02/04/2007
1758, DE NOUVELLES REGLES POUR LE FRANCHISSEMENT DU VAR
LE GUE PASSE AU PRIVE
A partir du milieu du XVIIe siècle, la paix revenue pour de nombreuses années, il n’est plus question que du passage des voyageurs et de l’obligation traditionnelle qu’ont les gens de Saint Laurent de faire traverser le Var. La barque n’existe plus depuis longtemps. En 1758, la communauté des habitants conclut un accord avec un entrepreneur, le sieur Jean François Ferron, bourgeois originaire d’Antibes, domicilié à Cagnes. Le passage du Var se fait à gué, et si l’entrepreneur ne peut trouver un nombre suffisant de « gueyeurs », la communauté s’engage à les lui fournir, étant entendu que chaque homme sera payé par lui au salaire journalier de 30 sols d’argent de France. Ces gueyeurs devront, à toute heure du jour, être à la disposition des voyageurs ; la nuit, ils n’assurent le passage que si le service du roi l’exige.En retour, personne ne peut traverser sans leur secours, ils détiennent un monopole. Les pauvres sont guidés gratis, les autres personnes paient à l’entrepreneur 30 sols d’argent de France pour chaque gueyeur utilisé du premier octobre au 31 mai et 20 sols du premier juin au 30 septembre. Toutefois les habitants de Saint Laurent et ceux de la viguerie de Saint Paul, qui portent chaque jour des denrées à Nice, paient un sol seulement quand ils passent le Var à pied et deux sols quand ils ont des montures. Il était interdit de passer le Var vis à vis de Saint Laurent et d’autres points que le gué fixé par l’entrepreneur et indiqué par les gueyeurs.
Enfin la convention n’oubliait pas les exigences de la morale et l’un des articles précisait : »les hommes que l’entrepreneur emploiera seront jeunes, vigoureux et sages ; ils seront tenus de s’habiller de façon à éviter tout scandale et toute indécence » .
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26/03/2007
GUERRES ET DESTRUCTIONS MASSIVES
LES LAURENTINS SUBISSENT LES TROUPES
EN CAMPAGNE
La guerre de succession d'Espagne fût douloureusement ressentie à Saint-Laurent du Var. Les notables du village ont fait le récit de leurs malheurs dans un mémoire remis au commissaire des états de Provence chargés de déterminer l'assiette de l'impôt royal.Tout d'abord pendant la nuit du 18 janvier 1704 un coup de main des troupes de Savoie met Saint-Laurent au pillage, des habitants sont tués, les meubles de valeur, l'argent monnayé, le bétail sont emportés et, bien entendu, la population ne toucha jamais la moindre indemnité pour les dommages évalués à 6000 livres.
Deux ans plus tard, en mars 1706, l'armée française, commandée par le duc de la Feuillade, passe dans le Comté de Nice, Saint-Laurent doit loger les officiers, fournir des magasins où entreposer le foin et l’avoine, des maisons sont démolies en vue de construire 12 le four à cuire le pain des troupes.
Le même embarras recommence au mois de décembre où les régiments du duc de Berwick passent le Var pour aller faire le siège du château de Nice.
Non villageois ne sont pas au bout de leur peine. En juillet 1707, le marquis de Sailly, lieutenant général des armées de Sa Majesté Très Chrétienne, campe sur les bords du Var avec environ 5000 hommes, les militaires dévastent le terroir sous prétexte d’y récolter le fourrage nécessaire à leurs bêtes, ils coupent sans discernement les arbres dans les propriétés privées pour faire des fascines et piquets employées dans les retranchements aménagés le long du Var.
Mais le 11 juillet, l'armée ennemie des Impériaux pénètre en Provence par Saint-Laurent et pousse son avance jusqu'à Toulon, arrêté dans son élan elle rétrograde vers la fin du mois d’août « en sorte, disent nos témoins, que ladite armée, soit en entrant, qu'en sortant de la Provence pillèrent ledit lieu, prirent aux habitants tous leurs plus précieux meuble, brûlèrent les autres avec leur grain versèrent leur vin et huile, coupèrent leurs vignes, quantité d'oliviers et contraignirent les habitants à faire des grosses dépenses pour garantir leur vie en les obligeant de quitter le lieu ».
