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26/03/2015

APERÇU HISTORIQUE SUR LE QUARTIER DES PUGETS (suite et fin)

histoire

Le territoire des Pugets s'étendant de la sortie du village de Saint Laurent au nord de La Baronne. Le centre géographique et historique se trouve situé sur une colline, placée à mi-chemin.

D'autre part, le seul château authentifié par l'histoire étant le château dit du PUGET de la TOUR, et son ancienne chapelle St. Jean Baptiste, il nous est apparu intéressant de nous rendre sur les lieux pour en reconnaître les ruines (1977).

Elles s'élèvent à environ 4 km au nord de Saint Laurent-Village en suivant la RN 209 vers Gattières, sur un promontoire situé à gauche de la route, dominant celle-ci de ses 40 m. d'altitude.

Nous avons découvert dans ce quartier, toujours spécifié « La Tour » les restes imposants d'un ensemble d'habitations, ruiné, noyé dans d’épais taillis, couvrant sur le sommet une superficie de 250 m2, cet ensemble est cadastré en 5 parcelles en 1834, d'une surface voisine de 100 m2 pour les constructions qui se décomposent comme suit:

Un corps de bâtiment s'étalant sur la crête d'ouest, en est, le premier élément à l'ouest très endommagé, possède des pans de murs construits comme l'ensemble avec de gros galets du Var mélangés de matériaux d'appoint (morceaux de tuiles romaines) le tout assemblé par un mortier friable à base de plâtre, laissant supposer une récupération de vestiges antérieurs. Ces pans de murs (deux essentiellement) hauts de 5 à 6 mètres sont bordés à leur sommet par une génoise à « triple rangs » (XVIIème siècle). Ils devaient constituer le corps central d'habitation.

Nous avons remarqué une fenêtre murée au Nord devant dater du XIIème siècle et sur le mur Sud une fenêtre dont le linteau et l'encadrement en briques rouges semblent plus récents, XVème ou XVIème siècle.

S'agit-il de la Tour originelle remaniée plus tard? Le site choisi permet une vue étendue vers la mer et le Var, une meurtrière bouchée sur le mur Nord, la vétusté de l'assemblage, sont autant d'indices qui le laisseraient supposer.

Nous serions alors en présence d'un gros oeuvre édifié au XIIème ou XIIIème siècle, qui devait constituer l'assise de la Tour primitive.

En effet, ce type de construction débute dès le haut moyen-âge du fait des invasions, ses buts sont de permettre l'observation et l'abri, en cas d'alerte aux habitants des alentours. Plus tard, l'édifice aurait pu être modifié pour servir de demeure permanente et de maison de campagne seigneuriale. La tradition orale a transmis le souvenir de la réalité du passé puisque l'ensemble est aujourd'hui qualifié de « Château du Seigneur de Saint Laurent » ou de « Château de la Tour ».

Plus à l'Est au-delà d'un monticule de décombres couvert de végétation subsiste à ciel ouvert une ancienne écurie ou cave avec une citerne, le tout adossé à une maisonnette en bon état encore habitée. A l'examen le linteau de cette, écurie constitue une voûte plein cintre sans clé de voûte par application des moellons non taillés dont l'intervalle a été fixé par du mortier. Ce type de travail est daté par les spécialistes du XIème ou XIIème siècle.

La maison n'a pu être visitée, son aspect extérieur et ses tuiles romanes, son élégante génoise, ne la différencient pas des constructions d'alentours datant du XIVe ou XVe siècle (La Baronne). Ce corps de bâtiment se poursuit à l'Est par un espace anciennement abrité, sorte de séchoir ou d'aire dont le toit était supporté par des piliers en briques rouges subsistant encore.

Le tout est prolongé vers le Var jusqu'au-dessus de la route sur l'arrête sommitale par un mur de 30 cm de large, haut de 1,50m, long de 16 m, peut-être muraille de protection effondrée au sol ?

Il nous a été impossible d'identifier d'autres vestiges, un taillis buissonneux abondant recouvrant le sol et les planches voisines, complantées d'oliviers plusieurs fois centenaires. Un puits (ou ouverture sur citerne) nous a été signalé en contre bas vers la route de La Baronne, mais nous n'avons pu le repérer.

