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04/12/2008

SAINT LAURENT DU VAR, UNE MISE AU POINT HISTORIQUE, A PROPOS DU « GUEYEUR »

04 SAINT LAURENT AU XVIII éme s. ALBANIS BEAUMONT.jpg

A l’occasion de recherches relatives à mon nouvel ouvrage « Saint Laurent à travers l’Histoire », mon attention a été attirée par une relation historique porteuse d’une information intéressante.

Le gueyeur statufié en 2000 par Suzan Ledon et Nicole Hennion, qui orne le rond-point au croisement de la rue de l’Ancien Pont et de l’avenue du 11 novembre, restitue-t-il l’image authentique de ces portefaix, chargés jadis d’assurer la traversée du gué du Var ? Rien n’est moins sûr !

Si l’on fait foi à un document d’époque, il semble que le transport des personnes montées à califourchon sur le dos du gueyeur ne relève nullement de la vérité historique, conforme aux règles morales strictes de cette corporation,

Jean Pierre Papon, historien de la fin du XVIIIe siècle, indique dans son « Voyage littéraire de la Provence » :

" Les étrangers ne doivent pas s'exposer à passer le Var sans avoir des gaieurs qu'on prend à Saint-Laurent. On s'assied sur l'épaule de deux hommes, qui se tiennent serrés l'un contre l'autre, en prenant réciproquement avec la main le haut de leur veste au-dessus du cou, de manière que l'un pose son bras droit sur le gauche de l'autre ; il faut avoir soin de ne pas regarder l'eau : elle est si rapide que la tête tournerait et l'on risquerait de tomber...»

Il fallait donc bien la présence de deux gueyeurs pour qu’une personne puisse être chargée et transportée d’une rive à l’autre du Var.

Ce procédé, gage de sécurité évitait d’autre part tout contact charnel avec les porteurs, ceci dans le respect de l’éthique de l’époque.

 

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 « Saint-Laurent-du-Var à travers l’Histoire » ou quand le présent rejoint  en images l'Histoire de Saint-Laurent-du-Var et sa fière devise: "DIGOU LI , QUÉ VENGOUN", (DIS LEUR QU'ILS VIENNENT), significative des « riches heures » de son passé.

Avant 1860, Saint-Laurent-du-Var était la première bourgade de France en Provence, carrefour historique avec le Comté de Nice. Ville construite entre mer et collines, elle s'étire face à Nice le long de la rive droite du Var, sur 7 kms.

Cité moderne, Saint-Laurent-du-Var n'en oublie pas pour autant ses racines qui font la fierté de ses habitants. Le témoignage le plus probant de cette pérennité du passé reste sans aucun doute le « Vieux-Village », avec ses rues pittoresques et son église romane datant du XI e siècle.

Lieu de transit et de passage commandant la traversée du Var, fleuve alpin particulière­ment capricieux, Saint-Laurent-du-Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son destin.

Les inondations, les invasions, les épidémies, les guerres ont rythmé au long des siècles les étapes successives de la formation de Saint-Laurent-du-Var.

Grâce à de nouveaux documents et à de nombreuses illustrations inédites, Edmond Rossi, auteur de « Saint Laurent, Porte de France » et de différents ouvrages sur le passé de la région, nous entraîne à la découverte de l’Histoire passionnante de Saint-Laurent-du-Var.

 

Connaître le passé de la région des Alpes Maritimes ?

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27/11/2008

SAINT LAURENT DU VAR AU MOYEN AGE

L'INCENDIE DE L'HOSPICE DE SAINT LAURENT AU XIIIe SIECLE.jpgSAINT LAURENT DU VAR UN MOYEN AGE TUMULTUEUX

 

Lieu du transit et de passage commandant la traversée du Var, Saint Laurent du Var a subi les aléas de cette situation géographique et stratégique singulière qui a profondément marqué son histoire.

