20/08/2014
LA GUERRE 1939-1945 À SAINT LAURENT DU VAR
Au cours des années 1940 à 1944, période parmi les plus douloureuses de notre histoire, la ville de St Laurent du Var, a, bien sûr, ressenti les grands événements qui ont jalonné la vie de notre pays: le désastre de 1940, l'occupation, la libération... Après la défaite de nos armées en 1940 et l'armistice qui s'en est suivi, la France a été scindée en plusieurs parties :
- une zone annexée: Alsace et une partie de la Lorraine;
- une zone réservée: Ouest de la Lorraine, Vosges, Belfort; - une zone interdite: Nord -Pas de Calais;
- une zone occupée par les Allemands: au Nord d'une ligne allant d’Hendaye à Tours-Moulins et Nantua;
- une zone "non occupée" au Sud, gouvernée depuis Vichy. En novembre 1942, après le débarquement des américains et des britanniques en Afrique du Nord et le sabordage de la flotte à Toulon, la totalité de la France fut occupée par les Allemands à l'Ouest et les italiens à l'Est. Le partage entre ces deux nouvelles zones d'occupation était délimité par une ligne Nantua - Vienne Valence- Avignon - Aix, la Corse étant entièrement sous domination italienne.
Cette occupation italienne, peu dense et plutôt débonnaire, n'a pas laissé de trop mauvais souvenirs aux laurentins. Le P.C. italien était installé à la villa " La Collinette" surplombant la N.7 à la hauteur du marbrier. Les Italiens ont également occupé, à Montaleigne, le " Château" appartenant alors à M. et Mme Fahnestock et la villa Cybla avenue de la Libération (ex départementale 209).
Après la capitulation italienne, le 8 Septembre 1943, notre région est occupée par les Allemands qui se livrent à une fortification intensive du littoral azuréen de Théoule à Menton.
Ils avaient installé leur PC à "la Collinette", des unités de DCA étaient stationnées le long du Var au Nord et au Sud des ponts, leurs batteries mises en place aux Plateaux fleuris et au Quartier du Lac. Les Services fonctionnaient près de l'ancienne mairie à la villa « La Marjolaine » qui se trouvait à la place du supermarché « Monoprix», ainsi qu'aux établissements Gimello (avenue de Gaulle près « d'Intermarché »).
Il ne semble pas que la vie matérielle des Laurentins sous l'occupation ait été très éprouvante. La commune était, en effet, en grande partie agricole et les services de la Mairie, sous l'impulsion du maire, M. Ravet et de la secrétaire de mairie, Mme Mathieu, délivraient abondamment tickets de ravitaillement, voire faux papiers, à ceux qui en avaient besoin. En revanche, les exigences allemandes, les pressions physiques et psychologiques, les gênes de toutes sortes apportées à la vie quotidienne, ont été de plus en plus difficiles à supporter.
La résistance s'est surtout développée à partir de la fin 42, favorisée par le refus des jeunes de se soumettre au service du travail obligatoire (S.T.O.) en Allemagne, organisé par le gouvernement de Vichy sous la pression du vainqueur, et un des chefs départementaux de la Résistance fut un laurentin, Georges Foata alias « capitaine Morgan ». Huit laurentins ont été déportés.
Puis, ce fut la dure période des mois qui ont précédé les débarquements et ont vu se succéder à un rythme accéléré et une puissance progressivement accrue, les bombardements des alliés sur les ponts du Var et la cité laurentine ! 23 attaques ont été subies, notamment les bombardements du 26 mai - qui a détruit partiellement un train de voyageurs à proximité de la gare et des 2 et 6 août, particulièrement meurtriers pour la population restante. Beaucoup de familles, en effet, s'étaient refugiées à Cagnes, à Montaleigne ou dans l'arrière-pays pour échapper aux risques des bombardements alliés, souvent imprécis en raison de la DCA allemande, qui obligeait les avions à larguer à haute altitude. Le bilan s'est élevé à 10 tués, 23 blessés, 103maisons détruites et 762 endommagées. St-Laurent était sinistrée à 40 %. Les souffrances endurées par notre cité et ses habitants ont, d'ailleurs, été reconnues par une citation à l'ordre du régiment délivrée le 11 novembre 1948 et dont le texte est le suivant : Saint-Laurent-du-Var- Département des Alpes-Maritimes : " Petite ville des Alpes -Maritimes très éprouvée pendant la dernière guerre. A subi vingt-trois bombardements au cours desquels cent trois maisons ont été détruites et sept cent soixante deux partiellement endommagées. La liste de ses soixante-dix morts, vingt trois blessés et huit déportés atteste élogieusement de la contribution apportée par sa population et par son groupement de Résistance à l’œuvre de la Libération."
