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26/03/2015

APERÇU HISTORIQUE SUR LE QUARTIER DES PUGETS (suite et fin)

histoire

Le territoire des Pugets s'étendant de la sortie du village de Saint Laurent au nord de La Baronne. Le centre géographique et historique se trouve situé sur une colline, placée à mi-chemin.

D'autre part, le seul château authentifié par l'histoire étant le château dit du PUGET de la TOUR, et son ancienne chapelle St. Jean Baptiste, il nous est apparu intéressant de nous rendre sur les lieux pour en reconnaître les ruines (1977).

Elles s'élèvent à environ 4 km au nord de Saint Laurent-Village en suivant la RN 209 vers Gattières, sur un promontoire situé à gauche de la route, dominant celle-ci de ses 40 m. d'altitude.

Nous avons découvert dans ce quartier, toujours spécifié « La Tour » les restes imposants d'un ensemble d'habitations, ruiné, noyé dans d’épais taillis, couvrant sur le sommet une superficie de 250 m2, cet ensemble est cadastré en 5 parcelles en 1834, d'une surface voisine de 100 m2 pour les constructions qui se décomposent comme suit:

Un corps de bâtiment s'étalant sur la crête d'ouest, en est, le premier élément à l'ouest très endommagé, possède des pans de murs construits comme l'ensemble avec de gros galets du Var mélangés de matériaux d'appoint (morceaux de tuiles romaines) le tout assemblé par un mortier friable à base de plâtre, laissant supposer une récupération de vestiges antérieurs. Ces pans de murs (deux essentiellement) hauts de 5 à 6 mètres sont bordés à leur sommet par une génoise à « triple rangs » (XVIIème siècle). Ils devaient constituer le corps central d'habitation.

Nous avons remarqué une fenêtre murée au Nord devant dater du XIIème siècle et sur le mur Sud une fenêtre dont le linteau et l'encadrement en briques rouges semblent plus récents, XVème ou XVIème siècle.

S'agit-il de la Tour originelle remaniée plus tard? Le site choisi permet une vue étendue vers la mer et le Var, une meurtrière bouchée sur le mur Nord, la vétusté de l'assemblage, sont autant d'indices qui le laisseraient supposer.

Nous serions alors en présence d'un gros oeuvre édifié au XIIème ou XIIIème siècle, qui devait constituer l'assise de la Tour primitive.

En effet, ce type de construction débute dès le haut moyen-âge du fait des invasions, ses buts sont de permettre l'observation et l'abri, en cas d'alerte aux habitants des alentours. Plus tard, l'édifice aurait pu être modifié pour servir de demeure permanente et de maison de campagne seigneuriale. La tradition orale a transmis le souvenir de la réalité du passé puisque l'ensemble est aujourd'hui qualifié de « Château du Seigneur de Saint Laurent » ou de « Château de la Tour ».

Plus à l'Est au-delà d'un monticule de décombres couvert de végétation subsiste à ciel ouvert une ancienne écurie ou cave avec une citerne, le tout adossé à une maisonnette en bon état encore habitée. A l'examen le linteau de cette, écurie constitue une voûte plein cintre sans clé de voûte par application des moellons non taillés dont l'intervalle a été fixé par du mortier. Ce type de travail est daté par les spécialistes du XIème ou XIIème siècle.

La maison n'a pu être visitée, son aspect extérieur et ses tuiles romanes, son élégante génoise, ne la différencient pas des constructions d'alentours datant du XIVe ou XVe siècle (La Baronne). Ce corps de bâtiment se poursuit à l'Est par un espace anciennement abrité, sorte de séchoir ou d'aire dont le toit était supporté par des piliers en briques rouges subsistant encore.

Le tout est prolongé vers le Var jusqu'au-dessus de la route sur l'arrête sommitale par un mur de 30 cm de large, haut de 1,50m, long de 16 m, peut-être muraille de protection effondrée au sol ?

Il nous a été impossible d'identifier d'autres vestiges, un taillis buissonneux abondant recouvrant le sol et les planches voisines, complantées d'oliviers plusieurs fois centenaires. Un puits (ou ouverture sur citerne) nous a été signalé en contre bas vers la route de La Baronne, mais nous n'avons pu le repérer.