Dès 1005, le hameau de « Varum » est signalé sur le bord du fleuve en rive droite, comme dépendant de l’Abbaye de Saint Véran. En 1033, il est fait mention du « castrum Agrimontis » (Gioffredo), édifié probablement sur la colline dominant l’ouest de la cité actuelle et qui porte encore le nom de colline des Agrimonts. Ce castrum relève de l’autorité des vicomtes de Nice.

C’est au XIme siècle que Raimbaud de Vence décide de fonder un hospice destiné aux pèlerins se rendant à Rome. L’église de cet hospice sert de paroisse aux « castrum Agrimontis » voisin.

En 1162, à l’occasion d’un voyage à Turin, le Comte de Provence fait halte à l’hospice et lui alloue de larges subsides pour assurer ses services. Selon Papon, le traité passé en 1176 entre le Comte de Provence et les consuls de Nice est signé là sur les bords du Var.

Les premiers religieux desservant l’hospice en 1185 sont des Chevaliers Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem, relevés en 1205 par des moines augustins rattachés à l’Abbaye de Suse. Ils dédient l’hospice à Saint Laurent et seront confirmés dans leurs droits en 1208, à l’occasion du passage du pape Innocent IV.

Selon J.C. Poteur, un Raymond d’Agrimont est mentionné à Antibes en 1148 et son castrum apparaît détruit dès 1232, probablement à l’occasion de la guerre conduite par le Comte de Provence pour reconquérir ses terres de la Provence orientale.

Simultanément, en 1233, le Comte impose le nouveau « castrum de Sancti Laurentio » de redevances pour chevauchés. A l’occasion des opérations militaires, un nouveau castrum (de Pugeto) est installé par le Comte vers 1232, au nord de Saint Laurent et de l’hospice, il poursuivra une existence distincte de Saint Laurent.

Le XIIIème siècle est marqué par une lutte d’influence entre l’évêque de Vence et les moines hospitaliers, bénéficiaires d’abondantes oboles, perçues comme de véritables péages pour la traversée du fleuve. Bien que confirmés dans leurs droits, en 1301, par Charles d’Anjou, les moines augustins sont expulsés en 1327 sur la rive gauche, par ordre du pape Jean XXII.

L’hospice est alors régi par un prieur placé sous l’autorité de l’évêque. Mais de 1334 à 1345, les Niçois préfèrent verser leurs subsides à l’hospice par l’intermédiaire de l’évêque de Glandèves !

L’enquête de 1252 relève 260 habitants à « Sancto Laurentius ». Après le dédit de Nice à la Savoie en 1388, Saint Laurent devient village frontière.

En 1446, Saint Laurent est abandonné par ses habitants décimés par une effroyable épidémie de peste, retour de la pandémie en 1467.

Pour repeupler le village désert, l’évêque de Vence, seigneur du lieu, passe une convention avec 35 familles d’Oneglia (l’actuel Imperia en Ligurie italienne) le 16 février 1468. Cet acte d’habitation, à long terme, oblige les nouveaux habitants à assurer le passage du Var gratuitement, à l’aide d’une barque.

L’affouage de 1471 recense déjà 23 feux, soit quelques 150 habitants, mais le cheptel est inexistant. Le village est reconstruit en 1480 et l’hospice rénové confié à de nouveaux religieux.

En 1698, un Pisani, venu avec des familles d’Oneglia, achète la seigneurie de Saint Laurent à l’évêque de Vence. Bien que contesté par la communauté, il ne lui vendra ses droits qu’en 1789 !

Le vieux village comporte deux grandes périodes de construction relevant du Moyen Âge. La première date des XIme et XIIème siècles, elle forme encore un noyau visible de bâtiments centrés sur l’église paroissiale, avec son donjon carré datable du XIme siècle, contigu aux vestiges de l’ancien hospice.

Le reste du village, bâti vers 1480 sur un plan en damier, présente des maisons typiques à deux étages, avec un toit à une pente et des murs bosselés couleur miel en galets du Var.

Les restes du « castrum Agrimontis » n’ont pas été mis à jour, en dépit de l’urbanisation galopante de la colline. Dès le dédit de Nice à la Savoie en 1388, Saint Laurent se voit doté de fortifications. Le système sera renforcé au XVIIème siècle et le quadrilatère du village, ceinturé de remparts avec une tour dressée aux quatre angles.

