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06/12/2011

"SON ET LUMIÈRE" DE SAINT LAURENT DU VAR

CARTES POSTALES ANCIENNES DE SLV (37).jpg

Voici le clip-vidéo élaboré Jean Marc Simond à propos du "Son et Lumière de Saint Laurent du Var" du 13 août 2011 diffusée sur Youtube cliquez sur: 
 

01/12/2011

L'ENTRÉE EN GUERRE EN 1939, A SAINT LAURENT DU VAR

CARTES POSTALES ANCIENNES DE SLV (20).jpg

 

L'entrée en guerre.

 

En  préambule des délibérations du conseil municipal, le 16 décembre 1939, le maire adressa «un Salut à tous les mobilisés ainsi qu'aux conseillers qui étaient sous les drapeaux, et profita de la 1ere séance du Conseil du temps de guerre pour adresser à la population ses félicitations pour le calme et la discipline à l'occasion de la mobilisation»

Le Maire donna aussi connaissance de « la lettre de remerciements de la famille Vérutti, à l’occasion du décès de leur fils, mort en service ». Alfred Vérutti fut effectivement un des deux laurentins morts au champ d'honneur. Il figure sur le monument aux morts. Il fut tué le 23 octobre 1939.

La guerre modifie les priorités du conseil. Lors de cette séance, est évoqué le « colis du Poilu », qui permettait d'envoyer à tous les mobilisés de la commune, un colis renfermant des vêtements chauds, du chocolat et des biscuits.

21 Septembre 1940, lors des délibérations du conseil, le maire déclara faire « confiance au nom du conseil municipal à M le Maréchal Pétain, Chef de l’Etat français pour conduire la France à ses destinées impérissables ».

Ce soutien s'explique par l'action de Pétain qui, arrivé au pouvoir quelques mois auparavant, signa la paix avec l'Allemagne. Malheureusement pour Louis Bènes, le régime de Vichy décida de se passer de ses services et de ceux des autres conseillers municipaux.

 

Pourquoi Bènes a-t-il été écarté ?

 

Différents rapports ont insisté sur le manque de motivation de Louis Bènes pour la Révolution Nationale. D'autres se sont interrogés sur son honnêteté. Le maire de Cagnes sur Mer fut chargé par le Préfet de lui rédiger une note concernant son confrère de St Laurent:

« Monsieur BENES est maire de Saint-Laurent-du-Var depuis une vingtaine d'années.

Ses sentiments nationaux sont indiscutables, mais on raconte que sa situation matérielle s'est sans cesse améliorée au cours de ses divers mandats.

De là découle sans doute l'opinion émise sur la qualité peu solide de sa probité, sans qu'il ne soit possible de citer un fait précis justifiant cette opinion.

Le Conseil Municipal est assez terne pour une Commune de cette importance, et comporte quelques éléments Front Populaire. »

Le 9 janvier 1941, le Commissaire Divisionnaire de Police Spéciale de Cannes apportait des précisions sur cette affaire à Monsieur le Conseiller d'Etat, Préfet des Alpes-Maritimes:

« M BENES. Maire de St Laurent du Var et Conseiller d'Arrondissement de Cagnes, est un ancien pâtissier et restaurateur de cette localité. Il est propriétaire de la villa qu'il habite et se trouve à la tête d'une certaine aisance.

Aux élections législatives de mai 1932, il mena campagne en faveur du député de la circonscription de Grasse, M OSSOLA. L'adversaire de ce dernier, M FAYSSAT, porta plainte contre M BENES pour « fraudes électorales ». Le Parquet de Grasse ouvrit une information et l'affaire se termina par un non-lieu.

M OSSOLA trouva la mort dans un accident d'automobile, en période électorale, et M FAYSSAT fut élu.

Quelque temps après, M BENES devint l'ami de M FAYSSAT et celui-ci s'employa, dit-on, à le faire décorer de la Croix de la Légion d'Honneur.

M BENES, quoique n'étant inscrit à aucun parti politique, est à tendance modérée. Mais on lui reproche de n'être à aucun parti et de les ménager tous, principalement ceux de gauche.

Il fut combattu par M JONAS, ex-député de Grasse et « Front Populaire », lequel poussa un sieur ROUX, Conseiller Municipal socialiste de St Laurent du Var, à se plaindre, le 28 août 1937, contre M BENES à M le Ministre de l'Intérieur.

Le nommé ROUX reprochait au Maire de faire signer les mandats de paiement en blanc aux chômeurs, d'avoir augmenté le prix des eaux ménagères sans délibération du Conseil Municipal et concluait en demandant la vérification de la comptabilité de la Caisse des Ecoles.

Une enquête fut faite par mon service et, par rapport du 22 septembre 1937, je proposais à M le Sous-Préfet de Grasse de vouloir bien faire effectuer des vérifications quant au montant des mandats établis. La procédure fut jointe à ce rapport et je dois dire que l'enquête demeura sans résultat. Il s'agissait d'une manœuvre du sieur JONAS, actuellement déchu de la nationalité française, qui avait pour but de nuire au Maire de St Laurent du Var.»