Avant la bifurcation qui permet de prendre le chemin pentu accédant aux ruines du château, à 60 m. à gauche sur la route, nous avons remarqué un captage de source avec abreuvoir dénommé par les gens du pays, « l'Abreuvoir des Chevaux du Seigneur ».

Le Tunnel de captage est voûté en briques rouges du même type que celles définies précédemment pour la fenêtre du Château, cela le rendrait contemporain des derniers aménagements de La Tour (XVème ou XVIème siècle).

D'autre part, il nous a été indiqué l'ancienne « maison du curé » située en amont de l'abreuvoir sur un coteau bien exposé à environ 150 m. (propriété Pellegrino).

Il s'agit d'un « bastidon » à un étage, aménagé en habitation, qui a conservé une génoise et possédait avant sa restauration un toit de lourdes tuiles.

Si l'ensemble était cadastré dès le XVIème siècle, l'existence de la génoise fait dater l'ensemble au plus tard du milieu du XVIIème siècle.

Cette demeure devait être celle du prieur du château voisin, le dernier propriétaire y découvrit un crucifix de belle taille, malheureusement égaré.

Au nord du château, à environ 350 m. à vol d'oiseau, sur l'actuelle propriété FOSSAT, nous avons localisé l'ancien cimetière du quartier signalé par BONIFFACY, au début du siècle.]

Le plateau a été nivelé dans les années 60 pour permettre l'implantation de serres servant aux cultures florales une tombe fut encore mise à jour à cette occasion.

Les historiens locaux ayant cité au quartier Sainte Pétronille une pierre écrite formant l'escalier de la maison EUZIERE (vers 1900) nous avons essayé sans succès de la trouver. TISSERAND en parle dans ses études sur Vence et Nice. E. BLANC l'a examinée et déclarée fausse. Son inscription partielle pouvait laisser croire à un autel dédié au dieu HERMES. En voici la transcription partielle indiquée par la FORMO ORBIS ROMANI.

BLANC:

ENNE

RMAE SPES

  CIVIVM

   AIAIDV

TISSERAND: (Vence)

AMAS-SPES

CIVIOM

TISSERAND (Nice) :

         ////////

///HERMES

///SPES

       CUVIOM///

Cette pierre bien que déclarée faussement romaine par le « CORPUS » (répertoire archéologique) constituait une énigme non élucidée.

Tels sont, dans l'état actuel de nos connaissances les quelques témoignages recueillis sur l'intéressant passé historique du quartier des Pugets.

ETHYMOLOGIE POSSIBLE DU PUGET TREIZE DAMES

Rappelons que les Ligures Oxybiens occupant la région étaient d'incorrigibles pillards sur terre et sur mer.

Au terme de 80 ans de guerre entre -205 et - 125 (peut-être même dès- 154 pour les Oxybiens) les armées romaines de FLACCUS et CALVINUS « pacifièrent » la côte.

Rome amputa les premiers habitants des lieux d'une partie de leur territoire, la plus intéressante, celle qui longeait la mer sur une étendue de 12 stades (2220 m.). Pour faire respecter cette sanction les tribus ligures devaient fournir annuellement en otages des personnages marquants.

Cette distance de 2220 m. depuis la mer vers l'intérieur, compte tenu des déplacements du delta du Var nous conduit à la hauteur de l'actuelle propriété MARTIN (Moulin des Pugets).

Les treize stades nous conduisent dans le voisinage (2405 m). II faut admettre que ce lieu (zone capitale) constituait le début des terres ligures où leurs activités rurales pouvaient se poursuivre normalement.

Le puget ou colline, dominant cette plaine, prit par déformation du sens de dominar en dominarum celui de dames. (Monsieur J. CLERGUES partage également cette opinion).

Les références relatives à Emile Boniffacy renvoient à son ouvrage: « Evolution sociale d'une commune provençale pendant sept siècles, La Gaude (A.M.) ». Alphonse Picard, Paris, 1912.

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 « Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire » ou quand le présent rejoint  en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.

Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulière­ment capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.

Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.

Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

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19/03/2015

APERÇU HISTORIQUE SUR LE QUARTIER DES PUGETS (1ère partie)

 

histoire

Le quartier des Pugets situé au nord de la Commune est un lieu riche en témoignages divers du passé.

Il l'est par son nom cité à diverses reprises depuis le haut moyen-âge jusqu'à nos jours, par les quelques vestiges encore épargnés par l'urbanisation envahissante, par son étendue géographique, puisqu'il recouvre deux communes successives, Saint Laurent et la Gaude. Depuis Saint-Laurent village nous avons du Sud au Nord: Les quartiers des Pugets, La Tuilière, le Puget des Crottes, La Tour, les Crottes Mondoucot et Ste Pétronille la Baronne au nord de la Tour. Les terrains plats du pied des collines au Var constituaient dans le passé les Iscles.

Selon E. BONIFFACY, l'étymologie du Puget viendrait du latin pugetum signifiant monticule, devenu poggeto en Italien, le nom ancien du quartier était PUGET TREIZE DAMES (sans explication).

D'après les archives départementales, son appellation a varié au cours du temps: PUGET TREIZE DAMES, PUGET LA BARONNE, PUGETONO, POJETO.

C'est effectivement sur une colline que s'élevait le PUGET TREIZE DAMES avant sa destruction lointaine au cours des guerres du Moyen Age.

S'agissait-il d'un hameau faisant suite à un poste d'observation établi par les Romains, succédant à une enceinte celto-ligure? Faute de découverte précise, nous en sommes réduits aux hypothèses.

Le territoire est cité comme terre seigneuriale en 1235.

L'enquête de 1252 de Charles d'Anjou révèle 30 feux minimums soit en environ 195 habitants (260 pour Saint Laurent), même chiffres pour l'enquête précédente de 1249.

Il est désigné dans les plus anciens actes sous le nom de « locus inhabitatus de Pugeto » et de « Castrum Pugetono tresdecim dominarum ».

Existait-il dès cette époque un château dans ce lieux? L 'hypothèse est confirmée par l'étude « CASTRA DIRUPTA » de L. CAPPATTI (1955).

Ce fut un fief du célèbre ROMEE de VILLENEUVE et de ses descendants. L'un d'eux NICOLAS en fit hommage en même temps que de la Gaude le 29 août 1480 à Charles III.

Vers cette époque le fief fut divisé car on apprend que François de Villeneuve, fils de Hugues, en fit hommage le 4 février 1510, Pierre, fils de Nicolas faisant de même le 6 décembre 1519 par-devant le Comte de Tende, Gouverneur de Provence.

Antoine de Gréolières, successeur de Nicolas, le vendit le 8 décembre 1549 à Antoine PORTANIER, Coseigneur de Cagnes. Claude et Honoré PORTANIER, fils et petits-fils d'Antoine portèrent le titre de Seigneur de Puget après 1600.

Néanmoins, Claude de Villeneuve, baron de Vence, était seigneur du Puget en 1573 et tous ces descendants de la branche de Vence l'ont possédé jusqu'à la Révolution sous le nom de fief du Puget de la Baronne, ou de Puget de Monsieur de Vence.

Il faut admettre la division du fief en plusieurs territoires distincts en rapport avec son étendue.

E. BONIFF ACY nous rapporte également que les Archives de LA GAUDE révèlent un autre fief en rapport avec le Puget, désigné sous le nom de PUGET SAINT CEZARY qui appartenait en 1700 à Monsieur de Saint Laurent.

Cette appellation proviendrait d'une propriété des Villeneuve St. Cézaire, branche descendante de RENAUD, fils de HUGUES, son arrière-petit-fils HONORE, seigneur de BOURRIGAILE, ST.CEZAIRE, LE PUGET, SERANON, et partie de MALVANS devint Sénéchal de GRASSE et dut vendre son fief à la famille PISANI, Seigneur de Saint Laurent.

C'est le bas PUGET ou PUGET de la TOUR, indiqué sur une carte du XVIIIème siècle par un « Pavillon » puis comme une maison de campagne du seigneur de Saint Laurent au XVIIIème siècle, il reste encore quelques vestiges de ce château.

