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11/09/2009

SOUVENIRS DE LA GUERRE 1939-1945 (10)

SAINT LAURENT DU VAR SOUS LES BOMBES (8).jpg
TÉMOIGNAGE DE MONSIEUR ET MADAME MARIUS DANIEL

Monsieur Marius DANIEL est né dans le vieux village et Ma­dame DANIEL, née Louisette GHETTI, arriva à St-Laurent à l'âge de 4 ans; puis ses parents s'installèrent à la Baronne. Ils se marièrent en 1943 à Ste-Petronille et viennent donc de fêter leurs noces d'or.

Après son mariage, Monsieur DANIEL continua d'exercer à mi-temps son métier de coiffeur tout en consacrant le reste à aider ses beaux-parents à cultiver trois hectares, partie en produits ma­raîchers, partie en pré et arbres fruitiers. Ce pré permettait d'en­tretenir 1 ou 2 vaches dont le lait, denrée devenue précieuse du fait des restrictions, assurait pour une part le ravitaillement fami­lial en beurre et fromage et, pour le surplus, servait de monnaie d'échange contre d'autres produits rares ou était vendu au mar­ché de Nice, le long du Paillon. Donc, les produits de la campa­gne atténuaient la rigueur des restrictions mais, naturellement, l'occupation n'entraînait pas que des problèmes de subsistance et de réglementation (car il valait mieux ne pas avoir affaire aux agents du contrôle économique). Par exemple, pour se protéger des bombardements aériens, un abri avait été creusé en forme de tunnel à environ 200 m de la maison des GHETTI, sous un petit monticule, dans la propriété d'un voisin, M. PANCINI :

" Quand L'alerte sonnait, on courait s'y réfugier et on se retrou­vait à plusieurs familles, environ une douzaine de personnes dont 1 bébé, un petit garçon et notre nièce âgée de 5 ans. Quelquefois, quand on croyait qu'on n'aurait pas le temps d'aller jusqu'au «tunnel», on se réfugiait chez M. FABIO, un autre voisin dont la propriété était en face de notre maison, de l'autre côté de la route. Ce Monsieur avait construit un abri sous une large dalle circu­laire dissimulée par une tonnelle de glycine. Mais le plus sou­vent, on allait jusqu'au «tunnel» et nous y avons passé plus d'une nuit. L'intérieur en avait été plus ou moins aménagé, il y avait de la paille et des bougies ou une lampe à pétrole, qui servait quand on avait du pétrole, mais le confort laissait vraiment à désirer ".

D'autres souvenirs affluent, qui ne sont pas aussi folkloriques.

Tantôt l'une tantôt l'autre, les DANIEL se rappellent : «dans les derniers temps de l'occupation, des unités allemandes qui se re­pliaient vers l'Est passèrent une journée entière à la campagne . A la nuit tombante, ils partirent, mais le lendemain, d'autres arrivèrent également pour la journée.

"Les premiers avaient coupé les branchages des arbres pour ca­moufler leur matériel et pendant tout ce temps - c'est Madame DANIEL qui parle - "réfugiée dans le "tunnel" avec les autres, je me demandais si les allemands n'allaient pas tous nous tuer avant de partir définitivement". "Un autre jour, reprend son mari, peu de temps avant la libération, des jeunes FFI sont venus, très tôt le matin, nous prévenir que les allemands emmenaient avec eux tous les hommes qu'ils trouvaient sur leur passage et qu'il fallait se cacher" ; ce que firent Monsieur DANIEL et ses voisins. Ils échappèrent donc à la rafle.

"La dernière nuit, les allemands ont incendié le pont des Pugets. Il était en bois et ils avaient dû l'asperger d'essence car tout a flambé d'un seul coup. Vu de la chapelle, on aurait dit un feu d'artifice !".

Dernière évocation : le jour même de la libération de St-Laurent­-du-Var, donc le 27 août 1944, alors que les autres étaient encore dans le "tunnel", Monsieur DANIEL était allé cueillir des figues dans un arbre qui avait été épargné et qui surplombait la 209, au pied des quelques marches conduisant à la maison. A ce mo­ment, arrive un groupe de jeunes laurentins appartenant aux FFI locales. Monsieur DANIEL se rappelle : "certains étaient à pied, d'autres avaient un vélo ou avaient pris place à bord d'une vieille camionnette. Quelques-uns étaient armés d'un revolver ou d'un fusil. Ils ne se sont pas arrêtés, mais me voyant dans le figuier, ils m'ont crié que St-Laurent était libérée et que les Canadiens les suivaient. C'était vrai et les premiers sont arrivés quelque temps après". Pourtant, Madame DANIEL ne fut pleinement rassurée

Evidemment, Madame DANIEL ne pouvait pas le savoir mais c'est exactement ce que les Allemands tentèrent, avec quelque succès, quelques mois plus tard et sur une bien plus grande échelle, dans les Ardennes belges.

qu'après avoir constaté qu'il s'agissait bien de soldats alliés et non d'une arrière-garde allemande "déguisée" pour tromper la population.

Poursuivant leur route, les FFI se heurtèrent, environ 1 km au delà de la propriété, à un groupe de 12 hommes composé d'un sous-officier allemand et de 11 soldats d'origine polonaise. Le gradé n'était pas disposé à se rendre mais quand il donna l'ordre de tirer sur les français et alors qu'il s'apprêtait à le faire lui-même, ses hommes l'abattirent avant de se rendre aux FFI. Ces derniers, les conduisirent dans la cour des GHETTI où leurs ar­mes furent déposées, en attendant que les premiers éléments al­liés arrivent et prennent le contrôle de la situation. Il fallut en­suite enterrer l'allemand et comme personne ne voulut que ce fût dans sa propriété, on finit par lui donner une sépulture au bord du Var, en contrebas de la 209, dans une tranchée bordée de ro­seaux que les allemands avaient creusée quelque temps aupara­vant sans jamais l'utiliser. Ce qui rend ce souvenir encore plus poignant, c'est que bien des années plus tard, des civils allemands qui étaient venus, avec l'accord des Autorités Françaises, pour exhumer le corps, repartirent sans en avoir trouvé la moindre trace. Personne n'a jamais su ce que sont devenus les restes du malheu­reux. Cinquante ans après cet événement, Monsieur et Madame DANIEL le regrettent sincèrement. Mais c'était la guerre et rien, ce jour-là, n'aurait pu les empêcher de participer à la liesse géné­rale.

 

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17:32 Publié dans MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire

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