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28/08/2010

LES « GUEYEURS », DE VALEUREUX ANCÊTRES CHARGÉS D'ASSURER LA TRAVERSÉE DU VAR

GUEYEUR DE SAINT LAURENT.jpg

 

Depuis les origines des temps, le fleuve Var a constitué pour l’homme un dangereux obstacle dans sa progression côtière. Aussi, une étape s’imposait avant cette traversée délicate. Saint Laurent du Var naîtra de cette nécessité géographique.

De ce fait, les hommes occupant le site seront mis à contribution dans l’aide et l’assistance apportées au franchissement du fleuve, et ceci, jusqu’à la construction définitive d’un pont.

Dans l’Antiquité, le passage périlleux du Var sera résolu par une passerelle en bois qui ne résistera pas aux crues récurrentes du fleuve. Au Moyen-âge conscientes de ce problème, les autorités religieuses soucieuses de faciliter le flux des pèlerins circulant vers Rome et Saint Jaques de Compostelle vont garantir le passage du fleuve.

Dans un premier temps vers l’an 1000 la présence de moines munis de chevaux, suivie au XIIème siècle par l’installation d’un hospice sur la rive droite vont satisfaire à cette exigence. La traversée s’effectuera en barque pour le franchissement du gros bras du fleuve et à pied pour le reste du gué. Il en sera ainsi pendant cinq siècles jusqu’à la construction d’un pont en 1792.

Les offrandes laissées par les voyageurs à l’hospice vont déclencher durant un siècle des querelles d’intérêts entre les ordres monastiques et l’évêque de Vence seigneur du lieu.

Au XVème siècle, après la renaissance du village repeuplé en 1468, suite aux épidémies et aux pillages, il appartiendra aux nouveaux habitants venus de la proche Ligurie, d’assurer la traversée du Var. Les « Riveraschi » , hommes robustes désignés par le Consul (Maire) rempliront cette mission.

« Les gueyeurs ou barquiers doivent être des gens choisis et craignant Dieu

  1. Qui fréquentent les sacrements et fassent leurs Pâques chaque année,
  2. Qui portent un « tableau » (tablier) autour de leur ceinture,
  3. Qui ai de la pudeur et de l’honnêteté envers les personnes du sexe,
  4. Qu’ils soient charitables envers les pauvres et traitables envers les autres,
  5. Qu’ils ne soient points abrutis par le vin pour ne pas se noyer et noyer les autres ! »

Les Gueyeurs vont s’acquitter ainsi de leurs devoirs dans le cadre d’une une véritable confrérie soumise à des règles strictes contrôlées par un « juge des gueyeurs ».

Néanmoins, au XVIIIème siècle, les services des gueyeurs se dégradent : indélicatesses en tous genres, voyageurs volés et rançonnés, prestations d’un prix exorbitant, litiges et incidents divers conduiront même certains gueyeurs jusqu’à la prison. Cette situation persiste pendant plus de  15 ans, entraînant les autorités à confier la gestion du passage du Var à un entrepreneur privé.

C’est ainsi qu’en 1758 M. Ferron obtient la charge d’organiser la traversée du Var en recrutant des gueyeurs permanents et appointés. Les candidats doivent être « jeunes, vigoureux, sages et tenus de s’habiller de façon à éviter tout scandale et toute indécence ».

En 1760, le traité de paix de Turin impose de nouvelles règles avec un retour de la traversée du fleuve à la charge de la communauté :

 

 

  1. « La communauté rétablira la barque sur le gros bras du Var.
  2. Elle nommera 12 gueyeurs « les plus propres, les plus experts dans cette fonction, parmi lesquels elle choisira les plus capables pour avoir l’inspection des autres.
  3. Ils se tiendront deux de chaque bord, depuis le lever au coucher du soleil.
  4. Ils sonderont et marqueront les passages difficiles avec des piquets et fascines, le bois (barque, cabane, abri) sera à la charge de la communauté.
  5. Les gueyeurs seront toujours vêtus décemment avec des caleçons ou ceintures  et ne pourront passer les voyageurs lorsqu’il y aura du danger, dont ils seront partant obligés de les avertir.
  6. Ils passeront les pèlerins gratuitement.
  7. Le salaire est de 6 sols d’argent de France. »

Enfin, deux gueyeurs devront accompagner chaque voyageur durant la traversée du fleuve.

En 1791, 12 gueyeurs sont encore mentionnés pour s’acquitter du service de franchissement du Var.

1792 marque la fin du gué, avec l’installation du premier pont en bois sur le Var, pour le passage des diligences.

Les gueyeurs ne réapparaîtront ensuite que lorsque le pont sera coupé par les crues du fleuve.

Ainsi en 1808 on signale encore 10 gueyeurs en activité vêtus d’un tablier tenu à la ceinture.

Une anecdote de cette époque, rapportée par M. Trastour issu d’une famille de gueyeurs, fait état d’un geste d’honnêteté de son ascendant. Cet ancêtre avait trouvé une bourse chargée de pièces en or perdue par un voyageur au cours du passage du Var. Trastour se mit en route sur ses traces et parvint à le rejoindre pour lui restituer son bien.