On y voyait aussi au voisinage une chapelle aujourd'hui disparue, citée dans le « POUILLÉ » (inventaire des biens ecclésiastiques de PROVENCE par CLOUZOT) « LE BENEFICIA de SANCTO JOHANNE et de PUGETO » sans date définie.

M. G. DOUBLET dans une étude sur les paroisses du Canton de Cagnes (ANN. SOC. LET. SC. et ARTS des A.M. 1903) indique la Chapelle St. Jean Baptiste à la terre de Puget, mentionnée en 1719 par BOURCHENU près du château de Puget, ouverte et abandonnée, les ennemis ayant tout enlevé. H. BOUCHE indique en 1667 La Paroisse de Peton (Castrum de Pognon, lieu déserté).

Le même BOURCHENU signalait en 1715 une chapelle « voisine de la « Bastide » de Monsieur de Saint Laurent appelée la Tour du Puget » il ajoutait « elle est ouverte, n'a point de tableau et a été ruinée par la dernière guerre ». S'agit-il de la même ?

Plus tard en 1726, il note la chapelle St. Jean « au haut Puget, refaite par Pisani, seigneur de Saint Laurent ».

Selon BONIFFACY, cette Chapelle St. Jean-Baptiste a dû être le centre d'un important groupement « si l'on en juge par la quantité d'ossements humains trouvés autour de ses ruines » (témoignage en 1912 relatif à la propriété au Puget de Francis Nirascou, de St. Jeannet).

D'après ces relations, il apparaît que le château et la chapelle formaient un ensemble servant de point d'appui à une communauté humaine très ancienne et fort nombreuse.

Cette communauté fut, parait-il, longtemps autonome, elle était affouagée 1/16 de feu mais elle ne formait pas paroisse, étant rattachée ecclésiastiquement à LA GAUDE, dont elle constituait une annexe.

La population se composait des fermiers de la BARONNE et du « jardin du Bas Puget ».

En plus de ces fiefs nobles, ces territoire comprenaient des biens roturiers partagés entre 160 propriétaires, dont une centaine de St. Jeannet, 46 de la Gaude et seulement 15 de Saint Laurent. Sa production essentielle était un vin très estimé.

En 1790, la Commune de St. Jeannet envisagea d'annexer la Communauté sur l'initiative de son Maire François AUZIERE, notaire (royal) du village. Les mêmes intentions naquirent à La Gaude avec le prétexte que le Puget dépendait de sa paroisse.

Aussi, les administrateurs du district convoquèrent « les citoyens actifs possédant bien du territoire du Puget » pour délibérer sur une abdication d'indépendance qui ne leur apportait sans doute que peu d'avantages. Ceux-ci, réunis le 20 juillet 1790 à la Baronne dans la bastide de Jean Martel « délibérèrent par 77 suffrages que le territoire de Puget Treize Dames serait joint au territoire de St. Jeannet contre 41 qui furent d'avis de le joindre au territoire de La Gaude ». Mais la commune ne fut « annexée » ni à St. Jeannet ni à La Gaude, mais bien à Saint Laurent!

Les deux parties évincées ne se résignèrent pas puisque le 18 février 1791, une délibération du Conseil s'adressait... « A l'Auguste Assemblée Nationale pour amener la révocation de l'arrêté du Département du Var et la supplier de prononcer l'annexion à celui de La Gaude », ce qui eut pour résultat partiel de faire attribuer le quartier de La Baronne (Haut Puget) à cette Commune.

Un inventaire administratif des biens de la Communauté établi en 1791 précise les cultures pratiquées à cette époque, essentiellement l'olivier suivi de la vigne et quelques rares mûriers, orangers et figuiers.

Dans ce même quartier de La Baronne, sur la partie gaudoise, au départ du chemin communal reliant la N. 209 à la D. 118, nous avons remarqué à droite une ancienne « bastide » avec une élégante fenêtre aveugle du XVeme, ayant conservé son encadrement et son linteau blasonné, et sur la partie laurentine se dresse à quelques dizaines de mètres de la RN 209, sur une éminence, la Chapelle Ste PETRONILLE.

