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10/05/2015

SAINT LAURENT DU VAR SOUS LES BOMBES

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Saint Laurent du Var, avec ses ponts franchissant le fleuve, va encore une fois pâtir de sa situation stratégique à l’occasion de la seconde guerre mondiale.

Le trafic routier s'étant considérablement intensifié au XX ème siècle, un deuxième pont routier fut construit à l'embouchure du Var en 1939, cet ouvrage comportait trois tabliers. Achevé en 1943, il fut bombardé en 1944 et démoli en 1945 à cause de la construction de l'Aéroport de Nice. Son usage fut très limité dans le temps.

Les ponts du Var furent attaqués dès  1943 par l'aviation alliée en dépit du système de protection de la D.C.A. allemande, installée sur les collines de Montaleigne et de Caucade. Une première attaque sans résultat eut lieu le 17 novembre 1943 à 6 heures du matin, puis une autre le 18 décembre. Le pont routier accolé à celui du chemin de fer fut entièrement détruit, les culées du pont sautèrent. Une troisième attaque interrompit le trafic le 2 janvier 1944. Une passerelle en bois fut alors construite pour les piétons et cyclistes, en face du village, et un pont en bois destiné aux véhicules automobiles plus en amont au quartier des Baraques. Le 26 mai, une violente attaque aérienne détruisit partiellement un train arrêté en gare de Saint Laurent, causant de nombreuses victimes. Deux nouveaux bombardements eurent lieu les 4 et 7 juin, endommageant sérieusement le pont du chemin de fer. Pendant 10 jours le trafic sera interrompu. Nouvelle attaque le 12 juillet, puis à la veille du débarquement en Provence d'août 1944, des raids successifs furent entrepris par l'aviation alliée pour anéantir les voies de communications adverses, faisant de nombreuses victimes, notamment celui du 6 août.

C'est un total de 23 bombardements que dut subir la petite cité, lesquels détruisirent 103 maisons et en endommagèrent partiellement 782, faisant 70 morts et 23 blessés.

Sinistrée à 40%, Saint Laurent fut libérée le 27 août 1944 par une colonne motorisée de l'armée canadienne. Sa population avait été évacuée dans la commune voisine de Cagnes, à cause des pilonnages aériens.

La lutte de la résistance fut active. Elle eut pour conséquence l'arrestation et la déportation de 8 Laurentins. Signalons que 16 domiciliés à Saint Laurent ont comparu à la Libération devant une cour de justice ou une chambre civique pour faits de collaboration avec l'occupant nazi.

Avec la Libération, le pont de chemin de fer et le pont routier furent remis en état dans les mois qui suivirent.

Le 10 janvier 1945, moins de cinq mois après le départ des troupes nazies, le premier train de voyageurs franchissait le pont.

Les souffrances endurées par la petite cité et ses habitants ont, d'ailleurs, été reconnues par une citation à l'ordre du régiment délivrée le 11 novembre 1948.

Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze.

Pour connaître les belles histoires du riche passé des Alpes Maritimes consultez la colonne de gauche de cette page où sont présentés les livres de l’auteur Edmond ROSSI.

 

Sous l’image de la couverture, le titre du livre, il suffit de cliquer sur celui-ci pour lire sa présentation.

01/05/2015

DURANUS : LE VILLAGE MAUDIT DE ROCCASPARVIERA

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Roccasparvièra, “ La Roche de l’épervier ” (situé à une trentaine de kilomètres au nord de Nice et à 3 km au nord-ouest de Coaraze) dresse ses ruines confondues à la roche grise dont elle émane à 1100 mètres d’altitude, au-dessus du col Saint Michel reliant les vallées de la Vésubie et du Paillon.

