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04/07/2011

PROCÉS A PROPOS D'UN BANC DE L'ÉGLISE DE SAINT LAURENT DU VAR

 

33 LE CLOCHER DE L'EGLISE DE SAINT LAURENT.JPG

 

Un procès qui devait durer treize ans s'engagea en 1769 entre le Receveur des Fermes (percepteur) résidant à Saint-Laurent, un dénommé Durieu, et la Communauté Laurentine, à propos d'un banc en noyer qu'il avait fait poser dans l'église, proche de celui réservé aux âmes du Purgatoire. Durieu avait obtenu l'autorisation du vicaire général Sucre, du diocèse de Vence.

Les Consuls du village jugeant que l'évêque outrepassait ses droits, consultèrent un avocat du Barreau d'Aix: Mougins-Roquefort, futur député à l'Assemblée Nationale.

Ils estimaient « que l'église, étant de très petite enceinte, le Conseil et les Marguilliers pouvaient, seuls, placer et disposer de bancs, à l'exception toutefois de celui du seigneur du lieu ».

Appuyés par leur avocat, les Consuls firent jeter le banc hors de l'église, le Receveur, furieux, s'adressa au Lieutenant du Sénéchal de Grasse, afin de maintenir ses prérogatives. Il réclamait une condamnation pour les coupables, des dommages et intérêts « pour les voies de fait subies par son banc ».

Dans sa requête, il expliquait être l'objet d'une vengeance de la part d'un débitant de tabac, un certain Castillon, qu'il avait fait poursuivre après que ce dernier « eut enlevéla caisse qui contenait sa recette et outragé ses filles et lui-même ». Castillon, étant deuxième Consul, avait « faveur auprès du juge du lieu ». Durieu ajoutait que sa femme avait pourtant essayé d'amadouer la Communauté en laissant cent livres par testament à la Confrérie locale des Pénitents Blancs.

Convaincu, le Lieutenant du Sénéchal, par sentence du 5 juillet 1776, condamna les Consuls à faire réinstaller le banc à sa place initiale.

Les Consuls considérant « ce jugement offensant leurs principes les plus sacrés et les plus inviolables » rassemblèrent les habitants à la Maison Commune « tant à son de cloche que par la voix aiguë du valet de ville » pour discuter de l'affaire.

Après cette assemblée, la Communauté en appela au Parlement de Province, Mougins-Roquefort déposa un mémoire rédigé par les avocats de Grasse, Gasq et Gazan, que les Procureurs agréèrent « Vu que la sentence du Lieutenant de Grasse blessait les droits de la Communauté et les règles du droit commun ».

En avril 1778, le Premier Président, après autorisation de l'Intendant de Provence, inscrivit l'affaire au rôle de la Cour d'Appel, les Laurentins étaient sur le point d'aboutir après dix ans de chicanes.

Entre temps, le Receveur des Fermes avait été muté à Antibes. Dans un souci d'apaisement et pour clore l'affaire, un arbitre fut choisi par les Consuls et Durieu, en dépit des récriminations véhémentes de Castillon.

La sentence tomba le 13 juin 1782: le Receveur devait sortir son banc de l'église sous quinzaine, les frais de justice furent partagés entre les parties, le Receveur réglant ceux de la Cour d'Aix et la Communauté ceux de la Sénéchaussée de Grasse.

 

D’après le livre« Un Peu d’Histoire de Saint Laurent du Var » (Editions Sutton) pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 22 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

Un Peu d’Histoire… évoque quelques moments du passé tumultueux de Saint Laurent du Var. De l’Antiquité à nos jours ces 70 chroniques illustrées permettent un survol varié propre à éclairer l’histoire de la région bien au-delà de celle d’un simple village provençal placé à l’embouchure du Var.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.

Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.

Grâce à ces chroniques, Edmond Rossi nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

Edmond Rossi est depuis son plus jeune âge passionné par l’histoire du Pays d’Azur.

Auteur de nombreux ouvrages, il présente régulièrement des chroniques historiques dans le quotidien Nice Matin et sur les ondes Radio France Bleu Azur.

 

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27/06/2011

SAINT LAURENT DU VAR SOUS LES BOMBES, PAUL BAILET TÉMOIGNE

 

SAINT LAURENT DU VAR SOUS LES BOMBES LA GARE.jpg

 

Paul Bailet n'est plus de ce monde, mais sa fille Laurette a recueilli le petit journal de guerre dans lequel ce Laurentin a soigneusement noté jour après jour les alertes et les 23 bombardements qui ont frappé Saint-Laurent, où de nombreux civils laurentins ont été tués.

 « Six août 1944 : le village est aux trois-quarts démoli. Il y a au moins cinq morts et plusieurs blessés. La toiture et les plafonds de notre maison sont démolis. » Ce jour-là, « alors que la fin de l'alerte a été sonnée, de nombreux avions surgissent à nouveau. De nombreuses maisons sont démolies, un train est touché, on compte une cinquantaine de morts et plus de cent blessés. Le pont, lui, n'a reçu que quatre bombes ! », écrit Paul Bailet.