Le cadastre de 1835 restitue l’image de ce système défensif.

 

Le Château de la Tour, aux Pugets

Sur un monticule situé à quatre kilomètres au nord de Saint Laurent, dans l’actuel quartier des Pugets, le Comte de Provence fait élever en 1232, après avoir détruit le « castrum d’Agrimontis » tenu par des rebelles, le nouveau « castrum de Pugeto » destiné à surveiller la rive droite du Var.

Si une partie du fief du castrum d’Agrimontis est donné à Cagnes, le castrum de Pugeto bénéficie au nord, d’une part de la seigneurie indivise de La Gaude–Saint Jeannet. Le castrum de Pugeto est inféodé à Romée de Villeneuve dès 1235, l’enquête de 1251-52 y révèle 30 feux (environ deux cent habitants).

Ce « castrum Pugetono tredecim dominarum » ou Puget treize Dames aurait été occupé avant le XIIIème siècle selon Louis Cappatti. Le fief, après avoir appartenu aux Villeneuve en totalité, est partagé en 1549 avec les Portanier pour revenir en 1700 aux Pisani.

La population du Puget est décimée en 1350 par la peste noire et le village ne sera plus qu’un hameau de Saint Laurent. Les chroniques mentionnent ensuite le château de la Tour, sans doute à cause de la présence d’un donjon du XIIIème siècle de l’ancien castrum.

Il apparaît au XVIIIème siècle comme un « pavillon » (carte géographique) puis comme une résidence de campagne du seigneur de Saint Laurent. Les vestiges bien visibles encore en 1980 ont été partiellement anéantis par une construction récente coiffant le site médiéval.

Le castrum de Pogeto et sa paroisse sont à nouveau signalés désertés (par Bouche) en 1667 à la suite d’opérations militaires. La chapelle Saint Jean Baptiste et le château voisin formaient le centre d’une importante communauté comme le laisse supposer la quantité d’ossements découverts près des ruines de la chapelle.

 

Anecdote :

La dénomination du château du Puget Treize Dames a donné prétexte à une légende moyenâgeuse sur la présence en ces lieux de treize châtelaines, épouses délaissées de courageux seigneurs partis guerroyer en croisade.

Réunies dans ce manoir isolé pour mieux tuer l’attente et supporter leur triste condition d’épouses abandonnées, ces treize Dames, tenues à une chasteté imposée par les circonstances, accueillirent au début les hommages enflammés de troubadours de passage avant de céder à leurs avances.

Les règles de l’amour courtois furent très vite oubliées et leurs manifestations dégénérèrent en parties fines, établissant la flatteuse renommée du château !

Célébrée jusque par Pétrarque, sa réputation en fit une étape incontournable sur la longue route joignant Rome à Avignon, le voyageur ou le pèlerin savait trouver là, en plus du gîte et du couvert, une chaude hospitalité.

 

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20/11/2008

LA CONFRERIE DE MÉDUSE TOUJOURS VIVANTE !

CONFRERIE DE MEDUSE SIGLE.JPG

 

 

LA CONFRERIE DE MEDUSE A SAINT LAURENT AU XVIIe SIECLE

Saint-Laurent, vers la fin du XVlème siècle, du fait de son état de ville frontière, n'était pas un bourg particulière­ment gai: y séjournaient une garnison de soldats du Roy chargée de défendre la France, des douaniers chicaneurs, un curé et son vicaire.

La vie y était monotone sans distraction ni plaisir. Nos aïeux les plus audacieux passaient le Var et allaient jusqu'à Nice savoyarde pour y faire bombance et y trouver des voluptés faciles, choses que n'osaient faire les fonctionnaires et le clergé laurentins.

Aussi vint-il à l'idée de ces malheureux frustrués du sel de la vie, de se grouper pour mettre au point des réjouis­sances partagées en commun. Ce « club » qui organisait des surprises-parties d'un autre temps, prit le nom de « Confré­rie de la Méduse » .