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze.
Enfin, le 27 août 1944, une colonne motorisée canadienne, venant de Cagnes libérait Saint-Laurent, non sans qu'un dernier accrochage avec les Allemands, retranchés square Djibouti (Benes), fasse deux victimes: deux résistants, Ledieu et Abonnel, qui ouvraient la route aux canadiens et dont le sacrifice est matérialisé par une plaque apposée au N° 550 avenue de la Libération et au pied de laquelle une gerbe du souvenir est déposée chaque 27 août, par la Municipalité.
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09/08/2014
LA LIBÉRATION DE SAINT LAURENT RACONTÉE PAR UN TÉMOIN: HONORÉ ODDO
Voici un témoignage capital sur la libération de Saint Laurent du Var le 27 août 1944, recueilli par le « Souvenir français » auprès de Monsieur Honoré ODDO aujourd’hui disparu. Cette personne, dont la famille est également très connue à Saint-Laurent-du-Var, avait alors 29 ans. Il se rappelle parfaitement cette journée de plein été qui devait lui procurer, comme à toutes les laurentines et à tous les laurentins, une joie facile à imaginer. Il ne peut cependant effacer de sa mémoire la tragédie dont il fut le témoin direct. "Saint-Laurent, nous dit-il, comptait à l’époque un peu plus de 4.500 habitants. Toutefois, après le bombardement du 26 mai, une bonne partie de ceux-ci, surtout les femmes et les enfants, s’était provisoirement réfugiée dans les communes environnantes. Ma femme et nos 3 enfants étaient à Vence». Cela, Monsieur ODDO, qui faisait aussi souvent que possible le trajet aller-retour à vélo, ne l'a pas oublié non plus! Il continue: "on savait que les alliés étaient tout près, puisque Antibes et Villeneuve-Loubet avaient déjà été libérées. Le plus gros des forces allemandes avait quitté St-Laurent environ 2 jours plutôt mais il en restait encore et personne ne pouvait dire si elles allaient livrer combat ou non". Quant aux services publics, ils continuaient à fonctionner tant bien que mal. L’alimentation électrique, en particulier, sauf dans le Vieux- Village, était toujours assurée. Cela aussi, Monsieur ODDO s'en souvient, lui qui travaillait pour Sud-est Electricité, la compagnie qui allait devenir EDF et dont il est retraité depuis plusieurs années. Mais, en ce dimanche 27 août 44, il n'était pas de service. " Pourtant, précise-t-il, en ce temps-là, on ne faisait plus la différence entre les dimanches et les autres jours de la semaine. J'habitais ici depuis 1929 ("ici", c'est la propriété qui s'appelait la Grand’ Vigne et autour de laquelle il n y avait encore que très peu d'habitations). Comme je l'ai déjà dit, on attendait les alliés d'un jour à l’autre et on écoutait la radio qui diffusait des messages de plus en plus nombreux à l'intention de la résistance". A ce moment de notre entretien, Monsieur ODDO nous montre, précieuses reliques que les ans ont rendues fragiles et que nous manipulons, par conséquent, avec précaution, un certificat délivré par la commission militaire locale du Conseil National de la Résistance ainsi qu'une attestation émanant de la subdivision militaire des Alpes-Maritimes. Ces deux documents qui datent de l'immédiate après guerre stipulent que " Monsieur Honoré ODDO a servi volontairement et avec honneur dans les FFI de mai 1943 à octobre 1944". "Donc, reprend notre interlocuteur, sans avoir des informations aussi précises que celles dont devaient disposer notre Maire, Monsieur RAVET, ou l'Abbé DECAROLI, le curé de la paroisse ou d'autres résistants comme Messieurs FOATA ou HEBERT, nous savions que notre libération était imminente. De là à dire quand et par où les alliés arriveraient... Dans l'après-midi, il devait être 16 heures, je suis allé faire un tour dans les vignes qui longeaient, d'un côté la départementale 209 devenue l'avenue de la Libération et de l'autre, l'actuel boulevard de Provence. Je suis allé jusqu’à la chapelle qui existe toujours, à