C'était selon E. BONIFFACY une annexe du prieuré de La Gaude dépendant du Chapitre de Vence. Elle est citée par Mgr BOURCHENU en 1716, située sur le chemin du Broc à Saint Laurent « au territoire du Puget Treize Dames sur le Var, annexe du prieuré de La Gaude ». Elle avait alors un tableau représentant la Vierge tenant l'enfant Jésus, en dessous, Ste Pétronille et St. Jean Baptiste. En 1719, un tableau avec le Saint et la Sainte est également mentionné (M.G. DOUBLET: Etude sur les paroisses du canton de Vence). En 1726, elle n'était point réparée.

MADAILLAN la cite en 1771 située « sur les bords du Var ». Comme bien de l'Eglise elle fut confisquée au moment de la Révolution, elle était jusqu'alors un lieu de pèlerinage très fréquenté le 31 mai par les paroissiens de St. Jeannet, La Gaude et Saint Laurent.

D'après BONIFFACY, ces manifestations pieuses à l'origine dégénérèrent à la longue. Ainsi on rapporte qu'un habitant de la Gaude, J.B. BERENGER, y fut tué d'un coup de fusil le 31 mai 1763 au cours d'un de ces pèlerinages où le petit vin du cru coulait à flot et où les rixes éclataient pour le moindre prétexte. (Registre des décès de La Gaude, 1er juin 1763). Les désordres se perpétuèrent chaque année: une bataille en clôtura la série le 31 mai 1821.

L'actuelle Chapelle a été l'objet d'une restauration maladroite en 1960 à l'initiative coupable de l'Abbé ISNARDY, ayant perdu de ce fait, excepté le toit, tout caractère d'authenticité.

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08/12/2013

CONTE DE NOËL DE VENCE

histoire

QUAND LES GENETS FLEURISSAIENT A NOEL...

Pour resituer la menace des Sarrasins dans les Alpes Maritimes, rappelons qu’après avoir été battus par Charles Martel, les Maures se replient en Provence où ils brûlent Cimiez et Lérins en 734.

Les raids se poursuivent ensuite, avec une attaque sur Nice en 813.

A la suite de sa prise de pouvoir en 822, le comte Hugues d’Arles détruit l’armée sarrasine, avant de céder ses droits au duc de Bourgogne Rodolphe II. Les Sarrasins se regroupent alors dans la Basse Provence.

Commence à ce moment-là, une période sombre pour la Provence orientale qui durera presque un siècle de, 883 à 972.

Installés au Fraxinet (La Garde-Freinet) au- dessus  du Golfe de Saint Tropez, au Cap Ferrat et à Eze,  les Sarrasins opèrent dans toute la région, ravageant  successivement Grassse, Nice, Cimiez, La Turbie et Vence.

Le comte d’Arles Guillaumes et son frère le marquis  de  Turin Arduin fédèrent  les seigneurs locaux dans  une sorte de croisade qui aboutit en 972-974, à l’expulsion définitive  des Maures de leur repaire du Fraxinet.

Après cette glorieuse épopée, Guillaume dit «le libérateur » assoit son autorité sur une Provence indépendante en prenant le titre de marquis.

Mais la menace  insidieuse des corsaires musulmans catalans ou andalous, va se poursuivre par des raids surprises  sur les côtes des Alpes Maritimes. En 1047, l’île de Lérins est de nouveau dévastée et  les jeunes moines sont emmenés en Espagne musulmane.

L’incendie criminel de la cathédrale épiscopale d’Antibes en 1125, par les princes opposés à l’évêque, sera mis ensuite au compte des Sarrasins qui, donc, sévissaient encore dans la région.   

Qui étaient ces  pirates enturbannés venus  de  la mer ? Selon les historiens, des  muwallads espagnols convertis à l’Islam ou des mozarabes chrétiens sous domination musulmane du calife de Cordoue.

S’y ajoutaient parfois des apports du  Maghreb, comme en  934, quand  une  flotte arabe, venue d’Afrique et de Sicile, saccage la ville de Gênes.

En Espagne, le  roi d’Aragon Jacques le conquérant (1213-1276 ) atténuera le péril par la conquête de Valence et des Baléares. Il en sera de même lors de la reconquête de Murcie en 1243. 

Mais il faudra attendre 1492, pour voir les musulmans, chassés de leur royaume de Grenade, quitter définitivement l’Espagne.