L'aisance financière de Louis Bènes est soulignée mais on ne sait pas si elle a été acquise de façon honnête. Le commissaire et le maire de Cagnes sur mer laissent planer le doute, volontairement ou non. Les liens liant le maire à Fayssat sont surprenants car adversaires au début, ils deviennent ensuite amis. Le fait qu'il ménage les partis politiques de gauche n'est pas un facteur positif pour son maintien. Comme s'en souvient Monsieur Louis Brun, on peut toutefois noter qu'il a fourni en 1939 la liste des communistes de sa commune. Néanmoins, il n'était pas à l'origine de cette idée car cette liste était réclamée par le Gouvernement de la République.

Cela va à l'encontre de cette image de personne modérée. Mais il est vrai qu'en raison du pacte germano-soviétique, ces derniers pouvaient représenter une menace pour le pays.

Quelque temps après, M BENES devint l'ami de M FAYSSAT et celui-ci s'employa, dit-on, à le faire décorer de la Croix de la Légion d'Honneur.

M BENES, quoique n'étant inscrit à aucun parti politique, est à tendance modérée. Mais on lui reproche de n'être à aucun parti et de les ménager tous, principalement ceux de gauche.

Il fut combattu par M JONAS, ex-député de Grasse et « Front Populaire », lequel poussa un sieur ROUX, Conseiller Municipal socialiste de St Laurent du Var, à se plaindre, le 28 août 1937, contre M BENES à M le Ministre de l'Intérieur.

Le nommé ROUX reprochait au Maire de faire signer les mandats de paiement en blanc aux chômeurs, d'avoir augmenté le prix des eaux ménagères sans délibération du Conseil Municipal et concluait en demandant la vérification de la comptabilité de la Caisse des Ecoles.

Une enquête fut faite par mon service et, par rapport du 22 septembre 1937, je proposais à M le Sous-Préfet de Grasse de vouloir bien faire effectuer des vérifications quant au montant des mandats établis. La procédure fut jointe à ce rapport et je dois dire que l'enquête demeura sans résultat. Il s'agissait d'une manœuvre du sieur JONAS, actuellement déchu de la nationalité française, qui avait pour but de nuire au Maire de St Laurent du Var.»

L'aisance financière de Louis Bènes est soulignée mais on ne sait pas si elle a été acquise de façon honnête. Le commissaire et le maire de Cagnes sur mer laissent planer le doute, volontairement ou non. Les liens liant le maire à Fayssat sont surprenants car adversaires au début, ils deviennent ensuite amis. Le fait qu'il ménage les partis politiques de gauche n'est pas un facteur positif pour son maintien. Comme s'en souvient Monsieur Louis Brun, on peut toutefois noter qu'il a fourni en 1939 la liste des communistes de sa commune. Néanmoins, il n'était pas à l'origine de cette idée car cette liste était réclamée par le Gouvernement de la République.

Cela va à l'encontre de cette image de personne modérée. Mais il est vrai qu'en raison du pacte germano-soviétique, ces derniers pouvaient représenter une menace pour le pays.

Dans une lettre datée du 2 janvier 1941, le Sous-Préfet de Grasse résumait les principaux torts du maire:

« A Saint Laurent du Var, le Maire, M Benes, quoique n'étant pas d'opinions avancées, ne me parait pas pouvoir être maintenu en raison de son caractère indolent et de ses relations avec des hommes politiques douteux. »

Le renvoi de Louis Bènes peut s'expliquer pour plusieurs raisons. Sa droiture est mise en doute à plusieurs reprises. Il se serait enrichi et aurait fraudé lors d'élections. Le 2 janvier 1941, le Commissaire Divisionnaire de Police Spéciale de Cannes écrivait au Sous-Préfet :

«M BENES, tout en ne faisant pas de politique et se disant favorable à notre Gouvernement, est critiqué par la population qui lui reproche d'avoir une attitude politique manquant de netteté( ...)

II a manqué à son devoir, lors de la dissolution des sociétés secrètes, en ne faisant pas disparaître le triangle maçonnique qui figure sur le buste de la statue de la République se trouvant dans la salle des séances du Conseil Municipal. C'est le sieur MICHELIS, Conseiller Municipal et franc-maçon notoire, qui a fait don de ce buste. »

Sa position ambiguë du point de vue politique est aussi une des causes de son remplacement. L'Etat Français ne pouvait pas faire confiance à quelqu'un d'indolent et dont les opinions n'étaient pas clairement définies en faveur du régime.

Sa position vis à vis des francs-maçons a de quoi laisser sceptique les responsables de Vichy. Elle est révélatrice d'un certain manque de netteté d'opinion. Il n'est pas mentionné que Louis Bènes appartint à cette organisation. Mais il ne semble pas avoir fait ce qu'il aurait dû faire s'il avait soutenu la politique de Vichy. Dans le courrier mentionné précédemment, il semble que Louis Bènes n'ait rien fait pour faire disparaître le triangle maçonnique. 

