29/05/2008
TOPONYMIE DE SAINT LAURENT DU VAR
A l'origine, il était cité comme CASTRUM AGRIMONTIS mais cette appellation latine ne doit pas faire illusion. En effet, aucune carte romaine connue à ce jour n'en porte mention. Il y eut des forteresses dès le Bas Empire romain. Elles présentaient des caractères très différents de ceux des châteaux ultérieurs, leurs dimensions étaient beaucoup plus vastes, de 5 à 20 hectares et les faisaient ressembler aux oppida celto-ligures (habitations dans une enceinte). A la fois camp permanent et village retranché, le « CASTRUM » devait avoir cette image de transition.
Lorsque vint s'y adjoindre l'Hospice, la construction et l'architecture évoluèrent vers la naissance du type de village que nous connaissons encore aujourd'hui.
Une promenade archéologique dans ses ruelles et ses « souks » le confirme: les plus anciennes maisons datant des XIème et XIIème siècles (portes pleins cintres sans clé de voûte, par application de moelIons non taillés.)
La première citation de SAINT-LAURENT (Saint LaurentIO: Hospice) et du CASTRUM AGRIMONTIS (Camp fortifié) apparaît simultanément en 1033 selon le «Dictionnaire étymologique des noms de lieu de France» de A. DAUZAT et Ch. ROSTAING.
En effet, après des siècles d'insécurité, les noms des villages constitués en paroisses sont indiqués pour la première fois, comme devant payer tribut aux évêques et aux abbés.
Au début du XIème siècle, lorsque l'hospice fut créé, celui-ci fut confié aux moines de Saint-Augustin et placé sous le vocable de Saint-Laurent, d'où son nom.
En 1233, le Comte de Provence impose CASTRUM SANCTO LAURENTIO de redevances pour chevauchées.
Pourtant, en 1245, le Pape INNOCENT IV cite encore le lieu d'AGRIMONT.
D'après J.A. GARIDELLI, le 13 janvier 1249, le même pape désigne le lieu SANCTI LAURENTI DE VARO. Plus tard en 1446, lors de la terrible peste, les documents indiquent « AGRIMONTIS » et notent toujours l'Hospice de Saint-Laurent.
En 1468, le village repeuplé aurait été baptisé « Saint LaurentII BARCILONETTAE » (GARIDELLI). Mais l'affouagement de 1471 ne note plus que « SANCTO LAURENTIO ».
Ces variations semblent être en rapport avec l'usage. L'hospice dédié à Saint-Laurent, centre international d'activité, prévalut progressivement sur le nom du quartier: Agrimont.
En 1668, bien que l'hospice fut débaptisé en faveur de Saint-Jacques, Saint-Laurent Village conserve son nom.
Au XIXème siècle, après l'installation du premier pont, les documents citent: SAINT-LAURENT-DU-PONT, pour rétablir à l'annexion de 1860 le nom actuel de SAINT-LAURENT-DU-VAR.
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22/05/2008
RÉALITÉS NOUVELLES
Si la culture traditionnelle de la fleur d'oranger destinée à l'industrie de la parfumerie connut son heure de gloire, puisqu'un nérolium recueillait la production locale, les progrès de la chimie synthétique joints aux effets de la concurrence des pays méditerranéens l'ont anéantie.
L'horticulture intensive a contribué à modifier l'aspect général du paysage, par le nivellement des collines en terrasses déboisées, ceci nécessité par la production de fleurs coupées destinées essentiellement au marché français.
Elle a entraîné également un premier développement démographique par l'installation de nombreux émigrants d'origine italienne. La mise en place du marché commun, par la concurrence qu'il entraîne, semble devoir condamner à brève échéance les petits horticulteurs locaux.
Dans l'entre deux guerres, le cinéma, à la recherche de sites ensoleillés sur la Côte, installa ses studios, à Saint-Laurent, la crise consécutive à la guerre 39-45 entraîna leur fermeture et leur regroupement avec ceux de la Victorine à Nice.
La création d'une zone industrielle en 1962 sur les terrains récupérés sur le lit du Var, puis à l'embouchure, d'un ensemble commercial en 1967, le développement accéléré de l'urbanisme par l'implantation d'immeubles à plusieurs étages durant les dernières décades, achèvent de façonner le nouveau visage de Saint-Laurent.
Son essor démographique spectaculaire, en rapport avec le voisinage immédiat de Nice qui s'étend sur la rive gauche, la classe parmi les communes à forte expansion.
Depuis sa renaissance après la Libération, son nouvel essor semble lui promettre un avenir digne de son passé.
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15/05/2008
DU PONT DE PIERRE A NOS JOURS
De 1814 à 1860, la frontière réapparut dans le lit du Var, entre la France et les Etats de Piémont-Sardaigne, suite aux traités de Paris de 1814 et 1815.
Les apports d'alluvions dans le lit large et tourmenté du Var firent naître des difficultés du fait de la création des îlots éphémères: les iscles. Les courants dominants les portaient généralement à l'Est, ils permettaient aux contrebandiers de franchir aisément la frontière en évitant les points habituels de contrôle. Les habitants des deux rives se jalousaient les bois poussant sur ces îlots ou ceux déposés par les crues, des incursions avaient lieu, dégénérant en affaire d'état.
