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07/11/2006

BREF RETOUR SUR LE PASSE

LA VIE SIMPLE D’AUTREFOIS AU PAYS D’AZUR

.Ici autour des leurs châteaux, les maisons vil­lageoises se sont assemblées, à flanc de rocher, serrées les unes contre les autres, formant enceintes percées de quelques portes donnant accès à un laby­rinthe de calades, pontis, ruelles et placettes.

Sublimes sur leur socle ou leur piton rocheux, ces vil­lages sont typiques de la région, comme de tous les pays méditerranéens, haut perchés pour échapper à la mer et à ses envahisseurs, les Barbaresques, les Maures, les Sarrasins, au début du XIXe siècle, ils venaient encore, dit-on, raz­zier les filles entre Nice et Antibes.

Pendant près de vingt siècles, entre les pillards de la mer au sud et les traînards des armées venues de l'Est ou de l'Ouest, l'une chassant l'autre, la Provence a été un pays périlleux, parcouru par des bandes. La tradition en était encore vive il y a cinquante ans, où l'on appelait la route de Saint-Jeannet à Saint-Laurent-du-Var la « route des brigands », en raison de sa solitude boisée, propice à l'agression. N'est-ce pas sur cette route que, par trois fois entre 1960 et 1970, fut attaqué le four­gon blindé transportant la paye du Centre de recherche I.B.M. de La Gaude ? Aujourd'hui, la cor­niche sur le Var est devenue une banlieue résidentielle où les villas se succèdent sans interruption.

Cette menace incessante fit qu'ici les paysans ne se bâtirent pas de grosses fermes isolées où vivre en per­manence, mais de simples abris agricoles, cabanons, bastidons, rentrant le soir s'enfermer dans le repaire de leur village où veillait à la porte, à la tour ou au clocher, le signadour. Il était bien le seul à la regar­der, la mer, dans sa méfiance. Ce sont les voyageurs des arts et des lettres, les touristes, les résidents, les retraités, les étrangers, qui en ont inventé l'obsession, tournant vers elles les terrasses et les façades de leurs villas. L'homme du pays, le paysan, ne l'a jamais recherchée ainsi, tourné qu'il était, lui, vers la mon­tagne où étaient échelonnées ses terres par planches ou terrasses aux murs et murettes de pierres sèches. Travaillées de main d'homme depuis des millénaires, elles ont donné au paysage du Pays d’Azur ses aspects d' im­menses escaliers à flanc de collines ou de baous, cam­pagnes plantées en oliviers et orangers. Orangeraies et oliveraies souvent retournées aujourd'hui à l'état sauvage dans un fouillis de hautes herbes et de basses branches chargées de fruits amers, la jusquiame blanche, la plante des maléfices, poussant vivement entre les pierres éboulées des murettes.

Pendant des siècles, l'usage du Pays d’Azur fut de se rendre le matin à sa campagne - à moins que la pluie ne retienne au logis - et d' en repartir le soir pour souper et dormir au village. Cette manière de vivre déter­minant les dispositions de 1 'habitat. Chaque maison de bourg ou de village, haute et étroite, comportait : caves, à vin ou à huile en jarres; au rez-de-chaussée, écurie, remise, paneterie, puits donnant sur la citerne approvisionnée en eau par les toits; à l' étage, cuisine et potager de deux à six foyers, évier, buga­dier, chambre à coucher; sous les combles, fruitier, poulailler, grenier à foin communiquant parfois directement avec le râtelier de l' écurie par le moyen d'un conduit, la trumba, prévue dans le mur d'arête.

Comme le raconte Marie une ancienne de Saint Laurent du Var qui a souhaité l’anonymat :

« Ici, tout le monde était cultivateur. Ils vivaient en ville et ils allaient tous les jours à leurs campagnes. Il y avait bien quelques maisons à la campagne, mais pas tellement. On cultivait des fruits, des légumes, des fleurs. Presque tout le monde faisait son vin, aussi on faisait son huile. Pour aller à notre campagne, quand on marchait bien, il fallait un quart d'heure...

Les trois quarts des paysans n'habitaient pas leurs campagnes, ils ont toujours habité la ville; on gardait les cochons à la cave, dans l'écurie il y avait l'âne ou le cheval, ou le mulet. Dans l'escalier, à chaque marche, il y avait un sac de blé, soit de légumes secs, et, au troi­sième étage, au-dessus des chambres, c'était le grenier à foin, et une petite pièce pour les provisions d'hiver : les pommes, les poires, les pommes de terre. Le matin, avant de partir pour la campagne, on mettait une chaise devant la porte, sur la chaise on mettait quatre ou cinq assiettes pleines de fruits, vous n'aviez pas besoin de mettre une étiquette, les gens savaient ce que cela voulait dire, c' était un sou l' assiette; eh bien, le soir, l' assiette était renversée et y avait le sou par­dessus...

Moi, quand je pense à Saint Laurent de ce temps-là, je pense toujours aux merveilleuses odeurs, les petites voitures qui traversaient la ville remplies de fleurs, roses de mai, jasmin, fleurs d'oranges amères, ces petites voi­tures traînées par des chevaux étaient remplies jus­qu'au bord de ces fleurs, et Saint Laurent de ce temps-là sentait bien bon... »

Cette vie rustique fit la renommée du pays dès la colonisation romaine, avec la culture en terrasse des oliviers, sur le modèle africain; de grands domaines, les villae rusticae, exportant leur production d'huile par Antibes sur l'Italie. Les Romains auraient aussi introduit la culture, toujours en terrasse, du bigara­dier, l'oranger commun au fruit aigre ou amer, dont la fleur distillée en eau est à la base de l'essence de néroli des parfumeurs de Grasse, elle-même base de l'eau de Cologne.

