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13/02/2009

SOUVENIRS DE LA GUERRE 1939-1945 (5)

SAINT LAURENT DU VAR SOUS LES BOMBES.jpg

TÉMOIGNAGE DE MONSIEUR MARCEL CAGNOL

Madame et Monsieur CAGNOL nous reçoivent dans l'apparte­ment de Cagnes-sur-Mer qu'ils habitent depuis 1981, date à laquelle Marcel CAGNOL prit sa retraite, au terme de longs séjours en Afrique Noire où, une fois marié, il exerça d'importan­tes fonctions, après la guerre, dans le domaine de la sécurité aérienne.

Madame CAGNOL est d'origine parisienne mais son mari a longtemps vécu à St Laurent du Var et il se rappelle que, tout jeune, il s'y baignait avec des garçons de son âge. C'est avec quelques-uns de ces camarades et amis d'enfance, dont Georges FOATA, qu'en 1941, une fois démobilisé et de retour à St Laurent, il prit l 'habitude de se réunir régulièrement dans un café du quartier de la gare (actuel bar de la Méditerranée ). A cette époque, tout le monde savait qui était le Général de Gaulle mais la résistance, en tant qu'organisation structurée, n'existait pas encore dans la région. Comme des millions d'autres français, Monsieur CAGNOL et ses amis avaient été ' « assommés » par la débâcle même si, d'instinct, la défaite et ses conséquences les révoltaient. D'ailleurs, au cours de l'été 1942, Georges FOATA avait eu un premier contact avec un membre du réseau COMBAT puis avec Monsieur Pierre MERLI, l'ancien député-maire d'Antibes. C'est après ces rencontres que fut prise la décision d'organiser la résistance en créant "officiellement" le Groupe MORGAN, nom de code choisi par Georges FOATA. En même temps, le Groupe s'affilia au MNRPGD (Mouvement National des Résistants Prisonniers de Guerre et Déportés dont le chef, pour la région Sud-Est, était Monsieur MERLI). Au début, pourtant, les premières actions du Groupe, si elles ne passèrent pas tout à fait inaperçues, n'eurent pas un grand impact dans la population. Elles se limitaient à la diffusion de tracts de fabrication artisanale (ronéotypés au stencil) et à des graffiti hostiles à l'Allemagne et à l'Italie. C'est à la suite du débarquement allié en AFN, le 8 novembre 42, de l'occupation de la totalité du territoire national, le 11 novembre 42 et du sabordage de la Flotte Française à Toulon, le 27 novembre 42,

que le cours des choses changea, que le Groupe MORGAN entra vraiment en activité et, début 1943, reçut une première dotation en armes provenant du commandement de la résistance régionale, à Nice, afin de constituer, à St Laurent, un dépôt en prévision de la création d'un maquis. Avec l'accord de Monsieur RAVET, le Maire et patron de la résistance laurentine qui travailla constamment en coopération avec Georges FOATA, alias MORGAN, chef de la résistance, un premier petit arsenal fut caché à la Mairie. Encore fallut-il le transporter. C'est à quoi s'employèrent Messieurs FOATA et CAGNOL en organisant, le plus simplement du monde, plusieurs trajets Nice-St Laurent en tram­way, les armes démontées et dissimulées au fond de cabas ordinaires. A peu près à la même époque, le Groupe (notamment en la personne de Monsieur BATTINI, Père de Madame Marcel PEREZ, et de Monsieur FRATTINI aujourd'hui décédés), se lançait dans la distribution de tracts et de journaux, imprimés par "COMBAT", à une bien plus grande échelle qu'au début, et accomplissait ses toutes premières vraies missions. C'est ainsi qu'en exécution d'ordres émanant de la section niçoise de l'ORA (Organisation de Résistance de l'Armée ) placée sous le commandement du capitaine LECUYER (alias SAPIN, Officier de carrière instructeur à St-Cyr en 1939, il devait devenir Général.), il fut procédé à une reconnaissance et à des relevés méthodiques de tous les ouvrages et installations militaires (blockhaus, batteries, dépôts d'essence et de munitions, casernements, etc. . . ) de l'ennemi dans la région s’étendant de St Laurent du Var à Cannes, y compris l'arrière-pays et l 'hippodrome, alors situé sur le territoire de la ville de Nice, à l'emplacement de l'aéroport actuel. La mission consistait en outre à surveiller les mouvements de troupes en identifiant dans toute la mesure du possible les unités concernées grâce, en particulier, aux écussons et insignes des soldats. Plus tard, le Groupe se vit aussi confier le repérage de zones de largage propices au parachutage d'armes ou d'agents dans le massif du Cheiron. Monsieur CAGNOL revient un moment sur les armes cachées dans la Mairie: afin de ne pas "compromettre" Monsieur RAVET aux yeux de l'occupant s'il venait à découvrir la cachette, ni les quelques-autres laurentins qui étaient dans le secret, tels l'abbé DECAROLI et René MAURE, il fut, décidé de les transférer au domicile de Jean- Paul SEGURAN, un instituteur de la commune qui en assura la garde jusqu'au moment de leur distribution aux combattants du maquis. Monsieur CAGNOL se rappelle que le déménagement fut entrepris à l'aide d'un charreton, par 5 ou 6 membres du Groupe, sous la protection de René MAURE et de SANTONI (respectivement chef de la Gendarmerie et garde-champêtre), en personne. Avec le recul du temps, cela peut paraître osé mais la fortune ne sourit-elle pas aux audacieux ?