Avant la bifurcation qui permet de prendre le chemin pentu accédant aux ruines du château, à 60 m. à gauche sur la route, nous avons remarqué un captage de source avec abreuvoir dénommé par les gens du pays, « l'Abreuvoir des Chevaux du Seigneur ».

Le Tunnel de captage est voûté en briques rouges du même type que celles définies précédemment pour la fenêtre du Château, cela le rendrait contemporain des derniers aménagements de La Tour (XVème ou XVIème siècle).

D'autre part, il nous a été indiqué l'ancienne « maison du curé » située en amont de l'abreuvoir sur un coteau bien exposé à environ 150 m. (propriété Pellegrino).

Il s'agit d'un « bastidon » à un étage, aménagé en habitation, qui a conservé une génoise et possédait avant sa restauration un toit de lourdes tuiles.

Si l'ensemble était cadastré dès le XVIème siècle, l'existence de la génoise fait dater l'ensemble au plus tard du milieu du XVIIème siècle.

Cette demeure devait être celle du prieur du château voisin, le dernier propriétaire y découvrit un crucifix de belle taille, malheureusement égaré.

Au nord du château, à environ 350 m. à vol d'oiseau, sur l'actuelle propriété FOSSAT, nous avons localisé l'ancien cimetière du quartier signalé par BONIFFACY, au début du siècle.]

Le plateau a été nivelé dans les années 60 pour permettre l'implantation de serres servant aux cultures florales une tombe fut encore mise à jour à cette occasion.

Les historiens locaux ayant cité au quartier Sainte Pétronille une pierre écrite formant l'escalier de la maison EUZIERE (vers 1900) nous avons essayé sans succès de la trouver. TISSERAND en parle dans ses études sur Vence et Nice. E. BLANC l'a examinée et déclarée fausse. Son inscription partielle pouvait laisser croire à un autel dédié au dieu HERMES. En voici la transcription partielle indiquée par la FORMO ORBIS ROMANI.

BLANC:

ENNE

RMAE SPES

  CIVIVM

   AIAIDV

TISSERAND: (Vence)

AMAS-SPES

CIVIOM

TISSERAND (Nice) :

         ////////

///HERMES

///SPES

       CUVIOM///

Cette pierre bien que déclarée faussement romaine par le « CORPUS » (répertoire archéologique) constituait une énigme non élucidée.

Tels sont, dans l'état actuel de nos connaissances les quelques témoignages recueillis sur l'intéressant passé historique du quartier des Pugets.

ETHYMOLOGIE POSSIBLE DU PUGET TREIZE DAMES

Rappelons que les Ligures Oxybiens occupant la région étaient d'incorrigibles pillards sur terre et sur mer.

Au terme de 80 ans de guerre entre -205 et - 125 (peut-être même dès- 154 pour les Oxybiens) les armées romaines de FLACCUS et CALVINUS « pacifièrent » la côte.

Rome amputa les premiers habitants des lieux d'une partie de leur territoire, la plus intéressante, celle qui longeait la mer sur une étendue de 12 stades (2220 m.). Pour faire respecter cette sanction les tribus ligures devaient fournir annuellement en otages des personnages marquants.

Cette distance de 2220 m. depuis la mer vers l'intérieur, compte tenu des déplacements du delta du Var nous conduit à la hauteur de l'actuelle propriété MARTIN (Moulin des Pugets).

Les treize stades nous conduisent dans le voisinage (2405 m). II faut admettre que ce lieu (zone capitale) constituait le début des terres ligures où leurs activités rurales pouvaient se poursuivre normalement.

Le puget ou colline, dominant cette plaine, prit par déformation du sens de dominar en dominarum celui de dames. (Monsieur J. CLERGUES partage également cette opinion).

Les références relatives à Emile Boniffacy renvoient à son ouvrage: « Evolution sociale d'une commune provençale pendant sept siècles, La Gaude (A.M.) ». Alphonse Picard, Paris, 1912.

