Le 16 avril 1789, le frisson de la grande peur atteint Saint Laurent. Les autorités locales réclament la levée d'une milice bourgeoise. Sa mission sera d'assurer « la tranquillité et l'avenir du bien public qu'on pourrait chercher à troubler ». Voici le texte de la requête: « Notre village est situé à l'extrême frontière et d'autant plus exposé qu'il se trouve environné et habité d'une grande partie d'étrangers et placé sur le passage de France en Italie. Ce qui peut exposer le premier à l'approche des bandits et aux ennemis du bien public, nous devons voir avec douleur les châteaux incendiés, les campagnes dévastées, les émeutes populaires s'élever dans différents endroits de la France, affaiblir et frapper l'innocent comme le coupable. Toutes les circonstances doivent nous faire hésiter de lever une garde bourgeoise pour maintenir le calme et la tranquillité dans le village, nous y sommes invités par nos bons et fidèles députés de l'Assemblée Nationale pour la paix et la tranquillité générale. De tout temps, il y a eu dans le village un détachement de dix hommes de troupe pour veiller à l'émigration. Dans cette circonstance, le détachement devrait être doublé, il n'est au contraire composé que de quatre hommes tous septuagénaires et par conséquent hors d'état de pouvoir donner aucun secours, qu'en conséquence il soit libéré qu'en envoyant la présente délibération à Monseigneur le Comte DE CARAMARS pour l'autoriser il soit supplié de nous envoyer une compagnie de 50 hommes, pour conjointement avec notre garde bourgeoise, veiller à la conservation de notre village, celle de la frontière et celle de l'émigration. Ce sont les considérations qui nous obligent de vous rassembler, messieurs, pour vous engager de lever une garde bourgeoise, faire la nomination des officiers et l'enrôlement de tous les honnêtes citoyens qui composent la dite garde, qu'il sera fait dans la maison de ville un dépôt d'armes et munition nécessaires ». En août 1789 la milice locale est formée et un règlement précis définit ses fonctions. On relève que chaque nuit un tour de garde est institué dès 7 h du soir, les cabarets doivent fermer leurs portes à 10 h le soir et « chaque dimanche on battra la générale et on défilera sur la place «. Peu de temps après, en octobre 1789, à la suite de troubles où le seigneur et la municipalité s'étaient vus contestés, le conseil sollicite une mise en garde nationale demandant au peuple de: « respecter quelque temps encore les lois qui sans nous procurer tous les biens que peuvent comporter les institutions sociales, nous avaient du moins assurer jusqu'à ce jour une condition tolérable, et défions-nous des novateurs, qui sans hâter l'instant de notre liberté, en rendraient l'établissement impossible. Payons les droits seigneuriaux, les dîmes ecclésiastiques etc... Respectons encore l'organisation des municipalités ». Le 15 messidors an IV (1796) la Révolution bourgeoise s'installe dans ses nouvelles prérogatives. « Les citoyens et citoyennes de cette commune ayant droit au partage des biens communaux ont été convoqués en fonction de la loi du 10 juin 1793, pour tirer au sort les lots composés de terres communales. 380 numéros correspondant à chaque lot ont été répartis. A la présence du peuple chaque citoyen et citoyenne présent ayant droit au partage a pris un numéro dans l'urne. Ainsi chaque famille n'ayant pas une part, mais autant de parts que de membres dans la famille ». La suite du texte donne l'acte détaillé du partage des terres.
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