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28/08/2013

LES HAUTES TERRES DES BAOUS

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Les hautes terres surplombant les baous constituent un vaste plateau calcaire semi-désertique de 3500 hectares d’une altitude moyenne de 850 mètres, surplombant la vallée du Var à l’Est et limité à l’Ouest par la Cagnes, partagé entre cinq communes Saint Jeannet, Gattières, Carros, Le Broc et Bézaudun.

Ce vaste « causse » inconstructible, conserve les vestiges intéressants d’une occupation humaine remontant au début de l’histoire. Aujourd’hui ne s’y perpétue à l’écart des villages qu’une modeste activité pastorale limitée à la présence de quelques troupeaux de moutons. Il n’en fut pas toujours ainsi, déjà avant l’ère chrétienne, les premières tribus d’indigènes ligures fréquentaient ces lieux pour s’y consacrer aux prémices d’une activité agropastorale et s’y abriter derrières des enceintes de pierres sèches dressées sur des monticules (les catellaras).

Depuis ces refuges ils pouvaient observer leurs ennemis potentiels et leur résister, comme ils le firent lors de la venue de Celtes 400 ans av J.C. et plus tard avec vigueur à l’égard des Romains.

Voici comment les Ligures sont décrits par l’historien romain Florus (~70 à ~140):«Les Ligures sont durs, laborieux et sobres ; ils ne vivent que du laitage et du fruit de leurs troupeaux. Les femmes y partagent tous les travaux de leurs maris. Ils sont infatigables à la guerre. Remuants par caractère, ils n'ont pas de cavalerie à cause des escarpements du pays et du manque de fourrage. Comme ils habitent un sol âpre, stérile, rocailleux et couvert de bois, ils récoltent peu de fruits et de blé. Tandis que les uns sont à la chasse et soignent les troupeaux, d'autres fendent les rochers et extraient les pierres dont ils font des murs de soutènement. C'est là-dessus qu'ils ramassent quelque terre végétale pour la cultiver. Ils n'obtiennent quelque récolte qu'à force de bras, de ce terrain où l'on ne peut piocher sans rencontrer la roche vive. La frugalité de leur vie, jointe à cet exercice pénible et continuel, les rend secs, maigres, nerveux, mais robustes. L'habitude qu'ils ont de marcher dans ces collines pierreuses les rend agiles à la course. Comme tous les montagnards, ils sont braves et jaloux de leur liberté...»

L’IPAM (Institut de préhistoire et d’archéologie des Alpes Maritimes) a dénombré trois cents castellaras dans le département des Alpes-Maritimes dont 15 dans ce secteur, à Saint Jeannet:

Coste du gros chêne (815m), Baou de La Gaude (798m), Clos des Marses (925m),  Camp Nord-est du Baou de Saint Jeannet (816m), Les Allouchs (680m), Pabayou (883m), Le Castellet (712m).

A Bézaudun : Le mouton d’Anou (1085,5m), La Combe basse de Villeplaine (865m), Enceinte de la côte 871 (871m), Enceinte de la Combe Vallon (907m), Le Puey (953m), Le Puy (860m), Villeplaine (857m), Enceinte de la côte 927,6 (927,6m).

Ces vestiges témoignent de l’active présence des premiers occupants des lieux.

Retranchés, dans ces enceintes les peuplades ligures puis celto-ligures, plus ou moins sédentaires habitant alors ce vaste territoire, pouvaient se protéger de leurs voisins belliqueux, des attaques menées par les colons phocéens et plus tard par les Romains  contrôlant la côte.

Ces constructions protohistoriques mettaient en jeu d'énormes masses de pierres, celles-ci ne pouvaient être débitées qu'à l’aide d’ instruments de fer introduits dans la région par les Celtes.

Les castellaras sont le plus souvent construits dans des lieux retirés et élevés, mais non loin des voies de communication, de manière à les surveiller. Ce sont des refuges fortifiés, assez étendus, dans lesquels des populations entières pouvaient s'abriter en cas de péril.