Ce village fantôme porte l’empreinte de légendes sanglantes, où curieusement le crime se mêle à l’anthropophagie dans un contexte de vengeance. Au Moyen Age, ce lieu sera maudit par la reine Jeanne, après l’assassinat de ses enfants servis au repas du réveillon de Noël 1357. Plus tard, pendant les guerres de la Révolution, de sauvages barbets, réfugiés dans ses ruines, feront manger à des soldats français le cœur de l’officier meurtrier de leur père.

Véritable nid d’aigle ou plutôt d’épervier selon son nom, le village, dominé par les restes de son château, s’accroche sur une crête rocheuse surveillant le col, passage obligé d’une voie intervallée empruntée depuis les origines de l’humanité. Pour l’atteindre aujourd’hui à partir des routes modernes, il faut compter une bonne heure de marche, au départ du hameau de l’Engarvin au nord de Coaraze ou de Duranus.

Une cinquantaine de bâtisses ruinées s’entassent dans une enceinte, avec les traces d’un four et d’une citerne. Seule subsiste intacte, sur une plate-forme au sud, la chapelle Saint Michel, restaurée en 1924 sur les restes de la paroissiale.

La découverte de céramiques et de tuiles romaines atteste d’une occupation des lieux dès cette époque, probablement poste de guet. On y a même trouvé un silex taillé et une hache en serpentine verte polie, qui repoussent la fréquentation du site à des temps plus lointains (Néolithique).

Roccasparvièra pénètre pour la première fois dans l’Histoire dans deux chartes du XIIIe siècle, recensant les paroisses dépendantes de l’évêché de Nice ; on y dénombre 15 feux en 1264 (environ 86 habitants). En 1271, l’église paroissiale est déjà dédiée à Saint Michel, pourfendeur du démon, exorciseur des lieux élevés, remplaçant souvent une divinité païenne de la montagne.

A la même époque, profitant de la faiblesse du pouvoir central, le premier seigneur augmente son autonomie avant d’être soumis brutalement comme d’autres feudataires de la région.

Le fief est confisqué en 1230 et racheté partiellement en 1239 par Guillaumes Richieri (Riquier), sans l’approbation de Raymond Bérenger V. L’enquête de Charles Ier de 1251 recense les droits et revenus du village avec exemption de corvées.

Le 6 Mars 1271, un des membres de l’illustre famille niçoise des Riquier prête hommage au souverain, ils seront coseigneurs de Roccasparvièra, avec un certain Faraud en 1309. Un état des feux de 1316 en attribue 26 à Roccasparvièra (67 à Coaraze) soit environ 150 habitants.

Une acquisition progressive du fief par le domaine royal devient définitive en 1351. Cette année là, l’église rapporte 14 sols de bénéfice au diocèse. Huit ans plus tard, Pierre Marquesant rachète la totalité du fief pour 700 florins d’or.

C’est à cette époque que se situe l’invraisemblable légende de la reine Jeanne. A la nouvelle qu’elle vient de manger le fruit de ses entrailles, elle s’enfuit comme une folle en hurlant des imprécations contre ce lieu maudit où s’est accompli un aussi abominable forfait : “ Rocca rouquina, rocca malina, un jou vendra que su la tieù cima, cantera plus gal ni galina ” (Roche rousse, roche méchante, un jour viendra où sur ta cime ne chantera plus ni le coq ni la poule).

Edmond ROSSI

Pour connaître les belles histoires du riche passé des Alpes Maritimes consultez la colonne de gauche de cette page où sont présentés les livres de l’auteur Edmond ROSSI.

Sous l’image de la couverture, le titre du livre, il suffit de cliquer sur celui-ci pour lire sa présentation.

Edmond ROSSI, invité d’honneur de la 18ème « journée du livre » qui se tiendra le 9 mai 2015 place de l’église, dans le « Vieux Village » de Saint Laurent du Var, dédicacera ses livres de 9h à 18h.

