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08/10/2015

SAINT LAURENT DU VAR :« LE VICTORIA »,HÔTEL, BAR, RESTAURANT FERME SES PORTES, LA FIN D’UNE INSTITUTION CENTENAIRE

 

L'HOTEL RESTAURANT VICTORIA EN 1906.jpg

 

Récemment, l’hôtel, bar, restaurant « Victoria » de Saint Laurent du Var a fermé ses portes après plus d’un siècle d’existence. La longue présence de  cet établissement mérite de figurer parmi les institutions qui ont marqué la vie sociale de la commune.


Déjà distingué  à ses débuts par la visite de la reine  Victoria d’Angleterre qui aurait fait halte dans ses murs un soir d’orage pour éviter le danger d’une crue soudaine du Var, son nom restera. L’établissement poursuivra son destin  avec vigueur sous la direction de plusieurs propriétaires successifs.

Sa façade et ses terrasses  ornent alors avantageusement les cartes postales témoignant de son intérêt touristique au centre du bourg laurentin.

 

 

1931.jpg

 

Le guide du syndicat d’initiative de la commune le signale ainsi en 1931 ; « Café-Restaurant VICTORIA CHIAPELLO ET FRASCANI propriétaires SAINT LAURENT DU VAR Casse croûte à tout heure, Repas sur commande. Spécialité des vins de Montaleigne et du Piémont. Téléphoner au 7. Prix modérés. »

Avant sa fermeture définitive et durant plus de quarante ans la famille Ramella fit du restaurant du « Victoria » un fleuron gastronomique de la cuisine niçoise et régionale fréquenté par les notables venus y déguster entre autres son fameux stockfisch.

L’histoire est aussi faite de tradition orale, même si parfois s’y mêle la légende, propre à embellir et travestir la réalité.

En 1925, Léon Bertini, gérant de l’Hôtel–Restaurant « Le Victoria » expliquait, tout comme ses prédécesseurs , à qui voulait l’entendre, l’origine depuis 1900, du nom prestigieux de son établissement. « Le Victoria » témoignerait de la venue dans ce lieu de la célèbre reine d’Angleterre à la fin du XIXème siècle.

Cette affirmation méritait d’être vérifiée, si les chroniques n’en font pas état, les circonstances de la vie de la Reine sur la Côte, à l’occasion de ses séjours répétés, accréditent la possibilité de son passage à Saint Laurent du Var.

La Reine effectuera cinq séjours à Nice entre 1895 et 1900, de la mi-mars à la fin avril, avant de s'en retourner ou de partir pour l'Italie à Florence.

Une fois son travail matinal achevé, escortée de son valet hindou enturbanné, elle parcourt le parc Liserb dans une voiturette attelée du célèbre petit âne gris Jacquot. L'après-midi était réservé aux promenades plus lointaines en calèche, escortée de ses highlanders écossais. Elle découvre ainsi la campagne niçoise qu'elle adore pour sa végétation et ses points de vue. La Reine sillonne le bord de mer de Cannes à Menton, et les collines niçoises de Saint-Isidore à Laghet. Gairaut, ces lieux constituent ses buts de sorties préférées. Les auberges où elle va prendre le thé ont conservé le souvenir de son passage en prenant le nom de « Hôtel de la Reine », du « Victoria » ou bien de « Au thé de la Reine ».

C’est à l’occasion d’une de ses promenades au-delà du Var que la Reine aurait fait étape à Saint Laurent du Var.

Aujourd’hui à Saint Laurent du Var, après plus d’un siècle, la mémoire de cette grande reine s’est éteinte, elle affichait son nom : « Victoria » sur l’enseigne d’un des meilleurs restaurants du centre ville.

Edmond ROSSI

LE VICTORIA 1925.jpg

 

 

 

 

 

 

08/09/2015

LA CONFRÉRIE DES GUEYEURS DE SAINT LAURENT DU VAR

GUEYEUR DE SAINT LAURENT.jpg

Depuis les origines des temps, le fleuve Var a constitué pour l’homme un dangereux obstacle dans sa progression côtière. Aussi, une étape s’imposait avant cette traversée délicate. Saint Laurent du Var naîtra de cette nécessité géographique.

De ce fait, les hommes occupant le site seront mis à contribution dans l’aide et l’assistance apportées au franchissement du fleuve, et ceci, jusqu’à la construction définitive d’un pont en 1792. 

A l’origine Saint Laurent du Var fut bâti au bord du Var pour en assurer la traversée. 

Rappelons que déjà en 1005 l’abbé de Saint Véran reçut une habitation dans un hameau dénommé Varum, sur la rive droite du fleuve, où Saint Laurent s’est installé par la suite.  

