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06/03/2015

SAINT LAURENT DU VAR: L'ACTE D'HABITATION DE 1468

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L'ACTE D'HABITATION DU 16 MAI 1468,

APRÈS L'ÉPIDÉMIE DE PESTE ET AUTRES CALAMITÉS

 

 Exposé à tous les dangers, ravages par les guerres, dévastées par les inondations du Var, l’antique castrum d’Agrimont, le futur Saint Laurent du Var, voyant encore sa population réduite à néant par le redoutable fléau de la peste fait appel à un repeuplement à l’initiative de son seigneur l’évêque de Vence.

 

L’acte d’habitation de Saint Laurent du Var est loin d’être unique puisque ce mode de repeuplement, sous la forme d’un bail emphytéotique, a été établi avec des familles d’origine italiennes: à Mons en 1260 et 1468, à La Gaude en 1338, à Cipières et Caussols en 1368, à La Napoule en 1461, à Biot en 1470, à Mouans Sartoux, Le Tignet et Cabris en 1496, de nouveau à La Napoule en 1623 et 1709 et enfin à Mandelieu en 1706.

 

Les pages suivantes précisent à plusieurs reprises, dans le jargon des notaires du XVème, les droits acquis par les emphitéotes "Lazarin Viani & Bertin Braqui présents lors de la signature.

 

« Au nom de notre seigneur Jésus Christ ainsi soit il. L'an de la nativité du seigneur 1468 et le 16ème jour du mois de may sachent tous présents et avenir que le Révérend Père en Jésus Christ Monseigneur Raphaël par la miséricorde de Dieu Evêque de Vence et les Vénérables Messires Loüis Marini & Raphaël Hoandis chanoines de l'Eglise cathédrale de la cité de Vence, capitulans et tenans leur chapitre dans la maison épiscopale et dans la chambre de parlement au son de la cloche selon la coutume, les autres Mrs les chanoines étant absents hors du diocèse de Vence, pour le bien, l'utilité et l'augmentation de ladite maison Episcopale & ledit Révérend Seigneur Evêque & ses successeurs dorénavant & considérant que le lieu d'Agrimont ou soit l'hôpital du Var du Diocèse de Vence est inhabité & qu'à cause de l'inhabitation tombe dans un grand danger et intérest de ladite maison épiscopale et du seigneur évêque et ses successeurs, et que le terroir dudit lieu inhabité avec le passage, pâturages, Bancs, tavernes, dixmes dudit lieu inhabité & aussy le dixme du lieu de Cagne, avec la Barque et Batteau qui sont sur le fleuve du Var pour le passage des personnes et Bestiaux de l'évêque de Vence ont accoutumé d'etre arrentées tous les ans pour deux cent et dix florins & plusieurs fois Beaucoup moins & comme ledit Révérend Seigneur Evêque et lesdits Mrs les chanoines cherchent l'utilité, le bien et augmentation de ladite maison Episcopale, ainsi qu'ils sont obligés, ont trouvé plusieurs hommes qui veulent et désirent habiter audit terroir avec leurs

 