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 « Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire » ou quand le présent rejoint  en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.

Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulière­ment capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.

Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.

Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

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19/03/2015

APERÇU HISTORIQUE SUR LE QUARTIER DES PUGETS (1ère partie)

 

histoire

Le quartier des Pugets situé au nord de la Commune est un lieu riche en témoignages divers du passé.

Il l'est par son nom cité à diverses reprises depuis le haut moyen-âge jusqu'à nos jours, par les quelques vestiges encore épargnés par l'urbanisation envahissante, par son étendue géographique, puisqu'il recouvre deux communes successives, Saint Laurent et la Gaude. Depuis Saint-Laurent village nous avons du Sud au Nord: Les quartiers des Pugets, La Tuilière, le Puget des Crottes, La Tour, les Crottes Mondoucot et Ste Pétronille la Baronne au nord de la Tour. Les terrains plats du pied des collines au Var constituaient dans le passé les Iscles.

Selon E. BONIFFACY, l'étymologie du Puget viendrait du latin pugetum signifiant monticule, devenu poggeto en Italien, le nom ancien du quartier était PUGET TREIZE DAMES (sans explication).

D'après les archives départementales, son appellation a varié au cours du temps: PUGET TREIZE DAMES, PUGET LA BARONNE, PUGETONO, POJETO.

C'est effectivement sur une colline que s'élevait le PUGET TREIZE DAMES avant sa destruction lointaine au cours des guerres du Moyen Age.

S'agissait-il d'un hameau faisant suite à un poste d'observation établi par les Romains, succédant à une enceinte celto-ligure? Faute de découverte précise, nous en sommes réduits aux hypothèses.

Le territoire est cité comme terre seigneuriale en 1235.

L'enquête de 1252 de Charles d'Anjou révèle 30 feux minimums soit en environ 195 habitants (260 pour Saint Laurent), même chiffres pour l'enquête précédente de 1249.

Il est désigné dans les plus anciens actes sous le nom de « locus inhabitatus de Pugeto » et de « Castrum Pugetono tresdecim dominarum ».

Existait-il dès cette époque un château dans ce lieux? L 'hypothèse est confirmée par l'étude « CASTRA DIRUPTA » de L. CAPPATTI (1955).

Ce fut un fief du célèbre ROMEE de VILLENEUVE et de ses descendants. L'un d'eux NICOLAS en fit hommage en même temps que de la Gaude le 29 août 1480 à Charles III.

Vers cette époque le fief fut divisé car on apprend que François de Villeneuve, fils de Hugues, en fit hommage le 4 février 1510, Pierre, fils de Nicolas faisant de même le 6 décembre 1519 par-devant le Comte de Tende, Gouverneur de Provence.

Antoine de Gréolières, successeur de Nicolas, le vendit le 8 décembre 1549 à Antoine PORTANIER, Coseigneur de Cagnes. Claude et Honoré PORTANIER, fils et petits-fils d'Antoine portèrent le titre de Seigneur de Puget après 1600.

Néanmoins, Claude de Villeneuve, baron de Vence, était seigneur du Puget en 1573 et tous ces descendants de la branche de Vence l'ont possédé jusqu'à la Révolution sous le nom de fief du Puget de la Baronne, ou de Puget de Monsieur de Vence.

Il faut admettre la division du fief en plusieurs territoires distincts en rapport avec son étendue.

E. BONIFF ACY nous rapporte également que les Archives de LA GAUDE révèlent un autre fief en rapport avec le Puget, désigné sous le nom de PUGET SAINT CEZARY qui appartenait en 1700 à Monsieur de Saint Laurent.

Cette appellation proviendrait d'une propriété des Villeneuve St. Cézaire, branche descendante de RENAUD, fils de HUGUES, son arrière-petit-fils HONORE, seigneur de BOURRIGAILE, ST.CEZAIRE, LE PUGET, SERANON, et partie de MALVANS devint Sénéchal de GRASSE et dut vendre son fief à la famille PISANI, Seigneur de Saint Laurent.