Certains édifiés avec de gros blocs empilés, sont appelés pour cette raison cyclopéens. D'autres, plus perfectionnés, sont du type lité, c'est-à-dire construits avec des pierres présentant des surfaces parallèles. Les murs ont une largeur qui varie de 1,50 à 8 mètres. Tous ont pourtant la caractéristique commune d'avoir été bâtis en pierres brutes simplement empilées, à joints secs et sans ciment.

Selon les spécialistes, ces constructions remonteraient à l'époque des invasions celtiques, entre le Vlème et le llème siècle avant Jésus-Christ.

Saint Jeannet possède sur son sol une enceinte encore en excellent état. Elle faisait partie d'un camp situé au sommet du Baou de La Gaude, facilement accessible. Le  retranchement formait une surface plane de 800 m2 environ, défendue au sud et à l'Est par l'à-pic des falaises calcaires. Au Nord, partie la plus exposée aux attaques, le camp était protégé par un très beau mur formé de blocs lités et sommairement dressés.

Certaines pierres, taillées en parallélépipèdes, ont plus d'un mètre de longueur et pèsent 700 à 900 kilos. Elles ont été tirées des barres rocheuses situées en contre-bas. Les constructeurs ont établi trois murs successifs formant une épaisseur totale de 3,20 m. Ils ont ensuite comblé les intervalles avec de la rocaille ramassée sur place. La hauteur maximum actuelle est de 2,50 à 3 m. On peut penser qu'au moment de son édification, cette clôture atteignait 4 à 5 mètres.

La protection vers l'avant est renforcée par un fossé, puis par un deuxième rempart moins bien conservé. La muraille se poursuit vers l'Ouest en enserrant une butte de calcaire culminant à 798 mètres formant à la fois poste d'observation et bastion.

L'entrée du camp est parfaitement visible à l'Ouest entre deux rochers formant chicane. Les faces sud et Est donnent directement sur des à-pic.

La surface du camp ne présente guère d'intérêt. Les archéologues n'y ont fait encore aucune découverte. Mais le site et les murs fort bien conservés avec une porte et son linteau restent aujourd'hui encore impressionnants.

Une autre enceinte existe sur le Baou même de Saint Jeannet. Cent cinquante mètres environ au nord de la table d'orientation, le plateau se rétrécit et forme un étranglement. A cet endroit, on distingue une petite levée de pierres dessinant sur le sol une large courbe, longue de cent mètres environ. Avant d'être abattue, au cours de l'histoire, celle muraille délimitait un espace d'à peu près deux hectares, magnifiquement couvert sur trois faces par de hautes falaises abruptes.

Il ne faut pas confondre ces sites celto-ligures avec les bories (ces igloos en pierres) qui sont encore nombreuses sur le plateau. Ce sont des cabanes construites sur un plan circulaire par  empilement de dalles, sans ciment et voûtées en coupole. Les écrivains de l'antiquité romaine ont noté que les celto-ligures bâtissaient et habitaient déjà des cabanes de pierres.

Mais les bories encore debout aujourd'hui datent au maximum de deux ou trois cents ans. Elles servaient aux agriculteurs et aux bergers. Mais elles marquent pour le moins une permanence dans les traditions millénaires de construction.

Ces mêmes traditions se retrouvent dans l'édification des nombreux murs de soutènement en pierres sèches. Dans ce pays où les déclivités sont fortes et où le peu de terre arable est périodiquement enlevé par les pluies, il était indispensable de découper les pentes en planches ou restanques. Celles-ci occupent tout le terroir de Saint Jeannet et des communes voisines, dont elles soulignent esthétiquement les différentes courbes de niveau.

Les plus grandes et les plus imposantes bories se trouvent au-delà des baous, sur le chemin de Bezaudun, entre la bergerie Olivier et la bergerie Malivert.

