13/12/2006
LE LIT DU VAR, FRONTIERE CONVOITEE
A PROPOS DES ISCLES
Lorsqu'en 1388, la Viguerie de Nice se détacha de la Provence pour devenir savoyarde, de graves conflits prirent naissance entre Provençaux et Niçois pour la possession des terres du lit du Var; ceux-ci se poursuivirent durant des siècles, dégénérant souvent en véritables affaires d'état.
Le Var étant la nouvelle Frontière, il fallait définir avec précision la propriété des Iscles.
Selon un juriste niçois du XVllème siècle « les Iscles seraient des endroits qui ont été inondés, mais qui ne sont cependant point séparés du continent par un bras d'eau; les Iscles sont agrégées de broussailles et d'arbres ».
Devant Lingostière, le Balme de Saint-Jean, Crémat, Saint-Sauveur, la Comba Plana, la Séréna, les Mille Faïsses, Sainte-Marguerite, Sambuc, le Baou de Carlon, les Iscles étaient plantées de vignes, d'arbres fruitiers, ou ensemencées en blé.
Ces bonnes terres cultivées attiraient la convoitise des Laurentins qui en réclamaient la jouissance du fait « que la puissance du plus grand Roy est suffisante pour justifier la possession ». Ils ajoutaient « le Var n'a jamais cessé d'être aux Comtes de Provence, auxquels Nice appartenait, et lorsque le transfert du Comté a été fait au Duc de Savoie, la rivière ne bougea pas pour cela «.
Le Var restait donc possession royale et « l'usage et les facultés du Var et des Iscles qui s'y sont formés sont aux habitants de Saint-Laurent à l'exclusion des Messieurs de Nice ». Les Laurentins concluaient « tous les endroits recouverts par les inondations, ainsi que les terres contournées par quelques petits bras du Var transformées provisoirement en Iscles et que les Niçois désignaient sous le nom de Plan du Var devaient leur revenir » .
Selon le Duc de Savoie, les habitants des rives provençales « n'avaient aucun droit en deçà d'y celui » car dans les traités, le fleuve ne figurait que comme « confins et confront » sans qu'il ne soit fait état des Iscles. « Le Var coulant sans tarir » doit être considéré « de régale ». Il est donc « possession des souverains dont il sépare les états ».
Les Consuls de Nice estimaient que « si les Ministres du Roy de France avaient su ce que la ville serait obligée de représenter pour soutenir ses intérêts, son droit, sa possession, et ceux de ses citoyens, et pour se garantir dans la suite des insultes et des violences de ceux de Saint-Laurent, ils leur auraient défendu d'inquiéter ceux de Nice en les contenant au-delà du Var ».
Dans cette situation, tout devenait prétexte à incident. Le 26 janvier 1498, un niçois, Jean Camous, se prit de querelle avec le « gaïeur » laurentin Morena. Après avoir coupé la corde qui amarrait le bac, il voulut rejoindre la rive provençale. Morena refusait le passage « à cause d'un soupçon de peste » du côté de Nice. La Communauté niçoise dut verser pour cet esclandre quatorze écus d'or à Saint-Laurent.
Le 14 novembre 1595, au quartier des Pugets « à la requête des syndics, manants et habitants de Saint-Laurent », Millo, juge de Vence, et Feron, notaire à Cagnes, enquêtent sur l'incursion d'une « centaine de Niçois armés d'arquebuses, pistolets et autres armes offensives », venus jusque sous les murs de Saint-Laurent « injurier les habitants et tirer des coups d'arquebuses, pendant que des muletiers coupaient et emportaient les bois des Iscles ». Le procès-verbal relatait « qu'un des syndics, s'étant aventuré hors des remparts en compagnie d'un valet du seigneur d'Antibes, avait été blessé au cours de cette affaire ».
En 1602, à la suite d'un nouvel incident, le Gouverneur de Provence désigna le Général Serre pour étudier sur place la question des Iscles.
Deux faits semblent confirmer au XVIIème siècle la thèse sarde du partage du Var. En juillet 1678, Gautio, auditeur au Conseil d'Etat de Nice « est autorisé à enquêter jusqu'au milieu du gros bras du Var, suite à une affaire de déserteurs ». De même, le 30 septembre 1701, un procès-verbal fait état de la découverte d'un noyé sur les berges de la rive gauche du Var; ce document est établi par le juge d ' Aspremont.
