24/09/2012
SAINT LAURENT DU VAR DURANT LA GUERRE 1939-1945, LA POPULATION FACE À LA GUERRE
Etude démographique
Années Population Qualité du dénombrement
1926 3215 Recensement
1931 4112 Idem
1936 4825 Idem
1939 5350 Estimation
1942 5200 ou 5400 Estimations
1944 3722 En Décembre, d'après les cartes d'alimentation.
1946 4006 Recensement
Lors de ses délibérations du 26 Septembre 1936, le conseil municipal évoque la « courbe régulière et ascendante de population ». Il est vrai qu'en une dizaine d'années, entre 1926 et 1936, la ville a gagné plus de1600 habitants. C'est une hausse de 50%. Le 18 Mars 1939, les habitants sont estimés « au minimum à 5400 64». Il faut cependant nuancer ce chiffre car il est probable que le conseil l'ait un petit peu surévalué. En effet, la ville avait besoin d'un nouveau garde champêtre, l'ancien étant parti. Il fallait peut-être tirer l'estimation vers le haut pour que la demande puisse aboutir. Le 15 Mars 41, le conseil note que la population augmente toujours. On ne peut pas confirmer cette idée car l'accroissement naturel est alors négatif. De plus, en 1942, la population est estimée à 5200 ou 5400 habitants.
Il n'y a pas d'augmentation si l'on considère qu'il y avait 5400 habitants, au moins, en 1939. Mais on a vu que ce chiffre devait être nuancé. En admettant que la population de 1939 était équivalente à 5000 habitants, on pourrait dire que la population a augmenté puisqu'en 1942, elle atteint 5200. Cette hausse ne s'expliquerait donc que grâce à l'arrivée de nouveaux habitants. Il est envisageable que des personnes aient fui la zone nord et soient venus s'installer à St Laurent. Mais les chiffres étant des estimations, il est très difficile d'aboutir à des conclusions réalistes.
Le recensement de 1946 montre que le nombre des habitants a très nettement baissé (plus de 20% par rapport aux estimations de 1942). L'effectif de la population est inférieur à celui de 1931. La croissance de la ville a donc été stoppée par les événements de la guerre. Les bombardements de 1944 firent de nombreuses victimes parmi la population laurentine. De plus, une partie des habitants fut évacuée au cours du mois d'Août 1944, à cause des bombardements et du nombre incroyable de maisons qui furent détruites. Cela explique le chiffre de Décembre 1944, une partie de la population évacué, n'étant certainement pas rentrée.
DATE NAISSANCES.,,,,DECES ACCROISSEMENT NATUREL MARIAGES
1939 32 43 -11 32
1940 38 73 -35 32
1941 53 67 -14 30
1942 50 78 -28 47
1943 48 87 -39 37
1944 36 117 -81 22
1945 34 60 -26 34
Les naissances
Sur la période 1939-1945, on distingue trois périodes. Les deux premières années correspondent approximativement avec les chiffres des années précédentes (cf Annexe 10). Puis de 1941 à 1943, le nombre des naissances augmente sensiblement. Les circonstances peuvent peut-être expliquer cette hausse. D'abord, la France n'est plus en guerre contre l'Allemagne et l'Italie. Cette paix est un facteur favorable. Les soldats ne sont plus au front. Après la paix, bon nombre d'appelés sont revenus à St Laurent. Ils y sont restés grâce aux attestions de la mairie, notamment ceux qui risquaient de partir pour le S.T.O.
Les décès
Dès 1940, le nombre des décès augmente. Cela correspond avec les véritables débuts du conflit après la période dite « la drôle de guerre ». Seuls deux laurentins furent tués aux champ d'honneur. Sept prisonniers de guerre et un déporté juif ne revinrent pas, 4 FFI furent tués, deux furent victimes de l'occupation allemande. Une britannique, Valérie Fahnestock, qui résidait avec son mari à St Laurent avant la guerre, mourut en déportation dans un camp japonais aux Philippines. Les conditions de vie rendues difficiles à cause de la guerre peuvent être une raison. Les conditions climatiques (hivers rigoureux) et la sous-alimentation due au rationnement sont des raisons de la hausse des décès. 1944 est une année terrible. Le nombre est en augmentation de 34% par rapport à 1943. Les bombardements sont évidemment la cause de cette soudaine croissance. De plus, les conditions de vie ne se sont pas améliorées, les habitations étant endommagées ou détruites. Dès 1945, les chiffres de la mortalité retrouvent un niveau normal. La fin de la guerre et des combats ainsi que le retour à une vie plus normale en sont les raisons.
Les mariages
Leur nombre augmente en 1942. On peut évoquer les mêmes raisons que celles qui expliquent la hausse de la natalité : le retour des appelés, une situation politique relativement calme... Par contre, dès 1943, le nombre diminue fortement. Les événements de 1944 expliquent, comme pour les décès, le chiffre de 1944. St Laurent est directement impliqué dans la guerre, les mariages sont moins d'actualité. 1945 voit le chiffre des mariages remonter nettement, fin de la guerre oblige.
La structure de la population.
Il n'est pas aisé de décrire la structure de la population car les documents à ce sujet sont peu nombreux. Toutefois, on peut signaler le mémoire de DES de géographie de Jean-Claude Baysang. Rédigé en 1967, son sujet est la ville de Saint-Laurent-du-Var. L'étude porte sur le vingtième siècle mais il y a des zones d'ombres concernant la période de la seconde guerre mondiale. Les données sont peu nombreuses, guerre oblige.
L'agriculture était la principale activité économique de St Laurent. En 1936, la ville comptait environ 500 producteurs. Les délibérations du conseil municipal du 21 Septembre 1940, confirmaient l'importance de l'agriculture : la ville avait une « population essentiellement maraîchère ».
