18/12/2008
SOUVENIRS DE LA GUERRE 1939-1945 (2)
TÉMOIGNAGE DE MONSIEUR ET MADAME MARI
Par suite d'une heureuse coïncidence, nous rendons visite à Mme et M. Pierre MARI le jour de la fête du Saint-Patron de ce dernier et, surtout, le lendemain du 57ème anniversaire de leur mariage. C'était le 28 juin 1937. Ce 29 juin 1994 ne pouvait donc qu'être propice à l'évocation de souvenirs.
Les origines laurentines de Mme MARI, née ROUSTAN, sont très anciennes puisqu'une des rues du Vieux- Village porte le nom de son père et que la maison dans laquelle se déroule l'entretien fait partie du patrimoine de la famille ROUSTAN depuis environ 3 siècles.
M. MARI est architecte et c'est lui qui a dessiné la reproduction de la Croix de Guerre ( décernée à la ville après la libération.) que l'on peut voir au 1er étage de l'ancienne mairie, devenue conservatoire municipal de St-Laurentdu- Var.
Excellente transition que cette croix de guerre qui nous amène à parler de la période de l'occupation.
Le jour de l'arrivée des italiens, M. et Mme MARI s'étaient rendus ensemble dans le quartier de la gare où ils avaient à faire et ils se rappellent les avoir vus approcher, venant de Nice, sur la N7. C'était presque un défilé, la troupe à pied précédée par plusieurs gradés. Ils n'ont d'ailleurs pas pris la direction du village,poursuivant leur route en direction d'Antibes, sans se rendre compte que plusieurs inscriptions, il est vrai en langue française, peintes sur les murs de plusieurs maisons, ne leur souhaitaient pas exactement la bienvenue. Au moins, ceux qui manifestaient ainsi leurs sentiments étaient-ils protégés par l'anonymat. Mais que dire de cet homme qui, venant à vélo en sens opposé, se mit à siffler, arrivé à la hauteur des premiers soldats, un air de musique militaire américain bien connu ? inconscience de sa part ? " En tout cas, disent M. et Mme MARI, nous avons été heureux d'entendre cet air et de voir que le ~iffleur n'était pas inquiété ".
Par la suite, M. MARI eut d'autres raisons de se souvenir de l'occupation italienne :
la Corniche Fahnestock doit son nom à un milliardaire américain qui y possédait une propriété et s'était montré trés généreux envers la ville de St-Laurent-du- Var, contribuant, notamment, au financement de divers travaux d'intérêt général.
Au moment des faits relatés par M. MARI, M. FAHNESTOCK et son épouse, qui fut d'ailleurs tuée par eux, se trouvaient aux philippines, prisonniers des japonais. Quant à leur propriété, elle était occupée par les italiens. Toutefois, le gérant, M. LANTERI - MINET, qui était aussi leur homme de confiance à St-Laurentdu- Var, n'avait pas renoncé à défendre leurs intérêts. C'est sans doute sur son intervention qu'au nom de la Croix-Rouge Internationale, M. BERTIN , juge de paix à Cagnes-sur-mer, fut chargé d'une mission bien précise. Ecoutons M. MARI :
" Comme j'étais en excellents termes avec M.LANTERI-MINET, le juge, accompagné de son greffier, vint me demander de les aider à mettre sous scellés et en lieu sûr, les biens mobiliers de très grande valeur qui se trouvaient chez les FAHNESTOCK. A l'entrée de la propriété, le juge dit au factionnaire qu'il souhaitait parler à l'officier responsable. On nous conduit devant lui, rejoints par M. LANTERI-MINET. L'entretien fut très bref. M. MARI se rappelle textuellement les paroles de l'officier: " Qu'estce que vous venez faire ici ? nous sommes en guerre et si je voulais, je pourrais vous faire fusiller tous les quatre ".
M. MARI reprend: " Avec un calme remarquable, le juge répondit que, dans ces conditions, nous allions nous retirer, empêché qu'il était de remplir sa mission".
Bonne surprise, dès le lendemain, revenu à de meilleurs sentiments ou ayant réfléchi aux conséquences éventuelles de son comportement, l'officier italien fit savoir au juge que rien ne s'opposait à l'acte pour lequel il avait été requis.
Pendant l'occupation allemande, M. MARI continua d'exercer sa fonction d'architecte et, "agréé aux dommages de guerre", eut alors à s'occuper des dégâts causés par les bombardements.