D’après « Les Légendes et Chroniques insolites des Alpes maritimes » (Equinoxe-éditions Saint Rémy de Provence), pour commander cet ouvrage de 23 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

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09:00 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE

02/11/2006

IMMIGRATION ET ESSOR DEMOGRAPHIQUE

                DES IMMIGRES VENUS DE L'EST 

 

On note également cette constatation d'ordre général: si, au début du Moyen-age, l'arrière-pays est plus peuplé que la côte, une inversion s'opère au début du XIVème siècle (vers 1325), après la crise économique et l'épidémie de peste noire.

Durant les siècles suivants, le déséquilibre entre l'inté­rieur et la côte ne fera que s'intensifier. En effet les chiffres de population de Saint-Laurent accusent cette progression spectaculaire: 1471: 149 h, 1765: 814 h, 1856: 1194 h, 1861: 774 h, 1911: 2205 h, 1936: 4825 h, 1946: 4006 h, 1954: 5623 h, 1962: 8136 h, 1968: 10.189 h, 1974: 15.495, 1978: 22.160 h, 2000: 27141 h.

La courbe s'inverse pour des villages comme Amirat, Be­zaudun ou Coursegoules.

 L'exemple du relèvement démographique de Saint-Lau­rent au XVème siècle par l'immigration n'est pas isolé, cette situation s'amplifiera au cours du XVème siècle.

Les nouvelles familles viennent surtout de la Ligurie voi­sine, des groupes de Gênes, Menton, Sainte-Agnès, vallée d'Oneille furent conseillés et résolurent de s'installer en Pro­vence; ils furent pendant vingt cinq ans exonérés de charges fiscales.

Les uns s'établirent au TIGNET, d'autres de la région de FIGOUNIA fondèrent MONS puis ESCRAGNOLLES, 70 familles de même origine, réoccupèrent BIOT, plus tard la GAUDE reçut un contingent important de familles génoises. Les obligations chiffrées et détaillées à l'issue de l'enquête sont exceptionnellement nulles pour Saint-Laurent du fait de son repeuplement récent. Si la redevance avait dû être acquit­tée, 'elle se serait composée, selon le cas, d'une certaine som­me en argent (Florins) et d'une certaine quantité de produits du terroir, le plus souvent: blé, figues vertes, chanvre, lin, rai­sin, vin et même agneaux, chevreaux et chevaux.

La dîme était obligatoire et réglée en nature. Les im­pôts divers dus au seigneur du lieu et à la Cour Royale étaient payés partie en argent, partie en nature. Il fallait ajouter à cela les charges dues pour frais militaires (construction de rem­parts) et le remboursement des emprunts souscrits par les communautés en période de calamité ou de disette. la lec­ture de ce document fait apparaître des charges particulière­ment excessives pour les communautés. Saint-laurent renais­sant échappe pour un temps à ces pénibles exigences.

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30/10/2006

L'AGRICULTURE DU MOYEN AGE

        LES RESSOURCES DU MOYEN AGE 

 

La communauté laurentine compte déjà 23 feux en 1471. La moyenne générale d'habitants par feu étant estimée à cinq, Saint-Laurent compte donc 115 habitants; s'ajoute à ce nombre un forfait de 30% d'exemptés soit un total de 149 laurentins en 1471.

Les exemptés se composaient de la noblesse et du cler­gé séculier et régulier qui ne payaient pas d'impôt foncier, ainsi que des indigents non imposables parce que sans res­source. Le clergé régulier est représenté à Saint-Laurent par l'ordre militaire des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui ont remplacé les Templiers supprimés au début du XIVème siècle et ont repris leurs biens.

Les ressources de la communauté laurentine sont mai­gres: pas de bétail recensé; figuier, lin et chanvre utilisés par l'artisanat local, blé; labour dans le quartier voisin du MAL­VAN. La vigne n'apparaît qu'aux environs de VENCE et de SAINT -PAUL et peut-être modestement sur les proches col­lines de Saint-Laurent.

Par analogie avec Cagnes (qui n'a pas connu les péripé­ties de Saint-Laurent), les animaux, quand ils sont recensés, comptent généralement: des vaches, des bœufs de labour, des animaux de bât (chevaux ou mules, rarement des ânes) et surtout un cheptel important d'ovins et caprins (Baillie de Saint Paul:

Bêtes à laine 1471: 12.760, 1956: 314 Bêtes à comes 1471: 808, 1956: 177).

 L'élevage semble avoir joué au XVème siècle un grand rôle dans le relèvement économique de la région, il a favorisé le repeuplement des villages abandonnés. Il était plus aisé de mettre des bêtes en pâture que de reconquérir des terres cul­tivables.

Cette activité donnait lieu à une foire importante au BROC où s'établissaient, à la Sainte Luce, les transactions sur les bestiaux et les peaux.

Le terrain accidenté, le manque d'irrigation (les norias viendront plus tard), l'absence d'engrais, les moyens primi­tifs de labour à l'aide d'une araire, entraînaient des rende­ments agricoles précaires.

L'image dégagée par l'analyse de cette étude est celle d'un élevage prospère et d'une agriculture de subsistance.

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