Les bories sont des habitats précaires souvent construites pour abriter les bergers ou les agriculteurs, venus là pour des séjours temporaires.

D’autres vestiges intéressants (répertoriés par l'association "Sentiers et Villages des Baous") soulignent la présence humaine et rappellent l’exploitation de ces hautes terres tout au long des siècles comme ce rucher, entouré d'un muret de protection, il comprend une petite cabane pour ranger quelques outils (enfumoir, paille sèche...) et une banquette de lauzes abritée du vent du Nord où les ruches étaient posées. Cet enclos, a été nettoyé et remis en état le 8 avril 2007 par le Civam apicole, groupe d'apiculteurs amateurs.

Plus loin une aire de battage : de forme ovale et datant probablement du début du XIXème siècle, cette aire permettait après les moissons, de dépiquer les céréales, à l'aide d'un rouleau tronconique tracté par animal, ou plus simplement, par le piétinement d’ânes, mulets...

Autre rucher, celui de Malamaire, est composé de deux enclos, avec une rangée de lauzes le long du mur ouest de chaque enclos. Les ruches étaient posées sur ces lauzes, et les enclos protégeaient les ruches des troupeaux. Ce rucher, a été nettoyé et remis en état le 31 octobre 2009 par le "Civam apicole".

Une première cabane de pierre se situe à gauche du GR 51 après les restanques elle a été restaurée en 2009 par les élèves de la classe relais de Vence. Une autre cabane est située juste après le rucher en direction du nord. Une construction similaire est visible le long du sentier entre le Baou et le GR 51.

La cabane Castou sur la commune de Gattières avec son linteau brisé fait partie d'un ensemble comprenant une ruine rectangulaire attenante et un puits protégé par une plaque. Proche, le puits de Castou sur la commune de Gattières. Ce puits est protégé par une plaque sur laquelle on peut lire : « Ce puits a été foré et aménagé à part entière par Louis Scelo en 1965, prière de le respecter ».

La première cabane des Gardioles est en très mauvais état et d’un avenir incertain elle se situe à droite du sentier en direction de la Vescagne. La deuxième cabane des Gardioles construite sur deux gros rochers se trouve un peu en contre-bas du sentier, sur la gauche, en allant vers la Vescagne.

Enfin, la grosse cabane du Ruth à degré, est à proximité de deux beaux enclos avec une petite cabane effondrée à son sud-est, voisinant avec un abreuvoir taillé dans la roche.

Signalons également la grande aire de battage de forme rectangulaire sur la commune du Broc, attenante à cette aire, une petite cabane avec une niche extérieure dans le mur nord.

Constructions plus importantes, les bergeries (ou Jas) sont réparties sur l’ensemble du plateau, destinées à accueillir bêtes et gens, elles rappellent la permanence d’une vocation pastorale des lieux. Elles sont souvent nanties d’une citerne récupérant l’eau de pluie depuis le toit :

Bergerie Trastour (en ruines) sa grande citerne est encore visible sous l'escalier.

Le Castellet (décrit plus loin), ferme fortifiée du XIIIe siècle avec son donjon.

Le Jas de Barrière, bergerie construite vraisemblablement en 1700 abandonnée en 1858. Le cadastre napoléonien indique en effet 1858 comme année de la mutation. Une gravure à l'entrée Est de la bergerie présente un cartouche indiquant la date 1700, avec un B gravé dessous, et à droite, un P et une belle croix avec un pied.

Le Jas Jausserand avec son aire de battage devant la maisonnette.

La bergerie des Allouchs, et celle en ruine, située après la balise 3, en montant à droite du vallon de Parriau.