familles, Etablir et Edifier un village audit terroir et y habiter à perpétuité avec leurs familles, à scavoir au nombre de trente et peut être davantage, et agréger ledit terroir d'arbres fruitiers & arracher les Infructueux suivant leur pouvoir et prêter homage audit Révérend Seigneur Evêque de Vence et à ses successeurs, et pour tout le terroir, passages, pâturages, herbages, Bocage, et autres Revenus payer tous les ans audit Révérend Seigneur Evêque et à ses successeurs le service de deux cents cinquante florins, gouverner et conduire la Barque et Batteau, ainsy qu'ont accoutumé de faire jusqu'à présent les fermiers du terroir du Lieu d'Agrimont ; Réservé audit Seigneur Evêque et ses successeurs la majeure directe, domaine et seigneurie dudit terroir, à scavoir en interposant les lauds et apercevant les treizins, et les dixmes dudit terroir, ainsy qu'il est dit cy après, et les dixmes dudit lieu de Cagne. De là est que convoque les susdit vénérable Chapitre au lieu que dessus donnant leur consentement et volonté audit Révérend Seigneur Evêque pour faire, donner, accorder, et promettre toutes et chacunes choses cy après Ecrites de sa Bonne foy et accordé à nouveau bail & Emphiteose perpetuel, et à titre de rente à Làzarin Viany et Bertin Braqui de la vallée D'Oneille diocèse d'Arbengue la presente, & tant en leurs noms propres et de leurs successeurs qu'au lieu et comme procureurs d'Antoine Carens, Etienne Carens, Jean Masse, Philippe Masse, à feu George, Marequet Icard, Lazare Braquy, Raphael Berton Gleize George de Ulzainonne aussy de ladite vallée de loca, de la vallée d'Oneille supérieure, Etienne Viany de ladite vallée d'Ulzainonne, aussy de la vallée & Philippe Aimerie à feu Dominique d'Antoine, Aimerie de feu Termy, de Guillaume Aimerie de feu Berton, de Christo Marii, aussy de la vallée d'Oneille, d'Antoine Constans, paroissant de leur procuration et pouvoir par un acte public reçu et signé par Me Ruphin Merizany notaire public du lieu de Nanu septième du mois de mars mil quatre cens soixante huit jour de samedy indition première, et aussy au lieu et nom de tous et chacuns quy voudront choisir et nommer jusqu'à trente habitants, s'ils en veulent prendre, presens et acceptants sous les pactes, chefs et prétentions cy après Ecrittes, tout le terroir dudit Lieu inhabité d'Agrimont, & hopital de St. Laurent du fleuve du Var à scavoir depuis ledit fleuve du Var, jusqu'au terroir du lieu de Cagne, de la mer jusqu'au terroir du puget et autres confronts et termes plus veritables sy aucuns y en a, avec tous les édifices des Maisons et logements et autres quelconques, construits et édifiés audit terroir, & aussy avec les herbages, Bocages, passages, Pâturages, et autres Emoluments dudit terroir (franc et libre à présent audit Révérend Seigneur Evêque en vertu de la donnation à nouveau bail le service susdit) Item la Barque et Batteau avec tous leurs Engeins sur le fleuve du Var, suivant la Convention et coutume de la Barque avec les Emoluments proffits et Charges qu'on a accoutumé de prendre pour la Barque le Batteau et non autrement pour avoir, tenir, posséder, donner, accorder, vendre, Engager, ou obliger perpétuellement louer et aliéner a quelque titre d'aliénation que ce soit, et à toute personne qu'ils voudront et faire tout ce qu'il leur plaira auxdits nouveaux emphitéotes, & leurs successeurs et héritiers à l’avenir, Excepté à Gens de guerre, lieux et personnes Religieuses, Juifs et autres personnes deffendû par le droit, sauf seulement et réservé dès à présent et à toujours au susdit Réverend Seigneur Evêque et à ses successeurs, et à ladite Eglise, la majeure directe domaine, seigneurie dudit terroir et terres, preds, maisons, Casaux, jardins et autres choses quelconques Immeubles situées et construites au même terroir en interposant les lauds et apercevant les treizeins, toutes et quantes fois lesdites maisons, Casaux, preds, jardins, vignes, terres et autres choses viendront à etre vendues de personne en personne comme il est plus amplement déclaré cy après & sauf réserve audit Révérend Seigneur Evêque et à ses successeurs le cens annuel ou soit service qu'il retient et interpose de nouveau sur ledit terroir et ses droits et appartenences à scavoir de deux cent cinquante florins monoye courante, chaque florin conté pour trente deux sols des petits payables chaque année par lesdits emphitéotes en quatre Payements à scavoir au premier février ainsi qu'en mars, août et septembre soixante deux florins Et six gros, en continuant ainsy lesdits payements toutes les années à perpétuité.

 

Lazarin Viani et Bertin Braqui présents, et auxdits noms que dessus stipulans et acceptant tous les droits actions et raisons réelles et personnelles, mixtes, utiles et directes, pétitoires, peremptoires, perpétuelles et temporelles et toutes et chacunes les autres que ledit Révérend Seigneur Evêque a et peut avoir & pourrait avoir & en quelque manière qui luy competent & puissent et doivent luy compéter sur ledit terroir".

L’acte est signé par Raphaël Monso, évêque de Vence, et Lazarin Viani et Bertin Braqui, représentants de trente familles venues d'Oneglia, diocèse d'Albenga.

Quelques noms de ces nouveaux Laurentins apparaissent à la lecture de l’acte.

Signalée également par l’historien Tisserant (1860) la famille Pisani :

"Parmi les trente familles venues d'Oneille et d'Albenga se trouvaient les Pisani, dont les descendants achetèrent des évêques de Vence le fief de Saint-Laurent (1692) et devinrent Seigneurs de Saint-Laurent, de Puget-Treize-Dames et de La Gaude" .

Il précise par ailleurs : "L’héritière des Villeneuve-Thorenc Marie de Villeneuve-La Gaude épousa Jacques Pisani de Saint-Laurent-du- Var et de Puget (1706) ".  Ce Jacques Pisani, seigneur des Pugets se disait issu de la famille noble de Pisani, «établie à Messine.