(Mémoire d'Histoire de Jérémy Thomas)

24/11/2011

LA REINE VICTORIA A SAINT LAURENT DU VAR

L'HOTEL RESTAURANT VICTORIA EN 1906.jpg

L’Hôtel restaurant « Victoria en 1906

 L’histoire est aussi faite de tradition orale, même si parfois s’y mêle la légende, propre à embellir et travestir la réalité.

En 1925, Louis Bertini, gérant de l’Hôtel–Restaurant « Le Victoria » à Saint Laurent du Var, expliquait, tout comme ses prédécesseurs , à qui voulait l’entendre, l’origine depuis 1900, du nom prestigieux de son établissement. « Le Victoria » témoignerait de la venue dans ses murs de la célèbre reine d’Angleterre à la fin du XIXème siècle.

Cette affirmation méritait d’être vérifiée, si les chroniques n’en font pas état, les circonstances de la vie de la Reine sur la Côte, à l’occasion de ses séjours répétés, accréditent la possibilité de son passage à Saint Laurent du Var.

 

Après avoir traversé le Var grâce aux gueyeurs laurentins, T.-G. Smollett, médecin écossais, fit découvrir Nice aux Britanniques en affirmant en 1765, " je m’enrhume bien moins facilement sur la Riviera qu’en Angleterre et en France ". La réputation prophylactique de la Côte attirera ensuite de nombreux sujets de S.M. chaque hiver. Ce sera après enquête de ses médecins que la reine Victoria viendra y séjourner.

 

La Reine effectuera cinq séjours entre 1895 et 1900 , de la mi-mars à la fin avril, avant de s'en retourner ou de partir pour l'Italie où Florence. Elle logea d'abord au Grand Hôtel de Cimiez dont elle louait une aile entière, puis à l'Excelsior Regina, dès qu’il fut achevé.

Parvenue Cherbourg, à bord de son yacht, Victoria and Albert, elle poursuivait vers Nice avec son train.

 

A plus de soixante-quinze ans , Victoria était une petite dame replète aux cheveux blancs, toujours habillée de noir mais à qui tout le monde s’accorde à trouver beaucoup de majesté. Si elle est à cheval sur certains principes, elle a de l’humour et adore rire.  Sa santé est bonne mais un rhumatisme l’a obligé à se servir d’une canne, puis d’une chaise roulante.

 

Une fois son travail matinal achevé, escortée de son valet hindou enturbanné, elle parcourt le parc Liserb dans une voiturette attelée au célèbre petit âne gris Jacquot. L'après-midi était réservé aux promenades plus lointaines en calèche, escortée de ses highlanders écossais. Elle découvre ainsi la campagne niçoise qu'elle adore pour sa végétation et ses points de vue. La Reine sillonne le bord de mer de Cannes à Menton, et les collines niçoises de Saint-Isidore à Laghet. Gairaut et Falicon, où elle s'arrête dès le 25 mars 1895, ces lieux constituent ses buts de sorties préférées. Les auberges où elle va prendre le thé ont conservé le souvenir de son passage en prenant le nom de « Hôtel de la Reine », du « Victoria » ou bien de « Au thé de la Reine ».

 

C’est à l’occasion d’une de ses promenades au-delà du Var que la Reine aurait fait étape à Saint Laurent du Var pour y prendre son thé, un violent orage l’aurait contrainte à s’abriter dans l’auberge qui prit son nom.

 

 Durant ses promenades, le charmant équipage escorté de plusieurs cavaliers n'avait qu'un impératif: la pause du five o'clock tea. Les serviteurs indiens dressaient alors une table improvisée dans un décor qu'ils contribuaient à rendre original.

Victoria rentrait à la tombée de la nuit et dînait rarement avant vingt et une heures.

 

La Reine visita la grotte de Saint-André, fameuse excursion du XIXe siècle, aujourd’hui disparue dans les carrières du secteur. A Aspremont elle se fera expliquer l’histoire du village par l’instituteur car elle était férue d’histoire locale. Victoria appréciait le Vieux-Nice qu’évitaient la plupart des hivernants de l’époque. Chef de l’église anglicane, elle s’intéressa aux ex-voto de Laghet. Elle adorait assister au festin des Cougourdons devant le monastère de Cimiez
La Reine très populaire à Nice a marqué de son souvenir de nombreux Niçois. Certains commerces obtinrent le titre envié de fournisseur saisonnier de la Reine.

 
L’heure du départ venue, Victoria distribuait des cadeaux à plus de cent personnes dans un salon du Régina. Depuis la femme du préfet jusqu’au gendarme chacun recevait son petit écrin et, chose admirable, il n’y avait jamais d’erreur ni de double emploi dans les attributions. 

Quelques heures avant sa mort, le 22 janvier 1901, elle avouera : " Ah ! si seulement j’étais à Nice, je guérirais ".


Aujourd’hui à Saint Laurent du Var, la mémoire de cette grande Reine se perpétue après plus d’un siècle, elle affiche son nom : « Victoria » sur l’enseigne d’un des meilleurs restaurants du centre ville, tenu par la famille Ramella.

 

Edmond ROSSI

http://pays-d-azur.hautetfort.com