On cite, par exemple, les tentatives de détournement du fleuve. de la part de négociants niçois, dans le but d'empêcher les laurentins d'accéder aux iscles pour y ramasser du bois.
A la même époque, le flottage du bois, né de l'abattage de plus de 300.000 arbres de haute futaie, de 1822 à 1884, dans les hautes vallées alpines (Var, Tinée, Vésubie), fit naître toute une industrie sur les bords du Var. Des scieries importantes existaient à Saint-Laurent et sur la rive gauche à Saint-Isidore. (Guide de P. JOANNE 1880). Plusieurs centaines de troncs descendaient le fleuve lors des hautes eaux de printemps et d'automne (selon DURANTE).
En 1880, Saint-Laurent était toujours cité pour la valeur et la qualité de son vin muscat. Cette renommée avait dans les siècles passés débordé largement les frontières de la Provence. Si l'Anglais SMOLETT y fit allusion dans son journal en 1763, bien avant en 1667, Madame de SEVIGNE en vantait déjà les mérites dans une de ses fameuses lettres. Monsieur de Grignan, gouverneur de Provence, gendre de la célèbre Marquise apprécia le « muscat » lors d'une visite de la place de Saint-Laurent le 27 juillet 1690.
Il est regrettable qu’aujourd’hui, ce vin traditionnel ait disparu de la mémoire même des contemporains.
Après l'annexion du Comté de Nice à la France en 1860, un vrai pont en pierres et en fer fut construit pour permettre le passage de la route et de la première voie ferrée. Le 18 août 1864 passaient la première locomotive et, le 28 septembre, le premier train allant vers Nice. Le trafic normal commença le 12 octobre. Le nouveau pont était situé en aval de Saint-Laurent, dans ce quartier qui prit le nom de « la Gare » et que traverse l'actuelle voie ferrée. La station de chemin de fer s'appelait « LE VAR ». Le pont en bois situé en face du village était toujours utilisé pour les piétons et les charrettes. Restauré en 1865, il fut définitivement démoli en 1869.
Le trafic routier s'étant considérablement intensifié au XXème siècle, un deuxième pont routier fut construit à l'embouchure du Var en 1939, cet ouvrage comportait trois tabliers. Achevé en 1943, il fut bombardé en 1944 et démoli en 1945 à cause de la construction de l'Aéroport de Nice. Son usage fut très limité dans le temps.
Les ponts du Var furent attaqués dès 1943 par l'aviation alliée en dépit du système de protection de la D.C.A. allemande, installée sur les collines de Montaleigne et de Caucade. Une première attaque sans résultat eut lieu le 17 novembre 1943 à 6 heures du matin, puis une autre le 18 décembre. Le pont routier accolé à celui du chemin de fer fut entièrement détruit, les culées du pont sautèrent. Une troisième attaque interrompit le trafic le 2 janvier 1944. Une passerelle en bois fut construite pour les piétons et cyclistes, en face du village, et un pont en bois destiné aux véhicules automobiles plus en amont au quartier des Baraques. Le 26 mai, une violente attaque aérienne détruisit partiellement un train arrêté en gare de Saint Laurent, causant de nombreuses victimes. Deux nouveaux bombardements eurent lieu les 4 et 7 juin, endommageant sérieusement le pont du chemin de fer. Pendant 10 jours le trafic fut interrompu. Nouvelle attaque le 12 juillet, puis à la veille du débarquement en Provence d'août 1944, des raids successifs furent entrepris par l'aviation alliée pour anéantir les voies de communications adverses, faisant de nombreuses victimes, notamment celui du 6 août.
C'est un total de 23 bombardements que dut subir la petite cité, lesquels détruisirent 103 maisons et en endommagèrent partiellement 782, faisant 70 morts et 23 blessés.
Sinistrée à 40%, Saint-Laurent fut libérée le 27 août 1944 par une colonne motorisée de l'armée canadienne. Sa population avait été évacuée dans la commune voisine de Cagnes, à cause des pilonnages aériens.
La lutte de la résistance fut active. Elle eut pour conséquence l'arrestation et la déportation de 8 laurentias. Signalons que 16 domiciliés à Saint-Laurent ont comparu à la Libération devant une cour de justice ou une chambre civique pour faits de collaboration avec l'occupant nazi.
Avec la Libération, le pont de chemin de fer et le pont routier furent remis en état dans les mois qui suivirent.
Le 10 janvier 1945, moins de cinq mois après le départ des troupes nazies, le premier train de voyageurs franchissait le pont.
Le 5 janvier 1950, un nouveau pont était inauguré sur le Var, il fut suivi par un pont à deux voies en 1955, pour le trafic routier à double sens.
En 1976, l'autoroute, prolongée depuis Villeneuve-Loubet et Cagnes, traverse Saint-Laurent-du-Var et franchit le Var grâce à un nouveau pont double.
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