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11/04/2015

SAINT LAURENT DU VAR DÉCRIT PAR LE « PÉRE DE LA CÔTE D’AZUR »

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Stéphen Liégeard inventeur du vocable de « Côte d’Azur »a décrit celle-ci en 1894 dans un ouvrage qui tient du guide avec en plus des anecdotes et des impressions personnelles témoignant d’une observation attentive d’un terroir appelé à séduire les foules de touristes.

Voici comment il distingue Saint Laurent du Var, niché sur la rive droite du Var :

« Saint-Laurent du Var – un cru au muscat délicieux - entraînons à notre suite le gourmet assuré d'une agréable halte.

Saint-Laurent, avant 1860, était poste de douanes, le Var, alors formait frontière. Nous dirions de ce hameau qu'il se mire au fleuve, si le fleuve, en dehors des crus, offrait assez de surface  humide pour refléter une image. Qu'on en juge par cet aveu naïf d’une affiche de la fête patronale réglant, au mois d'août dernier, les conditions de courses d'hommes à travers le lit du Var ! Suchet et Rochambeau, à l'aube du siècle, y défendirent vaillamment le passage contre l’Autrichien. Aujourd'hui, l'habitant se contente d'y protéger ses primeurs contre les retours agressifs du froid. L'asperge y prospère, entre toutes, rivale de celle de Saint Mandrier. Depuis l’annexion, un viaduc aux travées de fer porte nos locomotives sur la rive opposée et les arrête à la station du Var. Arrêtons-nous aussi un instant, et contemplons celui que les Romains avaient dénommé Varum (varius), par allusion à la variété de ses caprices.

Un peu d'eau sur beaucoup de sable, voilà son ordinaire. Queuelques flaques dormantes, des

ruisselets jaunâtres courant et se jetant à la mer bleue, ne paraissent justifier, dès l’abord, d’un lit aussi vaste, ni un si large estuaire. Sur cette grande route endiguée dont les courants semblent les fossés, on se prend à chercher le cantonnier, casseur de pierres. Mais regardez à l 'horizon là-bas se dressent les glaciers, et gare aux fontes de neiges ! Sortant de deux sources l'une au vallon d'Astench, qui tarit parfois, l'autre sans cesse bouillonnante, qui sourd de la montagne du Garret, - ce fleuve du Var, à mesure qu'il descend de ses hauteurs lève le tribut sur tous les torrents des Alpes Maritimes. Tantôt se précipitant par les formidables défilés de ses clus vierges de soleil, tantôt semblant se jouer en d'agrestes bassins, il reçoit dans un cours de trente-cinq lieues à peine, la Tuébie, la Roudoule, la Tinée, la Vésubie, l’Esteron,impétueux affluents qui, tour à tour, teintent ses ondes de noir, d'ocre, de pourpre, selon les couleurs des roches, et en font, à leur gré, le plus utile des amis ou le plus redoutable des tyrans. Qui le qualifira selon ? Envahisseur, capricieux, infidèle, il déserte volontiers les cailloux roulés de son lit pour découcher sur les terres voisines, et volontiers encore il prête sa force aux usines riveraines ou sa fraicheur aux cultures qui l'implorent. On saura au juste, ce qu'il vaut, en se rappelant que centupler son volume est un jeu pour lui, qu'il peut, de vingt-huit mille litres par seconde porter son débit à quatre millions, et pousser le tout à deux lieues vers le large.

Les tribunes du champ de courses s'adossent à son embouchure. Du wagon, on aperçoit le turf avec ses obstacles, ses haies, ses pelouses et sa petite rivière. Les Niçois eussent peut-être mieux fait de consacrer ce champ à des naumachies, car, par un phénomène de météorologie non expliqué jusqu'ici, la pluie tombe encore plus fréquemment que les jocheys sur son sol ensorcelé. Il est vrai que le Var est là, toujours alréré à cette époque, et qu'il reçoit le   'trop-plein de la piste, avec une reconnaissance égale à celle du Mançanarès pour le verre d'Alexandre Dumas ».