Pour ce faire, il se rendit plusieurs fois, dès la fin de l'alerte, dans les quartiers sinistrés, en compagnie du Père DECAROLI. Vers la fin de l'occupation, l'intensification des bombardements et l'annonce de l'imminence du débarquement, que tout le monde attendait, devaient amener M. et Mme MARI, dont le fils avait à peine 6 mois, à quitter le Vieux- Village pour s'installer provisoirement dans un chalet de Montaleigne puis en appartement à Annot. Il en résulta pour lui de nombreux déplacements, la plupart du temps à bicyclette. Il ne s'en trouva pas moins, plus d'une fois, littéralement pris sous un bombardement. Le souvenir le plus précis qu'il ait gardé à ce sujet est celui d'un raid qui le surprit alors que, repartant pour Annot, il traversait le vieux pont de bois reliant StLaurent à Nice. Il y avait 2 avions et la soudaineté de l'attaque fut telle que, se trouvant exactement au milieu du pont et estimant n'avoir le temps ni de gagner l'autre rive ni de revenir sur ses pas, comme le fit à toutes jambes l'un de ses amis, il s'allongea sur place, à côté de son vélo. En fait, il n'y eut pas de bombardement mais les 2 avions mitraillèrent la rive droite du Var, donc St-Laurent, où des allemands cantonnaient. On sut tout de suite que les appareils étaient français et que l'un des deux, touché par la DCA, nombreuse dans le secteur, était tombé en mer.
M. MARI poursuit: une fois à Annot, on était à l'abri des bombardements " mais il fallait y arriver et ce ne fut pas toujours facile. Et même à Annot...."
Nous voudrions en savoir davantage mais M. et Mme MARI estiment préférable de s'en tenir à St-Laurent-du- Var, puisque c'était l'objet de notre visite. D'ailleurs, concluent-ils d'un commun accord " Il s'y est passé suffisamment de choses en quatre ans! " .
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11/12/2008
SOUVENIRS DE LA GUERRE 1939-1945 (1)
RAPPEL HISTORIQUE
Au cours des années 1940 à 1944, période parmi les plus douloureuses de notre histoire, la ville de St-Laurent-du-Var, a, bien sûr, ressenti les grands événements qui ont jalonné la vie de notre pays: le désastre de 1940, l'occupation, la libération... mais elle a aussi été marquée par des faits qui lui sont propres et qu'il semble intéressant de rappeler afin de mieux situer dans le temps et dans l'espace les témoignages de ceux qui les ont vécus et dont les souvenirs sont l'objet de cette plaquette.
Après la défaite de nos armées en 1940 et l'Armistice qui s'en est suivi, la France a été scindée en plusieurs parties :
- une zone annexée: Alsace et une partie de la Lorraine;
- une zone réservée: Ouest de la Lorraine, Vosges, Belfort; - une zone interdite: Nord -Pas de Calais;
- une zone occupée par les Allemands: au Nord d'une ligne allant de Hendaye à Tours-Moulins et Nantua;
- une zone "non occupée" au Sud, gouvernée depuis Vichy. En novembre 1942, après le débarquement des américains et des britanniques en Afrique du Nord et le sabordage de la flotte à Toulon, la totalité de la France fut occupée par les Allemands à l'Ouest et les Italiens à l'Est. Le partage entre ces deux nouvelles zones d'occupation était délimité par une ligne Nantua - Vienne Valence- Avignon - Aix, la Corse étant entièrement sous domination italienne.
Cette occupation italienne, peu dense et plutôt débonnaire, n'a pas laissé de trop mauvais souvenirs aux laurentins. Le P.C. italien était installé à la villa " La Collinette" surplombant la N. 7 à la hauteur du marbrier. Les Italiens ont également occupé, à Montaleigne, le " Château" appartenant alors à M. et Mme FAHNESTOCK et la villa CYBLA avenue de la Libération (ex départementale 209).
~près la capitulation italienne, le 8 septembre 1943, notre région est occupée par les Allemands qui se livrent à une fortification intensive du littoral azuréen de Théoule à Menton.
Ils avaient installé leur PC à "la Collinette", des unités de DCA étaient stationnées le long du Var au Nord et au Sud des ponts, leurs batteries mises en place aux plateaux fleuris et au quartier du Lac. Les Services fonctionnaient près de l'ancienne mairie à la villa " La Marjolaine" qui se trouvait à la place du supermarché "Casino", ainsi qu'aux établissements Gimello (avenue de Gaulle près" d'Intermarché").
Il ne semble pas que la vie matérielle des laurentins sous l'occupation ait été très éprouvante. La commune était, en effet, en grande partie agricole et les services de la mairie, sous l'impulsion du maire, M. RAVET et de la secrétaire de mairie, Mme MATHIEU, délivraient abondamment tickets de ravitaillement, voire faux papiers, à ceux qui en avaient besoin. En revanche, les exigences allemandes, les pressions physiques et psychologiques, les gênes de toutes sortes apportées à la vie quotidienne, ont été de plus en plus difficiles à supporter.
