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29/01/2009

SOUVENIRS DE LA GUERRE 1939-1945 (4)

35 LE HAUT DE LA RUE DESJOBERT EN 1915.jpg

TÉMOIGNAGE DE MADAME GASTAUD

 

De son nom de jeune fille Madame GASTAUD s'appelle AR­NAUD. Sans parler des contemporains, c'est un nom bien connu à St-Laurent-du-Var, comme en témoigne l'avenue Léonard AR­NAUD. Mais la notoriété de la famille remonte bien plus loin dans le temps. C'est ainsi qu'un des arrière-arrière-grands-pères de Mme GASTAUD, Jean-Antoine ARNAUD, vit le jour à Saint­Laurent-du- Var le 12 février 1792. C'est ce qu'atteste un authen­tique acte de naissance pieusement conservé sous verre. Tout jeune, Jean-Antoine participa à la campagne de Russie et, de lon­gues années plus tard, se vit décerner la Médaille de Sainte-Hé­lène, instituée par Napoléon III pour commémorer la mort de son oncle, Napoléon 1er, le 5 mai 1821. Cette véritable relique est, elle aussi, précieusement conservée dans un cadre vitré et consti­tue à n'en pas douter, indépendamment de son inappréciable va­leur sentimentale, une véritable pièce de musée. Pour passion­nant qu'il soit, Mme GASTAUD n'a évidemment aucun souvenir personnel de ce passé lointain. En revanche, elle peut nous parler avec une très grande précision de la vie à St-Laurent-du-Var pen­dant les années d'occupation et cela pour deux raisons: d'abord, à aucun moment entre 1940 et 1944 elle n'a quitté la commune; ensuite, la jeune fille qu'elle était alors tenait un journal person­nel dont elle a eu l'amabilité de nous lire quelques extraits. Bien entendu, M. GASTAUD assiste à notre entretien. Il nous dira qu'ils se sont mariés en 1952; qu'il est originaire d'un village de l'ar­rière-pays niçois - Revest les Roches - où son père, qui en était le maire pendant la guerre, a joué un rôle important dans la résis­tance locale, puisque le maquis opérant sur le territoire de la com­mune bénéficia de sa protection. M. GASTAUD lui-même, quoi­que tout jeune à l'époque, servit parfois d'agent de liaison à son père. Mais il nous dit que nous sommes venus écouter Mme GASTAUD nous parler de St-Laurent et il lui laisse la parole.

Nous savions déjà, comme beaucoup de monde, que, pendant de longues années, Mme GASTAUD exerça les fonctions de coprésidente de la Croix-Rouge à Saint-Laurent-du-Var, mais nous ignorions que sa vocation (c'est nous qui employons ce terme) était née dès 1939, avant même le début de la guerre. C'est à cette époque, avec trois religieuses et plusieurs jeunes filles de la localité, qu'elle commença de s'occu­per à titre bénévole, est-il besoin de préciser ? du dispensaire municipal qui se trouvait alors dans l'actuelle avenue du Général Leclerc. Plus tard, ce dispensaire fut détruit ainsi qu'une grande partie des immeubles de la rue, lors d'un bombardement qui causa également de lourdes pertes en vies humaines. Après la guerre, il fut reconstruit sur l'emplacement de la clinique DJIBOUTI, de­venue clinique de St-Laurent-du-Var et il y fut adjoint une mater­nité. Mentionnons au passage, en parlant d'après-guerre, que la future Mme GASTAUD allait devenir conseiller dans la Munici­palité BERENGER, ainsi, d'ailleurs, que Mme PETIT, l'autre coprésidente de la Croix-Rouge. Mme GASTAUD vivait avec ses parents avenue des Pugets. Ils y possédaient une maison qui existe toujours, légèrement en contrebas de la villa où se déroule notre entretien. C'est dans cette ancienne maison que la future Mme GASTAUD passa toute la guerre, son père n'ayant jamais voulu quitter son domicile, même au plus fort des bombardements. La famille se réfugiait simplement dans la cave de la maison. Toutefois, cette cave, adossée à un monticule, n'était qu'à moitié souterraine. Or, elle était de vaste dimension et, quel­quefois, jusqu'à une quarantaine de personnes venait s'y réfugier pendant les alertes. Il faut dire qu'une partie de la population de St-Laurent avait évacué le quartier de la gare et le centre-ville et s'était provisoirement repliée aux RASCAS, y compris plusieurs commerçants. Cela n'allait pas sans préoccuper M. ARNAUD qui imaginait avec effroi le véritable carnage qu'une bombe causerait si elle tombait sur le pseudo-abri.

