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23/05/2013

SAINT LAURENT DU VAR 1939-1945, BILAN DES ANNÉES NOIRES

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Lors de la reconstruction, les principaux problèmes rencontrés étaient la lenteur des paiements des dommages par l'Etat, le manque de certains matériaux, la paperasserie administrative et le manque de main d’œuvre spécialisée dans le bâtiment. De plus, la ville était dans l'impossibilité financière de faire face aux dépenses de remise en état des bâtiments communaux.

Les laurentins suggérèrent donc de réduire la paperasserie, d'accélérer l'établissement du plan d'urbanisme et le paiement des subventions pour dommages de guerre. Ils souhaitaient la création d'une subdivision du Ministère de la Reconstruction à Saint-Laurent-du-Var, l'augmentation du nombre d'immeubles réparés d'office et la suppression du marché noir dans les matériaux de construction.

La guerre a considérablement marqué la ville de Saint-Laurent-du-Var. Même si la commune n'avait pas de cibles potentielles pour les militaires, sa localisation à proximité de Nice lui fut fatale. Les ponts franchissant le Var furent des objectifs à détruire. Ils symbolisaient l'espoir et le ravitaillement pour les niçois et l'Est du département. Mais ils furent, pour les laurentins, à l'origine de leurs malheurs. En effet, bien qu'étendue géographiquement, la quasi-totalité de la ville fut atrocement mutilée par les bombes. Fort heureusement, toutes les attaques aériennes ne s'avéraient pas mortelles. C'est, en partie, grâce à l'action de la Défense Passive. En dépit de moyens limités, celle-ci put sauver de nombreuses vies. Par contre, elle ne pouvait rien face aux dégâts occasionnés par les bombes. La ville fut l'une des plus sinistrées du département, sans qu'elle ne fut une cible véritable !

En raison des changements politiques à l'échelle nationale, la vie politique de la commune fut assez agitée. Louis Bènes était à la tête de la municipalité depuis dix-huit ans quand la guerre éclata. Cette stabilité politique ne dura pas car Bènes fut remplacé en 1941, conformément aux souhaits de l'Etat Français. Louis Ravet lui succéda. Ce fut une chance pour la ville. En plus de « servir » la cité, Ravet participa activement à la création d'un groupe de résistance locale. L'aide apportée à la résistance par le chef de gendarmerie Maure et ses gendarmes permit d'installer des conditions d'actions favorables pour la résistance. De plus, même le curé de la paroisse laurentine, Thomas Decaroli, soutenait la résistance. Ce fut notamment grâce à ces circonstances que le groupe Morgan put agir si efficacement. Avec la libération, le conseil nommé par Vichy disparut. Plusieurs comités de libération revendiquèrent le pouvoir, ce qui entraîna un lutte féroce entre les différents prétendants. Même si, dès Octobre 1944, l'un d'eux fut reconnu officiellement par le C.D.L., les tensions ne cessèrent pas. Seules les élections municipales d'Avril - Mai 1945 permirent un retour au calme relatif. Celles-ci apportaient un soutien massif à la plupart des membres du C.L.L. ainsi qu'à d'anciens conseillers municipaux élus en 1935 et à Louis Ravet. La guerre fut, en politique, un accélérateur. En effet, du fait de la reconstruction, les réunions se firent plus fréquentes. Dans les années qui suivirent, le conseil dut se réunir pour faire face à la hausse démographique de la cité. Cette augmentation avait débuté avant la guerre mais elle fut ralentie en raison de l'occupation mais surtout à cause des bombardements.

Au sortir du second conflit mondial, St Laurent est une ville très éprouvée. En grande partie détruite, la commune a perdu plus de soixante de ses habitants, victimes de la guerre. On peut se demander si le destin de St Laurent n'aurait pas été différent et si des vies n'auraient pas été épargnées, si les alliés avaient réussi à faire sauter les ponts dès les premiers raids. Fin Août 1944, la commune est libérée mais c'est un immense champ de ruines. Pratiquement tout est à reconstruire. Les efforts des municipalités précédentes pour aménager la cité sont réduits à néant. Un nouveau plan d'urbanisme est élaboré. St Laurent renaît mais n'oublie pas cette période de l'histoire. Il suffit de voir aujourd'hui le nombre important de rues, d'avenues, de squares dont les noms sont rattachés à la seconde guerre mondiale.

 

Le mémoire de Jérémy Thomas « Saint Laurent du Var Alpes Maritimes »(Réf : M.M.622.1.THO.1999) esr consultable au « Musée de la Résistance » à Nice La Plaine 1 Bât A2 Boulevard Maurice Slama 06200 Nice Tél : 04 93 81 15 96 

16/05/2013

SAINT LAURENT DU VAR REÇOIT GARIBALDI « LE HEROS DES DEUX MONDES »

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 Héros de toutes les indépendances, artisan de l'unité italienne, Giuseppe Garibaldi est né à Nice en 1807. Il débute sa vie de voyageur comme mousse à l'âge de 13 ans.