Ce bombardement, le plus meurtrier de la guerre à Saint-Laurent, a fait quarante-cinq morts, dont dix Laurentins, autant de noms égrenés sur une stèle près de l'église du vieux-village.

Mais à côté, une autre stèle rappelle trois autres bombardements meurtriers : trois Laurentins tués le 18 décembre 1943, cinq le 2 août 1944 et sept le 6 août 1944.

Le journal de Paul Bailet commence le 23 novembre 1943.

« À 5 h du matin, réveil au bruit de la DCA (Défense anti-aérienne) qui tire à obus traçants. Joli feu d'artifice. Les avions, pris dans le faisceau des projecteurs, lâchent leurs bombes sur l'hippodrome (rive gauche du Var, à l’emplacement de l’actuel aéroport ). Nous sommes allés nous réfugier dans la grotte du vallon de Janos. »

Cinq jours après, « la moitié des vitres de Saint-Laurent sont cassées et des plafonds lézardés : une bombe non explosée à l'hippodrome a finalement éclaté, faisant sauter un dépôt de munitions dans les petites tribunes. »

En janvier 1944, Paul Bailet note quasiment tous les jours au moins une alerte, mais un seul bombardement à Saint-Laurent le 2 janvier, sur les ponts.

« Bien souvent, les avions sont passés bien avant l'alerte », regrette-t-il.

Le12 avril, « des bombardements touchent à nouveau le pont, faisant sept blessés. »

Le 5 juin, « à 9 h 45, alerte. Vingt-six bombardiers lâchent leurs bombes. Le pont est à nouveau touché, ainsi que quelques maisons, mais sans victime ». Le 8 juin à 10 h 10, scénario similaire.

Peu avant le bombardement du 6 août, celui du 2 août a laissé un sinistre souvenir : « A 9 h 30, alerte. Huit bombardiers passent. Dix minutes après, une nouvelle vague lâche ses bombes. Le village est touché. Tout le bas de la rue Desjobert est démoli, ainsi que derrière le dispensaire, jusqu'à la mairie qui a elle aussi souffert. On compte 5 morts et une douzaine de blessés dans Saint-Laurent. »

Le 25 août en revanche, «ça commence à sentir bon: les Allemands foutent le camp ».

Le lendemain « vers 18h, la flotte ouvre le feu et quelques obus tombent sur St-Laurent ».

Le 27 août, « vers 14 h, on entend les cloches sonner. Le drapeau français flotte sur le clocher ! Mais ce n'est qu'une fausse joie : les Alliés ne sont qu'à Cagnes. En fin d'après-midi, une batterie allemande ouvre le feu sur Saint-Laurent. Pauvre village, qu'est-ce qu'il prend ! »

Le 28 août, « au petit jour, on sort des abris. Le pont de bois des Iscles est en feu. Les Boches, en reculant, font tout sauter. Vers midi, on voit passer les premières voitures alliées ».

Le 29 août, « la joie se lit sur tous les visages. Quoique, à Saint-Laurent, la joie soit moins vive : le village a beaucoup reçu ». Une citation du village pour la Croix de Guerre avec Étoile de Bronze délivrée le 11 novembre 1948 rappelle que Saint-Laurent, détruit à 40 %, a subi 23 bombardements qui ont fait soixante-dix morts et vingt-trois blessés et détruit 103 maisons tandis que 782 étaient endommagées.

D’après l’article de Laurent Quilici (Nice Matin du 26 mai 2011)

20/06/2011

TÉMOIGNAGES DE VOYAGEURS TRAVERSANT LE VAR AU XVIIIème SIÈCLE

 

32 DILIGENCE A L'ARRET AVANT LA TRAVERSEE DU VAR.jpg

 

Rien ne vaut le récit des contemporains pour décrire la traversée du Var au XVIIIe siècle. Le romancier et médecin écossais Tobie Smollett se rendait à Nice en 1763, espérant trouver dans la douceur du climat une amélioration à une santé éprouvée : « Au village de Saint Laurent, fameux par ses vins muscats, écrit-il à un ami, il y a une équipe de passeurs toujours prêts à guider les voyageurs dans le passage de la rivière. Six de ces hommes, les pantalons retroussés jusqu’à la ceinture avec de longues perches, en main, prirent soin de notre voiture et par mille détours nous conduisirent sains et saufs à l’autre bord.