Durant tout le Moyen-Age, les inquiétantes felouques des flottilles sarrasines viendront depuis leurs  bases espagnoles razzier  sans vergogne  le littoral des Alpes Maritimes.

L’apport odieux d’esclaves, femmes et enfants, enlevés sur la côte de Nice à Cannes, va constituer tout au long  de ces siècles, un commerce florissant, propre à encourager la  répétition d’attaques audacieuses dont il faudra se protéger.

Du haut des murs dressés au sommet du «Baou des Blancs», dominant collines et vallons, la vue s'étend jusqu'à la mer. De son repère aérien, Victor Roubaudy, attentif, surveille les allées et venues des Infidèles campant dans les ruines de l'ancienne cité de Vence. Les campagnes d'alentour, abandonnées et sans culture depuis trois ans, n'offrent plus que le spectacle de la désolation. Ce nouveau raid des Maures a débuté la veille par l'arrivée de voiles noires cinglant au Ponant. Débarqués sur la côte déserte, les nouveaux venus sont d'abord allés renforcer leurs frères d'arme regroupés dans l'ancienne forteresse de Cagnes.

Réfugié depuis peu à Saint Laurent la Bastide, le moine Aymard, rescapé de l'abbaye de Lérins, a témoigné dans son premier sermon des crimes et dévastations: «Les Sarrasins ont tout saccagé, détruit l'église et le monastère, des lieux les plus agréables ils en ont fait la plus affreuse solitude. Sur la côte, ils se promènent dans tout le pays portant le fer et la flamme, emmenant en esclavage une multitude de captifs. Des hommes et des femmes sont écorchés vifs, comme les Sarrasins ont coutume de le faire à l'égard des nôtres et comme nous l'avons vu de nos yeux. »

La poignée de Vençois retirés dans le nouveau village de Saint Laurent la Bastide, à l'abri des hauteurs du Baou, s'est placée sous la protection du nouveau seigneur Laugier Ruffi. Laugier a conquis ses titres de noblesse au combat, il a su organiser la défense et la vie de la petite communauté évitant les attaques et la famine. Les murs ont été renforcés autour de l'antique castelet à tour carrée. Placé au sommet de cet observatoire, Victor Roubaudy guette les mouvements de l'adversaire depuis le lever du jour.

Soudain un cri: «Les Maures! Les Maures ! . » Secouant la cloche tout en hurlant, Victor donne l'alerte. En effet, prenant la direction du vallon de Malvan, après s'être regroupés, quelques centaines d 'hommes s'avancent d'un pas décidé. Devinant la manœuvre d'encerclement, Laugier Ruffi prépare une sortie avant que l'ennemi n'atteigne le pied des murailles en contournant par le plateau. Dévalant du rocher vers le vallon, la petite troupe part courageusement à la rencontre de l'adversaire. Surpris par l'attaque, les Maures désemparés reculent puis se ressaisissent et très vite submergent les Provençaux qui succombent sous le nombre. Laugier Ruffi, après un combat héroïque où tombent à ses côtés les meilleurs de ses hommes, est fait prisonnier, entravé et traîné au pied du farouche caïd Haround el Rachid. Nous étions le jour de Noël de l'an 953. La veille, la femme du seigneur de Saint Laurent la Bastide, dame Phanette à la chevelure d'or, belle comme une madone, avait donné le jour à une fillette jolie comme un ange. L'enfant avait été baptisée Nouvette en souvenir de la nuit sacrée de Noël se disant Nouvé en provençal. Avant de partir, captif du Maure, Laugier, le vainqueur de jadis, s 'humilia en demandant une ultime faveur: embrasser son épouse sur le point de rendre le dernier soupir et sa fille qui venait de naître. Magnanime, Haround accepta et proposa un bien étrange marché: «Retourne dans ton château, nous ne troublerons plus la paix des terres dont tu es le maître. Mais dans vingt ans, jour pour jour, mon fils viendra réclamer la main de ta fille, à cette condition je t'offre la liberté à toi et aux tiens qui vous êtes si bien battus ! »