St Laurent disposait également d'une « population très cosmopolite et très étendue. Sur 5000 habitants, on estimait les étrangers à environ 2000. Ils représentaient donc près de 40% des habitants. Jean-Claude Baysang a évalué à 30,8% la proportion de population étrangère dans les habitants de St Laurent en 1931. Ils étaient originaires pour la majorité d'Italie. Cette implantation considérable de ressortissants italiens à St Laurent eut quelques conséquences lors de l'occupation italienne (cf les relations entre la population et les occupants).
Extrait du Mémoire d'histoire de Jérémy Thomas
Le mémoire de Jérémy Thomas « Saint Laurent du Var Alpes Maritimes »(Réf : M.M.622.1.THO.1999) esr consultable au « Musée de la Résistance » à Nice La Plaine 1 Bât A2 Boulevard Maurice Slama 06200 Nice Tél : 04 93 81 15 96
09:40 Publié dans DECOUVERTE DU PASSE, HISTOIRE, MEMOIRE | Lien permanent | Commentaires (0)
14/09/2012
CARTES POSTALES ANCIENNES DE SAINT LAURENT DU VAR
Petite précision...
L’absence de cartes postales anciennes de Saint Laurent du Var à l’exposition présentée actuellement dans le hall de la Mairie à l’occasion des journées du Patrimoine a été regrettée avec raison dans les colonnes de Nice-Matin.
Si la collection Gilletta n’en contient aucune, bien d’autres existent qui seront présentées prochainement dans l’ouvrage « Mémoire en images de Saint Laurent du Var » que je signe en tant qu’historien avec le photographe Pierre Alliez.
Ainsi sera réparée la frustration que pourront ressentir les Laurentins lors de la visite de l’exposition des magnifiques cartes postales anciennes de la Côte d’Azur où les vues de leur cité sont oubliées.
Edmond ROSSI
Voir: http://www.enprovence.fr/rubrique/culture-et-mode_r5/si-l...
12:58 Publié dans DECOUVERTE DU PASSE, HISTOIRE, Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)
09/09/2012
DESJOBERT ET VALAZÉ DEUX FRANÇAIS MORTS À NICE, INHUMÉS À SAINT-LAURENT-DU-VAR
Entre 1814 et 1860, au temps où le Var séparait la France des Etats sardes, des Français, morts à Nice, furent enterrés au cimetière de Saint Laurent du Var pour reposer dans le sol national.
En juillet 1832, Desjobert, ancien Consul Général de France à Naples, officier de la légion d'honneur, atteint d'une maladie particulièrement cruelle, est allé sans succès consulter un médecin à Montpellier, voyage inutile, perdant la raison, à force de souffrances, il se tue d'un coup de pistolet.
L'usage était, à Nice, de mettre à la potence le cadavre d'un suicidé et d'y attacher la sentence. Le Consul de France le baron Masclet, s'arrangea pour que l'enquête de la police sarde soit discrète et imprécise et qu'une fois le cadavre conduit au premier village français, les funérailles se fassent avec l'assistance du clergé.
La tombe existe toujours à l'entrée du cimetière, une grille l'entoure, derrière, se dresse une croix, plantée, dit l'inscription, par la veuve Eugénie de la Chaix, au Nord, une plaque en marbre porte un distique latin:
« Voués aux longs travaux, aux pleurs, à la misère,
Le repos nous attend au sein de notre mère ».
La dalle indique que la sépulture fut refaite en février 1891 par la Commune en souvenir de son « bienfaiteur ». Une rue du village porte le nom de celui qui, s'il n'avait pas été un Consul Général de France et si Masclet ne s'était pas débrouillé pour masquer le suicide en crise de folie, se serait balancé à la potence avec sur le corps une sentence infamante en proie aux oiseaux du bord du Paillon.
En mars 1838, le Lieutenant Général du Friche de Valazé mourut à Nice. Il était le fils d'un Conventionnel de l'Orne.
Né en 1780, il se destina à la carrière militaire, entra en 1798 à Polytechnique, brillant officier, fut blessé à Austerlitz, participa aux combats de Friedland et aux sièges d'Astorga et Saragosse. Nommé général d'Empire après une carrière au Portugal (1811), en Prusse (1813), il se distingua sous Charles X au siège d'Alger (bombardement de Fort l'Empereur). Lieutenant Général du Génie, député de I'Yonne, son état de santé (tuberculose pulmonaire) nécessita le « soleil du midi », mais il était déjà trop tard. Il devait terminer sa vie à l'hôtel d'York à Nice.
Le Consul de France, le comte de Canclaux, intervint auprès du Gouverneur, le comte Rodolphe de Maistre (père de l'écrivain Joseph de Maistre), les autorités sardes organisèrent des obsèques grandioses. La compagnie des pénitents de Saint Laurent l'accompagna à sa dernière demeure. La veuve de Valazé voulut acheter une concession à perpétuité et offrit 100 francs. Le Conseil Municipal exigea huit fois plus (!). La tombe existe encore et une rue du village porte le nom du glorieux général Valazé.
Edmond ROSSI
Pour en savoir plus, consultez :«Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire» ou quand le présent rejoint en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.
Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.
Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.
Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulièrement capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.
Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.
Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.
Livre de 120 pages, 17€ disponible sur demande à edmondrossi@wanadoo.fr
Voir: http://www.enprovence.fr/rubrique/culture-et-mode_r5/si-l...
18:45 Publié dans DECOUVERTE DU PASSE, HISTOIRE, Livre, MEMOIRE, TRADITION | Lien permanent | Commentaires (0)