La faune et la flore sont exceptionnelles sur ces hautes terres au carrefour des influences alpines et méditerranéennes, au point d’intéresser particulièrement les naturalistes. Les amateurs de senteurs délicates seront comblés, car les plantes aromatiques y sont à l’honneur: thym, romarin, lavande. Ce type de flore n’est pas là par hasard. Le terrain rocailleux et calcaire est propice au développement de ces variétés. Ce milieu ouvert accueille également l’orchidée et le chardon bleu. La faune se singularise par la présence de nombreux reptiles comme la vipère, la couleuvre et le magnifique lézard ocellé pouvant atteindre 50 cm de longueur. De tout temps, la culture du blé et de l’orge a attiré et maintenu ici une grande variété d’oiseaux parmi lesquels le perdreau et la perdrix rouge, très à l’aise dans ces zones caillouteuses. Une espèce à ne pas négliger : la huppe fasciée. Cet oiseau possède une crête orangée et des ailes noires et blanches.

Aujourd’hui d’abondantes hardes de sangliers occupent les lieux. Depuis quelques années le loup hante les parages, attiré par la présence des troupeaux de moutons.

La chasse n’y a jamais été  négligée, ainsi qu’en atteste la « Garenne » trouvée à 200 m à l'Est Nord-Est de la balise 10. Ce clapier, situé à l'extrémité Nord de belles restanques, possède à sa base une ouverture faite pour piéger les lapins.

Une autre « Garenne » est visible au bord d’une doline au lieu dit Monséguise sur la commune de Carros.

Cette zone de restanques, est composée d’une douzaine de belles planches d'1, 20 m de large, alors que chaque muret fait environ  0,60 m. Il est vraisemblable que pois chiches et lentilles furent cultivés ici. Sur la même parcelle, se trouve une belle cabane. Juste au pied de la balise 2, en montant vers les Baous, on peut y voir une très belle gravure. Elle est composée d'un P majuscule avec un petit point derrière et d’une belle feuille de chêne, ce qui signifierait au dire de Roger Trastour "Pierre Feuille".

Les pierriers (clapas) témoignent du souci des anciens d’épierrer pour récupérer la terre arable. Ainsi à proximité du Baou de La Gaude, au nord de la balise 10, avant d'atteindre le gros chêne, se situe une zone caractéristique de pierriers (clapas). L’épierrage avait pour but de libérer de l'espace pour le pâturage et de garder un peu l'humidité grâce à l'ombre. Un grand cairn voisin abrite en permanence une petite vasque remplie d'eau. Les anciens du village lui donnent le nom de :"L'assemble du pauvre Roubert".

Ainsi s’écrit dans le paysage et sur la pierre la longue et riche histoire des « Hautes terres » des plateaux des Baous.

EXTRAIT DES "HISTOIRES ET LÉGENDES DES BALCONS D'AZUR": LA GAUDE, SAINT JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC, BÉZAUDUN, COURSEGOULES, TOURRETTES SUR LOUP, VENCE, SAINT PAUL DE VENCE, LA COLLE, ROQUEFORT LES PINS, VILLENEUVE LOUBET, CAGNES...

De La Gaude à Vence et au Broc, le vaste belvédère qui surplombe la Méditerranée et le Var reste méconnu. La région provençale des « Balcons d'Azur » renferme pourtant des trésors histo­riques et architecturaux qu'il est urgent de découvrir, au-delà de la splendeur des paysages. C'est à ce voyage insolite que nous invite l'auteur, le long d'un amphithéâtre, au cœur duquel s'égrènent les célèbres fleurons de LA GAUDE, VENCE, SAINT-JEANNET, GATTIÈRES, CARROS, LE BROC.

Passant tour à tour de la réalité des faits historiques, chargés de fabuleuses anecdotes, aux légendes, Edmond Rossi, auteur de divers ouvrages sur le passé et la mémoire des Alpes-Maritimes, a recueilli et réuni quelques moments singuliers de ces villages.

