31/07/2009
FÊTE DES GUEYEURS
LES GUEYEURS, UNE TRADITION HISTORIQUE ORIGINALE
A l’origine Saint Laurent du Var fut bâti au bord du Var pour en assurer la traversée.
Rappelons que déjà en 1005 l’abbé de Saint Véran reçut une habitation dans un hameau dénommé Varum, sur la rive droite du fleuve, où Saint Laurent s’est installé par la suite.
Au XIIè siècle un ermite se rendait chaque année sur les bords du Var avec deux chevaux pour faire passer les pèlerins se rendant à l’abbaye de Lérins.
La création d’un hospice confié à des religieux va poursuivre cette coutume pendant les siècles suivants jusqu’au XVè siècle. « La barque de l’hospice » assurait alors le passage d’une rive à l’autre du Var.
Lorsque Saint Laurent est repeuplé en 1468 par son seigneur l’évêque de Vence, Raphaël Monso, désireux de garantir la sécurité du gué, obligation est faite aux nouveaux venus, de tenir une barque sur le Var pour en assurer le passage. Ces premiers gueyeurs laïques, dénommés « Riveraschi », vont s’organiser en corporation et maintenir leur activité jusqu’au XIXè siècle.
Les gueyeurs disparaîtrons lorsqu’un pont traversera enfin le fleuve de manière définitive en 1864. Ils avaient été durant plus de huit siècles les maîtres du fleuve.
Laissons Smolett les décrire: «Au village de Saint-Laurent, il y a une équipe de passeurs toujours prêts à guider les voyageurs dans le passage de la rivière. Six de ces hommes, les pantalons retroussés jusqu'à la ceinture, avec de longues perches en main, prirent soin de notre voiture et, par mille détours, nous conduisirent sains et saufs à l'autre bord.»
Et Papon, dans son «Voyage en Provence», de préciser : «... si l'on ne passe (le Var) ni en voiture, ni à cheval, on s'assied sur l'épaule de deux hommes qui se tiennent l'un contre l'autre».
Aujourd’hui le souvenir des gueyeurs se perpétue dans le Vieux Village par une modeste rue portant leur nom, elle relie la place de la Fontaine à la rue des Remparts.
Récemment, en 2000, un rond point au carrefour des rues du 11 novembre, du Point du Jour et de l’Ancien Pont s’est vu paré d’une sculpture représentant une voyageuse à califourchon sur le dos d’un de ces porte-faix, acteurs glorieux de l’Histoire de la cité.
Saint Laurent du Var possède, grâce aux gueyeurs, un patrimoine original, unique en France.
Ces données historiques fondées sur la tradition locale ne peuvent négliger le plus illustre des gueyeurs, leur patron Saint Christophe, dont la fête est célébrée en août grâce au « Comité de sauvegarde du vieux village de Saint Laurent du Var. »
Pour la quatrième année le 8 août, ce même Comité vous invite à participer aux diverses festivités qu'il organise à la gloire des célèbres gueyeurs.
Edmond ROSSI
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ANTOINE CASTILLON: CARRIÈRE D'UN INSTITUTEUR (1819-1881) 8 ème PARTIE
RETOUR DANS LES ALPES MARITIMES
Il y est incité par un événement diplomatique et politique considérable. L'annexion de la Province de Nice consentie par la Maison de Savoie à l'Empereur Napoléon III, entraîne la formation d'un nouveau département des Alpes Maritimes avec tout son appareil préfectoral. Une inspection académique est née dont le premier titulaire de juin à octobre est l'abbé Désiré NIEL.
L'administration impériale, désireuse de favoriser la francisation de l'arrondissement de Nice, fait appel à des instituteurs venus de toutes les régions de France. Antoine Castillon se porte candidat. L'opinion de l'Inspecteur d’Académie joue désormais un rô1e décisif dans la carrière de Castillon.