C'est le bas PUGET ou PUGET de la TOUR, indiqué sur une carte du XVIIIème siècle par un « Pavillon » puis comme une maison de campagne du seigneur de Saint Laurent au XVIIIème siècle, il reste encore quelques vestiges de ce château.

On y voyait aussi au voisinage une chapelle aujourd'hui disparue, citée dans le « POUILLÉ » (inventaire des biens ecclésiastiques de PROVENCE par CLOUZOT) « LE BENEFICIA de SANCTO JOHANNE et de PUGETO » sans date définie.

M. G. DOUBLET dans une étude sur les paroisses du Canton de Cagnes (ANN. SOC. LET. SC. et ARTS des A.M. 1903) indique la Chapelle St. Jean Baptiste à la terre de Puget, mentionnée en 1719 par BOURCHENU près du château de Puget, ouverte et abandonnée, les ennemis ayant tout enlevé. H. BOUCHE indique en 1667 La Paroisse de Peton (Castrum de Pognon, lieu déserté).

Le même BOURCHENU signalait en 1715 une chapelle « voisine de la « Bastide » de Monsieur de Saint Laurent appelée la Tour du Puget » il ajoutait « elle est ouverte, n'a point de tableau et a été ruinée par la dernière guerre ». S'agit-il de la même ?

Plus tard en 1726, il note la chapelle St. Jean « au haut Puget, refaite par Pisani, seigneur de Saint Laurent ».

Selon BONIFFACY, cette Chapelle St. Jean-Baptiste a dû être le centre d'un important groupement « si l'on en juge par la quantité d'ossements humains trouvés autour de ses ruines » (témoignage en 1912 relatif à la propriété au Puget de Francis Nirascou, de St. Jeannet).

D'après ces relations, il apparaît que le château et la chapelle formaient un ensemble servant de point d'appui à une communauté humaine très ancienne et fort nombreuse.

Cette communauté fut, parait-il, longtemps autonome, elle était affouagée 1/16 de feu mais elle ne formait pas paroisse, étant rattachée ecclésiastiquement à LA GAUDE, dont elle constituait une annexe.

La population se composait des fermiers de la BARONNE et du « jardin du Bas Puget ».

En plus de ces fiefs nobles, ces territoire comprenaient des biens roturiers partagés entre 160 propriétaires, dont une centaine de St. Jeannet, 46 de la Gaude et seulement 15 de Saint Laurent. Sa production essentielle était un vin très estimé.

En 1790, la Commune de St. Jeannet envisagea d'annexer la Communauté sur l'initiative de son Maire François AUZIERE, notaire (royal) du village. Les mêmes intentions naquirent à La Gaude avec le prétexte que le Puget dépendait de sa paroisse.

Aussi, les administrateurs du district convoquèrent « les citoyens actifs possédant bien du territoire du Puget » pour délibérer sur une abdication d'indépendance qui ne leur apportait sans doute que peu d'avantages. Ceux-ci, réunis le 20 juillet 1790 à la Baronne dans la bastide de Jean Martel « délibérèrent par 77 suffrages que le territoire de Puget Treize Dames serait joint au territoire de St. Jeannet contre 41 qui furent d'avis de le joindre au territoire de La Gaude ». Mais la commune ne fut « annexée » ni à St. Jeannet ni à La Gaude, mais bien à Saint Laurent!

Les deux parties évincées ne se résignèrent pas puisque le 18 février 1791, une délibération du Conseil s'adressait... « A l'Auguste Assemblée Nationale pour amener la révocation de l'arrêté du Département du Var et la supplier de prononcer l'annexion à celui de La Gaude », ce qui eut pour résultat partiel de faire attribuer le quartier de La Baronne (Haut Puget) à cette Commune.

Un inventaire administratif des biens de la Communauté établi en 1791 précise les cultures pratiquées à cette époque, essentiellement l'olivier suivi de la vigne et quelques rares mûriers, orangers et figuiers.

