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16/09/2007

SAINT LAURENT AU XVème SIECLE

Louis XI s'assurera la possession du Comté au nom du Royaume de France. Saint-Laurent était, à l'image d'autres lieux de Provence, exsangue et dépeuplé par suite des grands fléaux médiévaux qui étaient la peste, les guerres civiles, les mauvaises récoltes synonymes de famines. A court d'argent, le roi René fit effectuer l'enquête de 1471 pour lever de nouveaux impôts. Du 14 au 30 mai, les commissaires vinrent à Cagnes où ils rencontrèrent les délégués de Villeneuve-Loubet, Saint-Laurent et Biot. Les représentants des communautés villageoises prêtent serment de dire la vérité sous peine d'une amende de 25 marcs d'argent fin. Les enquêteurs leur demandent de leur montrer leur livre d'estime (cadastre) s'ils en ont un. Parfois il n'y a aucun papier, on se satisfait alors d'une estimation rudimentaire par des encoches sur un bâton ou sur les portes des maisons. Vient ensuite la liste des « ayant feu » avec le nom des chefs de famille, c'est ainsi que sont cités pour Saint-Laurent les familles BELLOCII, BERMUNDI, BRACHII ou BRACII, PRESBITERI. La population laurentine venait d'être renouvelée par des familles ligures dont les noms furent francisés par la suite. Les enquêteurs dénombrent les maisons habitées, le cheptel, interrogent les habitants sur la fertilité de leur terroir. Selon les communautés, le terrain est plus ou moins apte au labour, à la culture du blé, au pâturage, à la vigne ou même au figuier. Le plus souvent, les villageois se plaignent de l'exiguïté de leur terroir, de sa faible valeur ou de sa mauvaise situation. Les enquêteurs s'informent de la valeur de la dîme (payable à l'église), des charges communautaires vis à vis du seigneur local (albergue, cens, services en espèces et en nature, corvées, lods, treizain). Certaines communautés remettent des « cédules » aux commissaires, il s'agit de textes annexés à l'enquête sous forme de requête. Saint-Laurent y est cité: DE SANCTO LAURENCIO DIOCESIS VINCENSIS NOVITER HABITATO (De Saint-Laurent diocèse de Vence nouvellement habité). Seigneurie de l'évêque de Vence, repeuplée par acte d'habitation du 16 février 1468. Etymologie du nom: De SANTO LAURENCIO 1033, du latin LAURENTIUS, martyr du IIIème siècle. Jusque là, le village s'appelait CASTRUM AGRIMONTIS (CHATEAU d'AGRIMONT). Le nouvel hospice dédié à Saint-Laurent prévalut pour la dénomination du lieu. Il est à supposer que le « castrum agrimontis » fut détruit, comme la population locale, par les fléaux cités plus haut. Les conditions naturelles sont favorables sur la côte, le climat est doux en toutes saisons, les habitats y sont généralement regroupés en villages perchés et fortifiés dans un but défensif, les attaques venant souvent de la mer. Les habitants des côtes craignent toujours les incursions des pirates, après avoir longtemps redouté les Sarrasins. Th. CHAPPE note d'ailleurs que Saint-Laurent avait été détruit peut-être parce que le village était situé dans une zone très plate sans aucun rempart naturel. Les razzias des villages côtiers par les pirates venus de la mer étaient à cette époque une menace permanente. La population était enlevée et vendue comme esclaves quand elle n'était pas massacrée. Saint-Laurent mal protégé a peut-être connu cette terrible épreuve. Saint-Laurent est repeuplé depuis peu au moment de l'enquête, puisque son seigneur, l'évêque de Vence RAPHAEL MONSO, a passé convention avec des familles de la Riviera Ligure (ONEGLIA actuellement IMPERIA) en 1468, après la peste noire de 1446 et 1467. Les épidémies de peste noire se succédèrent au XIVème siècle et XVème siècles. Les plus connues furent celles de 1348 à 1350, celles de 1416 et de 1451 à 1470. Cette terrible maladie venue du Japon arrêta sur son passage les guerres du moment. Dans la région de Saint-Laurent il ne resta en 1348 qu'un habitant sur trois. Le malade commençait par cracher le sang, puis sortaient sur tout le corps des taches noires (d'où le nom de cette maladie}. En deux jours, c'était la mort certaine, parfois même le malade ne vivait plus que deux heures. La ville d'Avignon fut la plus atteinte. Il mourait 1500 personnes par jour. Dans l'impossibilité de les enterrer, on mettait les morts dans la rue. La communauté laurentine compte déjà 23 feux en 1471. La moyenne générale d'habitants par feu étant estimée