22/12/2011
SAINT JEANNET, LA GAUDE, SAINT LAURENT DU VAR : « DE FAROUCHES ANCÊTRES »
Semblable à un ethnologue étudiant quelque peuplade du Nouveau Monde, aux rites barbares, le juge J.-E. Malaussène déborde le cadre de son étude sur Saint Jeannet (Saint Jeannet, Monographie d’un village frontière de Provence, 1909) pour nous présenter quelques particularités propres au caractère peu commode des Gaudois.
Ces savoureuses et pittoresques remarques, bien qu’aujourd’hui dépassées, ne manqueront pas de distraire, au point que nous n’avons pas hésité à les reprendre dans cette étude où prévaut l’anecdote.
Après avoir vanté les qualités et les mérites de ses concitoyens, il en vient très vite à critiquer les habitants des villages voisins. « De cette solide constitution émane cet état nerveux, cette finesse d'esprit signalés par Achard (médecin de Marseille, auteur d'une Géographie de la Provence, 1788) indiquant les habitants de Saint Jeannet, comme vifs et spirituels et générateurs sans doute de cette susceptibilité qui, au dire de Garcin (Dictionnaire historique et géographique de la Provence ancienne et moderne, 1835), mettrait souvent en guerre nos concitoyens contre les habitants des localités voisines, surtout contre ceux de La Gaude.
Hâtons-nous d'ajouter qu'il n'y parait plus rien aujourd'hui de ces mœurs farouches, si tant est qu'elles aient jamais existé. »
Poursuivant sa description des gens du lieu, il s’attarde ainsi sur les attraits physiques des femmes :
« D'un visage brun, assez souvent joli, plutôt petites et dodues, à l'inverse des hommes qui sont de haute stature, les femmes sont comme eux énergiques et laborieuses. Loin de bouder à la besogne rurale, elles secondent largement leurs époux dans leurs durs travaux de la terre, sans trop négliger pour cela l'éducation de leur progéniture. »
Le même Garcin insiste en ces termes sur les rivalités interminables existant entre villages.
« Saint Jeannet est un village peuplé en partie par des familles originaires du Piémont. Aussi, les habitants sont susceptibles et souvent en guerre contre ceux des lieux voisins, principalement de La Gaude. A la moindre rixe, ils conviennent de se battre francs de justice. Mais celui qui est violemment maltraité manque à sa promesse, en recourant aux tribunaux, ce qui éternise les haines entre les villages de la contrée."
L’auteur tient absolument le même langage à propos des Gaudois : " Presque tous d'origine piémontaise ou génoise, Les Gaudois sont souvent en guerre avec ceux des villages voisins, quoique leur origine soit la même. A la moindre rixe, ils se battent et s'assassinent, après s'être mutuellement promis de ne point recourir à la justice. Francs de justice, se disent-ils, avant d'en venir aux mains. Mais comme il en résulte quelquefois des accidents fâcheux, ils manquent facilement à leur promesse ". Malaussène pousse l’étude des particularismes des gens du Pays Vençois, en s’intéressant, à leur étrange et pittoresque langage : « La vivacité du Saint-Jeannois se répercute jusque dans son langage. Il parle avec énergie et rapidité l'idiome provençal, particulier au canton de Vence, dialecte plutôt grossier, analogue à celui qui est employé dans les montagnes du département, mais plus expressif et plus coloré.
Le voisinage du comté de Nice y a introduit certaines expressions particulières; on y trouve même des mots accusant une origine génoise. En dépit de tous les efforts de l'obligation scolaire, la langue française n'est pas encore usitée dans les relations verbales entre gens du lieu.
Le caractère prédominant de la prononciation réside dans le martelage des mots. Cette opération nécessite une ouverture ample et disgracieuse de la bouche, encore plus marquée chez les Gaudois, dont le langage est identique, mais à intonation beaucoup plus traînante et plus gutturale.
A Gattières et à Vence, au contraire, le parler est lent et cadencé. Les Gattiérois appuient sur l'accent tonique; les Vençois, sur les deux dernières syllabes. »
La meilleure illustration de la guerre de clocher opposant les Gaudois, au tempérament ombrageux, à leurs voisins se manifestait sans conteste à l’occasion du pèlerinage annuelle de la Sainte Pétronille.
Ce pèlerinage fut inauguré au début du XVe siècle. Les paroissiens de Saint Jeannet, de La Gaude et de Saint-Laurent s'y rendaient simultanément le 31 mai.