Certains historiens ont vu dans cette association secrète, les prémisses d'un ordre de type maçonnique, ne révélant qu'un aspect de ses activités sous-jacentes. Les faits nous sont connus par les minutes de l'enquête et du procès qui sui­vit.

En apparence, il s'agissait d'une société de gais noceurs recrutant ses adhérents parmi les gradés de la garnison et des douaniers auxquels vinrent s'adjoindre, l'âme tourmentée, comme membres actifs, le prieur Honoré GEOFFROY curé du lieu et son « secondaire » .

L'affaire débuta en 1700 lorsqu'un dénommé Jean­Jacques LEON se plaignit auprès de Monseigneur CRILLON,

Là encore, il a été supposé que le titre pouvait se rattacher à l'épisode mythologique où MEDUSE, l'une des Gor­gones, changeait en pierre quiconque la regardait. Cette expli­cation du secret bien gardé conviendrait à l'interprétation d'une société ésotérique nullement limitée à la pratique de quelques activités bacchiques.

Durant les repas pris en commun, les frères faisaient preuve d'une vigilance de chaque instant et d'une aveugle discipline. Au signal de « Lampons » il fallait vider son verre jusqu'à « cul sec ». Celui qui ne s'immobilisait pas au signal convenu se trompant par manque d'attention, ou refusait de boire, versait deux sols dans une cagnotte destinée à l'achat de bouteilles et de rôts pour de futures agapes.

L'enquête établit que le plaignant LEON appartenait, lui aussi à l'ordre sous le pseudonyme révélateur de Frère INCONGRU. Quels furent les motifs inavoués de sa dénonciation ?

La justice épiscopale fut, néanmoins, sans pitié pour les curé rabelaisiens, témoin la sentence infligée: « huit mois dans un séminaire à dire trois fois par semaine les sept psaumes de la pénitence pour le repentir de leurs âmes dévergondées et celles de leurs frères de malheur et interdits de toute fonction a divinis ».

 

LA CONFRERIE DE MEDUSE AUJOURD’HUI

  

Notre confrérie naquit en l’an de grâce1690, sous la haute 

présidence du Marquis de Vibraye, officier de la  Marine Royale à Marseille, mais  

c'est en 1693 qu’elle prendra tout son essor, sous l’influence du Sieur GIRARDIN de                               VAUVRAY, Intendant de la Marine à Toulon.

                           Son principal objectif était de permettre aux Officiers de Marine, au retour de longs voyages sur les galères, d’être reçus dignement à terre et de profiter des invitations à d’abondantes agapes largement arrosées.

                           Tout d’abord, pourquoi Méduse ?

Méduse était l’une des trois Gorgones, la seule à ne pas être immortelle. D’une rare beauté, avec de magnifiques cheveux, elle se permit d’offenser Minerve, déesse de la Sagesse, des Arts et de la guerre. La fille de Jupiter transforma sa chevelure en queues de serpents et donna de surcroit à ses yeux le pouvoir de transformer en pierre tous ceux qu’elle regardait.

Devant sa rébellion, Persée fils de Jupiter et de Danaé, trancha la tête de la Gorgone. Son forfait accompli, il s’enfuit sur le dos de Pégase, né du sang de sa victime, dont il amenait la tête dans toutes ses expéditions pour "pétrifier" ses ennemis.

                           La petite histoire raconte que Persée jeta la tête de Méduse dans la Méditerranée non loin de Toulon…

           Historique de l’Ordre Illustre des Chevaliers de Méduse

                                L'Ordre illustre des Chevaliers de Méduse est la plus ancienne confrérie bachique. Elle fut créée je vous le rappelle en 1690 soit un siècle avant la Révolution Française et avait pour objectif l'assistanat à autrui. Toutefois notre Ordre était aussi une société de plaisir par d'agréables divertissements de table.