Le choix de La Gaude s'impose comme le centre de gravité de ce « triangle d'or» d'une richesse exceptionnelle. Aux limites de ce secteur, des vestiges témoignent également d'un passé où l'insolite nous interpelle pour mieux conforter la légende: chapelle oubliée de COURSEGOULES, fayard de BÉZAUDUN, tombeau mystérieux de TOURRETTES-­SUR-LOUP, ruines austères de VENCE ou cachées de ROQUEFORT-LES-PINS, sentinelle fortifiée de SAINT-PAUL et abbaye de LA COLLE, châteaux de VILLENEUVE-LOUBET et de CAGNES.

La Gaude, célèbre pour son vin sera aussi l'inspiratrice de Marcel Pagnol pour sa « Manon des Sources ». D'Hercule à d'Artagnan venu arrêter le marquis de Grimaldi à Cagnes, laissez-vous guider par les fantômes des personnages, pour parcourir les vivantes ruelles de ces villages et la riante campagne alentour. L'agréable découverte de ces bourgs authentiques aux limites de la Provence, vous révélera bien d'autres trésors, dignes de ceux cachés là par les Sarrasins et les Templiers, bien présents dans tout ce secteur.

Ce livre est édité par les "EDITIONS CAMPANILE

Ouvrage illustré, de 160 pages, également disponible dans toutes les bonnes librairies au prix de 18 € et dédicacé par l'auteur, en contactant: edmondrossi@wanadoo.fr 

 

29/07/2013

LE CHÂTEAU DE CAGNES ET DES CAGNETTES

 

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Au Ve siècle, Saint Véran, moine de Lérins, établit une abbaye près de l’embouchure du Loup qui sera détruite par les Sarrasins. Elle renaîtra à l’initiative de l’évêque de Vence avant d’être abandonnée au XIme siècle par l’Abbaye de Lérins.

Le castrum de Cagna ou Caïna existe dès le XIme siècle nanti d’un château cité en 1032, la seigneurie appartient alors aux Vicomtes de Nice. Caigno est au XIIème siècle ceinturé de murailles.

Lors de la guerre de conquête entreprise par le Comte de Provence, le castrum cagnois est investi et confié à son capitaine et fidèle compagnon Romée de Villeneuve. Celui-ci prélève sur la seigneurie de Cagnes, au nord, les terres destinées à Cagnettes et à l’ouest une partie pour former le fief de Villeneuve.

Le castrum de Cangna est cité en 1230 (Liste des Castra), en 1235 (Statuts de Fréjus) et en 1251-52 (Enquête de Charles d’Anjou), il est placé en 1325 dans la circonscription administrative de Vence.

Au XVme siècle, on ne recense qu’une centaine d’habitants en 1400 et la moitié ensuite jusqu’à 1471 où un cheptel important comporte : 260 bovidés, 30 équidés et 6500 moutons. L’abondance de ces troupeaux oblige la communauté à utiliser les pâturages voisins de La Garde et du Loubet.

Au début du XVIème siècle, les consuls de Cagnes remettent en état les fortifications entourant le bourg. Des murailles cernaient Cagnes dès le XIme siècle, elles avaient été renforcées au XIIème et XIIIème siècles. C’est au XIVème siècle que Raynier Grimaldi décide la construction d’une forteresse dominant l’ensemble.

Ce « château gardé », bâti après les Croisades, est destiné à surveiller la mer. On y accède alors par une voie souterraine. Si l’on signale avant l’invasion sarrasine un Hugues Grimaldi, fils de Thibaud à qui Pépin le Bref aurait donné les terres de Cagnes, en 1300 le fief appartient à Robert d’Anjou, Comte de Provence qui le restitue aux Grimaldi de Monaco. C’est ainsi qu’en 1309, Rainier, souverain de Monaco et amiral de France, y fait élever un château.