Au XIIè siècle un ermite se rendait chaque année sur les bords du Var avec deux chevaux pour faire passer les pèlerins se rendant à l’abbaye de Lérins. 

La création d’un hospice confié à des religieux va poursuivre cette coutume pendant les siècles suivants jusqu’au XVè siècle. « La barque de l’hospice » assurait alors le passage d’une rive à l’autre du Var.  

Au Moyen-âge, les autorités religieuses soucieuses de faciliter le flux des pèlerins circulant vers Rome et Saint Jacques de Compostelle vont garantir le passage du fleuve.  

L’installation d’un hospice sur la rive droite va satisfaire à cette exigence.  

Au XVeme siècle, après la renaissance du village repeuplé suite aux épidémies et aux pillages, il appartiendra aux nouveaux habitants, venus de la proche Ligurie, d’assurer la traversée du Var. Lorsque Saint Laurent est repeuplé en 1468 par son seigneur l’évêque de Vence, Raphaël Monso, désireux de garantir la sécurité du gué, obligation est faite aux nouveaux venus, de tenir une barque sur le Var pour en assurer le passage. Ces premiers gueyeurs laïques, dénommés « Riveraschi », vont s’organiser en corporation et  maintenir leur activité jusqu’au XIXè siècle. 

« Les gueyeurs ou barquiers doivent être des gens choisis et craignant Dieu 

Qui fréquentent les sacrements et fassent leurs Pâques chaque année, 

Qui portent un « tableau » autour de leur ceinture, 

Qui ai de la pudeur et de l’honnêteté envers les personnes du sexe, 

Qu’ils soient charitables envers les pauvres et traitables envers les autres, 

Qu’ils ne soient points abrutis par le vin pour ne pas se noyer et noyer les autres ! » 

Les Gueyeurs vont s’acquitter de leurs devoirs dans le cadre d’une une véritable confrérie soumise à des règles strictes.  

Néanmoins, au XVIIIème siècle, les services des gueyeurs se dégradent : indélicatesses en tous genres, voyageurs volés et rançonnés, prestations d’un prix exorbitant, litiges et incidents divers conduiront même certains gueyeurs jusqu’à la prison. Cette situation persiste, entraînant les autorités à confier la gestion du passage du Var à un entrepreneur privé.  

En 1760, le traité de paix de Turin impose de nouvelles règles avec un retour de la traversée du fleuve à la charge de la communauté : 

Elle nommera 12 gueyeurs « les plus propres, les plus experts dans cette fonction ». 

Ils se tiendront deux de chaque bord, depuis le lever au coucher du soleil. 

Ils sonderont et marqueront les passages difficiles avec des piquets. Les gueyeurs seront toujours vêtus décemment avec des caleçons ou ceintures  et ne pourront passer les voyageurs lorsqu’il y aura du danger. 

Ils passeront les pèlerins gratuitement. 

Le salaire est de 6 sols d’argent de France. » 

Les gueyeurs disparaîtrons lorsqu’un pont traversera enfin le fleuve de manière  

définitive en 1864. Ils avaient été durant plus de huit siècles les maîtres du fleuve.  

Laissons Smolett les décrire: «Au village de Saint-Laurent, il y a une équipe de passeurs toujours prêts à guider les voyageurs dans le passage de la rivière. Six de ces hommes, les pantalons retroussés jusqu'à la ceinture, avec de longues perches en main, prirent soin de notre voiture et, par mille détours, nous conduisirent sains et saufs à l'autre bord.» 

 Et Papon, dans son «Voyage en Provence», de préciser : «... si l'on ne passe (le Var) ni en voiture, ni à cheval, on s'assied sur l'épaule de deux hommes qui se tiennent l'un contre l'autre». 

Aujourd’hui le souvenir des gueyeurs se perpétue dans le Vieux Village par une modeste rue portant leur nom, elle relie la place de la Fontaine à la rue des Remparts.  

Récemment, en 2000, un rond point au carrefour des rues du 11 novembre, du Point du Jour et de l’Ancien Pont s’est vu paré d’une sculpture représentant une voyageuse à califourchon sur le dos d’un de ces porte-faix, acteurs glorieux de l’Histoire de la cité. 

Ces données historiques fondées sur la tradition locale ne peuvent négliger le plus illustre des gueyeurs, leur patron  Saint Christophe, qui est également celui des porte-faix dont la fête est célébrée le 21 août.  