Proche du mouvement "Jeune Italie" du socialiste Mazzini, il est condamné à mort pour avoir participé au soulèvement des Carbonari de Ligurie. Il s'embarque alors en 1834 pour l'Amérique, où il s'engage dans la révolte du Rio Grande contre le Brésil.

Obligé de fuir après la défaite, il se met au service de l'Uruguay en lutte contre l'Argentine et remporte avec sa légion, la victoire décisive de San Antonio.

De retour en Europe en 1848, avec sa légion, il soulève l'enthousiasme des peuples partout où il passe et particulièrement à Nice. A Rome en 1849, ville qu'il a investie à la tête de ses hommes, il proclame la République déclenchant une réaction internationale. Assiégé par une coalition franco-autrichienne, il échappe à l'encerclement et parvient à battre en retraite à travers toute la péninsule. Il doit alors s'exiler et choisit les Etats-Unis.

A partir de 1856, il lutte pour l'unité italienne. Il organise en 1860 l'expédition des

Mille, à la tête d'une légion de mille hommes volontaires de tous pays, revêtus de la célèbre chemise rouge, qui conquiert la Sicile, puis Naples, le rendant populaire dans

le monde entier.

La France est envahie en 1870, il accourt à son secours avec une légion de 5000 hommes, stoppant une armée de 40000 Prussiens à Dijon.

Bien que n'étant pas candidat, quatre départements français l'élisent comme député (dont la Côte d'Or et les Alpes Maritimes). Mais en 1871, il ne répond pas à la Commune de Paris, qui l'avait nommé généralissime. Devenu député italien en 1875, il se retire bientôt à l'île de Caprera, où il meurt en 1882.

Le 8 septembre 1849 Garibaldi est à St. Laurent avec le désir de rentrer à Nice, dans le royaume de Piémont-Sardaigne, où il écrira les glorieuses pages de l’unité italienne.

Le sous-préfet de Grasse s'effraye et le maire de St. Laurent le rassure en ces termes:

« 10 septembre 1849,

Citoyen Sous-préfet,

En réponse à votre dépêche extraordinaire d'aujourd'hui, relative au général Garibaldi j'ai l'honneur de vous faire connaître que cet officier supérieur est arrivé avant hier au pont du Var, où un petit nombre de ses amis est venu l'accueillir, mais arrivé au poste des carabiniers sardes, ceux-ci ne voulurent pas le laisser entrer avant de s'être référés à leurs chefs. Mais vers 5 h. un carabinier à cheval est arrivé avec un ordre de le laisser entrer et alors le général est parti pour Nice. La garde nationale de cette ville n'a fait aucune démonstration, du moins que je sache, de venir sur le territoire de la République française... ».

Pour en savoir plus, consultez :«Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire» ou quand le présent rejoint  en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.

Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.

Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.

Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

Livre de 120 pages, 17€ disponible sur demande àedmondrossi@wanadoo.fr

09/05/2013

SAINT LAURENT DU VAR 1939-1945, LES TRAVAUX DE RECONSTRUCTIO

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La reconstruction était au programme du CLL dès le 6 Septembre 1944. La ville se dota d'un nouveau plan d'urbanisme. Près de 75 ouvriers (spécialistes et manœuvres) étaient disponibles à St Laurent, parmi lesquels deux entrepreneurs en maçonnerie, cinq artisans, deux électriciens, trois entrepreneurs en menuiserie, deux entrepreneurs de plomberie, trois entrepreneurs de peinture et un entrepreneur de Travaux Publics.

A cause du manque de certains matériaux et de la lenteur du paiement des subventions par l'Etat, les sinistrés réparèrent eux-mêmes la plupart des immeubles.

La ville bénéficia aussi de main d’œuvre en la personne de prisonniers allemands qui furent notamment employés au curage du Béal parallèle au Var au quartier du lac. Leur rôle était également d'aider au déblaiement et à la construction d'immeubles totalement sinistrés. Lors des délibérations du conseil municipal du 15 Décembre 1945, « le Maire signale au Conseil qu'il a reçu la visite de M.Guidetti, délégué adjoint à la reconstruction, de M.Jacques, chef section aux travaux et de M. Casazza, chef adjoint section travaux qui sont venus demander un terrain communal pour l'emplacement des baraquements destinés au cantonnement de 800 prisonniers de guerre Allemands.

Ces prisonniers seront occupés aux travaux de déblaiement et de construction des immeubles totalement sinistrés. (..) le CM désireux de bénéficier de l'apport gratuit d'une main œuvres aussi importante, pouvant rendre de très grands services à la population, décide de mettre un terrain à la disposition du Ministère de la Reconstruction à titre gratuit (..) Le Conseil insiste tout particulièrement pour qu'un écran soit établi (...) de manière à éviter que la population soit en contact avec le camp de prisonniers et sollicite une garde vigilante pour assurer la police du camp. »

Les prisonniers aidaient aux réparations des dommages dus aux bombardements, aux comblements des trous et des fossés antichars, à la réfection de chemins, à l'enlèvement des barbelés délimitant les terrains minés et à la remise en état des terrains.