La résistance s'est surtout développée à partir de la fin 42, favorisée par le refus des jeunes de se soumettre au service du travail obligatoire (S.T.O.) en Allemagne, organisé par le gouvernement de Vichy sous la pression du vainqueur, et le chef départemental de la Résistance fut un laurentin, Georges FOATA alias" capitaine MORGAN». Huit laurentins ont été déportés.
Puis, ce fut la dure période des mois qui ont précédé les débarquements et ont vu se succéder à un rythme accéléré et une puissance progressivement accrue, les bombardements des alliés sur les ponts du Var... et la cité laurentine ! 23 attaques ont été subies, notamment les bombardements du 26 mai - qui a détruit partiellement un train de voyageurs à proximité de la gare - et des 2 et 6 août, particulièrement meurtriers pour la population restante. Beaucoup de familles, en effet, s'étaient réfugiées à Cagnes, à Montaleigne ou dans l'arrière-pays pour échapper aux risques des bombardements alliés, souvent imprécis en raison de la DCA allemande, qui obligeait les avions à larguer à haute altitude. Le bilan s'est élevé à 70 tués, 23 blessés, 103 maisons détruites et 762 endommagées. St-Laurent était sinistrée à 40 %. Les souffrances endurées par notre cité et ses habitants ont, d'ailleurs, été reconnues par une citation à l'ordre du régiment délivrée le Il novembre 1948 et dont le texte est le suivant : Saint-Laurent-du-Var- Département des Alpes-Maritimes : " Petite ville des Alpes -Maritimes très éprouvée pendant la dernière guerre. A subi vingt-trois bombardements au cours desquels cent trois maisons ont été détruites et sept cent soixante deux partiellement endommagées. La liste de ses soixante-dix morts, vingt-trois blessés et huit déportés attestent élogieusement de la contribution apportée par sa population et par son groupement de Résistance à l’œuvre de la Libération."
Cette citation comporte l'attribution de la Croix de Guerre avec Etoile de Bronze.
Enfin, le 27 août 1944, une colonne motorisée canadienne, venant de Cagnes libérait St-Laurent, non sans qu'un dernier accrochage avec les Allemands, retranchés square Djibouti (BENES), fasse deux victimes: deux résistants, LEDIEU et ABONNEL, qui ouvraient la route aux Canadiens et dont le sacrifice est matérialisé par une plaque apposée au N° 550 avenue de la Libération et au pied de laquelle une gerbe du souvenir est déposée chaque 27 août, par la Municipalité.
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04/12/2008
SAINT LAURENT DU VAR, UNE MISE AU POINT HISTORIQUE, A PROPOS DU « GUEYEUR »
A l’occasion de recherches relatives à mon nouvel ouvrage « Saint Laurent à travers l’Histoire », mon attention a été attirée par une relation historique porteuse d’une information intéressante.
Le gueyeur statufié en 2000 par Suzan Ledon et Nicole Hennion, qui orne le rond-point au croisement de la rue de l’Ancien Pont et de l’avenue du 11 novembre, restitue-t-il l’image authentique de ces portefaix, chargés jadis d’assurer la traversée du gué du Var ? Rien n’est moins sûr !
Si l’on fait foi à un document d’époque, il semble que le transport des personnes montées à califourchon sur le dos du gueyeur ne relève nullement de la vérité historique, conforme aux règles morales strictes de cette corporation,
Jean Pierre Papon, historien de la fin du XVIIIe siècle, indique dans son « Voyage littéraire de la Provence » :
" Les étrangers ne doivent pas s'exposer à passer le Var sans avoir des gaieurs qu'on prend à Saint-Laurent. On s'assied sur l'épaule de deux hommes, qui se tiennent serrés l'un contre l'autre, en prenant réciproquement avec la main le haut de leur veste au-dessus du cou, de manière que l'un pose son bras droit sur le gauche de l'autre ; il faut avoir soin de ne pas regarder l'eau : elle est si rapide que la tête tournerait et l'on risquerait de tomber...»
Il fallait donc bien la présence de deux gueyeurs pour qu’une personne puisse être chargée et transportée d’une rive à l’autre du Var.
Ce procédé, gage de sécurité évitait d’autre part tout contact charnel avec les porteurs, ceci dans le respect de l’éthique de l’époque.
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« Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire » ou quand le présent rejoint en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.
Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.
Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.
Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.
Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.
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