05/03/2009
ANTOINE CASTILLON: CARRIÈRE D'UN INSTITUTEUR (1819-1881) 5ème PARTIE
Nous poursuivons la publication de la carrière d’instituteur d’Antoine Castillon de Saint Laurent du Var par René TRESSE.
Après une évocation de la vie dans le Saint-Laurent du Var du siècle passé, et une incursion parmi les ancêtres de la famille CASTILLON, c'est maintenant, dans cette deuxième partie, que nous abordons le vrai sujet: la carrière de l'instituteur Antoine CASTILLON, neveu.
Un troisième CASTILLON dirige l'école primaire de St-Laurent. Antoine, fils de Charles mesnager est de la branche de Joseph. Il naît le 28 août 1819 à une heure du matin.
Le premier témoin est Antoine, son oncle l'instituteur, le second témoin Passeron, propriétaire. Le père et les deux témoins signent la déclaration de naissance, fait qui n'est pas si commun. En cette année, sur 29 déclarations de naissance, 17 ne portent aucune signature, que celle du maire et deux la signature d'un seul témoin cinq du père seul, deux de deux témoins.
La tradition de l'instruction primaire se transmet au nouveau venu, élève de son oncle Antoine.
A 11 ans, Antoine CASTILLON le jeune, est témoin de la Révolution de 1830, à l'échelle de son village. Les symboles sont changés, le drapeau blanc emporte les regrets des conservateurs, le drapeau tricolore porte les espoirs des libéraux. Nous ne savons rien de formel sur les sentiments du village, sauf qu'il se plie volontiers à l'enrôlement dans la Garde Nationale. Elle est acceptée dès le 8 août 1830. Les Castillon y figurent dans les emplois subalternes. Emmanuel Castillon 16 ans, fils de propriétaire sera sergent fourrier et promet de s'habiller. Joseph, 32 ans, employé des postes, et Charles, père d'Antoine, seront gardes. Antoine, l'instituteur 40 ans, est exempté vu la faiblesse de sa vue et sa nombreuse famille. Les Castillon se rendent toujours utiles à la commune dans les emplois où comptent le savoir et le sens de l'administration.
Parmi ses frères et ses cousins, Antoine le neveu, sera dirigé vers la carrière d'instituteur dont les conditions d'accès ont changé depuis 40 ans.
François, le grand-oncle, a reçu l'autorisation d'exercer sous le contrôle du jury institué à Grasse, de la Révolution à l'Empire. Antoine, l'oncle s'est soumis à l'examen du brevet de capacité du degré inférieur établi en 1816. Le nouveau régime se montre plus exigeant. Il déploie une, activité considérable de 1831 à 1833 pour arriver à la loi GUIZOT du 28 juin 1833. Il favorise la création des écoles normales d'instituteurs, réforme le brevet d'aptitude à l'enseignement primaire.
Dans sa 19ème année, Antoine se soumet à la législation nouvelle en entrant à l'Ecole Normale d'Instituteurs du département du Var installée à la sous-préFecture de Brignoles. Il y suit les deux années de l’enseignement de 1838 à 1840. Il en sort muni du brevet de capacité du second degré que le maire de St-Laurent lui remet officiellement en août 1840.
L'armature professionnelle donnée par l’Ecole Normale de Brignoles
n'est pas immédiatement appréciée par les populations rurales du Var. Les communes éludent l'engagement des jeunes instituteurs. Elles demeurent fidèles aux maîtres d’école contractuels formés dans les collèges de Grasse et d'Antibes jusqu'au milieu du siècle.
Lors des années 1838 et 1839, la plus haute autorité du département du Var, le Préfet, Marchand de la Faverie, proteste à deux reprises contre cette méfiance.
En administrateur vigilant, il estime que le rendement de l'Ecole Normale n'est pas en rapport avec les sacrifices consentis par le département. Le 28 juin 1838, il exprime son étonnement au sous-préfet de Grasse. Plusieurs jeunes gens admis à l'Ecole Normale aux frais du département n'ont pas trouvé d'emploi dans les communes. Depuis la fondation, huit seulement occupent des postes. Les Comités d'arrondissement sont invités à mettre un terme à une situation réticente, nuisible aux finances départementales. Ils donneront la préférence aux élèves de l'Ecole Normale sur les candidats libres présentés par les communes. Le 26 juin 1839, une circulaire préfectorale révèle aux Comités d'Instruction publique que l'entretien de l’Ecole Normale de Brignoles coûte 80 000 F au département. Sur 28 jeunes gens formés, 7 seulement ont des emplois communaux. Tous les autres retournent à l'enseignement privé.
A St Laurent du Var, des contingences locales permettent d'obéir aux intentions du Préfet.
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