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27/11/2008

SAINT LAURENT DU VAR AU MOYEN AGE

L'INCENDIE DE L'HOSPICE DE SAINT LAURENT AU XIIIe SIECLE.jpgSAINT LAURENT DU VAR UN MOYEN AGE TUMULTUEUX

 

Lieu du transit et de passage commandant la traversée du Var, Saint Laurent du Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son histoire.

Dès 1005, le hameau de « Varum » est signalé sur le bord du fleuve en rive droite, comme dépendant de l’Abbaye de Saint Véran. En 1033, il est fait mention du « castrum Agrimontis » (Gioffredo), édifié probablement sur la colline dominant l’ouest de la cité actuelle et qui porte encore le nom de colline des Agrimonts. Ce castrum relève de l’autorité des vicomtes de Nice.

C’est au XIme siècle que Raimbaud de Vence décide de fonder un hospice destiné aux pèlerins se rendant à Rome. L’église de cet hospice sert de paroisse aux « castrum Agrimontis » voisin.

En 1162, à l’occasion d’un voyage à Turin, le Comte de Provence fait halte à l’hospice et lui alloue de larges subsides pour assurer ses services. Selon Papon, le traité passé en 1176 entre le Comte de Provence et les consuls de Nice est signé là sur les bords du Var.

Les premiers religieux desservant l’hospice en 1185 sont des Chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, relevés en 1205 par des moines augustins rattachés à l’Abbaye de Suse. Ils dédient l’hospice à Saint Laurent et seront confirmés dans leurs droits en 1208, à l’occasion du passage du pape Innocent IV.

Selon J.C. Poteur, un Raymond d’Agrimont est mentionné à Antibes en 1148 et son castrum apparaît détruit dès 1232, probablement à l’occasion de la guerre conduite par le Comte de Provence pour reconquérir ses terres de la Provence orientale.

Simultanément, en 1233, le Comte impose le nouveau « castrum de Sancti Laurentio » de redevances pour chevauchés. A l’occasion des opérations militaires, un nouveau castrum (de Pugeto) est installé par le Comte vers 1232, au nord de Saint Laurent et de l’hospice, il poursuivra une existence distincte de Saint Laurent.

Le XIIIème siècle est marqué par une lutte d’influence entre l’évêque de Vence et les moines hospitaliers, bénéficiaires d’abondantes oboles, perçues comme de véritables péages pour la traversée du fleuve. Bien que confirmés dans leurs droits, en 1301, par Charles d’Anjou, les moines augustins sont expulsés en 1327 sur la rive gauche, par ordre du pape Jean XXII.

L’hospice est alors régi par un prieur placé sous l’autorité de l’évêque. Mais de 1334 à 1345, les Niçois préfèrent verser leurs subsides à l’hospice par l’intermédiaire de l’évêque de Glandèves !

L’enquête de 1252 relève 260 habitants à « Sancto Laurentius ». Après le dédit de Nice à la Savoie en 1388, Saint Laurent devient village frontière.

En 1446, Saint Laurent est abandonné par ses habitants décimés par une effroyable épidémie de peste, retour de la pandémie en 1467.

Pour repeupler le village désert, l’évêque de Vence, seigneur du lieu, passe une convention avec 35 familles d’Oneglia (l’actuel Imperia en Ligurie italienne) le 16 février 1468. Cet acte d’habitation, à long terme, oblige les nouveaux habitants à assurer le passage du Var gratuitement, à l’aide d’une barque.

L’affouage de 1471 recense déjà 23 feux, soit quelques 150 habitants, mais le cheptel est inexistant. Le village est reconstruit en 1480 et l’hospice rénové confié à de nouveaux religieux.

En 1698, un Pisani, venu avec des familles d’Oneglia, achète la seigneurie de Saint Laurent à l’évêque de Vence. Bien que contesté par la communauté, il ne lui vendra ses droits qu’en 1789 !

Le vieux village comporte deux grandes périodes de construction relevant du Moyen Âge. La première date des XIme et XIIème siècles, elle forme encore un noyau visible de bâtiments centrés sur l’église paroissiale, avec son donjon carré datable du XIme siècle, contigu aux vestiges de l’ancien hospice.

Le reste du village, bâti vers 1480 sur un plan en damier, présente des maisons typiques à deux étages, avec un toit à une pente et des murs bosselés couleur miel en galets du Var.

Les restes du « castrum Agrimontis » n’ont pas été mis à jour, en dépit de l’urbanisation galopante de la colline. Dès le dédit de Nice à la Savoie en 1388, Saint Laurent se voit doté de fortifications. Le système sera renforcé au XVIIème siècle et le quadrilatère du village, ceinturé de remparts avec une tour dressée aux quatre angles.

Le cadastre de 1835 restitue l’image de ce système défensif.

 

Le Château de la Tour, aux Pugets

Sur un monticule situé à quatre kilomètres au nord de Saint Laurent, dans l’actuel quartier des Pugets, le Comte de Provence fait élever en 1232, après avoir détruit le « castrum d’Agrimontis » tenu par des rebelles, le nouveau « castrum de Pugeto » destiné à surveiller la rive droite du Var.

Si une partie du fief du castrum d’Agrimontis est donné à Cagnes, le castrum de Pugeto bénéficie au nord, d’une part de la seigneurie indivise de La Gaude–Saint Jeannet. Le castrum de Pugeto est inféodé à Romée de Villeneuve dès 1235, l’enquête de 1251-52 y révèle 30 feux (environ deux cent habitants).

Ce « castrum Pugetono tredecim dominarum » ou Puget treize Dames aurait été occupé avant le XIIIème siècle selon Louis Cappatti. Le fief, après avoir appartenu aux Villeneuve en totalité, est partagé en 1549 avec les Portanier pour revenir en 1700 aux Pisani.

La population du Puget est décimée en 1350 par la peste noire et le village ne sera plus qu’un hameau de Saint Laurent. Les chroniques mentionnent ensuite le château de la Tour, sans doute à cause de la présence d’un donjon du XIIIème siècle de l’ancien castrum.

Il apparaît au XVIIIème siècle comme un « pavillon » (carte géographique) puis comme une résidence de campagne du seigneur de Saint Laurent. Les vestiges bien visibles encore en 1980 ont été partiellement anéantis par une construction récente coiffant le site médiéval.

Le castrum de Pogeto et sa paroisse sont à nouveau signalés désertés (par Bouche) en 1667 à la suite d’opérations militaires. La chapelle Saint Jean Baptiste et le château voisin formaient le centre d’une importante communauté comme le laisse supposer la quantité d’ossements découverts près des ruines de la chapelle.

 

Anecdote :

La dénomination du château du Puget Treize Dames a donné prétexte à une légende moyenâgeuse sur la présence en ces lieux de treize châtelaines, épouses délaissées de courageux seigneurs partis guerroyer en croisade.

Réunies dans ce manoir isolé pour mieux tuer l’attente et supporter leur triste condition d’épouses abandonnées, ces treize Dames, tenues à une chasteté imposée par les circonstances, accueillirent au début les hommages enflammés de troubadours de passage avant de céder à leurs avances.

Les règles de l’amour courtois furent très vite oubliées et leurs manifestations dégénérèrent en parties fines, établissant la flatteuse renommée du château !

Célébrée jusque par Pétrarque, sa réputation en fit une étape incontournable sur la longue route joignant Rome à Avignon, le voyageur ou le pèlerin savait trouver là, en plus du gîte et du couvert, une chaude hospitalité.

 

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10:21 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

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