Aujourd’hui, grâce au « Comité de sauvegarde du vieux village de Saint Laurent du Var » une « Fête des gueyeurs », célébrée en août, conserve la mémoire de ces robustes laurentins qui oeuvrèrent pour leur prochain durant quatre siècles afin d’assurer le passage du Var.  

Les gueyeurs sont une particularité exceptionnelle unique en France dont peut s’enorgueillir Saint Laurent du Var. 

 

Extrait de « Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » d’Edmond ROSSI publié aux Éditions Sutton, pour obtenir ce livre dédicacé par l’auteur, contactez : 

edmondrossi@orange.fr

22/08/2015

LA GAUDE AU MOYEN ÂGE: UN CADRE HISTORIQUE FAIT DE RIVALITÉS ET DE CHÂTEAUX STRATÉGIQUES

CHATEAU DE LA GAUDE EN 1980.jpg

L’implantation des premiers châteaux dans la région va contribuer à la création et à l'affermissement du pouvoir provençal après 972 et l'expulsion des Sarrasins.

En 1112, le dernier Comte de la première dynastie laisse deux héritières. L'une épousera le Comte Saint Gilles, d'où sont issus les comtes de Toulouse et l'autre, le Comte de Barcelone d'où descendront les Rois d'Aragon. L'histoire du Languedoc, conditionnée par la rivalité de ses deux maisons, s'achèvera en 1213 par la bataille de Muret.

Les comtes catalans, après s'être imposés dans la Provence rhodanienne, tentent vers 1116 une avancée en Provence orientale, dans les évêchés de Fréjus, Antibes et Nice en s'appuyant sur des évêques réformateurs.

Au XIme siècle, deux grandes familles possèdent le Pays de Vence, elles sont originaires de l'autre extrémité de la Provence au-delà de la Durance, ce sont les Reillane-Vence et les Orange-Mévouillon, devenus Vicomtes de Nice.

A partir de 1030, ces deux familles avaient édifié huit forteresses qui leur permettaient de contrôler la région. Les Reillane sont présents dans l'antique cité de Vence, à La Gaude et à Gattières. Les Vicomtes de Nice s'installent dans le Haut Pays à Saint Laurent la Bastide, Andon, Majone (proche de Gréolières), Coursegoules, ainsi qu'au sud à Cagnes.

La révolte des seigneurs orientaux, opposés à la main mise du nouveau pouvoir comtal, va se manifester successivement en 1125-1128, 1143-1162. En 1176, alors que se construisent Cannes et Lérins, les Consulats de Grasse et de Nice sont confirmés.

  

Entre 1176 et 1179, la noblesse rebelle qui s'était alliée aux sires de Grasse, sera mise au pas par l'évêque d'Antibes qui soumet la frange côtière jusqu'à la seigneurie de Vence. Les forteresses de l'ennemi sont confisquées ou rasées. A la même époque, des soulèvements s'opèrent dans le diocèse de Fréjus.

Vers 1188-1189, plus au nord, une campagne éclair est durement conduite contre les Princes rebelles de Castellane. La rapidité et l'efficacité de cette opération aboutissent, après une vaine résistance à Salernes, au siège de la citadelle de Castellane.

C'est en 1189 à l'occasion d'un séjour à Nice que le Comte Alphonse 1er confirme le Consulat.

Après l'installation des Templiers à Grasse vers 1196, le Consulat de cette ville rencontre des difficultés avec les nobles du Haut Pays.

Les révoltes qui vont s'opérer contre le pouvoir comtal de 1196 à 1216 seront plus opiniâtres. Elles s'étendent d'abord de 1208 à 1213 du diocèse de Fréjus à celui d'Antibes, pour atteindre ensuite la région niçoise.

Ces opérations vont entraîner dans les deux camps la construction d'un total d'une douzaine de châteaux et la destruction d'une dizaine d'autres.

Après l'échec du parti génois à Nice en 1210, la ville entreprend une guerre contre Gênes. Le Comte lutte également contre Gênes de 1215 à 1218 et doit faire face à la révolte des Consulats de Nice et Grasse, il interviendra également à Vintimille dans le cadre de cette action.

De la fin du XIIème siècle au début du XIIIème, les Chevaliers de la Provence orientale mettront chaque fois à profit les difficultés du pouvoir central occupé ailleurs et, particulièrement au Languedoc, pour tenter de s'émanciper de sa tutelle. Ces engagements militaires aboutissent à l'édification de châteaux dits de siège, destinés à bloquer les forteresses des rebelles, ces châteaux sont tenus par des moines/soldats Hospitaliers ou Templiers, alliés loyaux du Comte, lui évitant d'amoindrir ses forces.