Le voyageur le remercia sans plus, en lui disant simplement : « Mon gaillard il y avait là suffisamment pour assurer ton futur et ne plus jamais travailler ! »

La frontière est de nouveau rétablie sur le Var en 1815 entre le royaume de France et les Etats de Piémont-Sardaigene, le pont est alors divisé en deux !

En 1860, la frontière disparaît avec l’annexion du Comté de Nice à la France. Un pont de pierre, routier et ferroviaire, sera construit  quatre ans plus tard.

Le pont de bois situé en face du village est restauré en 1865, il sera détruit en 1869.

Aujourd’hui les gueyeurs ne sont plus qu’un souvenir concrétisé par une rue du Vieux Village et l’installation récente d’une statue  sur un rond point au bas de la rue de l’Ancien Pont.

Une « Fête des gueyeurs » sur l’initiative du « Comité de Sauvegarde du Vieux Village » conserve la mémoire de ces robustes et légendaires laurentins qui oeuvrèrent pour leur prochain durant quatre siècles afin d’assurer dignement le passage du Var.

Leur patron, Saint Christophe fêté le 21 août est également celui des porte-faix.

Les gueyeurs sont une particularité exceptionnelle unique en France dont peut s’enorgueillir Saint Laurent du Var.

D’après le livre« Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » (Editions Sutton) pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 22 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Un Peu d’Histoire… évoque quelques moments du passé tumultueux de Saint Laurent du Var. De l’Antiquité à nos jours ces 70 chroniques illustrées permettent un survol varié propre à éclairer l’histoire de la région bien au-delà de celle d’un simple village provençal placé à l’embouchure du Var.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.

Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.

Grâce à ces chroniques, Edmond Rossi nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire du Pays d’Azur.

Auteur de nombreux ouvrages, il présente régulièrement des chroniques historiques dans le quotidien Nice Matin et sur les ondes Radio France Bleu Azur.

 

Connaître le passé de la région des Alpes Maritimes ?

Cliquez sur http://pays-d-azur.hautetfort.com

 

 

15/08/2010

LES TEMPLIERS A SAINT LAURENT DU VAR

UN TEMPLIER.jpg

 

Les Templiers ont joué un rôle considérable dans l’histoire du Moyen-Age.

En dépit des archives et des travaux qui ont partiellement démystifié leur vocation, les chevaliers de « la croix et des roses » conservent encore une auréole de mystère.

Leur consécration au sommet de la gloire et de la puissance, suivie d’une brutale chute dans l’ignominie n’est pas le moindre des paradoxes attachés au destin singulier de ses moines soldats.

A son apogée en 1253, l’Ordre comptera 15000 frères et 3468 châteaux, forteresses et maisons dépendantes, ainsi que quelques 9000 commanderies en Occident.

Incontestablement, la richesse des Templiers causera leur perte, après avoir suscité la convoitise coupable de leurs détracteurs.

Arrêtés dès  1307, après d’invraisemblables accusations, les chevaliers au blanc manteau à croix rouge périrent dans les flammes après des procès iniques et des aveux incohérents obtenus sous les pires tortures.

Bien que guerroyant contre les Infidèles en Palestine et dans la Péninsule ibérique, leur présence est attestée dans toute l’Europe occidentale, mais c’est sans doute dans les Alpes Maritimes qu’ils sont le mieux « dotés » .

C’est vers 1135, à la suite d’un accord entre le Pape et l’Empereur d’Allemagne, suzerain de la Provence que les Templiers sont appelés dans la région pour défendre les populations contre les dernières invasions sarrasines.

Installés à Nice en 1193, les Templiers vont étendre leur domaine de chaque côté du Var, notamment à Grasse, Biot, Vence et Rigaud.

Ouvert vers la mer et l’Orient, grâce aux ports d’Antibes, Cannes et Nice, ce territoire constitue une base arrière importante. Rappelons qu’à la saisie des biens de l’Ordre, on recensait dans les Alpes Maritimes 724 « tenures » et 654 membres du Temple, en dehors de la Viguerie de Nice et de l’Est du département (faute de documents).

Saint Laurent du Var, installé sur la rive droite du Var, a contrôlé de tout temps le gué le plus direct pour rejoindre Nice.

Si nous savons avec certitude que les Templiers s’installèrent  sur la rive niçoise dès  1135, la première mention d’un hospice fondé en face par Raimbaud de Vence, ne date que de 1162. Cet hospice dédié en 1205 à Saint Laurent, destiné à accueillir pèlerins et voyageurs, passera dans les mains de plusieurs ordres religieux dont  certains prélevèrent un droit de péage pour la traversée du Var à dos de mulet.

Un procès opposera longtemps l’évêque de Vence, seigneur du lieu, aux moines augustins détenteurs temporaires de l’hospice, au sujet des profits accumulés par ces derniers. Ils seront finalement chassés sur l’autre rive en 1328.

Un acte de vente de terres sises à Saint Laurent du Var fut effectué le 23 avril 1208 par devant le notaire Maître Isnard. Le nouveau propriétaire, commandeur des Templiers, se nommait G. Olivier Audier. Ainsi le Temple s’installait sur les deux rives du Var.