à cinq, Saint-Laurent compte donc 115 habitants; s'ajoute à ce nombre un forfait de 30% d'exemptés soit un total de 149 Laurentins en 1471. Les exemptés se composaient de la noblesse et du clergé séculier et régulier qui ne payaient pas d'impôt foncier, ainsi que des indigents non imposables parce que sans ressource. Le clergé régulier est représenté à Saint-Laurent par l'ordre militaire des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui ont remplacé les Templiers supprimés au début du XIVème siècle et ont repris leurs biens. Les ressources de la communauté laurentine sont maigres: pas de bétail recensé; figuier, lin et chanvre utilisés par l'artisanat local, blé; labour dans le quartier voisin du MALVAN. La vigne n'apparaît qu'aux environs de VENCE et de SAINT -PAUL et peut-être modestement sur les proches collines de Saint-Laurent. Par analogie avec Cagnes (qui n'a pas connu les péripéties de Saint-Laurent), les animaux, quand ils sont recensés, comptent généralement: des vaches, des bœufs de labour, des animaux de bât (chevaux ou mules, rarement des ânes) et surtout un cheptel important d'ovins et caprins (Baillie de Saint Paul: Bêtes à laine 1471: 12.760, 1956: 314 Bêtes à comes 1471: 808, 1956: 177).  L'élevage semble avoir joué au XVème siècle un grand rôle dans le relèvement économique de la région, il a favorisé le repeuplement des villages abandonnés. Il était plus aisé de mettre des bêtes en pâture que de reconquérir des terres cultivables. Cette activité donnait lieu à une foire importante au BROC où s'établissaient, à la Sainte Luce, les transactions sur les bestiaux et les peaux. Le terrain accidenté, le manque d'irrigation (les norias viendront plus tard), l'absence d'engrais, les moyens primitifs de labour à l'aide d'une araire, entraînaient des rende­ments agricoles précaires. L'image dégagée par l'analyse de cette étude est celle d'un élevage prospère et d'une agriculture de subsistance. On note également cette constatation d'ordre général: si, au début du Moyen-age, l'arrière-pays est plus peuplé que la côte, une inversion s'opère au début du XIVème siècle (vers 1325), après la crise économique et l'épidémie de peste noire. Durant les siècles suivants, le déséquilibre entre l'intérieur et la côte ne fera que s'intensifier. En effet les chiffres de population de Saint-Laurent accusent cette progression spectaculaire: 1471: 149 h, 1765: 814 h, 1856: 1194 h, 1861: 774 h, 1911: 2205 h, 1936: 4825 h, 1946: 4006 h, 1954: 5623 h, 1962: 8136 h, 1968: 10.189 h, 1974: 15.495, 1978: 22.160 h, 2000 : 27141 h. La courbe s'inverse pour des villages comme Amirat, Bezaudun ou Coursegoules. L'exemple du relèvement démographique de Saint-Laurent au XVème siècle par l'immigration n'est pas isolé, cette situation s'amplifiera au cours du XVème siècle. Les nouvelles familles viennent surtout de la Ligurie voisine, des groupes de Gênes, Menton, Sainte-Agnès, vallée d'Oneille furent conseillés et résolurent de s'installer en Provence; ils furent pendant vingt cinq ans exonérés de charges fiscales. Les uns s'établirent au TIGNET, d'autres de la région de FIGOUNIA fondèrent MONS puis ESCRAGNOLLES, 70 familles de même origine, réoccupèrent BIOT, plus tard la GAUDE reçut un contingent important de familles génoises. Les obligations chiffrées et détaillées à l'issue de l'enquête sont exceptionnellement nulles pour Saint-Laurent du fait de son repeuplement récent. Si la redevance avait dû être acquittée, 'elle se serait composée, selon le cas, d'une certaine somme en argent (Florins) et d'une certaine quantité de produits du terroir, le plus souvent: blé, figues vertes, chanvre, lin, raisin, vin et même agneaux, chevreaux et chevaux. La dîme était obligatoire et réglée en nature. Les impôts divers dus au seigneur du lieu et à la Cour Royale étaient payés partie en argent, partie en nature. Il fallait ajouter à cela les charges dues pour frais militaires (construction de remparts) et le remboursement des emprunts souscrits par les communautés en période de calamité ou de disette. La lecture de ce document fait apparaître des charges particulièrement excessives pour les communautés. Saint-Laurent renaissant échappe pour un temps à ces pénibles exigences.

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09:55 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE

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