Le même auteur écrit en 1869:"Parmi les trente familles (d'Oneille et d'Albenga) était le notaire Pisani."

Anoblis les Pisani seront seigneurs de Saint Laurent du Var de 1698 à 1773.

La lignée des Pisani liée à Saint Laurent et à La Gaude s’éteint avec Charles-François-Joseph de Pisany (en Provence le i est remplacé par y) en 1826.

Néanmoins, d’anciennes familles laurentines prétendent, aujourd’hui encore, descendre des Pisani dont le destin se mêle à celui de Saint Laurent du Var.

Selon l’enquête de 1471, effectuée à la demande du roi René pour lever de nouveaux impôts, les commissaires enquêteurs établissent une liste des chefs de famille. Sont cités : pour Saint Laurent les familles Bellocii ; Bermundi, Brachii,ou Bracii et Presbiteri, lesquels complètent la liste des nouveaux habitants du XV ème siècle.

EDMOND ROSSI

18/02/2015

L’ÉVÊQUE RAPHAËL MONSO FAIT RENAÎTRE SAINT LAURENT DU VAR

 RAPHAEL MONSO AU BORD DU VAR.jpg

Nous étions au temps où régnait en Provence le roi René (1409-1480) et où siégeait à Vence l’évêque Raphaël II Monso de Barcelone.

Raphaël Monso précédemment chanoine de Saint-Augustin, confesseur du roi de Sicile et de Jérusalem, donna vers 1466 un logement à 30 familles à Saint-Laurent du Var, à charge pour elles de passer les voyageurs d'une rive à l'autre gratuitement. Il décéda le 9 octobre 1491. Moine augustin confesseur du roi, digne et vertueux prélat que le bon roi avait placé avec l'accord du pape Pie II sur le siège de Vence laissé vacant par le décès d'Aymar de Montemajor en 1463.

Monso en prit possession dès 1463, en une bien sombre période, il gouverna le diocèse jusqu'à sa mort en 1491. C'est lui qui commanda dès son arrivée à Jacques Bellat les magnifiques stalles qui ornent encore la tribune de la cathédrale de Vence. Non seulement il dut rétablir la discipline en remettant en vigueur les anciens statuts communaux et en rédigeant avec l'aide du savant Gaspard More, jurisconsulte, son grand vicaire, les lois et coutumes du Chapitre, mais aussi en déployant sa charitéau milieu des terribles épidémies qui décimèrent son diocèse et la région provençale pendant tout son épiscopat de 28 années. Alors que la lèpre faisait encore quelques ravages, la peste se déclara en 1463 et continua par vagues successives pendant près de 70 ans. Bientôt les bourgs avoisinants furent contaminés : Villeneuve, Cagnes, Saint-Paul, Tourrettes, n'en finissaient pas d'ensevelir leurs morts, il paraît même que Nice, en 1466, perdit jusqu'à 8.000 habitants ! Saint-Laurent fut totalement déserté, les habitants de La Gaude abandonnèrent leur pays et s'enfuirent à Saint-Jeannet qui obtint alors titres et privilèges communaux.

Le digne Raphaël Monso s'avisa que seuls pouvaient protéger les Vençois de la

catastrophique épidémie, les deux saints patrons qui reposaient dans les cryptes de la cathédrale :

Saint-Véran depuis presque mille ans, et Saint-Lambert depuis trois siècles. On exhuma donc les restes des deux saints. Raphaël Monso n'ignorait pas que selon un procès verbal de 1431 conservé dans les archives du Chapitre de Vence : "Maître Milon Berthon d'Avignon avait restitué à la cathédrale de Vence plusieurs ossements de saint-Lambert, ancien évêque de Vence, jadis dérobés au tombeau dudit saint...".

Le chanoine Christophe Malamaire, plein de reconnaissance envers Saint-Lambert, lui offrit une châsse en cuivre, et l’.évêque Monso en commanda une en argent pour Saint-Véran à l'orfèvre Laurent de Pardis.

La translation des reliques fut l'objet, en 1466, de grandes solennités. La procession se mit en marche avec la participation du Chapitre de la cathédrale : messires Jean Aymontet, prévôt , Clément Alberti de Sospel, archidiacre, savant historien et théologien , Raphaël de Hondis, sacristain, Jean Bermond, Louis Mars, Antonin Guiramand, futur évêque de Digne, et Raphaël Fulconis. Il y avait également tout le clergé, celui des environs et les Vençois reconnaissants envers leurs saints protecteurs.