Mais en 1703, une nouvelle intervention « à main armée » des habitants de Saint-Laurent remet en question le fragile équilibre. Un Niçois, nommé Cotto, se plaint en justice que Pisani avait « fait couper et transporter de nombreux arbres » avec une escorte en armes sur la rive droite. Prévenu des faits, le Seigneur de Saint-Laurent fit afficher l'annonce « d'une prime de cinquante louis d'or à qui lui amènerait le plaignant ».
En 1728 « à la suite d'un attentant commis par des particuliers de Saint-Laurent » le Président du Sénat de Nice éleva une vive protestation auprès de Mallarede. Ce même Président du Sénat, Richelmi, ordonna en 1732 à ses officiers de justice de couper le câble de traction du bac, parce que Lavie (Consul de Saint-Laurent) refusait de faire déplacer un poteau qui, de par sa situation, facilitait l'érosion de la rive gauche. Prévenu de ces représailles, M. de La Tour intendant de Provence, écrivit au Gouverneur du Comté: « il est étonnant que les Consuls de Nice, sans droit et sans autorité, aient voulu faire la loi à ceux de St. Laurent. J'ai cru, Monsieur, devoir m'adresser à vous pour les obliger à rétablir les choses en même état qu'elles étaient avant. Jusqu'à ce jour, on n'avait pas douté que le lit de la rivière appartint au Roy »(!)
En 1748, le Gouverneur d' Antibes proteste vigoureusement auprès du Chevalier de Corbeau; en effet, des Niçois couverts par un détachement militaire sarde avaient coupé et emporté des vernes dans le lit du Var: « Ce terrain appartient à la France » est-il précisé.
En 1759, afin de préparer le traité de Turin du 24 mars 1760, une commission se réunit à Nice pour examiner la question des Iscles. Présidée par Mr. de Bouveret, elle a pour mission d'entendre les deux parties: le premier Consul de Saint-Laurent, assisté «des particuliers les plus capables» d'une part et Mr. Defonset, Commissaire principal du Roy de Sardaigne, d'autre part. Il fut admis que le gros bras du Var fixerait la frontière; mais pour les Iscles, aucune règle ne put être définie.
Après ce traité, les incidents diminuèrent jusqu'à la Révolution qui effaça pour un temps la frontière des deux Etats. Il n'y eut plus de déprédations des Iscles par les Laurentins, ni d'incursions armées par les Niçois.
Peu avant cette période, en août 1781, deux Laurentins Barberis et Martin furent interpellés par les gardes des finances royales alors qu'ils étaient au-delà « du grand bras du Var ». Ils avaient franchi la frontière avec chacun un baril de vin muscat sur l'épaule pour les transporter à Nice sans en régler les droits. Le Gouverneur d'Antibes dut s'excuser auprès du Comte de Saint-André à la suite de cette violation.
La fertile plaine du Var, objet de tant de convoitises, appartenait sur la rive gauche à plusieurs propriétaires: les religieux de Saint-François, la Commanderie de Malte (libéralité faite par la ville de Nice le 12 de Calendes d'août 1164) et le domaine « vil » des Ducs de Savoie. Les Iscles bordant ces terres sont données par des baux emphytéotiques à des paysans niçois. La communauté niçoise possédait un haras pour lequel elle versait aux souverains d'abord 30 écus (Emmanuel Philibert), puis en 1591 60 écus (Infante Catherine) et plus tard 100 florins en 1601 (Charles Emmanuel). En 1605, les Consuls niçois louèrent les Iscles en leur possession devant Me Leotardi.
Une réglementation fixée par le Sénat interdisait l'abattage des arbres retenant le sol instable, aux bergers, de faire paître les brebis dans les pâturages (rosto). Les chemins d'accès aux Iscles devaient avoir une largeur de 16 pans. La surveillance des Iscles était assurée par « trois sergents de campagne »; en 1693, ils se nommaient Cotto, Hugo et Travacca.
L'annexion du Comté à la France en 1792 mit fin pour un temps aux incertitudes de la possession des terres du lit du Var .
Connaître le passé de Saint Laurent du Var grâce à « Saint Laurent du Var à travers l’Histoire » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 17 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
BIENTÔT NOËL ! OFFREZ LES LIVRESDÉDICACÉS DU « PAYS D’AZUR »
TÉLÉPHONEZ AU 04 93 24 86 55
Connaître le passé de la région des Alpes Maritimes ? Cliquez sur http://pays-d-azur.hautetfort.com
08:30 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE
09/12/2006
L'URBANISME DU VIEUX VILLAGE
L’HABITAT URBAIN DU XV e SIECLE
Aux périodes de troubles et d'invasions, les habitant s'étaient réunis en des lieux élevés, faciles à défendre.Sur le point le plus haut, ils avaient érigé le château ou un lieu cultuel, cœur du nouveau village.