L'abbé NIEL accueillerait favorablement la demande d'un natif de St Laurent du Var de préférence à tout autre. Ses antécédents professionnels sont irréprochables. Titulaire de la Mention Honorable, il est jugé capable et zélé par l'Inspecteur d'Académie du Var, signataire de l'exeat. Toutefois ces références ne suffisent pas à elles-mêmes. Elles seront complétées par des informations sur le comportement politique du postulant en exercice dans une région suspecte. Demandées le 18 septembre, les assurances du Préfet du Var sont reçues le 10 octobre à Nice: "Sa conduite depuis 1852, date de son entrée dans l'enseignement public, est exempte de tout reproche moral ou politique. »
Le poste de Villefranche sur mer est attribué à Castillon.
Précédemment, sous le régime sarde, la municipalité entretenait deux classes primaires et deux titulaires. Elle les réunit en une seule école confiée à un directeur et un adjoint. Au 7 octobre 1860, Castillon est ce titulaire aux appointements de 1000 F par an et reçoit une indemnité de résidence de 60 F.
Le bulletin individuel rempli de sa main à la fin de l'année 1860 nous apprend qu'il totalise alors huit années de service dans l'enseignement libre et douze années dans l'enseignement public. L'école reçoit 83 élèves dont 30 gratuits.
Dans ce nombre, 32 lisent couramment, 80 savent écrire. L’élite scolaire est représentée par 18 élèves. Ils apprennent l'Histoire Sainte, les quatre règles, le système métrique, la grammaire, la géographie et l'histoire de la France.
La rétribution scolaire mensuelle prévoit quatre catégories: 0,75 F- 1 F - 1,25 F - 1,50 F. Cette commune de 2422 habitants de marins et pêcheurs est séculairement pauvre. Le directeur estime que 25 garçons de 7 à 13 ans ne reçoivent aucune instruction. Il en est de même pour 40 filles.
Les deux classes sont étabIies dans une maison au loyer annuel de 80 F. Elle n'est ni suffisante, ni convenable, néanmoins en bon état. Elle dispose d’un crucifix et d’un buste de l’Empereur. La première classe mesure 44 m2 la deuxième 27 m2 sous 3 m de plafond. Le mobilier scolaire n'est ni suffisant ni complet, une somme de 130 F permettrait d'y remédier.
Il quitte Villefranche avec les regrets de la population pour ne pas se trouver à l’aise à Nice dans l’année scolaire 1861-62. L'Inspecteur d’Académie, E. DE SALVE, le tient en particulière estime et consent à le changer de poste. "La modestie de son traitement, écrit-il au Préfet le 27 janvier 1862, ne permet par à Castillon de vivre à Nice". De plus, il ne vit pas en harmonie avec ses nouveaux collègues. Ils lui appliquent la règle courante du dernier arrivé dans, l'école en lui attribuant une classe de cours élémentaire. Les traditions corporatives inclinent généralement à faire passer l'ancienneté acquise sur place avant tout autre mérite. Objet d'une proposition en vue d'obtenir la Médaille de Bronze, Castillon ne sera pas titulaire de l'école du quartier St Hélène, comme il était initialement prévu. Il reçoit un avancement supérieur. Un arrêté du 8 novembre 1862 lui donne la direction de l'école communale de Menton, ville de 4800 habitants. Il prête le serment de fidélité devant le maire le 8 novembre 1862.
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« Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire » ou quand le présent rejoint en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.
Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.
Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.
Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.
Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.
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14/07/2009
SOUVENIRS DE LA GUERRE 1939-1945 (9)
Témoignage de Monsieur Marcel PEREZ
Marcel PEREZ, l'ancien joueur de football professionnel bien connu - il a évolué à l'Association sportive de Cannes, à l'OGC Nice et au F.C. NANCY de 1939 à 1950- est né à l'Escarène, mais n'avait que 2 ans quand ses parents s'établirent à St-Laurent-du-Var. Ils y tenaient une boulangerie-épicerie, rue Valazé, dans le Vieux- Village. Madame PEREZ, née BATTINI, est, elle, originaire de la région parisienne et laurentine depuis 1931, année où sa mère, chef -monteuse de films, était venue travailler aux studios de la Victorine à Nice et de Nicea-Films, avenue Léonard Arnaud, anciennement Allée des Studios, à St-Laurent. Elle obtenait rapidement un poste à la régie des studios. La stabilité et l'intérêt offerts par cet emploi, d'une part, le climat de la Côte d'Azur, d'autre part, décidèrent les BATTINI à s'installer définitivement à St-Laurent. En 1942, leur fille, la future Madame PEREZ, devenait institutrice, profession qu'elle exerça jusqu'à sa retraite en 1981. C'est le 7 février 44 que le couple s'unit pour la vie ce qui, par parenthèse, lui a permis de célébrer ses noces d'or en début d'année. Madame PEREZ nous permettra également de rappeler que son ascendance insulaire lui vaut, depuis des années, d'être la secrétaire( I) de l'Association des Corses et Amis de la Corse de St-Laurent-du-Var. Pendant la guerre, son père, aujourd'hui décédé, ainsi que Marcel PEREZ et son frère Louis furent impliqués, à divers titres, dans les activités du Groupe Morgan. Monsieur PEREZ pourrait donc aborder ce sujet mais nous lui avions demandé de s'en tenir à la journée du 26 mai 44, ce qu'il a volontiers accepté. Il nous avait, en effet, été indiqué que son témoignage serait intéressant car, en raison de son appartenance à la défense passive, il a pris une part importante aux opérations de sauvetage et au transport des corps des victimes de ce raid meurtrier. Il raconte: "à cette époque, ma belle sœur était sur le point d'accoucher. Loulou (Louis Perez) et elle habitaient une villa du lotissement Lallé, actuelle Avenue Saint-Exupéry. Ce jour-là, mon frère et moi étions à la boulangerie où se trouvaient aussi quelques clientes. Il devait être Il heures, quand une alerte, une de plus, fut déclenchée. Les clientes partirent à la hâte; mon frère partit lui aussi, car il ne voulait pas laisser sa femme seule trop longtemps, dans son état (pour l'anecdote, Madame Louis PEREZ donna naissance à un garçon quelques jours plus tard, le 30 mai 1944).
Environ 5 ou 10 minutes plus tard, on entendit, presque coup sur coup, sonner la fin de l' alerte puis, à nouveau, l' alerte. Au même moment, ou presque, on entendit des explosions. Ca semblait venir du côté de chez mon frère. Aussitôt, j' ai pris, à vélo, la direction de leur cité. Il y avait alors beaucoup moins de constructions que maintenant, mais, un peu avant d'arriver chez Loulou, un couple de personnes âgées qui habitait une villa, Monsieur et Madame BOMPART, me fit signe de m'arrêter. Je compris vite pourquoi: dans le garage qui leur tenait lieu d' abri, allongé sur un lit, je vis un jeune garçon d'une douzaine d'années, Jimmy COLANGELO, dont le père, si je me rappelle bien, vivait en Amérique. Il ne bougeait pas mais était vivant et, apparemment, peu sérieusement blessé. Il avait juste un petit trou au niveau du plexus. Je dis aux BOMPART qui s'inquiétaient, que même si ça n'avait pas l'air bien grave, j'allais emmener Jimmy au dispensaire, par mesure de sécurité, le temps d'aller voir si tout allait bien chez mon frère et ma belle-sœur. Je reprends donc ma route moitié à vélo, moitié à pied, car il y avait des cratères de bombe sur le chemin et j'arrive chez Loulou et Fernande (la belle-sœur de Marcel FEREZ ). Leur maison était vide mais ils étaient à l'abri dans la cave d'un voisin. Je retourne donc immédiatement chez les BOMPART où je laisse le vélo pour pouvoir porter le petit garçon. Il ne se plaignait pas et, la tête contre mon épaule, ne semblait pas souffrir. Tout au long du trajet, je lui ai parlé pour le rassurer. Arrivés au Square BENES, la vraie fin d'alerte sonnait et les gens commençaient à sortir de chez eux ou des abris. J'ai continué à porter Jimmy j usqu ' au dispensaire municipal qui se trouvait en face de la pharmacie Loir etje l'ai allongé sur les indications du Docteur COSTE-SALOFF; c'était une femme. Elle s'est penchée sur la blessure, a ausculté l' enfant et m ' a fait un signe négatif de la tête. J'ai compris qu'il était perdu. On l'a transporté d'urgence à la Fontonne, en camionnette, parce qu'on n'était pas riche en ambulances, mais il est mort quelques heures plus tard. Sans doute, un petit éclat de bombe avait-il provoqué une hémorragie interne ? Marcel PEREZ, lui, repartit chercher son vélo puis il coupa au plus court, en direction de la voie ferrée, par le chemin qui est devenu l'avenue Jeanne d'Arc prolongée par l'avenue des Magnolias.