La peste reparut à Antibes, à Grasse, à Mougins, à Châtteauneuf, mais Vence fut épargnée.

L’évêque Monso qui ne cessait de remercier les saints patrons de leurs précieux concours, mais qui demeurait fort réaliste, profita d'un temps de répit, en 1468, pour obtenir de 1'évêque d'Albenga 30 familles de la ville d'Oneglia, sous la direction de Lazarini Viano et de Bertini Braquino, pour repeupler Saint-Laurent déserté.

On ne toucha plus aux reliques insignes qui demeurèrent dans leurs châsses à la vénération des fidèles, jusqu'à la Révolution française. En 1634, quelques ossements de Saint-Lambert furent cédés par le Chapitre et l'évêque de Vence, Pierre du Vair, au clergé de Bauduen, diocèse de Riez, lieu de naissance de Lambert. Cet événement est d'ailleurs rapporté par un document du XVIIIe

Siècle :

Le don des reliques aux habitants de Bauduen, fut l'occasion d'une fête grandiose, d'une manifestation de piété remarquable et d'un déploiement littéraire que l'on ne peut pas passer sous silence.

Les Vençois avaient toujours reconnu la protection tutélaire des saints patrons qui les avaient sans cesse préservés des terribles épidémies fort fréquentes à l'époque. En juin 1592, par exemple, le choléra sévissait dans la région, mais il avait épargné la ville de Vence. Or vers 1631, le fléau fit de nouveau son apparition, de tous côtés les victimes mouraient en masse : on supplia les saints protecteurs d'intervenir et d'éloigner la terrible contagion, on vint prier à leurs autels : Vence, une fois encore, fut épargnée.

Aujourd’hui deux reliquaires sont conservés dans la cathédrale de Vence avec les restes de ces deux grands saints protecteurs de Vence.

Le buste de St Véran en cuivre argenté (1825), situé dans le chœur, à droite, au-dessus de son reliquaire, ainsi qu’un autre buste en bois doré du 16è s. dans la chapelle St Lambert.

De même, le buste de St Lambert, en cuivre argenté (1826), situé dans le chœur, à gauche, au-dessus de son reliquaire, voir également un autre buste, en bois doré du 17è s. dans la chapelle St Lambert.

Raphaël Monso, dont le zèle était admirable, profitera d'un moment de répit en 1468, pour s’intéresse au sort malheureux de l’hospice de Saint Laurent chargé d’assurer le franchissement du fleuve aux voyageurs et pèlerins.

L’évêque de Vence, seigneur du lieu, pria son confrère d'Albenga de lui envoyer des colons pour repeupler « Agrimont et l’hôpital de Saint Laurent du fleuve Var » vidé de ses habitant suite de la peste.

C’est ainsi que trente familles de la région d’Oneglia (aujourd’hui Imperia) et d’Albenga s’installent comme en témoigne l’acte d’habitation du 16 mai 1468.

Selon ce bail emphytéotique la nouvelle communauté « versera chaque année 250 florins à l’évêque, ils auront droit de s’assembler, d’élire des syndics, des estimateurs, des arbitres et autres officiers en présence du baile ou lieutenant de l’évêque. Ils pourront avoir un four, des moulins, tavernes, hôtellerie et one boucherie. Les moulins et le four seront gratuits pour l’évêque le prieur ou le vicaire.

Ils pourront recevoir comme péage pour la barque qui ont accoutumé d’apercevoir les fermiers et locataires et les droits de passage dans le terroir. Il est de pacte comme ci-dessus que les habitants ou conducteurs de la barque  ne doivent rien prendre de ceux qui passeront par ladite barque pour le passage d’icelle. »

L’exemple de repeuplement d’un village abandonné sera repris à la même époque à Biot par  l'abbaye de St-Ruf d'Avignon qui y attira quarante-huit familles de la région génoise.

La mémoire conserve le souvenir de Raphaël Monso  qui sut faire face à ses obligations d’évêque et de seigneur, dans une période troublée par les ravages de l’épidémie de peste, qui rassura les populations de son diocèse et fit renaître Saint Laurent du Var (nommé alors « Agrimont »). Une rue du vieux village de Saint Laurent porte de nos jours le nom de celui qui le sauva.