Tout autour de ce noyau central, la ville s'était agrandie en circonvolutions successives que I’œil averti peut toujours distinguer aujourd'hui.
Saint Laurent représente le type parfait de la ville, développée autour de son église.
Au Moyen Age, les rues furent souvent tracées de façon à permettre un bon écoulement des eaux pluviales.
Certaines d'entre elles suivent une pente, d'autres les coupent à un angle se rapprochant de la perpendiculaire. Une disposition qui permettait alors de remédier à l'absence d'égouts.
La moindre averse balayait ainsi la ville et le ruisseau central se transformait en véritable torrent qui entraînait eau stagnante et immondices. Le piéton avait ainsi tendance à raser les murs, d'où l'expression «tenir le haut du pavé »
On tenait compte aussi de l'orientation du vent. Les rues sont tortueuses, coupées d'étranglements, d'impasses et de redans.
L’étroitesse des voies permettait aussi de conserver une agréable fraîcheur au cœur de l'été.
Les demeures aux façades étroites percées de quelques ouvertures étaient fort sombres.
Le verre demeurait l'apanage des propriétaires aisés et la plupart du temps, un parchemin huilé faisait office de vitre.
Souvent composée de trois étages, la maison médiévale comportait parfois un encorbellement.
Le rez-de-chaussée abritait la remise ou l'échoppe. Le premier étage était réservé au logement et le grenier occupait le troisième niveau. On accédait aux étages par d'étroits escaliers «à colimaçon »
L’augmentation de la population entraîna une transformation de l'habitat: des greniers furent convertis en logements, on suréleva les maisons et on construisit de nouvelles pièces sur des pontets chevauchant les ruelles.
En se promenant aujourd'hui dans le centre ancien, dont le tracé est resté immuable depuis le Moyen Age, on découvre avec intérêt ce que fut la vie du citadin médiéval.
Connaître le passé de Saint Laurent du Var grâce à « Saint Laurent du Var à travers l’Histoire » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 17 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
BIENTÔT NOËL ! OFFREZ LES LIVRESDÉDICACÉS DU « PAYS D’AZUR »
TÉLÉPHONEZ AU 04 93 24 86 55
Connaître le passé de la région des Alpes Maritimes ?
Cliquez sur http://pays-d-azur.hautetfort.com
09:00 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE
05/12/2006
L'HISTOIRE RESUMEE DE SAINT LAURENT DU VAR
La préhistoire:
Il y a 4000 ans, les premiers hommes habitaient dans des huttes en rondins sur un socle en bois supporté par des pilotis enfoncés dans le sol vaseux à l’embouchure du Var.(cap 3000) Ils vivaient de la pêche.
L’époque romaine:
On a retrouvé au square Benès, les restes d’une villa romaine. Les murs étaient construits avec des galets. Ses habitants cultivaient les oliviers(fabrication de l’huile) et la vigne, vivaient de la pêche. Saint Laurent s’appelait Castrum Agrimontis.
Le moyen âge:
Au moyen âge, de nombreux peuples sont venus envahir, piller la région. De ce fait est né le village de saint Laurent concentré, fortifié. L’église servait de donjon. Les moines de Saint Augustin administraient l’hospice et avaient la charge du passage à gué ou en barque du Var. L’élevage devint important (vaches, moutons, chèvres, bœufs...). On cultivait le blé. Saint Laurent était réputé pour son bon vin muscat. Durant cette période, à plusieurs reprises Saint Laurent fut ravagé par la peste, les inondations, les incendies, les pirates, les guerres et les famines.
L’époque contemporaine:
En 1792, le premier pont en bois fut construit pour traverser le Var qui servait de frontière entre la Provence et le Comté de Nice. Pendant la deuxième guerre mondiale, Saint Laurent fut bombardé (23 fois), eut ses ponts endommagés et détruits. Saint Laurent aujourd’hui vit grâce au tourisme, à sa zone industrielle et à l’horticulture.
Connaître le passé de Saint Laurent du Var grâce à « Saint Laurent du Var à travers l’Histoire » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 17 € : téléphoner au 04 93 24 86 55
Connaître le passé de la région des Alpes Maritimes ?
Cliquez sur http://pays-d-azur.hautetfort.com
BIENTÔT NOËL ! OFFREZ LES LIVRESDÉDICACÉS DU « PAYS D’AZUR »
TÉLÉPHONEZ AU 04 93 24 86 55
09:00 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE