16/05/2011
1748, UNE REQUÊTE DESESPÉRÉE...
En 1748, suite à la « guerre de succession d’Autriche », les consuls adressèrent « un mémoire représentatif » présenté par les députés des « trois états de ce pays de Provence aux Procureurs du Roy ».
« Le pitoyable état où se trouve le lieu de St. Laurent soit par les dommages qui y ont été causés par nos ennemis, soit par les ravages des eaux qui ont emporté une partie du terroir, ne permet pas à la communauté de garder le silence. L'exposition des faits en excitant les mouvements d'une juste compassion doit animer ceux de votre justice et de votre équité. Vous êtes les dignes pères du peuple, les habitants de St. Laurent doivent ressentir tous les effets de cette tendresse paternelle.
Le lieu de St. Laurent situé sur le Var fut le premier exposé à la fureur d'une milice insolente que toute l'autorité des généraux ne put ni arrêter ni modérer. Le séjour de l'armée ennemie y étant plus long que partout ailleurs, tout le terroir fut ravagé, on commença par les oliviers dont on coupa 3000 et quelques cents pieds. Toutes les vignes furent arrachées, à l'exception de quelques-unes qui étaient sur les hauteurs, tous les arbres fruitiers eurent le même sort, il n'y eut que quelques figuiers qui échappèrent à la rage des soldats.
De même la forêt qui appartenait à la communauté a été dépeuplée, les bois des particuliers ont été coupés, ce n'est plus qu'un terrain stérile et infructueux.
La campagne ainsi dévastée, les maisons du village furent démantelées, on en ôta les portes et les fenêtres, on en tira les gonds et les fers, la moitié des maisons ont été abattue n'y ayant plus que les murs, les poutres et les chevrons furent employés par les ennemis pour faire le pont sur le Var et le reste le brûlèrent, l'effet qui s'en suivit est certainement bien déplorable: les maisons ainsi ouvertes, plusieurs habitants ont péri par la rigueur de l'hiver, n'ayant ni couvert ni bois pour pouvoir s'en garantir, elles sont actuellement dans la même situation. Les pauvres habitants ont essuyé toutes les fureurs des ennemis, tant lors de leur entrée que lors de leur fuite qui ne fut pas précipitée.
Mais ce ne sont pas là les seuls malheurs dont ces misérables habitants ont été accablés, il semble que les éléments aient agi de concert avec les hommes pour achever leur entière ruine, les pluies abondantes qui ont régné l'hiver dernier grossirent si fort le Var, que les eaux ont emporté de leur terroir un terrain de demi-lieue de longueur et de quart de lieue de largeur.
Mais ce n'est pas tout: le terrain à l'endroit où le Var se jette dans la mer, formait des jardins très précieux, les eaux venant en abondance et avec rapidité, ont fait regonfler celles de la mer, qui se sont répandues dans ces jardins, dont elles ont emporté une partie et engravé le reste. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un terrain propre à porter les joncs, au lieu qu'auparavant c'était ce qu'il y avait de plus précieux dans ce terroir, c'était une contenance d'un quart de lieue en largeur et en longueur.
Il faut un siècle pour rétablir ce terroir dans son premier état, s'il faut suivre la rigueur de la règle, la seule ressource des habitants est celle de déguerpir.
Martin député, Mérison député ».
D’après le livre« Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » (Editions Sutton) pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 22 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
Un Peu d’Histoire… évoque quelques moments du passé tumultueux de Saint Laurent du Var. De l’Antiquité à nos jours ces 70 chroniques illustrées permettent un survol varié propre à éclairer l’histoire de la région bien au-delà de celle d’un simple village provençal placé à l’embouchure du Var.
Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.
Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.
Grâce à ces chroniques, Edmond Rossi nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.
Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire du Pays d’Azur.
Auteur de nombreux ouvrages, il présente régulièrement des chroniques historiques dans le quotidien Nice Matin et sur les ondes Radio France Bleu Azur.
Connaître le passé de la région des Alpes Maritimes ?
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10:22 Publié dans DECOUVERTE DU PASSE, HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0)
09/05/2011
LES DESTRUCTIONS MASSIVES DU XVIIIème SIECLE
La guerre de succession d'Espagne fût douloureusement ressentie à Saint Laurent du Var. Les notables du village ont fait le récit de leurs malheurs dans un mémoire remis au commissaire des états de Provence chargés de déterminer l'assiette de l'impôt royal.
Tout d'abord pendant la nuit du 18 janvier 1704 un coup de main des troupes de Savoie met Saint Laurent au pillage, des habitants sont tués, les meubles de valeur, l'argent monnayé, le bétail sont emportés et, bien entendu, la population ne toucha jamais la moindre indemnité pour les dommages évalués à 6000 livres.
Deux ans plus tard, en mars 1706, l'armée française, commandée par le duc de la Feuillade, passe dans le Comté de Nice, Saint Laurent doit loger les officiers, fournir des magasins où entreposer le foin et l’avoine, des maisons sont démolies en vue de construire le four à cuire le pain des troupes.
Le même embarras recommence au mois de décembre où les régiments du duc de Berwick passent le Var pour aller faire le siège du château de Nice.
Nos villageois ne sont pas au bout de leur peine. En juillet 1707, le marquis de Sailly, lieutenant général des armées de Sa Majesté Très Chrétienne, campe sur les bords du Var avec environ 5000 hommes, les militaires dévastent le terroir sous prétexte d’y récolter le fourrage nécessaire à leurs bêtes, ils coupent sans discernement les arbres dans les propriétés privées pour faire des fascines et piquets employées dans les retranchements aménagés le long du Var.
Mais le 11 juillet, l'armée ennemie des Impériaux pénètre en Provence par Saint Laurent et pousse son avance jusqu'à Toulon, arrêté dans son élan elle rétrograde vers la fin du mois d’août « en sorte, disent nos témoins, que ladite armée, soit en entrant, qu'en sortant de la Provence pillèrent ledit lieu, prirent aux habitants tous leurs plus précieux meuble, brûlèrent les autres avec leur grain versèrent leur vin et huile, coupèrent leurs vignes, quantité d'oliviers et contraignirent les habitants à faire des grosses dépenses pour garantir leur vie en les obligeant de quitter le lieu ».
Les bonnes gens se consolèrent en organisant des farandoles au cours desquelles on chantait des couplets satiriques sur l’envahisseur et ses chefs, le duc de Savoie et le prince Eugène.
La guerre continue. En juin et juillet 1709, un millier d’hommes construisent des fortifications sur les rives du Var. Il faut loger les ingénieurs et leurs commis, installer les fours, logements et magasins pour la subsistance des ouvriers et de la troupe. Conséquence : les habitants ne peuvent cultiver leurs terres ni rien semer, de sorte que l’année suivante force leur était de serrer la ceinture. Quant aux indemnités, on pouvait courir pour les toucher ! En conclusion, tout séjour de troupe, même amie, se soldait par des dommages certains pour les habitants.
D’après le livre« Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » (Editions Sutton) pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 22 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
Un Peu d’Histoire… évoque quelques moments du passé tumultueux de Saint Laurent du Var. De l’Antiquité à nos jours ces 70 chroniques illustrées permettent un survol varié propre à éclairer l’histoire de la région bien au-delà de celle d’un simple village provençal placé à l’embouchure du Var.
Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.
Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.
Grâce à ces chroniques, Edmond Rossi nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.
Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire du Pays d’Azur.
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02/05/2011
LES DOULOUREUSES GUERRES DU XVIIIème SIECLE
En juillet 1707, à l’occasion de la guerre de succession d’Espagne, les troupes françaises refluèrent en Provence. Le duc de Savoie Victor et le Prince Eugène firent construire deux ponts, l'un à Saint Laurent, l'autre à Carros (entre Gattières et Carros) vers le pont de la Manda, par lesquels les troupes impériales envahirent la Provence.
C'est le 11 juillet que le prince Eugène faisait son entrée à St. Laurent, le 12 à 9 heures c'était le tour du duc de Savoie mais après leur échec devant Toulon les troupes impériales repassaient le fleuve fin août.
Les Austro-Piémontais, après avoir franchi le col de Tende avaient, en juillet 1707, mis à mal les pauvres Laurentins. Les troupes de Louis XIV qui stationnaient dans le bourg furent sauvagement repoussées.
Les ennemis passèrent le Var à l'improviste et un document de l'époque rapporte
«qu'ils surprirent et entrèrent dans le village en ayant tué quelques personnes, pillèrent et saccagèrent les pauvres habitants avec une violence extraordinaire et un excès qui a surpris les ordres militaires, n'ayant même pas épargné le violemment ».
Pendant la guerre de succession d'Autriche, le 2 avril 1744, l'armée franco-espagnole campait à St. Laurent dans le dessein d'attaquer la Lombardie en passant par Gênes, les troupes entreprirent la traversée du Var à gué.
Deux frégates anglaises canonnèrent les Français à Saint Laurent mais, bombardées à leur tour, elles durent se retirer. On construisit pour le passage des convois un pont, partie sur pilotis, partie sur chevalets en face de St. Laurent, seule la route de St. Laurent était carrossable à cette époque.
Nice fut occupée par l'armée franco-espagnole, celle-ci avança jusqu'à Oneglia. Puis Louis XV et Philippe V abandonnèrent l'idée de pénétrer en Lombardie en passant par la Riviera italienne. Une grande partie des troupes repassa le Var en juin 1744 prenant la route du Dauphiné.
La nuit du 17 au 18 octobre 1746, les troupes franco espagnoles furent contraintes par les Austro-sardes de quitter Nice, elles passèrent le Var en hâte, coupèrent les ponts et établirent leur camp entre le village et la mer.
Le duc de Savoie Charles-Emmanuel, vint sur la rive gauche du Var inspecter ses troupes et se documenter sur les positions prises en face par ses adversaires.
Avec l'aide des Anglais qui avaient des vues sur Toulon, port militaire, les Austro-sardes se préparèrent à envahir la Provence cette armée fut placée sous les ordres de Browne.
St. Laurent dans son passé fut fier de son rôle de sentinelle du bord du Var, mais ces périodes historiques devaient lui faire regretter cette responsabilité.
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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.
Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.
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09:58 Publié dans DECOUVERTE DU PASSE, HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0)