D'après Boniffacy, ces manifestations pieuses à l'origine, dégénérèrent à la longue. Ainsi on rapporte qu'un habitant de la Gaude, J.B. Bérenger, y fut tué d'un coup de fusil le 31 mai 1763 au cours d'un de ces pèlerinages où le petit vin du lieu coulait à flot et où les rixes éclataient pour le moindre prétexte. (Registre des décès de La Gaude, 1er juin 1763). Les désordres se perpétuèrent chaque année, enfin, une bataille rangée en clôtura la série le 31 mai 1821.
Cette violente bagarre dressa les pénitents de La Gaude contre ceux de Saint-Laurent. Voici la relation des faits telle que l’évoque une chronique de l’époque.
« Tout à coup, lanternes et bâtons processionnaux volèrent en éclats, les robes blanches furent réduites en lambeaux et, de part et d'autre, on reçut maints horions. L'issue de la lutte resta d'ailleurs indécise. Les pénitents de Saint Jeannet avaient assisté, impassibles, à cette rixe homérique, dont le mobile résidait dans une mesquine question de lucre. Le curé de Saint-Laurent, sous prétexte que la chapelle se trouvait sur sa paroisse, avait entendu s'approprier, cette année-là, le produit total des évangiles que les prêtres des trois paroisses s'étaient toujours partagé jusqu'alors. »
Les pèlerins de La Gaude, à la suite de cette fâcheuse aventure, ne s'y rendirent plus et les Frères blancs de Saint Jeannet résolurent, par un commun accord, de transférer le culte de Sainte Pétronille sur leur propre territoire, en faisant agrandir la chapelle Saint-Antoine.
Aujourd’hui, au quartier de La Baronne, sur la partie laurentine, la Chapelle Sainte Pétronille se dresse sur une éminence, à quelques dizaines de mètres du CD 2209.
C'était, selon E. Boniffacy, une annexe du prieuré de La Gaude dépendant du Chapitre de Vence. Elle est citée par Mgr Bourchenu en 1716, située sur le chemin du Broc à Saint Laurent « au territoire du Puget Treize Dames sur le Var, annexe du prieuré de La Gaude ». Elle avait alors un tableau représentant la Vierge tenant l'enfant Jésus, en dessous, Sainte Pétronille et Saint Jean Baptiste. En 1719, un tableau avec le Saint et la Sainte est également mentionné (M.G. Doublet: Etude sur les paroisses du canton de Vence). En 1726, elle n'était point réparée.
Madaillan la cite en 1771 située « sur les bords du Var ». Comme bien de l'Eglise elle fut confisquée au moment de la Révolution, elle était jusqu'alors un lieu de pèlerinage très fréquenté le 31 mai par les paroissiens de Saint Jeannet, La Gaude et Saint Laurent.
L'actuelle Chapelle a été l'objet d'une restauration malheureuse en 1960 à l'initiative coupable de l'Abbé Isnardy, ayant perdu de ce fait, excepté le toit, tout caractère d'authenticité.
Ce bâtiment reste le seul témoin des tumultueux pèlerinages d’antan où de farouches ambitions communautaires annihilaient les vertus lénifiantes de la prière.
EXTRAIT DES "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR": LA GAUDE, SAINT JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC, BÉZAUDUN, COURSEGOULES, TOURRETTES SUR LOUP, VENCE, SAINT PAUL DE VENCE, LA COLLE, ROQUEFORT LES PINS, VILLENEUVE LOUBET, CAGNES...
De La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la Méditerranée et le Var reste méconnu. La région provençale des « Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors historiques et architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la splendeur des paysages. C'est à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons de LA GAUDE, VENCE, SAINT-JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC.
Passant tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.
Le choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce « triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende: chapelle oubliée de COURSEGOULES, fayard de BÉZAUDUN, tombeau mystérieux de TOURRETTES-SUR-LOUP, ruines austères de VENCE ou cachées de ROQUEFORT-LES-PINS, sentinelle fortifiée de SAINT-PAUL et abbaye de LA COLLE, châteaux de VILLENEUVE-LOUBET et de CAGNES.
La Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes, laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour. L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans tout ce secteur.
Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE" http://www.editions-campanile.fr
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15/12/2011
LE CONSEIL MUNICIPAL DE SAINT LAURENT DU VAR SOUS LE RÉGIME DE VICHY
Le conseil nommé par Vichy
Oui choisir en remplacement ?