                           Quelles furent les raisons de la création des Chevaliers de Méduse? Nous pouvons lire dans le livre remarquable de Bernard FAY ayant pour titre            " "La révolution Intellectuelle au XVIII siècle"  (édition de Cluny, Paris 1935 page 170)  les lignes suivantes:

    " Nous ignorons en France pourquoi les corporations des maçons, tailleurs de       

    " pierre, charpentiers et Architectes disparurent complètement à la 

    " Renaissance. Mais il est évident qu'au XVII° siècle on n'en discerne plus trace

    " et que les premiers clubs, les premières sociétés françaises d'apparence   

    " corporatives sont des réunions de buveurs et de bons vivants dans le midi de

    " la France avec notamment l'Ordre de Méduse établi à Toulon par

     "le Marquis de Vibraye qui essaima des loges dites "Prieurés" à travers toute la

 "Provence dont les statuts avaient pour titres: AGREABLES DIVERTISSEMENTS DE                                                                                                               "LA TABLE   OU  REGLEMENTS DE LA SOCIETE DES FRERES ET SŒURS DE MEDUSE"

Ainsi semblait être créé un renouveau des corporations moyenâgeuses avec l'idéal

qui animait les grands architectes des cathédrales.

                      Mais que symbolise pour notre Ordre l'image de Méduse ?

  Il s'agit avant tout d'une image féminine. Or notre ordre a été fondé par des marins.

Ces marins étaient très souvent en mer, les voyages duraient très longtemps puisque plusieurs mois étaient nécessaires pour traverser les océans et que les vaisseaux de hauts bords de la compagnie des Indes qui se rendaient dans les comptoirs français contournaient le cap de Bonne-Espérance.

L'image de la femme devait donc devenir une véritable hantise. Cette image a d'ailleurs marqué la marine depuis les temps anciens: Les figures de proue et les sculptures de bois qui ornaient les caravelles représentaient très souvent des bustes de femmes, image de la féminité  qui les accompagnait dans leurs rêves.

 Mais Méduse est aussi investie d'une autre fonction symbolique, celle de la protection. En effet Méduse,  ne l'oublions pas, fait partie, dans la Mythologie, des trois Gorgones. C'étaient trois sœurs, trois monstres, à l'aspect effrayant,  des défenses de sanglier saillant des lèvres, des mains de bronze, des ailes d'or; elles se nommaient Méduse Euryale et Sthéno. Elles symbolisent l'ennemi à combattre. Qui voyait la tête de Méduse, et le regard de ses yeux, en restait "pétrifié" de peur, perdait ses moyens et l'effrayante  Méduse remportait la victoire. C'est que la navigation comportait à l'époque d'immenses difficultés et le risque incessant de rencontres: avec les barbaresques mais aussi avec les marines concurrentes, Hollandaises, Espagnoles, Anglaises… Méduse possédait donc un pouvoir un peu sacré, un peu déifié, symbole pour les marins de protection et de victoire à la proue de nos navires.

Telle est donc la double valeur emblématique de Méduse, d'après la mythologie:

Féminité, liée à l'imaginaire et au rayonnement, et pouvoir protecteur face à tous les dangers.  

           A l'origine, l'objectif pratique de cette confrérie était de réunir les officiers

De la Marine du port de Toulon et de leur permettre de fêter gaiement leur retour à terre en célébrant les vins de Provence au sein d'une compagnie – que nous appellerions aujourd'hui bachique- régie par des règles très strictes visant à éviter toute dérive et tout débordement.

           En fait il ne s'agissait pas d'une simple et fruste association de buveurs, mais bien de la réunion d'hommes et de femmes cultivés et altruistes ( je précise que l'Ordre était mixte dès l'origine) l'Ordre ayant , outre un rôle récréatif et de cohésion, un rôle d'assistance pour ses membres et leur famille lorsqu'ils étaient victimes des combats contre les Barbaresques, fréquents sur les côtes de Provence au 17°siècle.

L'ordre prit très rapidement une grande importance, mais il est certain que

le grand animateur de notre compagnie bachique fut Louis GIRARDIN de VAUVRAY.