La forteresse médiévale subit de graves dégâts lors des invasions de la Provence par le Connétable de Bourbon en 1524 et de Charles Quint en 1536. Jean Henri Grimaldi transforme en 1620 l’austère château en demeure seigneuriale. De grandes fenêtres sont ouvertes, un jardin extérieur, sorte de patio, est aménagé, un vaste escalier de marbre grimpe vers une salle des fêtes, alors qu’une large porte perce la façade donnant sur la place intérieure. Devenu en 1635 Maréchal de camp des armées du Roi, le lieutenant général Jean Henri, sacré Baron de Cagnes, organise de nombreuses réceptions dans son élégante demeure. A sa mort en 1651, son fils Honoré sera fait Marquis de Cagnes.

Le 11 juin 1707, la flotte hollandaise débarque 1200 hommes à Cros de Cagnes, le bourg résiste cinq jours avant d’être pillé et le château saccagé par les Austro-sardes.

Le 5 avril 1710, sur l’ordre de Sa Majesté le Roi Louis XIV, le Comte d’Artagnan arrête dans le château de Cagnes Honoré III Marquis de Grimaldi, seigneur d’Antibes, pour la fabrication et le trafic de fausse monnaie. Une perquisition permet de découvrir un atelier installé dans les caves !…

Le 30 novembre 1746, les Impériaux repassent le Var, les habitants de Cagnes s’enfuient dans la campagne. Le général autrichien Braun occupe le château ; grâce à l’entremise de l’évêque Surian, les dégâts seront minimes.

Le dernier seigneur, Sauveur Grimaldi, se rendit célèbre par un procès où il réclama, sans résultat, la couronne des Princes de Monaco. Emigré à Gênes à la Révolution, son château fut pillé en 1790, les marbres descellés et emportés, les boiseries utilisées comme bois de chauffage.

Vendu à plusieurs reprises, le château devient en 1873 propriété de M. C. Gerecke qui le restaure et ajoute la tour centrale déparant l’ensemble.

Acquis en 1937 par la ville de Cagnes, il abrite aujourd’hui un musée et un centre de manifestations culturelles.

Le patio renaissance de forme triangulaire, entouré de deux étages de galeries à colonnes superposées, est ombragé par un poivrier. Les salles basses voûtées du XIVème siècle, au nombre de sept, accueillent une rétrospective médiévale et un musée de l’olivier. Un escalier monumental conduit aux salles du premier étage auxquelles donne accès une galerie ceinte d’une élégante balustrade. Se succèdent : la salle des réceptions, la salle des audiences avec son plafond à la française et la salle des fêtes avec au plafond une peinture en trompe l’œil dessinée de 1621 à 1624 par le génois Carlone : « La chute de Phaéton », d’une étonnante perspective.

Cette fresque célèbre dans le passé, attirait les visiteurs troublés par l’extraordinaire illusion d’optique obtenue par l’artiste. En 1707, le Duc de Savoie et le Prince Eugène, occupent les lieux. Le Duc voit dans la chute du fils du Soleil un présage néfaste et décide de le détruire. Le Prince évitera le pire. Mais des soldats austro-sardes, enivrés par le muscat de Saint Laurent tireront tout de même au fusil sur le pauvre Phaéton !

L’ensemble de ces salles d’apparat de pur style Louis XIII se poursuit avec l’oratoire décoré de gypseries. La salle d’histoire locale et de la pêche en Méditerranée retiendra l’attention du visiteur.

Au second étage, se trouvaient les appartements privés des Grimaldi. Le sommet de la tour offre un panorama incomparable sur Cagnes, la mer et les Alpes.

La visite du château-forteresse (10h à 12h et 14h à 17h et du 2 mai au 31 octobre : fermeture à 18h, fermeture le mardi et les jours fériés.) doit se compléter par un parcours des rues aux maisons pittoresques de la cité médiévale : le Haut de Cagnes. Restes de l’enceinte fortifiée des XIIème et XIIIème siècles, les portes ogivales restituent une atmosphère remontant aux origines de cette attirante bourgade.

CAGNETTES

Après sa victoire, Romée, bénéficiaire des seigneuries conquises, réorganise celles-ci en découpant leur territoire. Il crée, en disposant d’une partie du fief de Cagnes, un nouveau castrum centré sur le château dit de Cagnettes.