Pour connaître l’Histoire de Saint Laurent du Var, consultez le livre « Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var », chez vous sur simple demande à :

edmondrossi@wanadoo.fr

 

A propos du passé historique du quartier des Pugets, situé au nord de la commune, nous invitons nos lecteurs à lire les deux notes suivantes (extraites de "Saint Laurent Porte de France" d'Edmond ROSSI 1980) en cliquant respectivement sur chaque lien:

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com/archive/2008/07/03/aper%C3%A7u-historique-sur-le-quartier-des-pugets-1ere-partie.html

http://saintlaurentduvarhistoire.hautetfort.com/archive/2008/07/10/aper%C3%A7u-historique-sur-le-quartier-des-pugets-suite-et-fin.html

12/02/2015

SAINT LAURENT DU VAR DE 1940 À 1944

1940-1944 LES ANNEES NOIRES.jpg

 DES ANNÉES NOIRES

Après le désastre de 1940, la zone non occupée du sud persiste jusqu’à l’arrivée des troupes italiennes en novembre 1942, après le débarquement des américains et des britanniques en Afrique du Nord. Cette première occupation peu dense et débonnaire noue des liens avec des familles d’immigrés vivant sur place. Les autorités locales aux ordres du gouvernement  vichyste de Pétain organisent, sur délation, la traque des communistes, des juifs et des francs-maçons. Les communistes Pasco et Angèle Quilino seront internés dans un camp. Les privations alimentaires s’expliquent par une distribution parcimonieuse du ravitaillement sous forme de tickets de rationnement, selon l’âge, par jour : 350g de pain, par semaine : 50g de fromage, 100g de matières grasses, 250g de viande, par mois : 250g de pâtes, 300g de café et 500g de sucre ! Aux Condamines, les trottoirs des avenues en terre battue sont  labourées et cultivées. Les paysans s’en sortent mieux grâce à leurs productions qu’ils échangent avec les Niçois venus à bicyclette pour faire du « marché noir ».

Les restrictions alimentaires n’offrent guère que des topinambours et des rutabagas réservés habituellement aux animaux, les plus démunis se nourrissent de farine de gland et d’épluchures de légumes. Une soupe populaire sera ouverte par des religieuses sur l’actuelle place Jean Médecin.

Les galoches et sabots suppléent au manque de cuir. Pour contenir la sous-alimentation enfantine un verre quotidien de lait en poudre et une vitamine sont distribués dans les écoles où les élèves soumis au lever des couleurs, chantent « Maréchal nous voilà ! » à la gloire de Pétain, chaque élève doit lui écrire une lettre d'attachement !

Les véhicules automobiles privés de carburants sont modifiés pour pouvoir fonctionner au gazogène ou au gaz au bois.

Le 8 septembre 1943, après la capitulation italienne, la région est occupée par la Wehrmacht  qui fortifient le littoral, installe des batteries antiaériennes sur les collines pour protéger les ponts du Var. Dans la propriété Maria, 60 oliviers seront abattus pour dégager l’horizon.

Depuis 1940 Pétain regroupe les jeunes hommes dans les « Chantiers de Jeunesse », mais les exigences nazies visant à les soumettre  au S.T.O. (service du travail obligatoire) en Allemagne les encouragent à rejoindre la Résistance.

Le nouveau maire M. Ravet organise courageusement la solidarité et la Résistance local, cachant des juifs avec François Daniel, la renseignant en plaçant Jacques Lebrun dans les Batteries de DCA pour relever les plans, fournissant des tickets de rationnement aux plus démunis et même de faux papiers pour éviter l’Allemagne.

Le laurentin Georges Foata organise et dirige le maquis de Gréolières, de même, Vando Degl’Innocenti participe activement à la lutte armée jusqu’à la Libération.

La population assommée par 23 bombardements, vit au rythme des alertes, en se réfugiant dans les caves au hurlement des sirènes avant d’être évacuée. Les exigences allemandes, les pressions physiques et psychologiques, les gênes de toutes sortes apportées à la vie quotidienne, deviennent insoutenables. Les dénonciations calomnieuses se poursuivent avec comme conséquence la déportation dans les camps de la mort. Ainsi un commerçant cagnois se distingue en venant régulièrement renseigner les nazis, il sera fusillé à la Libération, de même deux Laurentines qui cédèrent aux soldats allemands seront tondues.

Enfin, le 27 août 1944, une colonne motorisée canadienne, venant de Cagnes libère Saint-Laurent, au prix d’un dernier accrochage avec les Allemands dont seront victimes deux résistants, Ledieu et Abonnel, qui ouvraient la route aux Canadiens. Leur sacrifice est matérialisé par une plaque apposée avenue de la Libération.

Pour consulter des témoignages de cette époque:

http://www.saintlaurentduvar.fr/sites/default/files/recue...

Pour en savoir plus lire « UN PEU D’HISTOIRE DE SAINT LAURENT DU VAR », chez vous dédicacé par l’auteur sur simple demande à :

edmondrossi@wanadoo.fr