Les biens du Temple signalés à Saint Laurent du Var, relevaient de la commanderie de Nice, en charge du passage du fleuve. Les restes de l’hospice, contigus à l’église paroissiale,  sont encore visibles aujourd’hui.

D’après le livre« Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » (Editions Sutton) pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 22 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Un Peu d’Histoire… évoque quelques moments du passé tumultueux de Saint Laurent du Var. De l’Antiquité à nos jours ces 70 chroniques illustrées permettent un survol varié propre à éclairer l’histoire de la région bien au-delà de celle d’un simple village provençal placé à l’embouchure du Var.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.

Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.

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Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire du Pays d’Azur.

Auteur de nombreux ouvrages, il présente régulièrement des chroniques historiques dans le quotidien Nice Matin et sur les ondes Radio France Bleu Azur.

 

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EDMOND ROSSI dédicacera ses derniers ouvrages au "Festival du livre de montagne" samedi 21 août 2010 à GUILLAUMES  dans la haute vallée du Var.

09:34 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0)

05/08/2010

UN DOCUMENT CAPITAL POUR SAINT LAURENT DU VAR : LA BULLE DU PAPE CLEMENT IV DE 1267

        

SCENE PAYSANNE AUTOUR DU MOINE REGISSEUR.jpg

 

« Clément évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à ses chers fils le commandeur et les frères de l'Hôpital du Var de l'ordre de Saint Augustin, au diocèse de Vence, salut et bénédiction apostolique. La Sacro-sainte Eglise Romaine a coutume de chérir d'un mouvement tout naturel, en raison de sa piété accoutumée, qui lui est un devoir, ses fils dévoués et humbles et, afin qu 'ils ne soient pas inquiétés par les agissements d'hommes dépravés, de les réconforter, telle une pieuse mère, par le rempart de sa protection.

C'est pourquoi, chers fils dans le Seigneur, faisant écho de bon cœur à vos justes demandes, nous prenons sous la protection de Saint-Pierre et la nôtre vos personnes et le lieu où vous vous consacrez au service divin, avec tous les biens que vous possédez présentement à bon droit ou que vous pourrez acquérir à l’avenir par de justes moyens, avec l'aide du Seigneur. Spécialement, nous confirmons à vous-mêmes et, à travers vous, à votre hôpital, par notre autorité apostolique, les dîmes, terres, possessions, maisons, vignes, revenus, jardins, granges, prés, pâturages et tous les autres biens, tels que vous les possédez tous justement et pacifiquement, et nous les garantissons par la protection du présent écrit, en réservant, pour ce qui est des susdites dîmes, le droit de décision des conciles généraux. Qu’il ne soit donc permis à aucun homme de briser ce présent acte de protection et de confirmation que nous accordons ou d'aller à son encontre par une téméraire audace. Mais si quelqu'un était assez présomptueux pour commettre un tel attentat, qu'il sache qu'il encourrait l'indignation de Dieu Tout-puissant et des saints apôtres Pierre et Paul.

Donné à Viterbe, le 5 des ides de février, la deuxième année de notre pontificat. »

Le pape par cet acte prend sous la protection du siège apostolique les frères de l’hôpital du Var, leur établissement et leurs biens, dont il leur confirme la possession.

Rappelons que le gué de Saint Laurent eut une place essentielle au Moyen-Age, époque de pèlerinages religieux, d’une part de l’Italie vers Saint Gilles et Saint Jacques de Compostelle et d’autre part en sens inverse de l’Espagne et de France vers Rome.

Selon un acte de 1472, la fondation d’un hospice avec bac est attribuée à une dame d’Agrimont ( ?).

L’historien Alain Venturini situe cette fondation en 1150, avec une première mention en 1162. Placée sous l’étroit contrôle de l’évêque de Vence, l’institution est confiée à une douzaine de chanoines de l’ordre de Saint Augustin, venu de Saint Laurent d’Oulx dans le Piémont.

Cette œuvre d’utilité publique se développe et sa prospérité devient telle qu’elle acquiert des biens à Cagnes, Nice, Plan du Var et même dans la vallée de la Vésubie.

En 1300, la corruption et le relâchement de la discipline et des mœurs conduisent le pape Boniface VIII à confier la gestion de l’établissement aux Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem. L’évêque de Vence va manœuvrer en 1327, pour être désigné comme gestionnaire de fait par le pape Jean XXII.

Les appétits de l’évêque de Vence seront tempérés par les Niçois en 1344 et limités à une rente annuelle de 100 setiers de froment.

Le destin de la Maison du Var se poursuit avec une nouvelle crise en 1428, consécutive à une décadence morale entraînant l’expulsion des derniers chanoines Hospitaliers. Les terres et bâtiments sont alors confiés à l’archidiacre de Vence qui se révèle incapable de les gérer.

L’Hospice tombe en ruines et le passage du gué devient payant avant l’acte d’habitation de 1468. Il sera fait alors obligation aux gens du lieu d’assurer gratuitement le passage du Var avec confirmation faite en 1485.

 

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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.

Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.

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09:32 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : histoire