Il fut trouver de nouveaux conseils municipaux et un nouveau maire. Dans son rapport 'mentionné plus haut, le maire de Cagnes sur mer proposait de confier la formation du nouveau Conseil Municipal à « Charles HEBERT, Propriétaire — Commerçant, très estimé dans la Commune». Toutefois, il ajoutait que Charles HEBERT avait un frère, Paul Hébert « Front Populaire, soutien de Jonas), avec qui il n'était pas en sympathie d'opinion. Il pouvait subsister un doute à propos des opinions politiques de Charles Hébert. Les autorités de Vichy avaient un ardent besoin de quelqu'un qui adhèrerait à leurs idées et qui serait irréprochable. Ils se tournèrent donc vers Louis Ravet. Celui-ci était arrivé avec sa famille à St Laurent quelques années auparavant (en 1934) pour reprendre l'exploitation horticole familiale. C'était un adjudant à la retraite. Né le 29 octobre 1895 à Bouc Bel Air (Bouches du Rhône), il s'était engagé en mentant sur son âge dans la légion en 1912. Il y resta jusqu'en 1917. Louis Marius Ravet passa également onze ans et demi dans l'infanterie coloniale. Il travailla notamment au service géographique de l'armée en Indochine, où sa fille Suzanne naquit. Pour l'Etat Français, le fait d'avoir été un militaire était un point positif : il savait ce qu'était un ordre et ne risquait pas de désobéir au Maréchal Pétain, alors considéré comme le plus prestigieux et le plus respectable des chefs militaires.
Louis Ravet était connu pour être un homme d'extrême droite. Il avait appartenu aux Croix de Feu puis au Parti Social Français. Sa fille, Madame Suzanne Brun, a confirmé ces informations. Néanmoins, il s'était éloigné du parti. Ses pensées restaient tout de même fidèles à cette tendance « nationale ». Son appartenance idéologique en adéquation avec Vichy faisait de lui la personne idéale. Louis Ravet n'avait jamais détenu de mandats électifs, ni même fait de la politique. Mais il correspondait exactement au profil recherché par le régime de Vichy. C'était un homme « neuf », qui ne s'était pas compromis sous la Ille République.
Même s'il était inexpérimenté en politique et qu'il était assez jeune (44 ans au début de la guerre), son passé de militaire faisait de lui quelqu'un de respecté. De plus, il s'était bien intégré dans la cité puisqu'il était le Président du Syndicat Agricole de la ville et le Président de la Commission de répartition des produits nécessaires à l'agriculture pour les Alpes-Maritimes en 1941.
La raison pour laquelle il a accepté le poste de maire témoigne de sa mentalité de militaire et de patriote : il a accepté pour faire son devoir. Dans son discours d'investiture, il souligne sa principale mission. Son but est de « servir » et « de donner en toutes circonstances l'exemple de nos vertus, de notre travail, de notre dignité. ». Il entre en fonction comme maire par arrêté préfectoral du 8 février 1941.
La composition du nouveau conseil.
Une loi du 16 novembre 1940 fixait des règles à respecter pour la mise en place des nouveaux conseils. Le maire était nommé par le Préfet pour les communes de moins de 10 000 habitants. Dans les communes de 2001 à 50 000 habitants, les conseillers municipaux étaient également nommés par le Préfet mais après que le maire lui ait adressé une liste de candidats à ces postes. C'est encore le Préfet qui désignait les adjoints.
Pour toutes les communes de 2001 à 5000 habitants, il y avait donc 18 conseillers municipaux. La loi indiquait clairement ce chiffre pour les villes de moins de 5000 habitants. En 1935, il était fixé à 23. Le conseil, les 2 adjoints et le maire étaient tous nommés par le Préfet.
Les conseillers municipaux devaient répondre à certaines conditions. Il fallait qu'il y ait obligatoirement un père de famille nombreuse, un représentant des groupements professionnels de travailleurs, une femme qualifiée pour s'occuper des oeuvres privées d'assistance et bienfaisance nationales. Ce fut le cas à St Laurent où une femme devint conseillère. Il s'agissait de Mme Alice DULLA née BOERY, propriétaire, âgée de 40 ans.
C'était une nouveauté par rapport à la municipalité précédente, uniquement masculine. Louis Rantz, médaillé militaire, âgé de 50 ans, était le père de famille nombreuse (7 enfants). Quant au représentant des groupements professionnels, c'était Ernest Anfossi, secrétaire du Syndicat Agricole.
Il y avait des conditions restrictives. On ne pouvait pas être membre de plusieurs conseils municipaux. Les ascendants, descendants, frères et alliés au même degré ne pouvaient pas être simultanément membres du même Conseil. De même, le nombre des conseillers ne résidant pas dans la commune ne pouvait dépasser le quart de l'effectif légal de l'Assemblée.
Certaines catégories de la population étaient exclues. Les militaires et marins en service, les juifs, les moins de 25 ans, les personnes ne possédant pas la qualité de Français à titre originaire, etc... ne pouvaient pas être conseillers municipaux.
