EN PASSANT LE VAR

Par la victoire de Marignan en 1515, François 1er conquiert le Milanais, l'ère des guerres d'Italie est close. Mais en 1519, Charles-Quint étant devenu empereur d'Allemagne, s'ouvre une longue lutte entre la France et l'Autriche qui se disputent la prépondérance sur l'Europe. C'est en juillet 1524 que les troupes impériales de Charles-Quint franchirent le Var à gué, venant des provinces d'Italie, elles le repassèrent le 5 octobre, poursuivies par les troupes de François 1er commandées par Montmorency. Dès cette époque, la vie de Saint-Laurent est liée aux péripéties des guerres, puisque situé à la frontière et son sort est celui des passages successifs de la frontière naturelle que constitue le Var. En juillet 1536, Charles-Quint passe le Var à la tête de ses armées pour envahir la Provence, il le refranchit en septembre après avoir subi une importante défaite. En 1538, François 1er vint à Nice pour rencontrer le pape Paul III {médiateur de la trêve de Nice) et l'empereur Charles-Quint; en cette circonstance un pont de bateaux est édifié pour lui permettre la traversée du fleuve. C'est en août 1543 que le Duc d'Enghien, qui allait assiéger Nice, franchissait le Var à gué et le repassait pareillement le 9 septembre de la même année. Ces passages successifs entraînèrent, en septembre 1536, lors du retour des Impériaux, décimés par la famine et la maladie, la destruction et le pillage de Saint-Laurent. C'est également à gué que le Duc de Guise passa et repassa en septembre 1600. Le 17 juillet 1623, 1 'histoire nous apprend que des pirates débarqués à l'embouchure du Var de sept galères, ravagèrent la campagne niçoise. Les habitants de Saint-Laurent fuirent le massacre et les violences en se réfugiant dans des tours destinées à cet effet et situées sur les hauteurs de la campagne laurentine, la plupart d'entre elles résistèrent aux assauts des pirates, sauf la tour des Serres, qui fut incendiée; les familles qui y avaient trouvé refuge périrent dans les flammes. Ces pirates venus d'Alger étaient conduits par deux renégats provençaux, connaissant le pays. La tour des Serres se situait sur la rive gauche.  L'insécurité continue; en mars 1629 le Duc de Guise franchit le Var à l'aide d'un pont de bateaux démonté aussitôt. 12.000 fantassins, et 1.000 chevaux passèrent le Var. En avril 1629, après la paix de Suse, la ville de Nice fit un pont de 22 bateaux de pêche attachés ensemble pour activer le retour des Français. L'armée se retira en désordre et les paysans arrêtèrent et tuèrent les soldats débandés. Les fortes crues et l'ignorance du gué firent le reste. De sorte que l'armée du Duc de Guise se retira en piteux état. Au temps de la guerre de la Ligue d'Augsbourg en 1690, le Duc de Savoie, Victor Amédée II entre dans la Ligue. Aussi, la France ayant déclaré la guerre à la Savoie, les ambassadeurs des deux pays furent échangés avant l'ouverture des hostilités sur une île située au milieu du fleuve. Le 12 mars 1691, Catinat franchit le Var à gué, en face de Gattières pour assiéger Nice. Des entretiens secrets à Saint-Laurent préparèrent un coup de main sur Nice à l'initiative d'un niçois au service du Roi, J.B. FERRERO, et de compatriotes renégats. (HILDESHEIMER). A cette époque ( 1696), la communauté villageoise de­mande son inscription à l'Armorial de France. Ses armoiries se présentent ainsi « de gueules à un gril d'argent, la queue en haut accostée de deux lettres L et S en or .» En 1704, le village fut pillé, Mr. de BLAGNAC fit à lui seul pour 119.816 livres et 18 sols de dégâts. En face de Gattières, le Duc de Feuillade passa le fleuve le 3 mars 1705 pour attaquer Nice lors de la guerre de succession d'Espagne.  La France ayant rompu la trêve, le 30 octobre le Duc de Brunswick traversa le Var à gué, mais une forte crue coupa pendant quelques jours les troupes françaises qui attaquaient Nice du reste de la Provence. En 1706, les maisons du village furent démolies pour faciliter le ravitaillement des armées. Un an plus tard, le marquis de Sailly, Lieutenant général des armées du Roy, donna l'ordre de faire couper les plus beaux arbres des propriétés, afin d'édifier des fascines et consolider les retranchements militaires le long du Var. Mars 1706: on loge les officiers, on fournit des magasins pour le foin et l'avoine, 12 fours à pain sont construits en démolissant des maisons. La tension reprit aux frontières du bord du fleuve en 1709.

 

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