En 1697 il était nommé bienfaiteur de l'Ordre, Grand Prieur de Haute et basse Provence, du Comté de Nice et des terres adjacentes, puis Grand Maitre. 

Louis GIRARDIN de VAUVRAY appartenait à une des plus nobles famille d'Auxerre.  Enseigne de Vaisseau en 1655, il abandonna de bonne heure la carrière d’Officier de Marine pour celle du  “Grand Corps“,  fut nommé Commissaire de la Marine en 1670, grâce à son mérite, et devint Commissaire Général en 1673.   En cette qualité il dut faire plusieurs campagnes, au cours desquelles il fut blessé.    Il  servit à Rochefort, au Havre puis en Sicile, et en 1677 fut nommé Intendant,     puis Général de la Marine et des mers du Levant en 1681 à Toulon.

Possédant la confiance de Colbert et de Seignelay  il acquit rapidement la réputation d’un des plus grands intendants du XVIII° siècle. Il concourut  aux grands travaux exécutés par Vauban dans le port de TOULON. Puis de 1691à 1694 il servit à la mer sur le vaisseau amiral du Marquis de Tourville « le Soleil Royal »  De retour à Toulon il reçut un « Brevet » qui joignit à ses fonctions celle d’Intendant des fortifications de Provence. Ce fut à ce double titre qu’en 1707 il réunit ses efforts à ceux de du vieux Comte de GRIGNAN et de l’intendant de Provence GARDIN-LEBRET pour défendre TOULON contre l’invasion du Duc de Savoie ;

 Conseiller du Roi au parlement de Metz, VAUVRAY fit partie en 1715 du conseil de la Marine Royale et mourut à Paris le 29 janvier1724.

Les plus grands noms de France firent partie de l’Ordre Illustre de Méduse ; Parmi les frères célèbres l’on note :

Monsieur  DANTAN qui fut Grand Maître

Monsieur  de VAUCRESSON Intendant des Iles de l’Amérique

Monsieur  COQUET

Le Prince de MASSERAN Marquis de CREVECOEUR

Le  Seigneur de Bandol BOYER de FORESTA

L’Abbé l’ENFANT

Le Marquis d’ARGENS

Le Duc de FEUILLADE

Le Prince de MONACO

Le Prince de ROBEC

Le Chevalier de SAINT AIGNAN

Le Duc de VENDOME

Le Prince de BIRQUEFELD

Ces noms relevés dans la liste de l’Ordre de Méduse entre 1690et 1710.

Des Prieurés furent créés dans toute la France et particulièrement dans les ports de guerre. L’on en connaît quatre dans la région Provençale, Prieurés aux quels nous nous intéressons plus particulièrement :

L’un à TOULON

Un deuxième à BANDOL

Un troisième à REVEST d’ARDENNES

Un quatrième à MONFERRAT tout près de DRAGUIGNAN.

                                       Quelques Règles Essentielles

L'une des premières stipulait que pour être initié il fallait être libre et de bonnes mœurs, point médisant, ni blasphémateur, ni ivrogne. Qui est convaincu d'un de ces vices,  ne pourra être reçu sous quelque prétexte que ce soit. Il fallait également s'engager à défendre veuves et orphelins des marins disparus en mer.

Chaque assemblée de prieuré était précédée d’agapes empreintes d’une franche camaraderie, mais surtout il s’agissait d’une cérémonie où certains termes étaient prohibés ainsi : le VIN s’appelait HUILE

                          Le VERRE s’appelait LAMPE

                          L’on ne buvait pas ON LAMPAIT

Lors de chaque repas pris en commun chaque membre de l’Ordre participait à des lampées dont nous reparlerons plus loin. Malheureusement l’Ordre disparut à la Révolution, mais fut réactivé en 1951, lorsque les Vignerons provençaux, animés par

le Baron Henri de Rasque de Laval du Château Ste Roseline, cherchèrent à donner à notre région  une identité leur permettant de valoriser les traditions et les crus de

notre terroir Provençal. C’est ainsi que furent associées les différentes Appellations Provençales : Bandol, Cassis, Palette,  Les Côtes de Provence et les Coteaux Varois en Provence.

Le Baron Henri de Laval fit un magnifique travail d’organisation pour donner une âme à notre confrérie et respectant les règles anciennes, il nomma pour l’aider de nombreuses personnalités. Citons, dans les années 50: le prince de Roumanie, Monsieur Paul Ricard, Madame Raimu, l'humoriste Francis Blanche Monsieur Christian Dior l'Amiral Jubelin et bien d'autres encore.

L’Ordre de Méduse tenait chaque année un grand Chapitre l’été à l’ombre des grands arbres du parc du Château Ste Roseline.

Il y avait aussi des Chapitres "Extra Muros" dans différents domaines viticoles, entre autres lors de La St VINCENT en Janvier pour la fête des Vignerons.

Au décès du baron Henri de Laval, les Grands Dignitaires et la Commanderie     désignèrent son fils Louis de Rasque de Laval   comme successeur qui prit pour le seconder en sa Qualité de Grand Connétable René Lorgues propriétaire du Domaine du Jas d’Esclan à La Motte dans le Var.

En 1990 l’Ordre décida d’organiser une grande  manifestation pour le tricentenaire  de Méduse. A cette occasion fut crée un grand spectacle, avec des acteurs costumés, membres de la Confrérie qui évoqua la vie de notre région pendant les 300 ans.

En 12 tableaux vivants, fut évoquée la création de l’Ordre par le Marquis de VIBRAY, la période de la Révolution, le passage de Bonaparte en Provence lors de son retour de l’Ile d’Elbe ; on honora les hommes politiques célèbres, les Artistes, les écrivains, le tout scandé par la Musique de l’Ecole d’Artillerie de Draguignan en grande tenue de l’époque de Napoléon III

Dans les années 1980 Méduse avait créé un Prieuré au Québec afin d’y promouvoir les huiles de Provence. Aujourd’hui encore Méduse a 3 Prieurs dans les différentes régions de ce beau pays qui avant d’être lié à la cour d’Angleterre fut une possession Française.

Lors du décès de Louis de Laval il y eut une réorganisation de la Commanderie : René Lorgues devint Grand Maître, assisté par Jean-Pierre Boyer du

Château Salettes à Bandol. L’Ordre poursuit son action assurant chapitre intra-muros et Extra muros notamment en Janvier pour la St Vincent et en été en se déplaçant dans différents domaines, de nos Appellations Provençales.

L’année 2002 fut pour nous un grand millésime : En effet Pierre LASSERRE  Commissaire général de la Marine Nationale prenant ses fonctions à Toulon découvrit en l’hôtel du Commissariat la plaque que nous avions fait poser en l’honneur de Giradin de Vauvray pour son action en faveur du développement de notre Ordre à la fin du XVIII° siècle. Il  frappa à notre porte pour régénérer les liens distendus. Son gout de la recherche, son attachement à l’histoire et sa chaleur ont permis à l’Ordre de Méduse de redevenir une fille attentionnée de notre grande Marine Nationale « La Royale »

Dans cet esprit de renouveau nous avons pu établir des liens étroits avec les grands acteurs de la Marine à Toulon : Le Préfet Maritime, le Commandant de la Force d’Action Navale ou des Officiers en charge d’unité de la Flotte. C’est ainsi qu’a germé l’idée d’une nouvelle fonction dans l’Ordre, liée au passage périodique des grands acteurs militaires de l’Armée Navale. Ainsi naquit la fonction de « Chevaliers de Mémoire et de Tradition »

Nous avons donc intronisé l’Amiral Van Huffel  Préfet Maritime à Toulon et Commandant de la Flotte en Méditerranée, puis l’Amiral Philippe Sautter Commandant de la Force d’Intervention Navale c'est-à-dire le Commandant de toute la flotte de surface.

Puis ce fut le Commandant du B.C.Ravitailleur «  Le Var » parrainé par l’Appellation Contrôlée BANDOL, Paul Massard, puis le Contre Amiral Frédéric Maurice, Commandant supérieur des Forces Armées en Polynésie Française.