Pour toutes ces raisons des rapports furent rédigés afin de savoir si les candidats présentés par le maire répondaient aux volontés de Vichy. Il fallait savoir si la conduite et la moralité des candidats étaient irréprochables. Leur attitude politique devait être favorable au Gouvernement. La plupart des candidats satisfaisaient à ces demandes.
Quelques-uns uns furent écartés en raison de leurs opinions politiques trop floues ou de leur manque de personnalité. Ce fut sans doute le cas de Jules Brun, 38 ans, propriétaire agriculteur, qui fut jugé « très effacé (et ayant) peu d'instruction et d'envergure ». On soupçonna Léon Teisseire, 40 ans, avocat à Nice, d'être inscrit aux loges maçonniques car son père l'était. De plus, son attitude politique n'était pas nette.
Aucun conseiller de l'ancienne municipalité ne conserva son poste. Pourtant, dans sa liste de proposition du 12 février 1941, figurait Joseph DALMAS, propriétaire - agriculteur, Médaillé Militaire. Il appartenait au conseil élu en 1935. Cependant, il ne fut pas retenu dans la liste définitive.
Dans son discours d'investiture, Louis Ravet s'adresse aux conseillers municipaux et leur rappelle comment et pourquoi ils ont été choisis :
« Vous n'avez rien demandé, vous avez été triés sur le volet, comme étant les meilleurs, les plus dignes, chacun de vous est réputé pour sa droiture (..) »
Le conseil en chiffres
La moyenne d'âge du conseil mis en place en 1941 est de 45,16 ans. Celle de la municipalité précédente était de 53,43 ans, en 1935. En 1941, le benjamin est beaucoup plus jeune (27 ans contre 39 ans en 1935) et le doyen aussi (59 ans contre 65 ans).
Plus d'un tiers du conseil est composé d'agriculteurs ou d'horticulteurs (7 conseillers sur 18). Ce n'est pas une surprise étant donnée la vocation agricole de la commune. En 1935, la grande majorité était propriétaire ou agriculteur. Mais la distinction entre propriétaire commerçant et propriétaire agriculteur n'était pas précisée. Seulement 5 sont nés à St Laurent.
Les premiers temps
Ce conseil a l'honneur de recevoir à deux reprises le Préfet des Alpes-Maritimes. Le lundi 3 mars 1941, le Préfet est venu en visite à St Laurent. Après avoir visité les écoles de la Gare puis du Village, il a inauguré la plaque de l'Avenue du Maréchal Pétain. En effet, le chemin départemental entre le passage à niveau et le square de la place St Antoine devenait alors l'avenue Maréchal Pétain « en hommage au grand chef aimé de tous». La présence du Préfet s'explique évidemment par ce témoignage d'attachement adressé au Maréchal Pétain. Le Préfet s'est arrêté au Monument aux Morts. Il a ensuite installé le Conseil Municipal. Il aurait aussi dû se rendre à la permanence de la Légion (en face de la Mairie) et sur l'emplacement du futur terrain des Sports (à 150 mètres de la Mairie). Mais sa visite commencée à 8h, s'est achevée à 9h30.
Quelques semaines plus tard, le Préfet revint à St Laurent. L'édition d'Antibes de « l'Eclaireur de Nice et du Sud Est » du 25 mai 1941 relate l'événement:
« Le procès-verbal suivant a été adopté et signé par le Préfet et les membres du Conseil :
Le Conseil a l'honneur de présenter à M Marcel Ribière, Conseiller d'Etat, Préfet des Alpes-Maritimes, ses hommages les plus respectueux et l'expression de son loyalisme intégral. Il l'assure de son entier dévouement à l’œuvre de révolution nationale instaurée par le maréchal Pétain, lui affirme solennellement qu'il mettra toutes ses connaissances et toutes ses forces à faire de la ville de Saint-Laurent-du-Var, une cité à l'image de la vraie France nouvelle, épurée, unie et revivifiée dans la douleur. La population se réjouira avec nous de voir le Préfet des Alpes-Maritimes faire une visite officielle car, après recherches dans les archives municipales au-delà de 50 ans, il n'a pas été trouvé trace de pareil événement. »
Le conseil municipal confirme donc son adhésion au régime de Vichy. On peut noter l'erreur du journal qui oublie que le Préfet est venu deux mois plus tôt à St Laurent.