Les châteaux conquis ou construits par le Comte sont, après la bataille, attribués à des fidèles parmi lesquels les Ordres religieux et militaires, les abbayes et les évêques.

Dans le diocèse de Vence au début du XIIème siècle, après que Majone fut abandonné au profit de Gréolières et que soient créé Gaudelet (La Colle sur Loup) et Saint Paul, de nombreuses constructions s'opèrent d'une part au nord-est avec les châteaux de Carros, Olive et Dos Fraïres (Deux Frères) et à l'ouest avec Courmes, Tourrettes et Malvans et enfin au sud-est avec Agrimont vers l'embouchure du Var.

Les guerres entre les comtes de la Maison de Barcelone et la grande aristocratie provençale atteignent le Pays de Vence au début du XIIIème siècle, modifiant la répartition des châteaux.

Ainsi à Andon, une forteresse confiée aux Hospitaliers assiège le château rebelle d'Andon, bientôt abandonné par son seigneur qui construit à proximité sur le fief qu'il conserve. L'ancien site sera le futur Thorenc. Pareillement, le siège de Gréolières aboutit au partage de la seigneurie. Enfin, vers le bord méridional du Var, Agrimont détruit est remplacé par le château de Puget. De plus, Romée de Villeneuve, officier du Comte, installe dans le val de Cagnes la bastide de Cagnettes.

La partie méridionale du Pays de Vence est rapidement conquise par le Comte, refoulant les aristocrates résistants dans le Haut Pays sur des positions défensives le long du bord des plateaux. Là, s'établissent sur les hauteurs une ligne de points fortifiés antérieurs renforcés pour l'occasion : Olive, Saint Laurent la Bastide (Baou de Vence), Malvans, Courmes auxquels s'ajoute le Castellet bâti au-dessus de la vallée de la Cagnes au bord du Baou de Saint Jeannet.

Pour s'opposer à cette ligne de résistance, le Comte édifie autant de châteaux verrous : sous Olive il place Le Broc, face au Castellet, il dresse Saint Jeannet, devant Saint Laurent la Bastide et Malvans, il fortifie les églises de Saint Martin et de Notre Dame de Crottons à Vence, contre Courmes il installe les Courmettes. Ce blocus stratégique sera complété par Bézaudun, Bouyon et les Valettes (près de Tourrettes-sur-Loup) qui apparaissent à cette occasion.

Après la soumission totale de la région en 1231, le Comte confie l'ensemble du Pays de Vence au fidèle Romée de Villeneuve qui affirme son autorité sur le territoire, en bâtissant le prestigieux château qui portera son nom : celui de Villeneuve. A la mort de Romée en 1251, les castra de Villeneuve, du Loubet, de Cagnes, Cagnettes et du Gaudelet seront remis à Charles 1er, Comte de Provence.

Quinze châteaux ont été construits à l'occasion de la guerre de conquête, leur présence génère vingt sept seigneuries au milieu du XIIIème siècle.

Les crises du XIVème siècle vont vider certains villages comme Bouyon, Dos Fraïres, La Gaude, le Puget, Malvans, Courmettes qui ne seront plus recensés dans l'affouage de 1471. C'est aussi au XIVème siècle que le château de Trigans apparaît sur le territoire déserté de La Gaude. De même, au bord du Var, après la disparition du château de Puget, l'évêque de Vence, fondera en 1468 le nouveau village de Saint Laurent du Var autour de l'hospice du gué. Gaudelet va se détacher de Saint Paul pour former le village de La Colle.

 Le XIVème siècle qui coïncide avec le règne de la Reine Jeanne, sera celui des destructions. Se succèdent la peste (1348-1350), le pillage des bandes armées (1357), la famine (1364), la guerre d'Union d'Aix (1383-1388), de nouvelles incursions de brigands et de pirates (1390-1400). Suivra une reprise de la peste milieu du XVme siècle de 1451 à 1470.

 Après ces grandes périodes de troubles, le redressement débute dès le milieu du XVme siècle par la reconstruction et le repeuplement des villages inhabités de douze seigneuries des diocèses de Vence et Grasse. Entre 1460 et 1520, c'est un total d'une vingtaine de villages qui renaissent parmi lesquels La Napoule, Mons, Le Tignet, Cabris, Mouans-Sartoux, Vallauris, Valbonne, La Colle, La Gaude et Saint Laurent du Var.

   

Pour en savoir plus sur les châteaux du Moyen-âge de la région voir :

  

http://pays-d-azur.hautetfort.com/archive/2015/06/04/chateaux-du-moyen-age-des-alpes-maritimes-5633928.html