Poursuivant notre action à travers les mers du monde nous avons eu l'occasion grâce à Aloys Pappers de créer un Prieuré sur le "WORLD" un gigantesque paquebot, Copropriété flottante où résident plus de 120 personnes dans des appartements. Sillonnant les mers et cherchant à animer ce groupe de propriétaires de toutes nationalités, Aloys Pappers nous a demandé d'instaurer un Prieuré de Méduse appliquant toutes les règles de notre Ordre ainsi que ses chapitres

C'est ainsi que le 1° Chapitre à bord du "World" se tint en Novembre 2002 à San-Francisco. Puis ils se multiplièrent au gré de la navigation. En 2002 à Hawaï, en l'an 2004 au Chili, aux Iles Vierges, à Monaco puis St Tropez; en 2005 en Afrique du Sud, aux Maldives, aux Bahamas, enfin en 2006 à Acapulco au Mexique, au Japon puis Rio de Janeiro. Nous ne pouvions rêver d'une pareille diffusion de l'image de Méduse à travers le monde.  C'est avec une immense  joie que la Commanderie voit se développer l'Aura de notre Ordre et la grande renommer de nos crus Provençaux

Nous allons terminer cette longue évocation de notre Ordre en communiquant le principe de la Cérémonie de la "Lampée" 

Lors de tout chapitre le Grand Maître et le Grand Connétable définissent le nombre de lampées prévues, faites en l'honneur d'un ou plusieurs invités de marque assistant au Chapitre. Réparties sur la durée du repas le Grand Maître déclenche la Lampée en précisant en l'honneur de quelle personne elle est faite. L'assistance se lève et le Grand Cellérier "lampe en main" allume celle-ci en la remplissant d'huile ( Symbole du Vin qui illumine l'homme) comme doivent le faire tous les participants, puis lance le cérémonial:

                                             Lampe en main

                                       Lampe allumée

                       Portez la à la hauteur de vos yeux

                       Et en invoquant notre mère Méduse    

                                  LAMPONS                                                                                                                                                                            (L'on doit boire cul sec puis tenir le verre vide par le pied à l'envers)     

                                 Le Grand Cellérier ajoute alors:

                         OLEO ET LAMPADE MEDUSA GAUDET

                             Et toute l'assistance conclue…

                            LOETIFICAT  PRETRIFICANDO

                                ALLELUIA,  ALLELUIA

Tous les frères et sœurs  peuvent alors prendre place en attendant la prochaine

Lampée mais aucun Frère, ni sœur ne dira, ni ne chantera aucune chanson qui puisse blesser la modestie des Sœurs….

 J'espère que ce panorama sur plus de 300 ans de l'Ordre Illustre des Chevaliers de Méduse vous aura intéressés et que vous pourrez ainsi devenir de nouveaux membres influents de notre Ordre en le Faisant connaître autour de vous et ainsi susciter de nouvelles vocations comme Chevaliers de notre Ordre

Pour conclure permettez-moi de citer ces stances écrites au début du XVIII siècle

Et qui peuvent encore être d'actualité:

Quand nous célébrons des mystères

Nous sommes tous initiés

Profanes sont répudiés

Qui n'a pas la qualité de Frère;

Nous sommes savants professeurs

Bien agrées pour bons lampeurs,

Après avoir tenu Chapitre,

Preuves faites,  tels reconnus,

Le grand Maître nous donne un titre,

Et dans le Catalogue on nous a tous, reçus.

     ALLELUIA…ALLELUIA

A Chalon en ce jour de grâce

Le 1° jour du 12° mois de l'an 2007

Le Grand Connétable Jean-Pierre BOYER

 

 

Connaître le passé de Saint Laurent du Var grâce à « Saint Laurent du Var à travers l’Histoire » (Alandis-éditions Cannes), pour commander cet ouvrage illustré et dédicacé de 17 € : téléphoner au 04 93 24 86 55

09:10 Publié dans HISTOIRE | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : histoire