A sa mort en 1251, cette seigneurie revient (comme toutes celles qu’il détenait) au Comte de Provence Charles 1er d’Anjou, mais il n’est question que d’un château sans agglomération. Il n’est plus fait mention par la suite que du domaine agricole voisin dit de la Bastide des Salles.

Aujourd’hui, le site médiéval est localisable à l’intersection des limites des comunes de Cagnes, La Gaude et Vence qui se sont partagés ses terres.

D'après « Les Histoires et Légendes du Pays d’Azur », pour commander cet ouvrage dédicacé de 15 € : contacter edmondrossi@wanadoo.fr

14/07/2013

SAINT LAURENT DU VAR: AU XIXème SIÈCLE LA FRONTIÈRE HÉSITE SUR LE VAR...

LA DILIGENCE RELIANT CANNES A NICE EN 1839.jpg

Pendant les quarante six ans durant lesquels le Var redevint une frontière, le vieux pont de bois continua à relier les deux rives. Souvent il était emporté, et en décembre 1858, Alphonse Karr qui abritait à Nice son opposition au régime bonapartiste et s’y adonnait à la culture florale pouvait noter dans sa chronique des événements locaux :

« Deux arches du pont du Var ont été emportées par les crues des eaux. C’est la seconde fois depuis cinq ans que pareil accident arrive. Je crois me rappeler qu'il y a cinq ans (j’arrivais à Nice) un charretier fut précipité avec sa charrette et ses chevaux. Cette fois, deux voitures, des Messageries, chargées de voyageurs, n’ont passé en se croisant que cinq minutes avant l’écroulement. Chaque fois le service des marchandises et des dépêches est interrompu pendant un jour ou deux et retardé pendant huit ou dix. Supposez l’écroulement plus considérable et les communications entre les Etats sardes et la France pourraient être interrompues, du côté de la terre, pendant un temps beaucoup plus long ».

Mais l’année 1860 ouvre pour notre région une ère nouvelle. Le traité du 24 mars, suivi du plébiscite triomphal au suffrage universel par lequel les citoyens ont affirmé leur volonté, réunit à la France le Comté de Nice. Les deux rives du Var appartiennent désormais à un même département qui reçoit le nom des Alpes Maritimes.

Le gouvernement français se préoccupe immédiatement d’améliorer les communications, afin d’ouvrir largement notre littoral aux courants de la vie moderne. Le chemin de fer est alors le grand agent du progrès. La voie prolongée depuis Toulon atteindra Nice dans l’été 1864. Elle traversait le Var par un pont en fonte et maçonnerie de six arches ayant chacune 50 mètres d’ouverture.

 

L’Etat, la compagnie P.L.M. avaient signé un contrat prévoyant la construction d’un pont route, dont la chaussée devait avoir 6 mètres de largeur, accolé au viaduc du chemin de fer. Cet ouvrage était livré à la circulation en mai 1865.

Mais en raison même de la position de cette nouvelle voie située nettement en aval, le village de Saint Laurent du Var se trouva éloigné de plusieurs kilomètres de la route nationale. Le pont de bois cessa d’être réparé et fut bientôt dans un tel état de délabrement qu’il devint un danger public. Un arrêté préfectoral du 27 juillet 1865 en interdit la circulation. Deux mois plus tard, le 28 septembre, un arrêté autorisait provisoirement le passage  des charrettes d’exploitation rurale du village, sous réserve que le pont serait entretenu aux frais des habitants. Une association syndicale ayant pour but de faire les réparations nécessaires et d’assurer la bonne tenue du pont fut constituée. Finalement un arrêté préfectoral du 19 janvier 1869 ordonnait la démolition de la passerelle.

 

Pour en savoir plus, consultez :«Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire» ou quand le présent rejoint  en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.

Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.

Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.

Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

Livre de 120 pages, 17€ disponible sur demande à edmondrossi@wanadoo.fr