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10/01/2008

AVEC LES GUEYEURS EN 1763

L'Anglais SMOLETT visita Nice en 1763, il nous a laissé une curieuse description de la traversée du Var, avant la construction, sous la Révolution, de l'ancien pont en bois.  « Au village de Saint-Laurent célèbre par ses vins muscats. Il y a une équipe de passeurs toujours prêts à guider les voyageurs dans le passage de la rivière. Six de ces hommes, les pantalons retroussés jusqu'à la ceinture, avec de longues perches en main, prirent soin de notre voiture, et, par mille détours nous conduisirent sains et saufs à l'autre bord. A dire vrai cela n'eut pas été bien nécessaire, mais c'est pour les habitants du pays une sorte de revenant-bon, et je n'aurais pas voulu courir un risque quelconque, si faible qu'il put être pour le plaisir d'épargner la demi-couronne dont je rémunérais la peine de ces braves gens. Si vous ne gratifiez pas d'une pareille somme les visiteurs de la douane de Saint-Laurent ils fouillent vos malles de fond en comble et mettront tous vos effets sens dessus-dessous. Et ici une fois pour toutes je voudrais avertir les voyageurs qui n'ont l'habitude de ne consulter que leur convenance de leur intérêt d'être très prodigue de leur argent envers toutes ces sortes de gens, je leur conseillerais même de se laisser un peu écorcher par les aubergistes rencontrés sur leur route, à moins que l'abus ne soit vraiment trop évident. Car si vous vous mettez à discuter avec eux, vous aurez des ennuis, à ne plus finir et vous vous ferez du mauvais sang pour rien. Le Var se jette dans la Méditerranée un peu au-dessous de Saint-Laurent, à environ quatre lieues de Nice, il n'existe malheureusement pas de pont en bois, ce serait plus sûr et beaucoup plus agréable ».   L'existence de la frontière avec les états sardes crée une situation particulière. Sans doute pour éviter les risques d'invasion d'un bord à l'autre du Var, le passage du fleuve à gué ou par bac est préféré à la construction de ponts. Les points de traversée connus sont à cette époque: Saint-Laurent, Gatti ères, Le Broc et Bonson.  Ce n'est qu'après l'annexion en 1792 du Comté de Nice à la France que le premier pont sera édifié à Saint-Laurent.  Extrait du journal de voyage du Suisse SULZER: « Viaggio da Berlino a Nizza e ritorno da Nizza a Berlino » (1775): « De Cagnes, en moins d'une demi-heure on rejoint St. LAURENT, petite cité de la rive droite du Var. Ce fleuve est la frontière entre la Provence et le Comté de NICE, entre la FRANCE et l'ITALIE, on fait en ce lieu un vin muscat très délicat, assez connu sous le nom de St. Laurent. Je dus, à cet endroit, montrer mon passeport pour pouvoir quitter la France, et je devais aussi laisser visiter mes bagages. Mais la simple affirmation de ma part que je ne transportais des marchandises d'aucune sorte suffit à m'en exempter. En sortant de St. Laurent, on entre dans le lit du Var, qui est très large à cet endroit et prouve suffisamment l'impétuosité des crues de ce fleuve. En ce moment, à peine le sixième du lit était recouvert d'eau et ce peu d'eau, divisé en plusieurs bras, coulant avec rapidité. A St. Laurent des hommes robustes sont chargés de transporter les voyageurs à travers le fleuve. Ces hommes doivent savoir à quelle époque il est possible de traverser le fleuve. On me donna quatre de ces hommes pour ma traversée qui n'était pas dangereuse, l'eau étant très basse, en d'autres temps, on en donnerait beaucoup plus. L'un précédait en éclaireur en montrant au postillon les endroits les plus guéables et trois restaient avec la chaise de poste pour la tenir, afin que le torrent ne la renverse pas. Dans quelques endroits, l'eau montait jusqu'à l'essieu des roues. Cet accompagnement me coûta quatre livres, quand l'eau est forte, c'est beaucoup plus coûteux ».  « Géographie de Provence » de M. Achard (1787) : « Les armes du village sont un gril, les habitants sont doux et affables. Le terroir est en plaine, planté d'oliviers et de vignes qui donnent du très bon vin. Le village contient environ 300 habitants, il était entouré de murailles, elles sont détruites en partie.

En 1707, le 2 juillet, les troupes impériales commandées par le Duc de Savoie, le Prince Eugène et sept autres princes alliés, saccagèrent Saint-Laurent à la réserve de l'église et de la maison curiale, il ne resta que deux paysans dans le village et le prieur qui s'appelait Geoffroi. »

 

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17:30 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : HISTOIRE