Dans ce même quartier de La Baronne, sur la partie gaudoise, au départ du chemin communal reliant la N. 209 à la D. 118, nous avons remarqué à droite une ancienne « bastide » avec une élégante fenêtre aveugle du XVeme, ayant conservé son encadrement et son linteau blasonné, et sur la partie laurentine se dresse à quelques dizaines de mètres de la RN 209, sur une éminence, la Chapelle Ste PETRONILLE.

C'était selon E. BONIFFACY une annexe du prieuré de La Gaude dépendant du Chapitre de Vence. Elle est citée par Mgr BOURCHENU en 1716, située sur le chemin du Broc à Saint Laurent « au territoire du Puget Treize Dames sur le Var, annexe du prieuré de La Gaude ». Elle avait alors un tableau représentant la Vierge tenant l'enfant Jésus, en dessous, Ste Pétronille et St. Jean Baptiste. En 1719, un tableau avec le Saint et la Sainte est également mentionné (M.G. DOUBLET: Etude sur les paroisses du canton de Vence). En 1726, elle n'était point réparée.

MADAILLAN la cite en 1771 située « sur les bords du Var ». Comme bien de l'Eglise elle fut confisquée au moment de la Révolution, elle était jusqu'alors un lieu de pèlerinage très fréquenté le 31 mai par les paroissiens de St. Jeannet, La Gaude et Saint Laurent.

D'après BONIFFACY, ces manifestations pieuses à l'origine dégénérèrent à la longue. Ainsi on rapporte qu'un habitant de la Gaude, J.B. BERENGER, y fut tué d'un coup de fusil le 31 mai 1763 au cours d'un de ces pèlerinages où le petit vin du cru coulait à flot et où les rixes éclataient pour le moindre prétexte. (Registre des décès de La Gaude, 1er juin 1763). Les désordres se perpétuèrent chaque année: une bataille en clôtura la série le 31 mai 1821.

L'actuelle Chapelle a été l'objet d'une restauration maladroite en 1960 à l'initiative coupable de l'Abbé ISNARDY, ayant perdu de ce fait, excepté le toit, tout caractère d'authenticité.

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06/03/2015

SAINT LAURENT DU VAR: L'ACTE D'HABITATION DE 1468

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L'ACTE D'HABITATION DU 16 MAI 1468,

APRÈS L'ÉPIDÉMIE DE PESTE ET AUTRES CALAMITÉS

 

 Exposé à tous les dangers, ravages par les guerres, dévastées par les inondations du Var, l’antique castrum d’Agrimont, le futur Saint Laurent du Var, voyant encore sa population réduite à néant par le redoutable fléau de la peste fait appel à un repeuplement à l’initiative de son seigneur l’évêque de Vence.

 

L’acte d’habitation de Saint Laurent du Var est loin d’être unique puisque ce mode de repeuplement, sous la forme d’un bail emphytéotique, a été établi avec des familles d’origine italiennes: à Mons en 1260 et 1468, à La Gaude en 1338, à Cipières et Caussols en 1368, à La Napoule en 1461, à Biot en 1470, à Mouans Sartoux, Le Tignet et Cabris en 1496, de nouveau à La Napoule en 1623 et 1709 et enfin à Mandelieu en 1706.

 

Les pages suivantes précisent à plusieurs reprises, dans le jargon des notaires du XVème, les droits acquis par les emphitéotes "Lazarin Viani & Bertin Braqui présents lors de la signature.

 