Les bonnes gens se consolèrent en organisant des farandoles au cours desquelles on chantait des couplets satiriques sur l’envahisseur et ses chefs, le duc de Savoie et le prince Eugène.
Enfin la superbe armée
Campe devant Saint Laurent,
Le muscat aux Allemands,
Fait bénir cette contée.
A Cagnes, dans un plafond,
Le duc voit, dès son entrée,
A Cagnes, dans un plafond,
La chute de Phaéton.
Puis-je, dit-il, sans colère,
Voir un augure pareil ;
Brûlons le fils du Soleil,
Brûlons le char de son père.
A Cagnes, dans un plafond,
Epargnez-le, téméraire ;
A Cagnes, dans un plafond,
Prince, ne brûlons pas.
La guerre continue. En juin et juillet 1709, un millier d’hommes construisent des fortifications sur les rives du Var. Il faut loger les ingénieurs et leurs commis, installer les fours, logements et magasins pour la subsistance des ouvriers et de la troupe. Conséquence : les habitants ne peuvent cultiver leurs terres ni rien semer, de sorte que l’année suivante force leur était de serrer la ceinture. Quant aux indemnités, on pouvait courir pour les toucher ! En conclusion, tout séjour de troupe, même amie, se soldait par des dommages certains pour les habitants.
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19/03/2007
SAINT LAURENT SENTINELLE DU BORD DU VAR
SAINT LAURENT "PORTE DE FRANCE"
Le nouveau village de Saint-Laurent se trouvait placé à la frontière de la Provence et du Pays niçois devenu depuis la fin du XIVe siècle possession de la maison de Savoie. Le Var marquait maintenant les limites de deux états. Cela vaudra à notre village de voir trop souvent à son gré, lorsque la guerre se déclarait entre la France et Savoie passer des troupes lus ou moins pillardes et, en tous cas, exigeant des réquisitions lourdes à supporter.En 1691, Louis XIV est en guerre contre le duc Victor Amédée II. Catinat se prépare à franchir le Var et à s'emparer du Comté de Nice. Un Niçois histoire au service de la France, Jean-Baptiste Ferrero, devenu marquis d’un autre Saint Laurent en Ile de France, colonel du régiment qui porte son nom réside dans notre village où se tiennent d'étranges conciliabules. Presque tous les Niçois de qualité allèrent faire visite à leurs concitoyens, et nous avons tout lieu de croire que celui-ci recueillait de précieux renseignements sur la défense de Nice et du Comté. Ne devons nous pas aussi penser qu'il s'assurera des intelligences dans la place ? La forteresse de Nice réputée imprenable, dont les tours couronnaient la colline du château, résistait encore à la pression de l'armée française, maîtresse de la ville. Les 30 et 31 mars de formidables explosions sur la secoue et la démantelèrent, le feu a été mis à des barils de poudre, on compte plus de 300 morts ou blessés. La garnison piémontaise est contrainte de se rendre. La croyance générale fut aussitôt qu’une main criminelle avait allumé l'incendie, les pires soupçons pesèrent sur le chevalier Cravetta, commandant en second du château, qui fut, par la suite, emprisonné et mis au secret. Il semble bien que les entretiens de Saint-Laurent du Var aient porté leurs fruits, d'ailleurs Catinat en rendant compte d’un mémoire que lui avait remis Ferrero, constatait que « les peuples Comté de Nice ne se faisaient aucune peine de changer de domination, leurs privilèges leur étant conservés, dont ils sont fort jaloux ». Et il rapporte encore qu'après la capitulation de la ville, les notables disaient « Ho ! nous voila au roi. Dieu merci ! ».
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