la jonction des deux voies où s'arrêtait la vigne. Tout ce terrain appartenait alors à ma famille. Soudain, j’entends un bruit de moteur provenant de derrière ma maison, le long de la 209. Instinctivement, je m'allonge sur le talus bordant la route et, presque tout de suite, je vois arriver un peu plus haut (entre l'actuel croisement OSSOLA-LIBERATION et la chapelle) un half-track précédé d'assez loin par 4 français à vélo. Ils étaient en civil mais deux d'entre eux portaient un fusil en bandoulière et un grand drapeau tricolore. Le drame s'est joué en quelques secondes. On sut par la suite que les Allemands avaient installé une mitrailleuse au pied du monument aux morts qui se trouvait alors dans le jardin public (devenu le square BENES). Il y avait très peu de maisons et à l'abri du petit remblai qu'ils avaient formé, les Allemands pouvaient prendre la route en enfilade. En plus, ils étaient malins et ne se sont montrés qu'au dernier moment, juste pour tirer. Deux des cyclistes -l'un d'eux était Monsieur RAVET, le Maire - ont eu le temps de les voir et se sont jetés à plat ventre sur le côté droit de la route. Moi aussi, j’ai aperçu les Allemands et je n'ai pas bougé. De toute façon, pour les deux autres cyclistes, c'était trop tard. Une seule rafale et ils sont tombés du côté gauche de la route, tués sur le coup. Alors, les Allemands sont partis en courant, avec leur mitrailleuse, en direction du Var, c'était fini. Le Half-track qui était resté en arrière n'a même pas eu le temps de riposter. Je me rappelle qu'un homme m'a rejoint sur la route où j'étais descendu. On nous a demandé d'évacuer les deux corps et je suis vite retourné jusque chez moi où j’ai pris un charreton sur lequel nous les avons chargés tandis que le Half-track se remettait en marche, toujours précédé de Monsieur RAVET et du 4ème cycliste. L'autre homme et moi nous avons remonté la 209 jusqu'à ce qu'on rencontre d'autres véhicules militaires. C'étaient des canadiens qui allaient finir de libérer Saint-Laurent. Les deux tués s'appelaient Gabriel ABONNEL et Jean-Clément LEDIEU. Ils étaient des Vespins. Je ne les oublierai jamais". Saint-Laurent-du-Var n'oublie pas non plus. La ville a fait placer une plaque commémorative en hommage aux deux hommes, le long de l'avenue de la Libération, à l'endroit même où ils tombèrent pour la France et, depuis, toutes les Municipalités la fleurissent chaque année, le 27 août.
Cette année sera célébré le 70ème anniversaire de la libéation de Saint Laurent du Var.
19:02 Publié dans DECOUVERTE DU PASSE, HISTOIRE, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
19/07/2014
VERS LA FIN DES RECONSTITUTIONS HISTORIQUES FESTIVES...
Les animations à caractère historique seraient-elles passées de mode ? La question se pose avec la mise en sommeil successive des « Médiévales » de Cagnes, de la « Fête des Gueyeurs » de Saint Laurent du Var, à La Gaude où les amis d’Obélix négligent leurs menhirs cette année faute de fêter « Gaulgauda". Même la célèbre « Castellada » de Nice a disparu du programme estival. Ainsi s’allonge la liste de l’abandon progressif des animations orphelines de l’histoire locale, ceci en dépit d’un réel engouement populaire…
Félicitons les communes qui maintiennent haut et ferme le flambeau d’une tradition festive autour d’événements qui relatent leur passé historique. Seuls Villeneuve Loubet conserve sa « Fête de la Renaissance » un soir d’août, tout comme Biot qui persiste avec le triomphal succès de son « Festival templier » du printemps !
Ainsi s’écrit « l’Histoire » à l’aune de nos contemporains. Personnellement à l’origine de la « Fête des Gueyeurs » de Saint Laurent du Var, je ne puis que regretter son absence en 2014.
L’avenir nous dira ce que deviendront les reconstitutions historiques festives propices au maintient de la mémoire des nouvelles générations.
EDMOND ROSSI
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