A dire vrai, cela n’eût pas été nécessaire, mais c’est pour les gens du pays une sorte de revenant bon, et je n’aurais pas voulu courir un risque quelconque, si faible, qu’il pût être, pour le plaisir d’épargner la demi-couronne dont je rémunérais la peine de ces baves gens. Si vous ne gratifiez pas dune pareille somme les visiteurs de la douane de Saint Laurent, ils fouilleront vos malles de fond en comble et mettront tous vos effets sens dessus-dessous. Et ici, une fois pour toutes, je voudrais avertir les voyageurs qui n’ont l’habitude de ne consulter que leur convenance ou leur intérêt, d’être très prodigues de leur argent envers toutes ces sortes de gens, je leur conseillerais même de se laisser un peu écorcher par les aubergistes rencontrés sur leur route, à moins que l’abus ne soit vraiment trop évident. Car si vous vous mettez à discuter avec eux, vous aurez des ennuis à n’en plus finir et vous vous ferez du mauvais sang pour rien. » Depuis les prix imposés ont du bon ! Smollett poursuit :

« Le Var se jette dans la Méditerranée un peu au-dessous de Saint-Laurent, à environ quatre lieues de Nice, il n'existe malheureusement pas de pont en bois, ce serait plus sûr et beaucoup plus agréable.  L'existence de la frontière avec les états sardes crée une situation particulière. Sans doute pour éviter les risques d'invasion d'un bord à l'autre du Var, le passage du fleuve à gué ou par bac est préféré à la construction de ponts. »

Les points de traversée connus sont à cette époque: Saint-Laurent, Gattières, Le Broc et Bonson.

Une douzaine d’années plus tard, le mathématicien suisse Sulzer suit le même itinéraire : « En sortant de Saint Laurent, on rentre dans le lit du Var qui est très large à cet endroit et prouve suffisamment l’impétuosité des crues de ce fleuve. En ce moment, à peine le sixième du lit était couvert d’eau et ce peu d’eau, divisé en plusieurs bras, avec rapidité. A Saint Laurent, des hommes robustes sont chargés de transporter les voyageurs à travers le fleuve. Ces hommes doivent savoir à quelle époque il est possible de traverser le fleuve. On me donna quatre de ces hommes pour ma traversée qui n’était pas dangereuse, l’eau étant très basse, en d’autres temps, on en donnait beaucoup plus. L’un précédait en éclaireur en montrant au postillon les  endroits les plus guéables et trois restaient avec la chaise de poste pour la tenir, afin que le torrent ne la renverse pas. Dans quelques endroits,  l’eau montait jusqu’à l’essieu des roues. Cet accompagnement me coûta quatre livres, quand l’eau est plus forte c’est beaucoup plus coûteux ».

Voici enfin le témoignage de l’abbé Jean-Pierre Papon extrait de son «Voyage de Provence » (1780).

« Le Var est très rapide. Il entraîne le gravier de dessous les pieds et, en été, quand il y a des orages, il grossit  quelquefois prodigieusement dans l'espace de deux heures, à cause des torrents qui tombent des montagnes. La facilité avec laquelle il change de lit d'un jour à l'autre, et souvent plusieurs fois  dans le même jour fait que les étrangers ne doivent pas s’exposer à passer le Var sans avoir des gueyeurs qu'on prend à Saint Laurent du Var quand on vient de  Provence, ou sur le bord opposé quand on vient de Nice.

 Si l'on ne passe ni en voiture, ni à cheval, on s'assied sur l'épaule de deux hommes, qui se tiennent serrés l'un contre l'autre, en prenant réciproquement avec la main le haut de leur veste au-dessus du cou, de manière que l'un pose son bras droit sur le gauche de l'autre , il faut avoir soin de ne pas regarder l'eau : elle est si rapide que la tête tournerait et l'on risquerait de tomber.

A Antibes, on prend un billet du commandant pour sortir de  France, sans quoi, l’on est obligé de rétrograder quand on est à Saint-Laurent.

Rien n’est plus varié que les pierres du Var. Outre les calcaires et les cailloux, on y trouve des morceaux de beau granit, du grès, et une pierre grise veinée de spath. Ces différentes pierres sont tout autant de preuves de la diversité de torrents et de rivières qui se jettent dans le Var. »

A la lumière de ce témoignage réaliste une mise au point historique s’impose, à propos des représentations contemporaines du « gueyeur ».

Le gueyeur statufié en 2000 par Suzan Ledon et Nicole Hennion, qui orne le rond-point au croisement de la rue de l’Ancien Pont et de l’avenue du 11 novembre, restitue-t-il l’image authentique de ces portefaix, chargés jadis d’assurer la traversée du gué du Var, tout comme emblème du « Comité de Sauvegarde du Vieux Village » ? Rien n’est moins sûr !

Si l’on fait foi à ce document d’époque, il semble que le transport des personnes montées à califourchon sur le dos du gueyeur ne relève nullement de la vérité historique, conforme aux règles morales strictes de cette corporation,

Il fallait donc bien la présence de deux gueyeurs pour qu’une personne puisse être chargée et transportée d’une rive à l’autre du Var.

Ce procédé, gage de sécurité évitait d’autre part tout contact charnel avec les porteurs, ceci dans le respect de l’éthique de l’époque.

Ce n'est qu'après la révolution et l'annexion en 1792 du Comté de Nice à la France que le premier pont sera édifié à Saint-Laurent.

 

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Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le comté de Nice.

Aujourd’hui ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var. Cité moderne, elle n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le Vieux-Village, avec ses rues pittoresques et son église romane.

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