« Au nom de notre seigneur Jésus Christ ainsi soit il. L'an de la nativité du seigneur 1468 et le 16ème jour du mois de may sachent tous présents et avenir que le Révérend Père en Jésus Christ Monseigneur Raphaël par la miséricorde de Dieu Evêque de Vence et les Vénérables Messires Loüis Marini & Raphaël Hoandis chanoines de l'Eglise cathédrale de la cité de Vence, capitulans et tenans leur chapitre dans la maison épiscopale et dans la chambre de parlement au son de la cloche selon la coutume, les autres Mrs les chanoines étant absents hors du diocèse de Vence, pour le bien, l'utilité et l'augmentation de ladite maison Episcopale & ledit Révérend Seigneur Evêque & ses successeurs dorénavant & considérant que le lieu d'Agrimont ou soit l'hôpital du Var du Diocèse de Vence est inhabité & qu'à cause de l'inhabitation tombe dans un grand danger et intérest de ladite maison épiscopale et du seigneur évêque et ses successeurs, et que le terroir dudit lieu inhabité avec le passage, pâturages, Bancs, tavernes, dixmes dudit lieu inhabité & aussy le dixme du lieu de Cagne, avec la Barque et Batteau qui sont sur le fleuve du Var pour le passage des personnes et Bestiaux de l'évêque de Vence ont accoutumé d'etre arrentées tous les ans pour deux cent et dix florins & plusieurs fois Beaucoup moins & comme ledit Révérend Seigneur Evêque et lesdits Mrs les chanoines cherchent l'utilité, le bien et augmentation de ladite maison Episcopale, ainsi qu'ils sont obligés, ont trouvé plusieurs hommes qui veulent et désirent habiter audit terroir avec leurs

 

familles, Etablir et Edifier un village audit terroir et y habiter à perpétuité avec leurs familles, à scavoir au nombre de trente et peut être davantage, et agréger ledit terroir d'arbres fruitiers & arracher les Infructueux suivant leur pouvoir et prêter homage audit Révérend Seigneur Evêque de Vence et à ses successeurs, et pour tout le terroir, passages, pâturages, herbages, Bocage, et autres Revenus payer tous les ans audit Révérend Seigneur Evêque et à ses successeurs le service de deux cents cinquante florins, gouverner et conduire la Barque et Batteau, ainsy qu'ont accoutumé de faire jusqu'à présent les fermiers du terroir du Lieu d'Agrimont ; Réservé audit Seigneur Evêque et ses successeurs la majeure directe, domaine et seigneurie dudit terroir, à scavoir en interposant les lauds et apercevant les treizins, et les dixmes dudit terroir, ainsy qu'il est dit cy après, et les dixmes dudit lieu de Cagne. De là est que convoque les susdit vénérable Chapitre au lieu que dessus donnant leur consentement et volonté audit Révérend Seigneur Evêque pour faire, donner, accorder, et promettre toutes et chacunes choses cy après Ecrites de sa Bonne foy et accordé à nouveau bail & Emphiteose perpetuel, et à titre de rente à Làzarin Viany et Bertin Braqui de la vallée D'Oneille diocèse d'Arbengue la presente, & tant en leurs noms propres et de leurs successeurs qu'au lieu et comme procureurs d'Antoine Carens, Etienne Carens, Jean Masse, Philippe Masse, à feu George, Marequet Icard, Lazare Braquy, Raphael Berton Gleize George de Ulzainonne aussy de ladite vallée de loca, de la vallée d'Oneille supérieure, Etienne Viany de ladite vallée d'Ulzainonne, aussy de la vallée & Philippe Aimerie à feu Dominique d'Antoine, Aimerie de feu Termy, de Guillaume Aimerie de feu Berton, de Christo Marii, aussy de la vallée d'Oneille, d'Antoine Constans, paroissant de leur procuration et pouvoir par un acte public reçu et signé par Me Ruphin Merizany notaire public du lieu de Nanu septième du mois de mars mil quatre cens soixante huit jour de samedy indition première, et aussy au lieu et nom de tous et chacuns quy voudront choisir et nommer jusqu'à trente habitants, s'ils en veulent prendre, presens et acceptants sous les pactes, chefs et prétentions cy après Ecrittes, tout le terroir dudit Lieu inhabité d'Agrimont, & hopital de St. Laurent du fleuve du Var à scavoir depuis ledit fleuve du Var, jusqu'au terroir du lieu de Cagne, de la mer jusqu'au terroir du puget et autres confronts et termes plus veritables sy aucuns y en a, avec tous les édifices des Maisons et logements et autres quelconques, construits et édifiés audit terroir, & aussy avec les herbages, Bocages, passages, Pâturages, et autres Emoluments dudit terroir (franc et libre à présent audit Révérend Seigneur Evêque en vertu de la donnation à nouveau bail le service susdit) Item la Barque et Batteau avec tous leurs Engeins sur le fleuve du Var, suivant la Convention et coutume de la Barque avec les Emoluments proffits et Charges qu'on a accoutumé de prendre pour la Barque le Batteau et non autrement pour avoir, tenir, posséder, donner, accorder, vendre, Engager, ou obliger perpétuellement louer et aliéner a quelque titre d'aliénation que ce soit, et à toute personne qu'ils voudront et faire tout ce qu'il leur plaira auxdits nouveaux emphitéotes, & leurs successeurs et héritiers à l’avenir, Excepté à Gens de guerre, lieux et personnes Religieuses, Juifs et autres personnes deffendû par le droit, sauf seulement et réservé dès à présent et à toujours au susdit Réverend Seigneur Evêque et à ses successeurs, et à ladite Eglise, la majeure directe domaine, seigneurie dudit terroir et terres, preds, maisons, Casaux, jardins et autres choses quelconques Immeubles situées et construites au même terroir en interposant les lauds et apercevant les treizeins, toutes et quantes fois lesdites maisons, Casaux, preds, jardins, vignes, terres et autres choses viendront à etre vendues de personne en personne comme il est plus amplement déclaré cy après & sauf réserve audit Révérend Seigneur Evêque et à ses successeurs le cens annuel ou soit service qu'il retient et interpose de nouveau sur ledit terroir et ses droits et appartenences à scavoir de deux cent cinquante florins monoye courante, chaque florin conté pour trente deux sols des petits payables chaque année par lesdits emphitéotes en quatre Payements à scavoir au premier février ainsi qu'en mars, août et septembre soixante deux florins Et six gros, en continuant ainsy lesdits payements toutes les années à perpétuité.