« Les premiers labours des ex-terrains minés devaient être effectués par les prisonniers de guerre afin de ne pas exposer la vie des agriculteurs français. Les prisonniers étaient surveillés par des gardiens français. Quatre gardiens furent embauchés. Seul le dimanche était jour de repos cependant quelques fois les prisonniers aidèrent les agriculteurs dans les travaux des champs.»

Durant sa séance du 15 Décembre 1945, le conseil municipal donne son avis favorable pour les demandes d'ouvertures de commerces : bar restaurant, entreprise d'étanchéité et d'asphaltage, nettoyage, tapissier-matelassier, dépôt de pain, atelier radio-électricité, commerce électricité sur automobile, brocanteur et blanchisserie teinturerie repassage.

La SNCF est chargée de réparer le pont du chemin de fer. L'édition des Dimanche 1' et Lundi 2 Octobre 1944 du journal « Combat », signale l'avancée des travaux :

« Les trains arriveraient bientôt à St Laurent du Var.

Depuis la libération de la Côte, les travaux de réfection de la voie ferrée Nice-Marseille se sont poursuivis activement. Il est probable que, d'ici peu de temps, les trains venant de Marseille pourront atteindre St Laurent du Var. Il semble, en effet, que les travaux de réfection du pont de St Laurent dureront encore quelques temps.

De toutes façons, le transbordement des marchandises de Saint Laurent à Nice est relativement facile et, sans aucun doute, la reprise du trafic améliorera sensiblement notre ravitaillement. »

L'attente provoquée par la durée des travaux provoqua quelques tensions. Les cheminots et la SNCF rejettent la responsabilité sur les Ponts et Chaussées dans le journal « Combat » du Mercredi 8 Novembre 1944 :

« Les Cheminots disent pourquoi les trains n'arrivent pas encore à Nice

La Section des Cheminots de la MP nous communique un intéressant document concernant la remise en état des voies d'accès à Nice. Nous en extrayons les passages suivants:

« Qui est responsable de la non-remise en état du pont de chemin de fer ? Pas les cheminots ni la SNCF. La faute en incombe aux Ponts et Chaussées et surtout à M Leyssieux, avec qui nous avons eu plusieurs entrevues en présence des représentants de la Délégation Spéciale, du Comité de Salut Public.

Nous avons mis la Préfecture et le CDL au courant d'un projet qui était très facile à réaliser et qui se résumait à la réparation du pont de bord de mer qui, nous l'avons démontré, était réparable en trois semaines de travail au maximum.

Qu'ont fait (..) les Ponts et Chaussées ? Ils ont préconisé la reconstruction d'une passerelle en amont du pont de chemin de fer, à la hauteur de la Digue des Français, qui coûtera douze millions.

Or, avec deux millions on aurait pu aménager le pont du bord de mer. Il est inadmissible que depuis la libération de Nice on n'ait pas été capable de remettre en état le pont du bord de mer.

Nous engageons notre parole d'honneur que si on nous avait écouté, à l'heure actuelle, le pont du chemin de fer serait réparé ou presque (...) »

Moins de deux mois après, le pont SNCF était remis en état. Le journal « Combat », dans son édition du Jeudi 28 Décembre 1944, félicite et remercie les cheminots :

«  MERCI LES CHEMINOTS !

Dimanche les wagons du ravitaillement pourront arriver en gare de Nice. Hier, en sept heures, le pont du Var a retrouvé sa continuité

(...) 1200 TONNES RELEVEES

Vous savez que la dernière arche du pont, la plus rapprochée de Saint-Laurent-du-Var, avait été coupée et basculée dans le fleuve par les Allemands en retraite. Vous vous rappelez qu'aussitôt après leur arrivée, les Américains avaient équipé la cassure de poutrelles de roulement qui permettaient à leurs véhicules d'emprunter le pont, transformé en montagnes russes, mais qui offraient bien des difficultés à nos gazogènes.

Après l'expertise des Ponts et Chaussées et des ingénieurs de la SNCF, des équipes de cheminots et de diverses entreprises de travaux publics se mirent au travail. La tâche n'était pas simple. La travée n'était pas brisée, il fallait la remonter de cinq mètres cinquante, de façon à l'amener au niveau des autres travées, tout en la remettant dans l'axe du pont, dont elle était déviée d'un mètre cinquante. Tout cela sans interrompre le trafic (..). Pour donner un ordre de grandeur, notons que la masse métallique à soulever pesait 1200 tonnes et qu'elle était d'une longueur de 64 mètres (..).

Dimanche, sauf complications imprévues, les wagons de ravitaillement, poussés un par un, pourront franchir le Var, et venir directement jusqu'à Nice. Deux ou trois jours après, quand la solidité du pont aura été éprouvée, on y laissera s'aventurer l'autorail du service Nice- Marseille. Les travaux de consolidation se poursuivant, on peut espérer au bout de quinze jours, faire parvenir les trains de voyageurs jusqu'à la gare de Nice-Ville. P-A CONSTANTIN»

 

Le mémoire de Jérémy Thomas « Saint Laurent du Var Alpes Maritimes »(Réf : M.M.622.1.THO.1999) esr consultable au « Musée de la Résistance » à Nice La Plaine 1 Bât A2 Boulevard Maurice Slama 06200 Nice Tél : 04 93 81 15 96