes filles de ce début du 21 e siècle un oeil débonnaire: « Aujour­d'hui, elles ont de la chance d'être plus libres que nous. Je ne regrette pas, nous étions heu­reuses quand même. Mais maintenant, si elles sont pleu­reuses. . . Nous, le peu de sorties qu'on avait, on les appréciait vraiment. Les filles d'aujour­d'hui, je ne sais pas. »

Elles ont, en tout cas, la li­berté de prendre leur vie en mains: ça n'a pas de prix.

 

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09:51 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : memoire, histoire