En juin 1943, afin de faciliter les liaisons entres les organes de commandement de la résistance régionale et le Groupe MORGAN, Messieurs FOATA et CAGNOL reçurent l'ordre de s'installer à Nice. Ils choisirent deux appartements situés, l'un, rue d'Alsace-Lorraine, juste en face de la gare, l'autre rue de la Terrasse. Ce fut une période d'intense activité et les souvenirs de Monsieur CAGNOL abondent "car, nous dit-il, on nous confia de nombreuses missions. Parfois, on escortait discrètement, c'est à dire à distance mais prêts à intervenir et nous étions armés, l'épouse d'un résistant qui avait accepté de transporter ponctuellement des armes légères dissimulées dans une cachette aménagée sous le landau dans lequel elle promenait son bébé (stratagème également utilisé par Madame DEGL 'INNOCENTI ). D'autres fois, quand il s'agissait de chargements plus volumi­neux, Georges FOATA et moi continuions à utiliser le tramway. A St Laurent, pour ne pas tout entreposer chez Monsieur SEGURAN, on portait les armes chez plusieurs commerçants amis avec qui on convenait d'avance d'un code qui nous permettait de savoir si la voie était libre ou non (par exemple linge étendu ou volet fermé). A plusieurs reprises, des réunions clandestines eurent lieu dans nos appartements entre chefs régionaux de la résistance. Nous allions attendre certains d'entre eux à la gare et on les escortait jusqu'à la rue soit d'Alsace-Lorraine, soit de la Terrasse. De même, il nous est arrivé de "réceptionner" des agents chargés de missions spéciales qui "disparaissaient" dès que nous les avions conduits où ils devaient « aller ». Monsieur CAGNOL se rappelle que l'identification réciproque se faisait le plus souvent grâce à un détail d’ordre vestimentaire, pas trop voyant tout de même. De plus, pour s'assurer qu'il n'y avait pas erreur sur la personne, il y avait aussi échange de mots convenus. Par exemple, un jour, le voyageur devait dire à la personne qui l'abordait: "pardon, pour aller avenue de la République, s'il vous plaît ? " et il fallait répondre: "mais j'y vais moi-même".

Tout a bien fonctionné, très exactement jusqu'au 25 avril 1944. C'est une date qu'il n'oublie pas mais, si besoin était, il dispose d'un document qui lui rafraîchirait la mémoire. Il s'agit de la copie (l'original que Monsieur FOATA a pu se procurer après la guerre sera exposé, entre autres, dans le hall de l'Hôtel de Ville, le 27 août 94), d'un avis de recherche, avec photos d'identité à l'appui, lancé par la police Nationale, "à la demande de la Délégation de la Police allemande à Vichy", aux fins d'arrêter les dénommés Georges FOATA et Marcel CAGNOL, qualifiés de "dangereux terroristes «. Heureusement, les deux hommes avaient déjà rejoint le maquis de Carros, grâce à la complicité d'un ami bien placé qui les avait prévenus à temps.

Au sujet du transport d'armes dont a déjà parlé Monsieur HEBERT, Monsieur CAGNOL n'a rien à ajouter, sinon pour préciser que l'opération eut lieu à l'automne 1943 et que la mission avait été confiée à MORGAN par Monsieur Camille RAYON, alias l’Archiduc, un antibois chef de la S.A.P. (Section d’Assistance aux Parachutages) régionale. Monsieur CAGNOL conclut en nous disant que Georges FOATA pourra nous parler plus longuement du Groupe et de ceux qui lui ont apporté leur aide comme, par exemple, le facteur-receveur des Postes de Carros, un corse qui renseignait les maquisards et, parfois, lui aussi, cachait des armes; ou encore Louis PEREZ.

Il est temps de prendre congé de Madame et Monsieur CAGNOL. Nous les reverrons certainement, car il ne manquera pas d'être encore aux côtés de son ancien chef le 27 août 1994 à St Laurent du- Var où les deux amis se retrouveront, sans doute un peu émus, avec, comme toujours, beaucoup de plaisir.

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Commentaires

Bonjour
je serais intéressé par une ou deux photos de votre site pour mon livre
La photo du pont détruit m'intéresserait. J'inscrirais la provenance de ou des photos si vous d'accord
cordialement
M Beaujuge

Écrit par : Beaujuge | 20/09/2013

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