Depuis la dernière courbe du chemin, il vit un train immobilisé, juste au dessus du ponceau du Gros Chêne, qui existe toujours. Le train n' avait pas déraillé, mais les wagons étaient très endommagés. On sut, par la suite, que le convoi, venant de Cannes, s ' était arrêté au déclenchement de la première alerte puis était reparti vers la gare de St-Laurent-du- Var, mais avait été surpris par la soudaineté de la seconde alerte, presque immédiatement suivie par la chute des bombes. Plusieurs de celles-ci tombèrent loin des voies mais il semble bien que ce fut le train lui-même et non le pont du Var qui était visé. "En arrivant sur les lieux, laissons Monsieur PEREZ poursuivre, je descends de vélo et je vois une dame qui avait probablement réussi à sortir toute seule du train et à qui un docteur, le docteur COLPART, donnait les premiers soins. Presque tout de suite est arrivé un ami qui appartenait aussi à la défense passive. C'était un cultivateur, un costaud, qui s'appelait Lucien BRUNO. On avait déjà fait équipe ensemble. Il y avait encore très peu de monde sur place mais on s ' est dit qu'il valait mieux ne pas attendre. On a commencé par le wagon de tête, après le tender de la locomotive. Le premier blessé qu' on a trouvé, c' était un soldat allemand, seul dans un compartiment. Il avait une très vilaine blessure à lajambe. En fait, son pied était presque sectionné. Allemand ou pas, il n' était pas question de le laisser là. On a pris une portière qui avait été arrachée du wagon et on s'en est servi comme d'un brancard. C'était très lourd mais on l'a transporté jusqu' à un poste allemand situé sur la RN7, là où, aujourd'hui, il y a une marbrerie".