 

Lazarin Viani et Bertin Braqui présents, et auxdits noms que dessus stipulans et acceptant tous les droits actions et raisons réelles et personnelles, mixtes, utiles et directes, pétitoires, peremptoires, perpétuelles et temporelles et toutes et chacunes les autres que ledit Révérend Seigneur Evêque a et peut avoir & pourrait avoir & en quelque manière qui luy competent & puissent et doivent luy compéter sur ledit terroir".

L’acte est signé par Raphaël Monso, évêque de Vence, et Lazarin Viani et Bertin Braqui, représentants de trente familles venues d'Oneglia, diocèse d'Albenga.

Quelques noms de ces nouveaux Laurentins apparaissent à la lecture de l’acte.

Signalée également par l’historien Tisserant (1860) la famille Pisani :

"Parmi les trente familles venues d'Oneille et d'Albenga se trouvaient les Pisani, dont les descendants achetèrent des évêques de Vence le fief de Saint-Laurent (1692) et devinrent Seigneurs de Saint-Laurent, de Puget-Treize-Dames et de La Gaude" .

Il précise par ailleurs : "L’héritière des Villeneuve-Thorenc Marie de Villeneuve-La Gaude épousa Jacques Pisani de Saint-Laurent-du- Var et de Puget (1706) ".  Ce Jacques Pisani, seigneur des Pugets se disait issu de la famille noble de Pisani, «établie à Messine.

Le même auteur écrit en 1869:"Parmi les trente familles (d'Oneille et d'Albenga) était le notaire Pisani."

Anoblis les Pisani seront seigneurs de Saint Laurent du Var de 1698 à 1773.

La lignée des Pisani liée à Saint Laurent et à La Gaude s’éteint avec Charles-François-Joseph de Pisany (en Provence le i est remplacé par y) en 1826.

Néanmoins, d’anciennes familles laurentines prétendent, aujourd’hui encore, descendre des Pisani dont le destin se mêle à celui de Saint Laurent du Var.

Selon l’enquête de 1471, effectuée à la demande du roi René pour lever de nouveaux impôts, les commissaires enquêteurs établissent une liste des chefs de famille. Sont cités : pour Saint Laurent les familles Bellocii ; Bermundi, Brachii,ou Bracii et Presbiteri, lesquels complètent la liste des nouveaux habitants du XV ème siècle.

EDMOND ROSSI