« L Eclaireur du Sud Est » du 24 mai 1941 rapport également la visite de M. Ribière, Préfet des Alpes-Maritimes, aux villes de Saint-Laurent-du-Var, Cagnes-sur-mer et Vallauris :
«M Ribière, Préfet des Alpes-Maritimes, était, ce matin, en visite officielle à Saint-Laurent-du-Var. Il y est arrivé à 8h30. La gendarmerie, sous les ordres du lieutenant Guetta, lui rendait les honneurs. Il fut reçu sur le perron de l'hôtel de ville par M Louis Ravet, maire, entouré du conseil municipal, du bureau de la Légion, avec le capitaine Moreau et le drapeau, ainsi que la plupart des notabilités et des fonctionnaires. M Ribière était accompagné de M Piérangeli, sous-préfet de Grasse et de M Wilhelm, son directeur de cabinet.
Au cours d'une brève séance, le maire lui exposa les affaires municipales en cours. Le préfet félicita chaleureusement le maire et ses collaborateurs, ainsi que la Légion qui collabore activement au redressement national conformément aux directives du maréchal Pétain. Le préfet s'est rendu ensuite aux écoles du village où eut lieu le salut au drapeau. Aussitôt après le cortège s'achemina au monument aux Morts où le Préfet déposa une superbe gerbe tricolore, ensuite aux écoles de la Gare, la même cérémonie du salut au drapeau se déroula en présence des élèves. Prenant congé définitivement, il renouvela ses félicitations au maire et poursuivit sa tournée.»
Le but de cette visite était sans doute de faire le point, trois mois après l'installation de la municipalité.
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08/12/2011
L'ECOLE D'AUTREFOIS A SAINT LAURENT DU VAR
Sous l’Ancien Régime, mis à part l’éducation religieuse dispensée par les prêtres, les bases du savoir restaient un luxe limité à quelques enfants privilégiés issus de familles aisées, capables de s’offrir les services d’un précepteur rétribué. L’analphabétisme était de règle, aussi l’acquisition des connaissances par les enfants du peuple sera l’une des premières préoccupations de la nouvelle République.
Les progrès de l’instruction publique prendront près d’un siècle, à travers cinq régimes politiques majoritairement conservateurs, pour parvenir à l’accueil des filles comme des garçons et à la gratuité totale de l’enseignement.
A Saint Laurent, Thomas Bellon, nouveau maire et premier instituteur « régent des écoles » est signalé en 1790, son successeur sera chargé d' « enseigner à tous les garçons du lieu à lire, écrire et l' arithmétique, comme aussi de les instruire sur les principes de la doctrine chrétienne, moyennant le salaire de 150 Livres ». Une famille de notables laurentins les Castillon va fournir cinq instituteurs durant le XIX ème siècle.
Les institutrices apparaissent dans la commune en 1827, alors que la municipalité prend en charge l’instruction d’un unique élève, laissant les autres payer leur instituteur 1,50 F par mois ! Pas d’institutrice à l’école des filles.
L’école est située dans la « Maison commune », au 67 de l’actuelle rue de l’Eglise, avec 36 élèves garçons scolarisés, sont exclus 60 garçons et 70 filles non scolarisés.
La première école des filles ouvre ses portes en 1862 avec Mlle Focachon, elle est malheureusement dépourvue de mobilier ! En 1881 Le Maire souhaite trouver une autre salle pour l'école de filles, celle communale « n'ayant que dix huit mètres de superficie et n'étant percée que d'une fenêtre, manquant à la fois d'air et d'espace pour ses 42 élèves ».
La république est proclamée pour la troisième fois en 1870, Jules Ferry, son ministre de l'Instruction Publique, fait adopté les lois relatives à l'enseignement. La première (1881) établit sa gratuité dans les écoles primaires publiques, la seconde (1882) le rend obligatoire pour tous les enfants de six à treize ans. La troisième (1886) le confie exclusivement à des laïcs, les fameux « hussards de la République ».
En 1883, apparaissent à Saint Laurent comme instituteurs publics Auguste et Elise Ganiayre, le Conseil réclame une "école enfantine au rez-de-chaussée de la maison commune " justifiant sa demande par une population de 944 habitants. Le budget de l'Education Nationale a été multiplié par cent en peu d'années.
Mais, si l'école de filles fonctionne "au premier étage, où les enfants ont dû, faute d'espace, être répartis en deux salles distinctes, elle est dépourvue de cour et de latrines ".
Enfin en 1894 le Conseil Municipal approuve la construction d'une nouvelle école primaire au quartier des Plans achevée en 1907, dirigée par M. et Mme Alfred et Elise Michelis, les enfants d'âge scolaire sont au nombre de 235 : 102 garçons, 100 filles, 33 non admis faute de place.
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