A ce moment de son récit, Marcel PEREZ nous rapporte un détail qui introduit la seule note un peu légère dans une journée aussi éprouvante: "Mon ami BRUNO avait toujours sur lui une petite bouteille d'eau de mélisse (d'une marque toujours bien connue), à la différence que le contenu était une eau de vie de sa production. Comme le soldat souffrait beaucoup, Lucien me demanda si je ne pensais pas qu'un petit remontant lui ferait du bien. C'était un allemand, c'est vrai, mais il était blessé et il s'agissait d'un geste humanitaire. Je ne pouvais qu' être d' accord et Lucien lui tendit la bouteille; il croyait que l'autre se contenterait d'une gorgée ou deux, mais il la vida d'un seul trait. Alors, en la récupérant Lucien me dit : "tu vois, il a aimé mon eau de mélisse". Après avoir transporté l'allemand, on est retourné au train. Il n'y avait d'ailleurs qu'une centaine de mètres à parcourir. Dans l'intervalle, d'autres sauveteurs étaient arrivés et les secours commençaient à s'organiser. Lucien et moi, on est monté dans un 2ème wagon, on s'est engagé dans le couloir et, dans le 2ème compartiment, on a vu, côté fenêtre, deux voyageurs restés assis, l'un en face de l'autre. J'ai réalisé tout de suite qu'il n'y avait plus rien à faire pour eux et ça m'a terriblement secoué, parce que je les connaissais bien tous les deux. L'un était un commandant qui habitait Cannes et était un fidèle supporter de l'équipe dans laquelle je jouais, l'autre était Monsieur SAUVAIGO, le père de Pierre SAUVAIGO, devenu par la suite député- Maire de Cagnes-sur-mer. Par un terrible coup du sort, Monsieur SAUVAIGO allait à Nice, on ne le sut évidemment qu'après, rendre visite à son fils qui était en prison pour faits de résistance, qualifiés d'actes de terrorisme par Vichy et les allemands. Lucien BRUNO et moi avons porté les deux corps d'abord sur le ballast, ensuite sur la route. Après quoi, on reprit notre triste besogne. Des victimes, il n'y en eut d'ailleurs pas que dans le train. Sur la route aussi, il y eut des personnes tuées dans les quelques voitures ou camionnettes qui s'étaient arrêtées au moment du raid. Les conducteurs et les passagers, qui en avaient eu le temps, s'étaient allongés sous les véhicules mais, même là, il y eut des morts. Parmi eux, un jeune laurentin qui avait déjà été blessé quelques semaines auparavant. Il ne s'agissait pas d'une blessure banale. En effet, surpris par une attaque aérienne alors qu'il traversait le pont du Var à pied,il s'était couché à plat ventre et fut touché aux reins non par des éclats de bombe, mais par la retombée de gros galets projetés hors du lit du fleuve par la violence des explosions. Ce qu'il y a de plus extraordinaire encore dans cette affaire, c'est que le jour où il est mort, donc le 26 mai 44, c'est encore aux reins qu'il fut atteint, mais il ne s'agissait plus de galets ! Parmi les autres tués, il y eut aussi un chauffeur de taxi de la gare dont la femme attendait un enfant. Il revenait de Cannes où, sur réquisition, il avait conduit des officiers allemands". Monsieur PEREZ reconnut également, parmi les victimes, un champion de boxe réputé. Ensuite, et ce fut aussi très pénible, il fallut transporter les corps au NEROLIUM, transformé en chapelle ardente. Toujours en compagnie de son ami BRUNO, il remontait avec un charreton l' actuelle avenue du Général de Gaulle quand, à environ 400 m de la gare, ils découvrirent plusieurs corps sans vie. L'un d'eux, se rappelle-t-il avec horreur, avait été décapité et la tête fut retrouvée de l' autre côté de la chaussée. On sut, par la suite, qu' il s ' agissait d' ouvriers qui travaillaient sur la voie ferrée au moment où les bombes commencèrent à tomber et qui avaient cru trouver leur salut en s ' en éloignant. Au contraire, le chef de gare, Monsieur ROSTAGNI, qui s'était, comme à son habitude, réfugié dans un abri en béton en forme de guérite à moitié enterrée, construit sur place, pour deux personnes d' ailleurs, ne fut jamais blessé.
Le destin " comme le dit fort justement Monsieur PEREZ. L' arrivée au NEROLIUM fut très impressionnante, avec tous ces corps alignés et la terrible épreuve de leur identification par les familles ! Il y avait déjà eu des bombardements et il yen eut d'autres également très pénibles, par exemple la fois où 5 femmes furent tuées dans un abri touché de plein fouet par une bombe (le témoignage de Madame GASTAUD permet de dater du 2 août 44 ce tragique événement.) mais cette journée du 26 mai 44, plus que toute autre, restera à jamais gravée dans ma mémoire, conclut Monsieur PEREZ. Heureusement que ces temps sont révolus, du moins en France. Espérons qu'un jour il en sera de même partout ailleurs dans le Monde".
Que Dieu vous entende, Monsieur PEREZ !
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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.
Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.
Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.
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