Plus tard, la violence des bombardements devait d'ailleurs ame­ner beaucoup de laurentins, surtout des femmes et des enfants, à s'installer dans l'arrière-pays en attendant des jours plus calmes. Ce fut une période éprouvante car, au danger des raids aériens, s'ajoutaient les privations, mais encore les contrôles et autres me­sures imposés par les Allemands, parfois aidés par des policiers ou des miliciens français. S'agissant des difficultés du ravitaille­ment, les enfants furent naturellement les premières victimes, malgré les efforts de tous, surtout après la destruction du dispen­saire. Un seul exemple à ce sujet: Mme GASTAUD a noté dans son journal, à la date du 22 juillet 44, que la ration habituelle de pain- déjà maigre et quel pain! - avait été remplacée, ce jour-là, par une distribution de galettes, 3 par personne.

Le journal permet de dater avec précision de nombreux autres faits plus ou moins marquants mais dont chacun, à l'époque, avait son importance. Par exemple :

Aujourd'hui, tout le monde sait que le raid le plus meurtrier fut celui du 26 mai 44. Mme GASTAUD, elle, peut préciser que la veille il y avait déjà eu 3 alertes: à midi, à 13h30 et à 18 heures et ainsi de suite: le 29 juin alerte... le 12 juillet, bombardement.

A cette date, Mme GASTAUD a noté qu'on avait parlé de 40 avions et pourtant aucun pont ne fut touché. Nouveau bombarde­ment le 1er août, si violent qu'on crut qu'il s'agissait du débar­quement. Encore un raid le 2 août à 14 heures qui dura 2 heures et coûta la vie à 5 femmes, pourtant réfugiées dans un abri de la ville. Un plombier, M. ROUX eut plus de chance. Il devait, en effet, être dégagé sain et sauf des décombres sous lesquels il était resté enseveli jusqu'au soir. Mme GASTAUD nous dit encore qu'après chaque bombardement, le Père DECAROLI ( Autre figure de la Résistance locale) et les religieuses, ainsi qu'un docteur du nom de ROUBAUDY, se dé­pensaient sans compter pour apporter soins et réconfort aux bles­sés. Quand se produisit le raid du 26 mai, elle se rappelle, sans avoir besoin de consulter son journal, que, dans un premier temps,

Les corps des victimes furent déposés dans un local de la coopéra­tive NEROLIUM (M GASTAUD nous a appris que ce mot vient de NEROLI, essence extraite de la fleur d'orange alors abondante à St-Laurent-du-Var), qui n'existe plus et était située approxima­tivement au bas de la Corniche Fahnestock.

Les obsèques eurent lieu, par la force des choses, le jour de la Pente­côte. Tout, évidemment, était perturbé: Cette année-là, compte tenu du danger auquel la population et, en particulier, les enfants revenus pour la circonstance, auraient été exposés, la 1 ère communion solen­nelle n'eut pas lieu dans l'église du vieux village mais dans la cha­pelle de Ste-Pétronille,

Mme GASTAUD continue de feuilleter son journal: le 3 août, nouveau bombardement des ponts du Var, jusqu'au pont Charles ­Albert. Tous les raids, heureusement, n'étaient pas dévastateurs et Mme GASTAUD évoque cet appareil solitaire qui, plusieurs nuits, survola St-Laurent sans causer le moindre dommage: "chaque fois on entendait son moteur et on avait fini par le baptiser l'avion  fan­tôme",

Il y avait même des événements à marquer d'une pierre blanche, tel le mariage d'une amie. Il fut célébré à l'Ecole Michelis et à l'église, Mais il fallut faire vite et la noce fut interrompue, un moment, par des avions qui mitraillèrent la rive du Var. Il y eut aussi une fausse joie, le jeudi 17 août 44, Soudain, les cloches s'étaient mises à sonner et tout le monde se dirigea vers le village tandis qu'un drapeau trico­lore était déployé au sommet du clocher. Mais un homme - il appar­tenait à la Défense passive - qui revenait justement du village fit savoir qu'il y avait erreur et qu'il fallait rentrer chez soi, car les alle­mands occupaient encore l'autre rive du Var. Et en fait, toute la jour­née et tard dans la nuit, leur artillerie pilonna St -Laurent -du- Var, aveu­glément puisque plusieurs obus endommagèrent des tombes dans l'ancien cimetière. Enfin ce fut le 27 août! Petit à petit, mais sans jamais oublier, la ville pansa ses plaies. La vie ne devait d'ailleurs reprendre un cours à peu près normal que des semaines plus tard et, dernier exemple extrait du journal de Mme GASTAUD, dans le vieux village, si éprouvé, le courant électrique ne fut totalement rétabli que le samedi 30 septembre 1944. St-Laurent libérée reprenait goût à la vie !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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