Libre, Laugier Ruffi reprit le chemin de Saint Laurent la Bastide où, après avoir pleuré la mort de Phanette, il se consacra tout entier à sa fille. Au fil des années, Nouvette grandissait en beauté et en sagesse. Dans toute la contrée chacun vantait la douceur de ses traits, son charme et sa vertu. Mais le retour du Maure approchait. Laugier avait dissimulé à sa fille le terrible secret qu'il gardait enfoui au fond de son cœur tourmenté. Préparant l'assaut final contre les dernières bandes sarrasines qui infestaient encore le pays, Guillaumes le Roux Comte de Provence, déjà nommé le «libérateur», passa en automne par Saint Laurent la Bastide. Il y fut dignement reçu par Laugier Ruffi et les seigneurs d'alentour. A la fin du banquet, Guillaumes troublé par la beauté de Nouvette glissa à l'oreille de son hôte: «Je vous envie d'avoir un pareil joyau, il va pourtant falloir songer à vous en séparer pour la marier à l'un de nos preux chevaliers. Les prétendants seront nombreux! Je serais flatté de revenir parmi vous pour ses épousailles. » Laugier, confus et honteux, rougit sous le compliment n'osant révéler que sa fille représentait le prix de sa liberté.

En dépit du temps qui passait, l'odieux serment torturait la mémoire et le cœur du père de Nouvette. Les saisons s'écoulaient rapprochant toujours plus la date de l'échéance fatidique.

L'avant veille de Noël 973, alors qu'on s'activait déjà aux préparatifs de la fête, trois voiles sombres apparurent à l'horizon contournant le Cap d'Antibes. Le lendemain un émissaire du fils d'Haround el Rachid prévenait le malheureux Laugier Ruffi qu'il allait devoir exécuter sa promesse et lui livrer sa fille, rançon de l'impitoyable marché conclu vingt ans plus tôt jour pour jour. Le Maure promettait en outre à Nouvette un sort enviable, comme favorite de son harem.

Devant l'imminence du péril, le seigneur de Saint Laurent la Bastide terrassé par le poids de sa conscience, s'agenouilla dans la petite chapelle contiguë au château. Après avoir imploré la grâce divine et offert son âme et son corps pour expier la faute, il se décida enfin à avouer sa lâcheté.

Prévenue, Nouvette tomba en larmes, révoltée contre le sort injuste qui l'attendait. Nous étions le soir de Noël. Déjà la troupe des Maures confiante s'installait sous les remparts du château éclairés par la lune. Des tentes dressées s'échappaient des flots de musique étrange mêlés aux fumets des moutons rôtis pour fêter l'accueil de la promise.

La fille du seigneur de Saint Laurent la Bastide s'avançait déjà effleurant une dernière fois les genêts accrochés au bord de la falaise. Penchée vers le vide elle murmura : «Je ne vous verrai plus fleurir belles «ginestres» de ma Provence», implorante elle ajouta : «Si vous pouviez me protéger et m'épargner l'exil au pays de l'Infidèle! Aidez-moi ! » Supplia-t-elle. Simultanément et comme en écho à ces paroles, les douze coups de minuit s'égrenèrent au clocher de la modeste chapelle du château.

A ce signal et comme sous l'effet des chauds rayons du soleil de juin, tous les genêts se dressent, s'épanouissent et fleurissent formant mille haies défensives devant les Sarrasins déconcertés. Dans la campagne environnante autant de piques acérées couvertes de fleurs inondent le paysage d'une lumière dorée. Devant ce sortilège, attaqués de toute part par les flèches jaunes, les Maures abandonnent leur camp et s'enfuient en désordre vers la côte. Le jour qui suivit, ils levèrent l'ancre et disparurent à jamais du pays vençois.

Quelques mois plus tard, le 21 juin alors que les précieux genêts fleuris embau­maient les collines et les vallons, la douce et tendre Nouvette épousa en grande pompe le beau et brave Pons, fils de Rodoard, prince d'Antibes et seigneur de Grasse.

Les festivités du mariage se poursuivirent dix jours durant à la grande joie de tous. Plus tard sept enfants concrétisèrent cette union heureuse. Vence renaquit de ses ruines, la princesse s'y installa et vécut de longues années de bonheur dans sa chère Provence.

 

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