03/01/2008

LA VIE COMMUNALE AU XVIIIème SIÈCLE

Le 26 décembre 1725, le jour de la St. Etienne, le conseil communal fut convoqué tant « à son cloche qu'avec la voix et organes de Jacques MAUNIER, valet de ville, par toutes les rues et carrefours «.  « Réuni dans la maison de ville au consentement de Thomas CAVALLON, lieutenant du juge de St. Laurent, et à la requête des consuls Cyprien EUZIERE et Antoine GARNIER pour l'élection de la nouvelle municipalité, consuls et auxiliaires. »  « Maître EUZIERE désigna Joseph LA VIE, Barnabé SIBON et Jacques SIFFRET pour que l'un d'eux fut élu premier consul. Joseph LA VIE obtint les suffrages de ses concitoyens. Antoine GARNIER, deuxième consul, avança trois noms: Honoré LAUGIER, Guillaume RANEL et François SENEQUIER. Les voix furent « cueillies », SENEQUIER fut élu. Suivant l'usage, les sieurs consuls proposèrent SIFFRET et SIBON, dont il a été question, pour en faire des premiers magistrats, ainsi que Pierre PISANI, pour que l'un d'eux obtint la charge de trésorier: SIBON l'emporta. Les consuls demandèrent ensuite que Jean PISANY et Antoine POURTANIER, fussent auditeurs des comptes ce qui fut agréé.  Joseph LA VIE, François SENEQUIER et Cyprien MERISON regardeur, exprimèrent le désir de se voir remplacés par Gaspard BRUN, Vincent COTTON et Antoine BAUTTIER. Le vœu plut.  Les estimateurs Honoré SElVE, Georges SAUVAIGON lancèrent les noms d'Honoré LAUGIER et Joseph LAIVE. Comme Louis LAIVE, autre estimateur, était absent, les consuls portèrent l'intérêt de l'assemblée sur Pierre BARBERIS, ce qui fut adopté.  Enfin les consuls choisirent pour greffier Pierre PISANY, le conseil l'accepta.  Les élections terminées, les consuls requirent le lieutenant du juge de leur concéder acte des élections et de faire prêter serment aux élus ce qui fut fait. Témoins: Louis BOULLON garde d'artillerie du Roy au magasin de St. Laurent et le sieur CASTELJALOUX en Gascogne ».  On apprend qu'en 1748 le seigneur refusa un habit distinctif au maire et aux consuls de la commune. En 1773, les intéressés revenant à la charge il leur offrit « un chaperon noir et rouge cramoisi, celui du garde champêtre étant bleu. L 'habit sera renouvelé tous les six ans mais laissé à la mairie en cas de décès... »  En 1748, les consuls adressèrent « un mémoire représentatif » présenté par les députés des « trois états de ce pays de Provence aux Procureurs du Roy ».  « Le pitoyable état où se trouve le lieu de St. Laurent soit par les dommages qui y ont été causés par nos ennemis, soit par les ravages des eaux qui ont emporté une partie du terroir, ne permet pas à la communauté de garder le silence. L'exposition des faits en excitant les mouvements d'une juste compassion doit animer ceux de votre justice et de votre équité. Vous êtes les dignes pères du peuple, les habitants de St. Laurent doivent ressentir tous les effets de cette tendresse paternelle.  Le lieu de St. Laurent situé sur le Var fut le premier exposé à la fureur d'une milice insolente que toute l'autorité des généraux ne put ni arrêter ni modérer. Le séjour de l'armée ennemie y étant plus long que partout ailleurs, tout le terroir fut ravagé, on commença par les oliviers dont on coupa 3000 et quelques cents pieds. Toutes les vignes furent arrachées, à l'exception de quelques-unes qui étaient sur les hauteurs, tous les arbres fruitiers eurent le même sort, il n'y eut que quelques figuiers qui échappèrent à la rage des soldats. De même la forêt qui appartenait à la communauté a été dépeuplée, les bois des particuliers ont été coupés, ce n'est plus qu'un terrain stérile et infructueux. La campagne ainsi dévastée, les maisons du village furent démantelées, on en ôta les portes et les fenêtres, on en tira les gonds et les fers, la moitié des maisons ont été abattue n'y ayant plus que les murs, les poutres et les chevrons furent employés par les ennemis pour faire le pont sur le Var et le reste le brûlèrent, l'effet qui s'en suivit est certainement bien déplorable: les maisons ainsi ouvertes, plusieurs habitants ont péri par la rigueur de l'hiver, n'ayant ni couvert ni bois pour pouvoir s'en garantir, elles sont actuellement dans la même situation. Les pauvres habitants ont essuyé toutes les fureurs des ennemis, tant lors de leur entrée que lors de leur fuite qui ne fut pas précipitée.  Mais ce ne sont pas là les seuls malheurs dont ces misérables habitants ont été accablés, il semble que les éléments aient agi de concert avec les hommes pour achever leur entière ruine, les pluies abondantes qui ont régné l'hiver dernier gros­sirent si fort le Var, que les eaux ont emporté de leur terroir un terrain de demi-lieue de longueur et de quart de lieue de largeur.  Mais ce n'est pas tout: le terrain à l'endroit où le Var se jette dans la mer, formait des jardins très précieux, les eaux venant en abondance et avec rapidité, ont fait regonfler celles de la mer, qui se sont répandues dans ces jardins, dont elles ont emporté une partie et engravé le reste. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un terrain propre à porter les joncs, au lieu qu'auparavant c'était ce qu'il y avait de plus précieux dans ce terroir, c'était une contenance d'un quart de lieue en largeur et en longueur. Il faut un siècle pour rétablir ce terroir dans son premier état, s'il faut suivre la rigueur de la règle, la seule ressource des habitants est celle de déguerpir ». Martin député, Mérison député ».  Trois ans plus tard en 1751, les sangliers et les loups envahirent la commune et un édit royal du 18 juillet permit aux habitants d'effectuer des battues « à condition que le seigneur y assiste ».

Cette ordonnance fera rêver plus d'un chasseur de notre époque!

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27/12/2007

CONTREBANDE

Le sieur de LONGPRÉ, consul de France, relate une affaire de contrebande dans un rapport daté du 4 janvier 1716. Le sieur Pisany a traversé la frontière du Var pour lui porter ses doléances.  « Douze muletiers nissarts ou piémontais sont passés en Provence, leurs bêtes chargées de sel. Les contrebandiers ont eu le front de défiler devant le bureau de St. Laurent armés de pied en cap. D'une de ses fenêtres, il les sommait de s'arrêter, pour laisser visiter leurs marchandises les muletiers l'ont menacé et injurié.

J'ai conseillé à Mr Pisany, de faire sonner le tocsin pour courir sur une pareille bande de fraudeurs ».

 

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